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CLAUDE

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Montauban le demanda, mai 1662 ; son zèle et son succès lui créèrent les mêmes difficultés qu’à Nimes et il allait être averti d’avoir à chercher un poste au nord de la Loire, lorsqu’il fut appelé à diriger l’Église de Paris comme pasteur de Cliarenton. « A Paris, dit Franck Puaux, Claude devait être bientôt le représentant le plus autorisé du protestantisme français et pendant vingt ans il lutta pour le maintien des droits et des libertés de ses coreligionnaires. » Non seulement il est élu en 1669 modérateur du synode provincial de Cliarenton, représentant de la province de Paris au futur synode national de Saumur, et des synodes provinciaux, celui de Saumur par exemple, engagent les pasteurs à suivre ses avis, mais les catholiques eux-mêmes le considèrent comme le grand homme et le chef de son parti. Il soutint, en effet, avec les plus illustres d’entre eux, deux controverses célèbres, où sa seule infériorité fut de défendre le protestantisme.

1° Controverse avec Nicole à propos de la transsubstantiation. — Nicole avait écrit, vers 1659, sur l’eucharistie un petit traité, qui, après avoir dû servir de préface à un Office du Saint-Sacrement, fut écarté « comme sentant trop la contestation » , dit Sainte-lïeuve, mais circula manuscrit sous ce titre : Traité contenant une manière facile de convaincre les hérétiques, en montrant qu’il ne s’est fait aucune innovation dans la créance de l’Église au sujet de l’eucharistie. Claude l’ayant tenu du protestant Menjot, médecin de M me de Sablé, le réfuta, sur la demande de la princesse de Turenne, par un traité également manuscrit, 1662. Nicole se décida alors à faire imprimer son premier écrit et une réfutation de l’écrit de Claude. Ce livre, La perpétuité de la foi de l’Eglise catholique louchant l’eucharistie, plus connu sous le nom de La petite perpétuité, in-12, Paris, 1664, avec nom d’auteur : le sieur Barthélémy, provoqua de la part de Claude une Réponse aux deux traités intitulés : la perpétuité de la foy, etc., in-8°, Cliarenton, 1665 ; La Haye, Genève, 1666 ; in-12, Cliarenton, Saumur, 1667 ; Rouen, 1670. Un jésuite, le P. Nouet, ayant attaqué cet écrit, Claude lit paraître aussitôt un Traité de l’eucharistie contenant une réponse aulivre du P. Nouet, jésuite, intitulé : La présence de Jésus-Christ dans le Très-Saint-Sacrement, pour servir de réponse au ministre qui a écrit contre la perpétuité de la foy, in-8°, Amsterdam, 1668 ; Genève, 1(170. Le Journal des savants ayant donné des extraits du livre avec attaques contre Claude, celui-ci répond par la Lettre d’un provincial à un. de ses amis sur le sujet du Journal du 28 juin Uitil, qui parut d’abord anonyme, puis fut ajoutée au Traité de l’eucharistie. Mais en 1669 paraissait le I er volume de la Grande perpétuité ; le IIe devant paraître en 1672 et le ni" en 1674. Il parut sous le nom d’Arnauld, mais Nicole y avait eu la part de beaucoup la plus large. Claude lançait des 1670 sa Réponse un livre, de M. Amauld intitulé : La perpétuité, etc. ; avec cette dense. irritas fatigari potest ; drilié n MM. les ministres et les anciens du consistoire’assemble à Charenton, in-8°, Quevilly, 1670 ; .’, 1670, avec en plus uni’Réponse à la disserla jin est " la fin du livre de M..1 rnuuld touchant a du corps, etc. Amauld lui répliqua par une Réponse générale au nouveau livre de M. Claude, ln-12, Paris, 1671. Cette fois, Claude se tut. La question débattue était celle-ci : la foi de l’Église relativement à l’eucharistie a-t-elle varié ? La foi en la présence réelle, affirmait Claude, s’est, formée petit < petit. Et il faisait valoir avec plus de force et d’habileté les textes de l’Écriture ou des Pires déjà invoqués en faveur de la même il* - par le ministre Aubertin, dans son traité’: L’eucharistie de l’ancienne Eglise, Genève) 1633. A cette méthode de discussion, Nicole opposai) la méthode de prescription. Prenanl comme poinl de départ la condamnation de l’hérésie de Bérenger, l’Eglise, démontrait il, n’a pu varier ni avant, ni après. Un point fut spécialement étudié dans la Grande perpétuité : la croyance des Églises grecque et orientales en la présence réelle. Claude l’avait contestée ; l’ambassadeur du roi à Conslantinople, Nointcl, en fournit à Nicole des preuves officielles. Cf. Revue catholique des Églises, mars 1905, p. 144-148. Richard Simon, qui trouvait « la science du ministre très médiocre » , son éloquence « artificieuse » , Lettres choisies, 2e édit., Amsterdam, 1730, t. iii, p. 27 ; cf. p. 20, intervint dans la controverse. Arnauld ayant opposé à Claude un passage de Gabriel de Philadelphie, où la croyance des Grecs sur la transsubstantiation et sur l’adoration de Jésus-Christ dans l’eucharistie est exprimée en termes formels, le ministre éluda ce témoignage, sous prétexte qu’on ne l’avait pas cité en grec, mais en français seulement et sur l’autorité du cardinal du Perron. Richard Simon réédita le texte grec, imprimé à Venise, des opuscules de Gabriel et y joignit une traduction latine : Fides Ecclesiæ orientalis seu Gabrielis mctropolilse Philadelphiensis opuscula nunc primum de grsecis conversa… adversus Claudium calvinianum, in-4°, Paris, 1671, 1686. Cf. Bibliothèque critique, Paris, 1708, t. i, p. 333-336 ; Lettres choisies, t. il, p. 81-91 ; cf. p. 130. Le P. de Paris, chanoine régulier de Saint-Augustin, publia aussi : La créance de l’Église grecque touchant la transsubstantiation défendue contre la Réponse duminislre Claude au livre de M. Amauld, 2 in-12, Paris. 1672, 1674 ; reproduite dans Migne, La perpétuité de la foy, t. IV, col. 295-472.

Les luttes de Claude n’en finirent pas là contre Port-Royal trop heureux de faire preuve d’orthodoxie et de se séparer des hérétiques. En 1671, Nicole publiait un livre intitulé : Préjuges légitimes contre les calvinistes, Claude y répondit par : La défense de la Réformation, contre le livre intitulé : Préjugés, etc., dédié à M. de Ruvigny, in-4°, Quevilly, 1673 ; 2 in-12, La Haye, 1682 ; Amsterdam, 1683. Claude y légitime la réforme par la corruption de la cour de Rome. Nicole répondit par ses Prétendus réformes convaincus de schisme, Paris, 1688. Cf. Richard Simon, Lettres choisies, t. ii, p. 92-99. Voir Sainte-Beuve, Port-Royal, 5 in-8° et 7 in-18, Paris, 1810-1860.

Controverse avec Bossuet.

En 1678, une nièce

de Turenne, M" 8 de Duras, sur le point de se convertir, mais désirant ou en finir avec de derniers doutes, ou entourer d’éclat sa conversion, mit en présence Claude et Bossuet, chez sa sœur, la comtesse de Roye. La controverse porta sur l’autorité de l’Église, sa nécessité et ses limites. Bossuet triompha, mais l’habile argumentation de Claude l’émut plus d’une fois. Bossuet ayant écrit de cette controverse une relation manuscrite qui circulait, Claude en fit également une, que Bossuet jugea « ne faire honneur ni à Claude, ni à lui-même » . Il lui offrit une nouvelle conférence publique, mais Claude se déroba. Il crut alors devoir publier sa Relation de la conférence de Bossuet avec le ministre Claude, avec des réflexions, in-12, Paris. 1682 ; et Claude se hâta de publier une Réponse ou livre de Monsieur de Meaux intitule : Conférences avec monsieur Claude, ministre de Cliarenton. in-8°, Cliarenton, La Haye, 1683. Voir t. ii, cul. loin.

Écrits en faveur des protestants français.


Claude fut le défenseur officiel de l’Église réformée de France que menaçait la révocation de L’édit de Nantes. Dès 1666, quand Louis XIV, résumant sa politique depuis 1661, parla dans sa déclaration du 2 avril de « respecter exactement l’édit de Nantes » . Claude publia une Relation succincte de l’état où sont maintenant les Églises réformées de France, in-4°, qui lut immédiatement supprimée par ordre du parlement. Il eut un moment de détente ; mais, après l’échec des controverses et des projets de réunion, les mesures de rigueur