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nouvelles et continuèrent leurs attaques contre lui. 2e phase. — - Le succès de Sanvitale et de Ghezzi avait été assez douteux, aussi fit-on sortir des rangs de la Compagnie d’autres défenseurs du probabilisme. On choisit le P. Lecchi, célèbre professeur de mathématiques, et le P. Bovio, professeur de théologie, au collège de la Compagnie, à Milan. Pour ne pas voir aussitôt leurs livres interdits, s’ils paraissaient en Italie, les deux Pères partirent pour la Suisse et se fixèrent à l’abbaye bénédictine d’Einsiedeln, alors toute dévouée à la Compagnie. C’est là qu’ils firent paraître leurs ouvrages. Celui du P. Lecchi avait pour titre : Avvertenze conlrapposte alla storia del probabilismo scritla dal P. Concinae indirizzate ad un erudilo cavalière, in-4", Einsiedeln, 1744. Bovio intitula sa dissertation : Dell’uso délie opinioni in materie morali, dissertazione teologica, in cui si espongono semplicemente l’originee lo slalo dellaqiiestione culte sentence diverse dei dotlori calolici, in-4°, Einsiedeln, 1744. Comme les autres, Lecchi ne s’attacha qu’à des points de détail sans toucher aux principes mêmes de l’Histoire du probabilisme. Son livre, d’ailleurs, n’avait pas le ton violent des précédents. Bovio, de son coté, atrecta d’ignorer complètement Concina et ne le cita jamais. Tout d’abord Concina avait eu la pensée de ne pas répondre, mais craignant que l’on ne prit son silence pour une défaite, il composa un ouvrage qu’il intitula : Esplicazione di cjuattro paradossi, che sono in voga nel nostro secolo. Ri/lessioni sopra i due libri de’RR. PP. Lecchi e Bovio intilolati : Avvertenze, ecc. Dissertazione, ecc. Si promette un succinlo ragguaglio de’libri slampali in difesae del probabilismoe di aitri punti morali, in-4°, Lucques, 1746 ; Venise, 1750. L’ouvrage était dédié au cardinal Angelo-Maria Quirini, Après avoir énuméré les livres publiés par certains théologiens qu’il appelle mammillarisles, défenseurs de l’opinion de Benzi, Concina commence l’exposé des quatre paradoxes : 1° du rigorisme et du tutiorisme ; 2° de la prudence et du prétendu zèle selon la science tant recommandé par les auteurs de la morale relâchée ; 3° de la prétendue charité dont on doit user à l’égard des auteurs qui écrivent en faveur de la morale relâchée, et qui soutiennent des opinions pernicieuses ; 4° de la paix qui doit régner parmi les théologiens catholiques. A ces quatre paradoxes, Concina en ajoutait un cinquième, spécialement dirigé contre Mansi, prêtre de la congrégation de la Mère de Dieu et probabiliste très connu. Il était auteur de la préface aux dialogues de Ghezzi. Déjà Concina dans son Esame. teologico, etc., avait combattu les opinions de Mansi sur les attouchements qu’il disait légitimés, en certains cas, par la coutume des pays, ou par l’amitié. Cette opinion avait été exposée par Mansi, dans son traité’De casibus et excommunicationibus reservalis, Lucques, 1725.Il répliqua à Concina par une lettre A.R. P. Danieli Concina ord.prœd. theologo absolu tissimo, S. Lticsee Collegio S. Mariée Curlis Orlandingorum, die julii 1744. Dans le 5e paradoxe, Concina déclarait qu’en particulier, la doctrine de Mansi sur les attouchements était digne d’être déférée à l’Index. Sarteschi s’empara de cette parole et écrivit, cf. De scriptoribus congregationis clericorum regularium Matris Dei, p. 354, que Concina avait lui-même déféré Mansi à la S. C. de l’Index et avait répandu le bruit de sa condamnation. Après avoir exposé la doctrine de Mansi dans son.V paradoxe, Concina reproduisait une lettre en latin, à lui adressée par Mansi, et il y faisait quelques remarques. Enfin, il ajoulail ses

observations sur les livres des Pères Lecchi et Bovio, à l’adresse des rédacteurs du Journal de Trévoux. C’est contre eux aussi qu’était dirigé l’écrit intitulé : Additione di alcune brevi osservazioni sull’Estratto, che i RR. PI’. Trivolziani hanno fatto del libro del P. Millanle intitolato : Vindiciæ regularium, etc.

Cependant Y Esplicazione di quattro paradossi, etc., avait le plus grand succès. Sanvitale, octogénaire, à moitié aveugle, ne put se contenir et il publia à Lucques une misérable brochure intitulée : Paradossi veri contrapposti al libro intitolato : E.cplicazione di quattro paradossi, che sono in voga nel nostro secolo. Esame pur anche di certo libro intitolato : Ri/lessioni sopra le avvertenzee dissertazione contrapposte alla storia del probabilismo, Aquilée, 1746.

En France, le livre de Concina fut particulièrement bien accueilli. Le P. François du Four. 0. P., professeur de théologie à l’Académie de Toulouse, en donna une traduction française, sous ce titre : Explication de quatre paradoxes qui sont en vogue dans notre siècle, avec une pré face dans laquelle on rend compte de ce qui s’est passé en Italie à l’occasion de l’Histoire du probabilisme et de la condamnation des nouveaux mammillaires. .. Ouvrage traduit de l’italien et augmenté d’une relation exacte des disputes sur la morale qui se sont élevées par de la les monts, depuis 1739. Et un recueil des décrets portés par N. S. P. le pape Renoît XIV, contre plusieurs opinions relâchées. Par M. le chevalier Philalethi, à Avignon, 1752. Dans une lettre, du 13 octobre 1752, du Four dit à Concina tout le bien que son livre pourra faire en France où « certaines gens (en particulier à Paris) ne cessent de répandre que le pape, le général des dominicains et le P. Ricchini sont des jansénistes décidés » . Dans une autre lettre du 2 avril 1753, du Four annonce à Concina que les quatre éditions de son livre ont été enlevées aussitôt. Il comptait aussi entreprendre une traduction de l’Histoire du probabilisme.

a) Ni Lecchi ni Bovio n’ayant réussi, deux autres jésuites entrèrent en lice : les PP. Jean-François Richelmi et Gaspar-Joseph Gagna. Richelmi publia : Saggio di avvertimenti sopra l’opéra del P. Concina intitolata : Délia storia del probabilismo, etc., in-4°, Venise, 1715. L’ouvrage était dédié au cardinal Quirini. On usait de la même tactique : se servir du ridicule pour ne pas avoir à discuter les principes. L’ouvrage de Gagna était intitulé : Lellere d’Eugenio Apologista dette dissertazioni délia storia del probabilismoe del rigorismo ad uncollega del P. Daniello Concina, in-4°, Venise, 1715. Cet ouvrage singulier était aussi dédié au cardinal Quirini. Il se composait de 14 lettres ou dialogues ; la mise en scène devait assurer à l’ouvrage, dans le grand public, un accueil favorable. Les personnages y étaient nombreux et Gagna, à dessein, les avait pris dans tous les rangs. Rien n’y manquait, de temps en temps même, les dialogues étaient coupés par des auditions musicales. Cf. Sandelli, op. cit., p. 115. Concina répondit en même temps à Richelmi et à Gagna par quatre lettres dont on conserve des copies manuscrites en quelques bibliothèques. Elles étaient intitulées : Letlere ai RR. PP. Richelmie Gagna autori délie dueopere intitolate Saggio di avvertimenti, ecc. et Letlere di Eugenio apologista, ecc, conlro la sluria del prubabilismoe del rigorismo. Patuzzi a donné un exemplaire de ces lettres dans la Lettera ad un arni CO i IX.

b) En 1748, Sanvitale fait paraître un écrit intitulé : Raccolta ili malle proposizioni estratte dalla sluria del probabilismoe rtgorismo impugnate émue opposte al vero, in-4°, Aquilée [Vérone], 1748 ; Trente [Venise], 1751. Ce fut le P. Patuzzi, (). P., qui répondit pour Concina ; il le lit en seize lettres qu’il intitula : Lellere teologicomorali di Eusebio Eraniste air autore delta Raccolta délie moite proposizioni, ecc in difesa dell’Tsloria del prubabilismo del P. Daniello Concina. Siaggiugneun dislintoragguaglio délie conlroversie letterarie passate tra il detto /’. 1). Concina ed i suoi avversarie de’libri stampati da vint partee daW altra, 2 in-8°, Trente, 1751. Pour L’histoire de la controverse, voir