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CONCLAVE

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mort, survenue en 1821 !, s’accomplit suivant les règles traditionnelles. Il en fut ainsi de tous les conclaves du XIXe siècle, pour les élections de Léon XII, Pie VIII, Grégoire XVI, Pie IX, Léon XIII et Pie X. Les trois derniers conclaves furent extrêmement courts. Pie IX fut élu au bout de deux jours ; Léon XIII, de même ; et Pie X, le matin du quatrième jour.

3. A l’exemple de Pie VI et de Pie VII, Pie IX, à la suite de l’invasion des Etats de l’Église par la maison de Savoie, en 1870, avait établi, lui aussi, une législation particulière, pour le cas où les circonstances n’auraient pas permis de se conformer aux règles ordinaires. Ces prescriptions de Pie IX se trouvent dans quatre documents de la plus grande importance, et qui étaient d’abord restés secrets. Ce sont les bulles In hac sublimi, du 23 août 1871 ; Licel per apostolicas, du 8 septembre 1874 ; Consulturi, du 10 octobre 1877 et le règlement du 10 janvier 1878, rédigé en italien, et compose de trente-deux articles d’une remarquable précision. Le pontife le signa vingt-huit jours avant sa mort (7 février 1878).

En voici les principales dispositions : a) Exclusion absolue de toute intervention laïque dans l’élection du souverain pontife, réservée toujours uniquement aux cardinaux, b) Liberté laissée au Sacré-Collège de tenir le conclave, là où il le jugerait plus opportun, suivant les circonstances, fût-ce même hors de l’Italie, e) Une multitude de précautions pour écarter du conclave toute ingérence du gouvernement italien, qui avait manifesté l’intention d’occuper le Vatican, dès la mort du pape, alin, disait-il, d’assurer la « liberté du conclave » . Pie IX n’avait aucun doute sur la manière dont les soldats italiens auraient assuré « la liberté du conclave » . Aussi ordonna-t-il, d’une façon expresse, qu’à la première tentative de ce genre, le conclave serait immédiatement dissous et transféré hors de l’Italie. Volumus omnino et mandamus ul, in cujusvis injuriée conclavis loco, vel personis Matée, sive id ex facto contigerit publicee potestatis, sive privalor uni, multo vero magis si manns injicerentur in aliquem ex cardinalibus, aut qinspiam ex eis suslineretiir quoniodocumque, aut proliiberetur a conclavis accessit, comilia illico dissolvantur, et ad lutiorem sedem transferantur extra ITA i.iam, idque licet suffragia jani fer ri cœperint. Bulle Consulturi, § 8. d) Les autres articles concernant les facultés accordées aux cardinaux, pour cette fois, de modifier les lois traditionnelles du conclave, se rapprochent beaucoup des prescriptions de Pie VI. Le 24mai 1882, Léon XIII, par sa constitution Pr.rdecessores nostri avaitrenouveléla bulle Consulturi. Le 24 décembre 1904 par la constitution Vacante Sede apostolica Pie X a donné à ces constitutions force légale perpétuelle et en a codifié le règlement.

III. Physionomie des conclaves.

Durant ces quatre derniers siècles, depuis la fin du grand schisme d’Occident, par l’élection de Martin V, faite au concile de Constance (Il novembre 1417), tous les conclaves, sauf celui de Pie VII, se sont tenus à Rome. Les deux premiers, après la fin du schisme, ceux d’Eugène IV (1431) et de Nicolas V (1447), eurent lieu au couvent des dominicains de la Minerve. Le dortoir commun des religieux fut divisé par des tentures, pour constituer les chambres à coucherdes cardinaux. Cf. Moroni, Dizionario, v° C/iiesa di Santa Maria sopraMinerva, t. XH, p. 146. En souvenir de ces deux conclaves, l’inscription suivante fut gravée sur la porte intérieure de la sacristie :

Mémorise, creàtionis. hic. habitue

summ. pontific. eugenii iv. et. is’lcolai v.

Tous les autres conclaves, du xve au xviiie siècle, furent tenus au Vatican. On avait fait construire, à cet effet, une sorte de charpente, avec traverses et cloisons mobiles, le tout composé’de pièces numérotées qu’il était facile de monter au moment du conclave, et de

démonter ensuite. Après l’élection, on emmagasinait le tout dans de vastes salles de débarras, jusqu’à la prochaine vacance. Cf. Cancellieri, Storia de’solennipossessi de’ponte/ici dopo la loro coronazione, in-4°, Rome,

1822, p. 379 ; Lellera al dottore Korcff, p. 47 sq. ; Notizie s’.oriche délie slazionie de’sili diversi, in oui sono slati tenutii conclavi nella cilla di Ronia, in-4°, Rome,

1823. Les cellules, séparées les unes des autres par un étroit espace d’une trentaine de centimètres, se ressemblaient toutes. Elles avaient environ 5 mètres de long et 4 de large. Malgré leurs dimensions si exiguës, chacune d’elles servait à la fois de salle de réception, de salle à manger et de chambre à coucher pour un cardinal. En fait de meubles, elles ne contenaient que le strict nécessaire. Cf. Lavorio, De conclavi, de conclavislis et de electione romani pontificis, in-i°, Rome, 1628, p. 291. Les parois en planches étaient recouvertes d’étoffe violette ou verte, selon que les cardinaux, auxquels étaient destinées ces cellules, avaient été créés par le pontife défunt ou par ses prédécesseurs, carie violet était considéré comme couleur de deuil. Cette distinction des couleurs à l’extérieur des cellules commença à s’introduire au conclave qui suivit la mort de Jules II (1513). Cf. Catalani, Comment, in cseremoniale S. R. E., p. 15. La porte consistait en une tenture, ou portière, au-dessus de laquelle était disposé l’écusson du cardinal auquel la cellule était échue au sort.

Comme on le voit, l’installation n’était pas des plus confortables, d’autant plus que ces petites cellules se trouvant resserrées les unes à côté des autres, dans les galeries et les grandes salles du Vatican, l’aération laissait fort à désirer. Dans la seule salle ducale qui a 35 mètres de long sur 10 de large, on n’avait pas mis moins de dix-sept de ces minuscules cellules, sur deux rangées, séparées par un étroit corridor. Le conclave occupait ainsi tout le premier étage du Vatican, depuis la grande salle de la bénédiction, située au-dessus du vaste portique de la basilique de Saint-Pierre, jusqu’à l’aile opposée au bout de la cour Saint-Damase. Afin d’assurer les communications indispensables avec le dehors, tout en sauvegardant la sévérité de la clôture, on avait installé, aux quatre extrémités du conclave, des « roues » ou tours, semblables à ceux qui sont en usage dans les parloirs de cou vent de religieuses cloîtrées. Cette pratique remonte également au conclave de 1513. Cf. Catalani, Comment. in cxremoniale S. R. E., p. 11. Les tours se trouvaient : le premier, au sommet de la scala regia, qui conduit à la salle royale et à la chapelle Sixtine ; le second et le troisième, aux sommets des escaliers qui, de la cour Saint-Damase, mènent, l’un aux loges de Raphaël, et l’autre aux appartements pontilicaux ; le quatrième, dans le bras du corridor du Belvédère réservé aux domestiques et aux employés du conclave. Chacun de ces tours était gardé, à l’extérieur, par un détachement de la garde pontificale, et par un groupe de prélats, tels que les auditeurs de Rote, des protonotaires, des évoques, archevêques et patriarches assistants au trône pontifical. Cf. Catalani, Comment, in cseremoniale S. R. E., p. 17 ; Passerini, De elect. rom. ponlif., q. x, p. 48. On peut voir divers plans de conclaves, dans l’ouvrage de Gaspard Sibilla, Nuova ed esatta planta del conclave, con le funzionie cerimonie per l’elezione del nuovo pontefice Clémente XIV, in-V Rome, 1775 ; et dans celui de Lucius Lector, Le conclave, Appendice.

Il enfui ainsi pendant près de quatre siècles. Mais, à la mort de Pie VII (1823), on pensa qu’il valait mieux tenir les conclaves au Quirinal, parce que, assis sur un site plus élevé, il est regardé comme plus salubre. C’est une considération dont il faut tenir compte, .pi. nul il s’agit de rassembler dans une même ! clôture, et pour un temps plus ou moins long, parfois pendant plusieurs mois, de deux à trois cents personn’s. En effet, beaucoup d’individus sont emprisonnés dans un conclave.