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457 COMMUNION DES SAINTS (MONUM. DE L’ANTIQUITÉ CHRÉT.) 458

cuncti proprie nos esse bcatos qui sumus hocque tuum nieritum fidemque seculi. Inscription de Libère. Cette conviclion religieuse nous explique comment les fidèles de cette époque troublée du IVe siècle font parfois profession d’une orthodoxie de plus en plus scrupuleuse. En preuve cette inscription grecque du IVe siècle, Mélanges, lue. cit., p. 265, n. 3, où il est dit : xxrà icàari ; aipifucuç ôirXtffâu.evo ; tt, v à).ï]6r)v -<î>v Traxspcov ttiç xa60).i--xyjç èxxXrjo-t’ai ; ôiegiogix-o iti’dTiv. En Afrique, en particulier, les controverses entre orthodoxes et donatistes nous ont valu la formule très fréquente dans ces pays : viccit in pace (EcclesI/E), par laquelle on voulut accentuer la vie du chrétien en paix, en union avec l’Église, ou comme le dit une épitaphe romaine de la fin du iiie siècle, Armellini, Il cimitero di S. Agnese,

Rome, 1880, p. 296 : in pace >K, c’est-à-dire dans la communion avec le Christ, en union avec son Église.

5. Les chrétiens ont aussi les mêmes sacrements. A la fin du IIe siècle, Abercius trouve partout dans ses voyages, en Orient, en Occident, en Italie et en Mésopotamie, des confrères qui portent le sceau brillant du baptême ; partout la foi de ses amis lui sert la même nourriture mystique, le grand Ichthys, ou Poisson céleste, Ti : z ?ï]9î)xe Tpo ?ï ; v 71XVT/5 ty_6-jv ch-ko JtY]YT)5 Ko.p.ii.iyé^r, , et un vin délicieux, 61à iravrôç oîvov -/pr ( crbv k’^outra, mélangé d’eau qu’on donne avec le pain, xlpaap.a 61000<xa fief’àp-ro-j. Voir t. I, col. 57. En Occident, la chapelle grecque, au cimetière de Priscille, du commencement du 11e siècle, la crypte de Lucine, à Saint-Calixte, de la même époque, les chapelles dites des sacrements, de la fin du IIe siècle, Wilpert, Malereien der Sakramentskapellen, Fribourg-en-Brisgau, 1897, p. 30-32 ; Malereien der Kalakomben Roms, Fribourg-en-Brisgau, 1903, p. 260, et l’inscription d’Aulun, dans sa partie plus ancienne du 111e siècle, fournissent les mêmes renseignements précis au sujet des mêmes sacrements. Cet accord rigoureux entre des monuments de la même époque, mais séparés par de grandes distances, est de la plus haute importance non seulement pour les deux sacrements en particulier, mais encore pour le dogme de la communion des saints en général. Quant à la ressemblance des rites et autres détails, voir Baptême et Eucharistie d’après les monuments de l’antiquité chrétienne.

6. Les chrétiens honorent les mêmes martyrs et les mêmes saints. Ce culte commence par les saints locaux pour s’étendre ensuite, surtout à partir de Constantin, aux saints des autres pays, particulièrement aux plus célèbres. Les saints du Christ sont pour tous les fidèles sans exception : llle (le Christ) suos sanctos cunclis credenlibus o/Jert | per quos supplicibus præstet opem famulis, dit une inscription métrique composée vers 400 par l’évêque Achille de Spolète. Bulletin, trad. franc., 1871, p. 119. Aussi rencontrons-nous des saints de l’Orient et de l’Egypte honorés en Occident, des saints d’Italie, d’Espagne, des Gaules, vénérés en Afrique, et vice versa. On cherchait à se procurer de leurs reliques, on compo les inscriptions élogieusesen leur honneur. Dans la chapelle des papes, à Saint-Calixte, l’inscription damasienne mentionne, a côté des saints romains du in c siècle, renfermés dans les veneranda sepulcra, les confesseurs envoyés jadis par la Grèce : hic confessores quos Grœcia’Ihm, loc. cit., p. 19, n. 12. Dans d’autres monuments le pape fait l’éloge des martyrs étrangers à l’égal des indigènes. Le culte de saint Etienne était populaire avant que ses reliques ne fussent répandues dans le monde entier. Rabeau, Le culte des saints dans l’Afrique chrétienne, Paris, 1903, p. : j, x, 39. pierre, Paul et Laurriii si, ni et demeurent les saints les plus honorés’ii Afrique, el une tablette de inarbre du rve siècle, trouvée à Castellum Tingitanum, nous révèle une population aussi déole à ces saints que le pouvaient être

les Romains eux-mêmes. Rabeau, op. cit., p. 43. Les saints Hippolyte, Euphémie, Sixte, Sébastien n’y sont pas oubliés. Rabeau, op. cit., p. 50 ; Revue archéologique, 1896, t. xxvi, p. 393. A la fin du ive siècle, les Machabées ont une chapelle à Antioche ; leur culte n’a pas tardé à passer à Rome et en Afrique. Rabeau, op. cit., p. 31 ; cf. cardinal Rampol la, Martyre et sépulture des Machabées, dans la. Revue de l’art chrétien, 1899, p. 290 sq. Des saints orientaux ou africains sont représentés dans les catacombes, Wilpert, op. cit., p. 489, 490, 500, 501, Cyprien et Optât, Abdon et Sennen, Millix et Pollion, milieu du VIe siècle. A la consécration d’une église d’Espagne, vers 450, on dépose des reliques des saints Julien, Élienne, Laurent, Martin. Kirsch, Die cltristl. Kultusgebàude im Altertum, Cologne, 1893, p. 72. Les reliques de saint Menas, patron de l’Egypte, se rencontrent dans tous les pays, et la dévotion à la croix du Sauveur, très populaire partout, explique la diffusion de ses fragments dans tout l’univers aussitôt après son invention. Cet éclectisme de piété poussait les chrétiens à posséder des reliques de tous les saints et de tous les pays, saints africains, saints orientaux, saints gaulois, saints espagnols, tous pêle-mêle. Cf. Lucius, Die Anfange des Heiligenkulls in der christlichen Kirche, édit. Anrich, Tubingue, 1904, p. 183-197.

7. L’art, le symbolisme et ïépigraphie témoignent encore en faveur de la communion des saints. Ils procèdent partout du même principe religieux, suivent à peu près les mêmes développements dans tous les pays, et pour les idées et pour les formes. Voir Art chrétien, Symbolisme, Épigrapiiie chrétienne. — Ce dogme se retlète jusque dans les usages funèbres, qui tout en différant essentiellement pour la plupart des points de ceux des païens, sont les mêmes malgré la différence et la distance des pays. Dès l’origine, les chrétiens confient leurs morts à la terre, partout ils prient pour les âmes des défunts et les recommandent à Dieu et aux saints, partout ils emploient des formules de prières identiques ou analogues. Voir plus loin, col. 463.

11. manifestations pratiques. — L’union entre les membres vivants de la grande famille chrétienne n’est pas une union stérile et abstraite : nous en avons déjà vu des preuves. Elle se manifeste pratiquement par l’amour mutuel, par le commerce spirituel dans la communication réciproque de grâces et de biens surnaturels.

1° On s’accorde réciproquement le bienfait de la prière conformément aux prescriptions et à la pratique de l’apôtre. Rom., xv, 30-32 ; Eph., vi, 17-19. On prie pour les vivants. Dans un graflito, ou inscription tracée à la pointe, sur la paroi de la chapelle des papes, De Rossi, Roma sotterranea, t. ii, p. 17, on lit cette recommandation faite aux saints par un pèlerin du 111e siècle : Marianum | Successum Severum spirita sancta in mente | havete (sic) et om

es fratres nostros. A côté,

on en voit d’autres : Santé Sustc, in mente haheas in liorationes (in oralionibus) Aureliu(m) Repentiuulm) ; p(etite spiriba sancta ut Verecundus eum suisbene naviget. Ici il s’agit de vivants pour lesquels on demande des prières. Kirsch, Acclamationcn, p. 40. Dans une chapelle du cimetière de Priscille, on lit cette inscription : Viras in Deo et filii tui omnes habeant Deum protectorem. Marucchi, Eléments d’archéologie chrétienne, Rome, 1900, t. 1, p. 246. — On prie aussi pour les défunts, d’abord pour les parents et amis, ensuite pour les morts en général. Abercius demande même pendant sa vie des prières pour son âme à tous ceux qui lisent son inscription : TaCG’6 vooiv E’J'ÇatTo viièp’AScpy.iou Ttâ ; ô ouvo)8(5ç. — On comprend que les monuments funéraires ne donnent pas beaucoup de preuves de cette union de prières entre vivants, mais le fait que les chrétiens prient pour les morts et les morlspour eux nous autorise à conclure a pari, sinon a