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CONFESSION DU I er AU XIIIe SIÈCLE


mier dimanche de carême : Hebdomada una ante initium quadragesimse, confessiones sacerdotibus dandse sunt, c. xxxvi, P. L., t. cv, col. 203. Cf. Capilulare." Prima hebdomada ante initium quadragesimse confessio danda de omnibus peccatis quse sive opère sive locutione perpetrantur. Ibid., col. 218.

Le même usage est attesté par le Pénitentiel du pseudoEgbert (IXe siècle), qui suppose que les fidèles, quilibet homo, se confessent tous les ans à une époque déterminée : Tempus venitpost annum ut quilibet homo confessorem alloqui debeat et cum confessarii sui venia jejunium suum ordiri et Deo et con/essario suo delicta sua, quse perpetraverit conftteri, etc., c. lxv. Wasserschleben, Die Bussordnungen der abendlàndischen Kirche, Halle, 1851, p. 34. Un Pénitentiel de saint Gatien de Tours que Martène a publié, De antiquis Ecclesise ritibus, t. I, p. 259 sq., et que certains critiques font remonter au ixe siècle, indique également que la confession quadragésimale était obligatoire : In quadragesima, sicut constitutum est, conjessus non fui, neque pœnilentiam de prseteritis egi.

Du reste, dès le viiie siècle, vers 760, saint Chrodegang, évêque de Metz, recommande non seulement la confession quadragésimale, mais encore deux autres confessions par an, « sinon davantage, ce qui serait encore mieux, » dit-il : Hsec est ratio psenitentise et confessionis nostræ quse coram Deo et sacerdotibus ejus nobis pariter agendse sunt, id est in unoquoque anno tribus vicibus, id est in tribus quadragesimis, populus Jhlelis suam confessionem suo sacerdoti faciat, et qui plus fecerit, melius facial. Régula, c. xxxii, P. L., t. lxxxix, col. 1072.

Il n’y a pas lieu d’attribuer à Alcuin le De divinis officiis, qui a été publié sous son nom, P. L., t. Ci, col. 1773 sq. Cet ouvrage où se lit un Ordo réglant l’imposition de la pénitence le jour des Cendres, ibid., col. 1192, témoigne pour une époque postérieure, le XIe siècle, peut-être le x 5. Mais le De Psalmorum usu, qui paraît bien être l'œuvre du grand liturgiste, contient une sorte d’examen de conscience où la confession est marquée comme une préparation habituelle à la communion pour celui qui est coupable de quelque pèche grave : Corpus et sanguinem Domini pollulo corde et corpore sine confessione et pœnitentia scienter indigne accepi. P. L., t. ci, col. 499.

Alcuin appréciait tant les avantages de la confession qu’il adressa aux maîtres de l'école de Saint-Martin de Tours une lettre sur la confession des enfants : « Exhortez, dit-il, les enfants à la confession de leurs péchés. Nombreuses, on effet, sont les embûches dressées par le démon contre les adolescents, notamment par les désirs charnels. Or le démon perdra sa peine si les jeunes gens veulent se confesser et faire de dignes fruits de pénitence : Exhorlamini illos… et maxime de confessione peccatorum suorum, etc. » Epist. de confessione peccatorum ad pueros S. Martini, P. L., t. ci, col. 648-056.

Chrodegang et Alcuin exercèrent sur les âges suivants une influence considérable. Les Capilulaires d’Anségise (829), 1. II, n. 43, P. L., t. xcvii, col. 519-550, portent que les laïques doivent communier trois lois l’an, sinon plus souvent, et supposent que ces fidèles se présenteront en état de grâce à la sainte table. Au Xe siècle, saint Udalric, Sernio synodalis, P. L., t. cxxxv, col. 1072, fait à ses prêtres cette recommandation : Feria quarta ante quadragesimam plebem ad confessionem invitale et ci, juxla qualitatem delieti, psemtentiam injungite, non ex corde vestro, sed sicut in Psenitenliali scrijitum est. Le concile d’Ansa (994), can. 26, impose aux curés l’obligation d’entendre les confessions des fidèles durant la semaine qui précède le carême. Mansi, t. xix, col. 190. Les trois communions annuelles, régulièrement précédées de la conlession, deviennent bientôt une sorte de

lieu commun des moralistes chrétiens et des directeurs de consciences. Voir col. 484, 521-523. Dans le Formulaire que Réginon, abbé de Prùm († 915), composa pour les visites épiscopales, la confession est expressément recommandée avec les communions de Noël, de Pâques et de la Pentecôte, q. lvii, lvui, P. L., t. cxxxii, col. 285. Cf. l’Instruction qui regarde la confession du mercredi des Cendres, ibid., col. 245 ; De ecclesiasticis disciplitiis, 1. I, n. 57, 95, ibid., col. 189, 191. Un prône du xie siècle, publié par dom Morin, Revue bénédictine, octobre 1905, p. 520, contient cette recommandation : Peccata vestra ssepe Deo et sacerdotibus lacrimabiliter confitemini, sed maxime ter in anno : scilicet in capite jejunii, et ante Pentecosten, et ante natale Domini, peccata vestra confitemini. Au xiie siècle, Otton de Bamberg, évangélisant la Poméranie (1124), enseigne expressément que les fidèles doivent se confesser et communier au moins trois ou quatre fois l’an : Oportet tamen et vos ipsos 1er vel quater iti anno, si amplius fieri non oportet ; et confessionem facere atque ipsi sacramento communicare. Herbord, Dialogus de vita Ottonis, dans Monumenta Germanise, Scriptores, t. xx, p. 732 sq. Le concile de Gran, en 1114, déclare que les laïques doivent se confesser et communier à Noël, à Pâques et à la Pentecôte et les clercs à toutes les grandes fêtes, can. 4. Hefele, Conciliengeschichte, t. v, p. 289 ; Mansi, t. xxi, col. 100. Alain de Lille (f vers 1200) se plaint que les clercs et les laïques se confessent à peine une fois l’an : sed hodie invaluit, ut vix laicus vel clericus semel confiteatur in anno, et fait remarquer que « les clercs sont tenus de se confesser tous les samedis et les laïques trois fois chaque année » . Ad quam tenentur clerici singulis sabbalis, laici vero ter in anno tenentur specialiter confileri. De arte predicatoria, P. L., t. ccx, col. 171.

Réginon de Prum avait prévu le cas où les fidèles ne se confesseraient qu’une fois l’an et ne paraît pas s’en scandaliser : Si quis ad confessionem non veniat vel una vice in anno, id est in capite quadragesimse, et psenilentiam pro peccatis suis suscipiat, q. lvi, lxvi, P. L., t. cxxxii, col. 285. Le concile de Aenham (ou Enham) en Angleterre (entre 1100 et 1116) n’oblige les fidèles à se coniesser qu’une fois chaque année. Mansi, Concil., t. xix, col. 308. On voit par là que les chefs de l'Église attachaient une importance particulière à la confession quadragésimale ou pascale et que, tout en tenant aux autres confessions, inclinaient plus facilement à en dispenser les fidèles.

Les théoriciens du dogme eurent à justifier cette réitération, cette multiplicité et cette périodicité des confessions. On leur objectait que le Christ n’avait jamais opéré deux fois sur le même sujet ses miracles, et que les Pères n’admettaient les premiers chrétiens qu’une seule fois à la pénitence.

L’auteur du De vera et falsa psenitentia, qui signale ces difficultés, essaie de les résoudre par quelques textes de l'Écriture : Nolo mortem peccatoris, etc. ; Quorum remiseritis peccata, remilluntur eis. « Le Sauveur, ajoute-t-il, par le grand nombre de ses miracles a donpé un gage de pardon aux pécheurs récidivistes. En déclarant qu’il venait comme médecin, n’a-t-il pas promis équivaleminent aux pécheurs de venir à leur secours chaque fois qu’ils auraient besoin de lui ? 0°el est, en effet, le médecin qui refuse de soigner ses malades plus d’une fois ? » Et il conclut par l’exemple de l’antiquité chrétienne en affirmant que « les Pères les plus anciens avaient remis les péchés soixante-dix-sept fois sept fois, c’est-à-dire toujours, et que cette pratique avait été de tout temps en vigueur dans l'Église de Dieu » . P. L., t. xi., col. 1116-1117. Il eut été sans doute fort empêché de prouver cette dernière assertion par des textes. Aussi s’abstient-il d’apporter aucune référence précise.

De son côté, Hugues de SaintVictor, se trouvant aux