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473 COMMUNION DES SAINTS (MONUM. DE L’ANTIQUITÉ CHRÉT.) 474

Saint-Hermès, ou d’autres saints désignés nommément. Parfois on rencontre le collège apostolique, comme à Domitille, ou seulement les deux chefs Pierre et Paul, à Syracuse et ailleurs. Pour le détail, voir Wilpert, op. cit., p. 391-109. Sur un sarcophage de Pise, Revue archéologique, 1877, t. ii, p. 358, pl. xxiv, on a vu avec raison le chœur des vierges du ciel allant à la rencontre de la défunte que deux d’entre elles recommandent au bon Pasteur, pour qu’il la reçoive dans son troupeau mystique. Wilpert, Jungfrauen, p. 81, 82. Des scènes indiquant plutôt le moment de la recommandation se voient encore à Commodille et sur un sarcophage de Cahors. Nuovo bullelt., 1904, p. 143 ; Le Blant, Sarcophages de la Gaule, p. 71 sq.

A leur tour les textes épigraphiques nous font voir le chrétien, rempli de confiance en ce rôle des saints, attendre en sécurité le jour du jugement : Hic Dal JIATA. CR I ISTI MORTE REDEM | TUS QUIISCET (sic) IN PA | CE ET DIEM FUTURI | 1UDICII INTERCEDE | NTIBUS SANCTIS L|ETUS

SPEctit. Le Blant, Inscript, chrétiennes, t. il, p. 198. Il se sent protégé par les saints, ses patrons, il compte sur leurs mérites. Les saints plaident sa cause devant Dieu et le Christ comme les avocats devant les juges, voir t. I, col. 2018, et font valoir leurs propres mérites :

…SED MARTER(= » jartyr)BAUDELIUS PER PASSIONIS DIE

(ni) Domino dulcem suum commendat alumnum, dit un marbre du VIe siècle. Le Blant, op. cit., t. il, p. 596, n. 708. Dans ces conditions, le jugement doit être favorable. De fait, dans plusieurs scènes de jugement, Wilpert, op. cit., p. 405, etc., l’âme paraît déjà entrée dans le paradis. Par contre, sur d’autres représentations, le rôle des saints est plutôt celui d’assesseurs, par exemple, Wilpert, op. cit., p. 399, n. 5, 6. Pour les apôtres, ce rôle est fondé sur l’Écriture, Matth., xix, 28 ; pour les martyrs, il est attesté, dès le n Ie siècle, par exemple, par Origène, Exhort. ad marlyrium, c. xxviii, P. G., t. xi, col. 613 sq., et saint Cyprien, Epist., VI, édit., Ilartel, t. il, p. 481, qui le prouve en leur appliquant les paroles de la Sagesse, iii, 4-8.

Les anges interviennent aussi à la mort de l’homme : ils recueillent les âmes séparées des corps, les escortent, les transportent au lieu de leur destination finale. Ce rôle des anges psychagogues, signalé par l’Écriture, Luc, xvi, 22, et affirmé également par saint Justin, Apol., I, 6 ; la Passio S. Perpétuée, saint Éphrem, Considération sur la mort, c. I ; Commodien, Carmen apolog. , vs. 967 sq., trouve son écho dans les monuments anciens. Sur un petit bronze relevé en bosse, un ange ailé descend du ciel et passe la main au martyr saint Vital, enterré dans une fosse. Bulletin, trad. franc., 1872, pl. il, n. 1. Sur un ivoire du British Muséum, Cabrol, Dict. d’archéologie, t. I, col. 426, fig. 72, un ange intervient dans le martvre de saintMénas et reçoit, les mains voilées, l’Ame du soldat décapité. Une inscription de l’année 409, Le Blant, Sarcophages de la ville d’Vrles, lntrod., p.xxin, porte la prière : O 0€OC… MNHCOHTI… THC ÛOYAHC COY… KAI TAYTHN| KATAIICOCON KATACKHNCOC€ AIA TOY ATIOY KAI OCOTATCOrOY | APXANf€AOY MIXAHA | €IC KOAfTOYC TC0N ATICON T7ATÉPCÛN ABPAAM, -). Sur deux autres, dont l’une est de 310, on lit : … A.CCER ! ah angelis, Cabrol, Di, i. d’archéologie, t. i, col. 2125 ; De Bossi, Jnscr. christ., t. I, p. 31, n. 31 ; sur une troisième, de Sainte-Cyriaque, également du iv siècle : [r)kPTA au anu.i/is). Marucchi, Eléments, t. ii, p. 233. Une mosaïque absidale à Kavenne montre deux anges ailés et nimbés présentant le donateur Ecclesius et le martyr Vital au Christ, pour être couronnés par lui. Garrucci, op. ni., pl. 258-264.

c) L’inlluence des saints s’étend encore plus loin. Ils introduisent Vdme » « paradis, lui en ouvrent les portes. rient pari à son couronnement, la reçoivent dans leur compagnie, pour y jouir à jamais du bonheur céli

Dans les représentations artistiques, il n’est pas toujours facile de distinguer les scènes d’introduction et de réception d’avec certaines scènes du jugement. Kaufmann, Handbuch, p. 421 sq. Toutefois le sens du plus grand nombre paraît aussi clair que celui des monuments épigraphiques, dont nous parlerons plus loin. Tantôt un seul saint remplit les fonctions indiquées. A la catacombe de Saint-Gaudiosus, àNaples, Petrus introduit Pascentius, Garrucci, pl. 100, n. 2 ; cf. Bullelt., 1887, p. 122 ; à Saint-Janvier, Paulus conduit l’àme de LAURE( « tiuç) au paradis symbolisé par un pilier ou un montant de porte. Garrucci, pl. 100, n. 1. A Domitille, Petronella martyr introduit Veneranda. Wilpert, op. cit., p. 466 ; cf. p. 468, n. 7, 8. Tantôt plusieurs saints prennent part à la réception. A Sainte-Cyriaque, sur la tombe d’une vierge consacrée, deux saints retirent un voile pour laisser entrer la défunte in thalamum sponsi cœlestis. Wilpert, op. cit., p. 467. Un sujet semblable se voit à Syracuse. Fiihrer, op. cit., p. 768. Ailleurs les princes des apôtres interviennent soit seuls, soit réunis à d’autres saints. Garrucci, pl. 381, n. 4 ; pl. 105, n. 1. Fiihrer, op. cit., p. 764-765, cite une fresque où la défunte va recevoir la couronne des mains du Christ assisté de Pierre et de Paul. Pareilles scènes sont très fréquentes sur les sarcophages. Voir Le Blant, etc., tables. On les trouve même gravées à la pointe sur desépitaphes, par exemple, sur un marbre de la fin du IIIe siècle au cimetière Ostrien. Bulletin, trad. franc, 1880, pl. ni.

Les monuments font aussi connaître la joie qui règne au ciel à l’arrivée des nouveaux élus, par exemple, l’inscription du petit Magus, voir col. 468, ou bien celle d’un chrétien gaulois, dont il est dit : … quem nemus ^lysium marintm|conclamat omne. Le Blant, op. cit., t. ii, p. 90, n. 421. Sur des tuiles qui ferment un loculus, à Priscille, Bullelt., 1892, p. 108, pl. iii, n. 1, on voit le dessin d’une mère de famille reçue affectueusement et acclamée joyeusement par ses enfants qui l’ont précédée dans l’éternité. Sur un sarcophage gaulois, Le Blant, Sarcophages de la Gaule, p. 32, pl. x, deux saints apôtres, qui accostent le cartouche central avec l’inscription du défunt Concordius, montrent par leurs gestes caractéristiques qu’ils acclament le défunt à son entrée dans le ciel, ou dans la S1DEREA OMNIPOtentis aui.a, comme l’appelle l’épitaphe.

Enfin, monuments et textes en grand nombre montrent l’âme en possession assurée du ciel, prenant part à toutes ses joies, en compagnie des saints et des élus. Voir Art chrétien, t. i, col. 2019-2021, et Épigraphie chrétienne. Sur une fresque du iiie siècle, nous la voyons même aidée par les saints dans ses prières pour ceux qu’elle a laissés sur terre. Wilpert, op. cit., p. M55.

d) Les martyrs et les saints sont censés résilier aussi, du moins d’une certaine manière, dans leurs tombeaux, dans les sanctuaires qui renferment de leurs reliques ou rappellent leur souvenir. Ihm, op. cit., p. 31, n. 26 ; p. 36, n. 37 ; S. Jérôme, (’.unira Vigilantiwm, n. 5, 6, /’. L., t. XXIII, col. 343, 344. Là aussi ils exercent une influence salutaire en faveur des vivants et des morts. Voir Culte des saints et des reliques.

Signalons à ce sujet une double croyance. La première se rapporte au patronage des villes. Chez 1rs païens, les villes et bourgades avaient leurs divinités tutélaires. Au iv siècle, les chrétiens y substituèrent des saints et des martyrs, surtout ceux dont on possédait le tombeau ou les reliques : ils en attendaient une protection aussi efficace que variée. S. Maxime, Homil. in natal. SS. Taurin., Bibliotheca ma.vima Patrunift. vi, p. il ; s. Ambroise, Epist., xxii. Il (de l’année 386), /’. L-, t. xvi, col. 1022, 1023 ; S. Paulin de Xole, Carm., XIII, 26, /’. /.., t. i xi, roi. 164 ; Théodore t, lie cur. affection, grsec, disp. VIII, (’dit. Schulze, t. iv. p. 902 ; P. G., 1. 1 xxxiii, col. 1021, 1031 sq. ; et d’autres ont donné à cette croyance l’autorité de leur parole. Prudence,