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CONFIRMATION D’APRÈS LES PÈRES GRECS ET LATINS


ne parle pas de l’imposition des mains à l’eù/ri eî ; tô Xp(<T(xa, mais semble impliquer ce rite, ainsi que le remarque Brightman dans le Journal of theological studies, 1900, t. i, p. 265. G. Wobbermin. Altchristliche liturgische Stùcke, dans Texte und Untersuch., Leipzig, 1898, t. xvii, fasc. 3 b, p. 12-13.

Onction chrismale.

Il est rapporté, dans les

Actes, que, pour conférer le Saint-Esprit, les apôtres recouraient à la prière et imposaient les mains ; pas de mention d’onction. L’onction, cependant, semble signalée, dans d’autres passages, par saint Paul, II Cor., I, 21, 22, et par saint Jean. I Joa., ii, 20-27. Le passage de l’Épitre aux Corinthiens est formellement appliqué par Théodoret au sacrement de confirmation, In II Cor., P. G., t. lxxxii, col. 384 ; et le texte de l’Épitre de saint Jean est placé en tête de la catéchèse de saint Cyrille sur la confirmation. Myst., ni, P. G., t. xxxiii, col. 1088. L’usage de l’onction remonte donc aux temps apostoliques ; l’Église l’a toujours pratiqué dans l’initiation chrétienne. Est-ce comme une partie intégrante du baptême et une simple cérémonie du rituel baptismal, ou bien à titre de rite sacramentel, spécialement employé pour conférer le Saint-Esprit ? C’est aux textes de nous le dire.

1. En Orient.

Origène parle plusieurs fois de l’onction, mais sans spécifier si on l’employait pour la collation du Saint-Esprit. Selectain Exod., P. G., t. xii, col. 284 ; InLevit., homil. vi, 5, ibid., col. 472 ; Selecta in Ezech., 16, P. G., t. xiii, col. 811. Saint Cyrille nous fait connaître l’usage de l’Église de Jérusalem. Au sortir de la piscine baptismale, le néophyte est oint avec le chrême, -/péo-fxa, ou l’onguent sacré, [AÛpov, qui est le don du Christ, mais qui communique le Saint-Esprit. Myst. y iii, 3, P. G., t. xxxiii, col. 1092. Jadis on oignait les prêtres et les rois ; Aaron et Salomon ont reçu l’onction ; mais ce n’était là qu’une figure. Quant à vous, dit-il, en s’adressant à ses auditeurs, c’est l’onction véritable que vous avez reçue, car vous avez été oints par le Saint-Esprit, où tuihxû ; à).).’àX/jOcoç. Ibid., 6, col. 1093. Or pendant que le corps est oint avec l’onguent visible, l’âme est sanctiliée par l’Esprit saint et vivifiant. Ibid., col. 1092. C’est à l’onction que vous devez votre nom de chrétien. Ibid., 1, col. 1088.

L’usage syrien nous est notifié par les Constitutions apostoliques. Deux onctions se pratiquaient au baptême, l’une avec l’huile des catéchumènes, après la profession de foi, mais avant l’immersion, Const. apost., VII, xxii, xlii, P. G., t. I, col. 1012, 1014, l’autre avec l’onguent ou jxûpov, mais après la collation du baptême. Ibid., III, xvi ; VII, xliv, col. 797, 1015. Cette dernière servait à donner le Saint-Esprit. Cf. Quxsl. ad orlhod., q. cxxxvii, P. G., t. vi, col. 1389.

La Constitution ecclésiastique égyptienne nous fait connaître l’usage d’Egypte. Une double onction postbaptismale a lieu avec le chrême, ou huile de l’eucharistie, c’est-à-dire de l’action de grâces ; la première est faite par le prêtre sur le néophyte, au sortir de la piscine, avec cette formule : « Je t’oins avec l’huile sainte au nom de Jésus-Christ ; » l’autre, dans l’église après la prière de l’imposition des mains, mais par l’évêque qui, mettant une main sur la tête du baptisé, l’oint de l’autre avec le chrême ou huile de l’eucharistie, sur le front, et dit : « Je t’oins avec l’huile sainte au nom du Père tout puissant, etc. » Const. ceci, égypt., Achelis, Die Canones Bippolyti, p. 98-99. Le Sacrante » luire de Sérapion ne donne pas de détails précis : il renferme deux prières, l’une pour l’huile qui doit servir au baptême, l’autre pour le chrême de la confirmation, mais sans faire connaître si le chrême est donné par le prêtre d’abord et par l’évêque ensuite. G. Wobbermin, Alltliche liturgische Stùcke, dans Texte und Unters., Leipzig, 1898, t. xvii, fasc. 3 b, p. 8, 12-13. Au contraire, le Testamentum Duniini nvslri Jcsu Cliristi détaille la

cérémonie comme la Constitution ecclésiastique égyptienne. Au sortir de l’eau, un prêtre oint le baptisé avec l’huile de l’eucharistie et dit : « Je t’oins avec l’huile au nom de Jésus-Christ. » Les néophytes se rendent ensuite à l’église. Là, l’évêque leur impose les mains et récite une prière pour demander à Dieu de faire descendre sur eux le Saint-Esprit ; après quoi il pose une main sur la tête de chaque baptisé et l’oint sur le front en forme de croix. Test., II, ix, p. 131.

Tant que l’évêque présida, en Orient, à la cérémonie solennelle de l’initiation chrétienne, il confia à un prêtre le soin d’oindre de chrême les nouveaux baptisés, se réservant de les oindre à son tour sur le front pour leur communiquer le Saint-Esprit, après leur avoir imposé les mains et récité la prière qui précisait le but et caractérisait la nature de cette imposition des mains. Avec la création des paroisses et la multiplication des fonts baptismaux, le prêtre remplaça l’évêque dans l’administration du sacrement de confirmation.

2. En Occident.

L’onction, déjà signalée par Théophile d’Antioche, Ad Autol., i, 12, P. G., t. VI, col. 1042 ; édit. Otto, p. 37 ; Duchesne, Origines, p. 321, note 3, et par saint Irénée, Cont, hser., I, xxi, P. G., t. vii, col. 663, note 18 ; cf. III, ix, xvii, xviii, est mieux décrite par saint Hippolyte. Ce dernier connaît l’onction post-baptismale ; de plus, il voit dans l’huile la force du Saint-Esprit. In Susannam, v, 17 ; De Christo et anlich. , 59, P. G., t. X, col. 693, 777. Suzanne est l’image typique de l’Église. Elle se fait apporter dans le bain de l’huile et des onguents. Qu’étaient-ce que ces onguents, demande Hippolyte, sinon les commandements du Logos, et cette huile, sinon la force du Saint-Esprit, par lesquels les fidèles, après leur baptême, sont oints avec le chrême ? In Ban., xiii, Pitra, Analecta sacra, t. ii, p. 260 ; Bonwetsch, Hippolytus, Leipzig, 1897, p. 26. Et si les Canons d’Hippolyte sont de lui, comme tout porte à le croire, nous y trouvons le chrême de l’eucharistie, avec lequel un prêtre oint le baptisé au sortir de la piscine, et aussi l’imposition des mains et la consignation faite par l’évêque pour donner le Saint-Esprit ; mais il n’est pas dit que le signe de croix, fait sur le front par l’évêque, s’accompagne d’une onction chrismale. Can. 134139, Duchesne, Origines, p. 513 ; Achelis, Die Canones Hippolyli, p. 98.

Tertullien connaît également une onction post-baptismale, De bapt., vil, P. L., t. I, col. 1206, qui sert à oindre le corps, plus spécialement le front, signacxltan frontium, Adv. Marc., ni, 22, P. L., t. ii, col. 353, consacre l’âme et lui profite spirituellement. De resur. car., viii, ibid., col. 806. Mais tantôt il laséparede l’imposition des mains à laquelle il attribue la collation du Saint-Esprit, De bapt., viii, P. L., t. i, col. 1207 ; tantôt réunissant tout ce qui a trait à l’initiation chrétienne, il signale une unclio, une signalio carnis, qui consacre et fortifie l’âme et une adumbratio carnis par l’imposition des mains, qui l’illumine du Saint-Esprit. De resur. car., loc. cit.

Saint Cyprien n’est pas plus explicite. Il signale, lui aussi, l’onction chrismale, Epis t., lxx, 2, P. L., t. iii, col. 1040, 1041, mais pour dire seulement que son ellet propre est de faire du baptisé l’oint de Dieu et le possesseur de la grâce du Christ. Ailleurs, il attribue la collation du Saint-Esprit à l’imposition des mains, mais sans mentionner la chrismation. E)>isl., i.xxiv, 7, ibid., col. 1132. Dans un autre endroit, il affirme que les baptisés reçoivent le Saint-Esprit par la prière et l’imposition des mains et qu’ils sont couronnes par le signaculitm dominicum. Ejiist., i.xxiii, 9, ibid., col. 1115. Mais qu’entend-il par ce signaculum ? C’est ce qu’il a négligé de dire.

De même, le langage du pape Corneille, au sujet de No va tien, dans sa lettre à Fabius d’Antioche, n’a pai toute la netteté désirable. Novatien, dit il, n’a pas reçu