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CONCILES

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rallier à toutes les conclusions du savant historien.

1. Il est incontestable d’abord que les empereurs, en convoquant de fait, jusqu’au IXe siècle, les conciles oecuméniques, entendaient user d’un droit propre et inhérent à leur charge. Leur conviction nous est manifestée par leurs lettres de convocation, par leurs déclarations écrites ou orales aux conciles assemblés, et en particulier par les actes et dires de Constantin à propos du I er concile de Nicée.

a) Lettres de convocation. — Elles nous sont parvenues au nombre de six, dont deux relatives au concile d’Ephèse, deux relatives au concile de Chalcédoine, une relative au IIe concile de Nicée et une relative à cet autre concile d’Ephèse qui, réuni en 449, dégénéra en conciliabule hérétique, au point de mériter l’appellation courante de Lalrocinium Ephesinum. Le Brigandage d’Ephèse avait été convoqué comme concile œcuménique, d’après les règles ordinaires en pareil cas ; les pièces qui se rapportent à cette convocation intéressent donc la présente question.

Or, dans toutes ces lettres, non seulement leurs auteurs commandent en maîtres absolus, mais on y chercherait vainement la trace d’une délégation reçue du pontife romain ou même de son consentement exprimé ou supposé ; au contraire, la convocation est clairement et exclusivement présentée comme un acte de l’autorité impériale ; elle est simplement motivée par le souci et le zèle des intérêts religieux, ceux-ci élant conçus comme inséparables des intérêts civils dont les empereurs sont les gardiens-nés.

Voici un extrait de la lettre adressée par Théodose le Jeune à tous les métropolitains pour leur enjoindre de se rendre au concile d’Ephèse, Hardouin, Acla conciliorum, t. i, col. 1343 :

Le bien de notre empire dépend de la religion ; il y a étroite connexion entre ces deux choses. Elles se compénètrent mutuellement, et chacune d’elles profite des accroissements de l’autre. Ainsi, la vraie religion est redevable à la justice, et l’Etat est redevable à la religion et à la justice tout ensemble. Etabli par Dieu pour régner, nous trouvant être le trait d’union naturel entre la religion de nos sujets et leur bonheur temporel, nous gardons et maintenons inviolable l’harmonie des deux ordres, remplissant entre la providence et l’humanité l’office de médiateur. Nous servons la providence divine en veillant aux affaires de l’État, et toujours, prenant souci et peine pour que nos sujets vivent pieusement et comme il sied à des chrétiens, nous étendons notre sollicitude à un double domaine ; on ne peut s’intéresser à l’un sans se préoccuper pareillement de l’autre. Nous tachons avant tout d’obtenir que l’ordre des choses ecclésiastiques soit, en notre temps aussi, respecté comme Dieu l’exige, que la concorde et la paix y régnent sans nul trouble, que la religion reste sans tache, que la vie et l’action du haut et du bas clergé n’encourent aucun reproche. Aussi, persuadé que ces biens sont réalisés et consolidés par l’amour de Dieu et la charité mutuelle, nous nous sommes déjà dit souvent que les conjonctures présentes nécessiteraient une réunion du corps épiscopal. Nous avions reculé devant l’exécution de cette idée, à raison des difficultés qu’elle entraînerait pour les évêques. Mais la considération des gra « ont ecclésiastiques que civils dont la discussion

s’impose avec urgence à l’heure qu’il est, me convainc que cette réuno i mais hautement souhaitable, voire indispen sable. De peui’donc que, par suite de négligence dans l’étude de ces questions importantes et actuelles, la situation n’empire, que n. les fêtes pascales une l’ois terminées, de prendre le chemin dïi I y trouver pour la Pentecôte,

avec quelques-uns des pieux évêques de sa province, de telle sorte que ni les diocèses ne demeurent dépourvus de prêtres ni le concile ne manque de membres capables. Nous écrivons dans le même sens et en vue du même rendez-vous à tous les métropoli-Ainsi, le trouble résultant dos controverses récemment selon les coin us ecclésiastiques, les ularités et les écarts seronl redressés, la religion et la paix de I Étal -’l’ont ralfermies. Kn songeant que te très saint concile que ii >ns par le pré ent di crel devra pourvoir au bien

de I Église et au bien général, chacun des pieux prélats, nous en avons la confiance, de venir, pour contribuer de

iuvoir à des délibérations si im| et si agréables

a Dieu. Nous avons la chose très à cœur, et nous ne tolérerons

pas que personne s’nbstienne volontairement. Ni devant Dieu ni devant nous ceux-là ne seront excusés qui ne se trouveraient pas réunis avec leurs frères au lieu dit et au jour marqué.

Une autre lettre de convocation, adressée exclusivement à Cyrille d’Alexandrie, que la cour jugeait responsable des dissensions régnantes, partait également de cette idée, que les chefs de l’État, comme tels, doivent avoir soin des intérêts religieux. Le ton y est plus impératif encore et plus comminatoire que dans la précédente. Elle annonce la prochaine réunion du concile qui aura à trancher les difficultés pendantes, puis conclut, Hardouin, 1. 1, col. 1342 : « C’est pourquoi il faut que Votre Révérence arrive au temps par nous fixé dans un autre message remis à tous les métropolitains. N’espérez pas recouvrer notre affection, si vous ne mettez fin à toutes les tristesses et à tous les troubles et si vous ne vous présentez de bonne grâce pour l’examen des questions soulevées. »

En convoquant de même les métropolitains au concile d’Ephèse de 419, Théodose disait, Hardouin, t. ii, col. 71 : « Personne n’ignore que la religion assure le maintien de l’ordre dans notre empire et la marche de toutes les choses humaines. » Puis, ayant, par ce principe, justifié son initiative, il intimait l’assemblée conciliaire et continuait : « Quiconque, insouciant d’un concile si nécessaire et si agréable à Dieu, n’aura pas fait tout son possible pour s’y trouver au temps et au lieu fixés n’aura d’excuse ni devant Dieu, ni devant notre piété impériale. »

Toutes les lettres de convocation énoncent de façon aussi claire l’acte autonome et impératif du prince séculier. Celle que Marcien adressait à Léon I er à propos du concile de Chalcédoine ne diffère pas essentiellement des autres, selon M. Funk ; seulement, le ton général en est plus respectueux, elle mentionne expressément et approuve l’hypothèse d’une simple représentation de la part du pontife, et elle suppose des instances faites par le pape même en vue de la réunion d’un concile. Marcien affirme, en particulier, comme chose incontestée, son droit de déterminer le lieu de l’assemblée. Après avoir rappelé son propre « zèle religieux » , tout naturel d’ailleurs, puisque « la tranquillité et la force de l’empire reposent sur la vraie religion » , il écrit, Hardouin, t. ii, col. 43 ; P. L., t. liv, col. 903 : « S’il plaît à Votre Sainteté de venir en ce pays et d’y tenir le concile (xr, v ctjvoSov âiriTeXécat), qu’elle daigne le faire par amour pour la religion… Mais s’il vous est trop pénible de vous rendre dans cette contrée, que Votre Sainteté nous en informe par écrit, afin que, de notre côté, nous mandions à tous les évêques d’Orient, de Thrace et d’Illyrie, de se réunir en un lieu déterminé qu’il nous aura plu de choisir (ïvOa iv qu.îv SôEr, ). Là, on prendra, en faveur de la religion chrétienne et de la foi catholique, telles mesures que Votre Sainteté aura prescrites en conformité avec les règles ecclésiastiques (xaOô) ; r <fr àyioo-jvr] y.ocTa Toûç éx/XrjTiaaTiy.O’ji ; ’. avdvaç Sût Jttoxje, xaTareGr^ovTat)- »

Ces dernières lignes s’accordent parfaitement avec ce que l’impératrice Pulchérie écrivait, vers la même date, au même pontife, Hardouin, t. il, col. 43 ; P. L., t. LIV, col. 907 : « Daigne donc Votre Sainteté, de telle manière qu’elle jugera convenable, déclarer ses intentions, afin que tous les évêques d’Orient, de Thrace et d’Illyrie, selon qu’il a plu à notre seigneur, le très pieux empereur, mon époux, s’assemblent le plus tôt possible dans une même ville, et que là, conriliairement et avec votre autorité’, ils tranchent (to-j kûŒvtovvtoc op’.Toxrtv), suivant ce que prescrivent la fui et la piété, les questions relatives soit au symbole catholique soit aux évêques qui ont été précédemment excommuniés. »

Mentionnons encore la lettre de l’impératrice Irène à Hadrien I" au sujet du VIIe concile œcuménique. Hardouin, t. iv, col. 25. Avant de prier le pape de venir à