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CONFESSION CHEZ LES PROTESTANTS


on peut être légitimement accusé et convaincu soit par autrui soit par sa propre conscience, mais par une conscience droite, nullement tenaillée et enténébrée par les hommes d’église, théologiens ou canonistes. Un coup d’œil rapide sur les commaiidements de Dieu sufiira comme préparation. Ibid., n. 8, p. 161 sq.

Ces invectives et ces restrictions n’empêchent pas Luther de maintenir et de défendre l’institution de la confession, dont il reconnaît la salutaire influence, sacramentum istud confessionis saluberrimse. Ibid., p. 165. Mêmes déclarations, non moins explicites, dans la Captivité de Babylone, où il affirme la nécessité de la confession en vertu de son institution divine. Non est dubium confessionem peccatorum esse necessariam et divinitus mandatant. De capliritate babylonica Ecclesise prasludium, 1520, dans Werke, Weimar, t. vi, p. 546.

Diatribes et proscription.

La censure prononcée

par la faculté de théologie de Louvain et par celle de Cologne contre les premières erreurs de Luther touchant la confession, cf. Facullatis theologicw Lovaniensis doctrinalis condemnatio doctrinm M. Lutheri, circa confessionem, dans Werke, Weimar, t. viii, p. 177 ; Condemnatio facidtalis theologicse Coloniensis, ibid., p. 179, et surtout la condamnation des il erreurs par Léon X, le 16 mai 1520, Denzinger, n. 625-665, suscitèrent chez le bouillant réformateur une violente explosion de colère. Dans sa réplique sur la confession, il s’éleva contre le précepte de la confession en contestant au pape le pouvoir d’intervenir par voie d’autorité en cette matière, comme si le caractère obligatoire de la confession provenait de la loi ecclésiastique. Mais il ne conteste nullement la sainteté de cette institution. « Je vénère la confession, comme la virginité et la chasteté ; c’est une chose grandement salutaire. Mais ce que l’on impose par la force ne saurait plaire à Dieu. » Von der Beicht, ob die der Bapist macld liabe zu gebielen, 1521, dans Werke, Weimar, t. viii, p. 152, 165.

Désormais la confession ne sera plus pour Luther qu’une des formes de la tyrannie papale, ibid., p. 185, et, d’institution divine, il ne sera plus question. Le prêtre à qui Notre-Seigneur a envoyé le lépreux, n’appartenait point au collège apostolique : c’est l’Église tout entière, et non pas une partie de l’Eglise, qui détient le pouvoir de remettre les péchés. Eiangelium von den zchn Aussâlzigen, 1521, dans Werke, Weimar, t. viii, p.’394. C’était abolir en principe l’absolution : sous l’influence de Carlstadt elle fut supprimée, de fait, à Wittemberg, en 1521, après la fête de Noël. E. Fischer, Zur Gesc/iic/ile der evangelischen Beicltte, Leipzig, 1903, p. 87. Cf. Sludien zur Geschichte der Théologie und der Kirche, t. ix, fasc. 4, p. 300. L’année suivante, Luther écrivait à Jacques Montanus que la confession générale suffisait pour obtenir le pardon et la paix. Quod tu novissimis libris de confessione scripsisli, cerlissimum habeo, nempe licere in totum omitlere indicem suigulorum peccatorum salisgue esse generali confessione peccatorum pelere solatium evangelii cl remissioneni peccatorum (22 juillet 1522). Briefe, édit. Enders, t. iv, p. 179. Dès lors la doctrine de Luther sur la confession n’est plus qu’une doctrine de haine ; c’est à partir de ce moment que l’on peut dire de sa pensée qu’elle est restée en dehors du changement ; quoi qu’il en soit, ces injurieuses négations n’ont plus d’intérêt pour l’historien. Cf. Lipsius, Lutheri Lehre von der Busse, dans Jahrbuch fur prolestantisclie Théologie, t. KVtir, p. 161.

11. Doctrine de Mélanchthon et des Églises luthé-RIENNES. — L’abolition de la confession sacramentelle itaitau sein de In nouvelle Église de vives contrôla rses ei des protestations justifiées par le rapide channt des mœurs publiques. Mélanchthon, qui avait eoulenu d’abord avec le radicalisme le plus absolu la

justification par la foi seule, avait fini par se r ; Hier à des idées moins exclusives et se rendre compte que les institutions chrétiennes ont, dans le cœur des hommes, des raisons d’être profondes. Cf. Moehler, Symbolique, Besançon, 1836, t. i, p. 315. Il finit par se prononcer nettement pour le maintien de la confession, cf. Loci communes, p. 131, et rédigea dans ce sens l’art. Il de la Confession d’Augshourg, avec une clause restrictive qui en atténuait toutefois la portée. « Au sujet de la confession, c’est un point de doctrine qu’il faut maintenir dans les églises l’absolution privée, bien qu’il ne soit pas nécessaire de formuler une accusation complète de tous les péchés. » Kolde, Die Augsburgisclie Konfession, Gotha, 1896, p. 36. La deuxième partie, Articuli quibus recensentur abusus mutati, contient une déclaration analogue et proteste que la confession n’est pas abolie dans les églises. Confessio in ecclesiis apud nos non est abolita. Non enim solet porrigi corpus Domiui nisi antea exploratis et absolutis. Et doectur populus diligentissime de fide absolutionis. Art. 25, ibid., p. 7274.

Les articles de Torgau reproduisent à peu près les mêmes vues. « La confession n’est pas abolie ; elle est tenue toujours en grande considération. Que personne ne s’approche des sacrements sans s’être préalablement confessé et avoir demandé l’absolution. » Die Torgauer Arlikel, art. 5, ibid., p. 130. Mais les articles de Marbach, 3 octobre 1529, sont déjà moins affirmatifs et moins précis : la confession qu’ils recommandent ne mérite plus le nom qu’on lui donne encore. « La confession ou demande de conseil soit au curé soit au prochain, doit être libre. Mais elle est très utile à ceux qui éprouvent du chagrin, des tentations, une peine quelconque. » Die Marburger Arlikel, Von der Beicht, art. 9, ibid., p. 121. Les mêmes formules vagues, destinées à contenter tout le monde, se retrouvent dans les articles de Schvvabach, art.lt, ibid., p. 126. Cf. G. von Scheele, Theologische Symbolik, IIe partie, Gotha, 1881, p. 177179.

Au début, les confessions de foi pouvaient servir grandement à l’affirmation d’un principe : elles étaient sans force pour combattre l’anarchie des esprits. Une expérience décisive a montré qu’il ne suflit pas de recommander, au nom d’intérêts purement humains, la pratique de la confession, quand on a enlevé, à une institution aussi grave, sa sanction divine ; et l’étude détaillée des plus anciens catéchismes protestants fournirait sur ce point un curieux ensemble de documents indiscutables. Des théoriciens avaient rédigé les formules de foi ; des hommes d’action interprétèrent ces formules dans le sens de la vie pratique. Devant l’indifférence ou le mépris populaires, il était bien inutile, sinon dangereux, de maintenir, même en les transformant, les anciens usages dépouillés de tout prestige : il n’en resta qu’une ombre insaisissable.

Le catéchisme d’Alsace, rédigé par Butzer, en 1534, ne mentionne plus la confession comme préparation indispensable à la cène. Pour se préparer à la communion, il suffit de se considérer comme un pauvre pécheur et de fortifier son esprit de la certitude que tous nos péchés ont été’effacés par Jésus-Christ. Elsàssische Katechismen, Quellcu zur Geschichte des kirchlichen Unterrichts in der evangelischen Kirchen Deutscltlarids zwischen 1530 und 1000, Gutersloh, 1904, t. i, p. 47. Brenz, dans le catéchisme du Wurtemberg, réduit le pouvoir des clefs à la simple prédication de l’Évangile. Q. Quid sunt dures regni cselorum, ?— R. Ministerium scu prædicatio Evangelii de Jesu Christo. Wûrtenibergische Katechismen, ibid., p. 322. L’exercice de ce pouvoir se réduit, d’après les enseignements du caléchisme de Heidelberg, à un avertissement fraternel donné à ceux qui mènent une vie scandaleuse, à les éconduire, à les priver de la cène, s’ils n’obtempèrent