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CONFIRMATION CHEZ LES PROTESTANTS


fortifier par le Saint-Esprit consolateur (conforter), d’augmenter en eux chaque jour les dons multiples de sa grâce : l’esprit de sagesse et d’intelligence, de conseil et de force spirituelle, de science et de vraie piété, de les revêtir enfin de l’esprit de sa sainte crainte, maintenant et pour toujours. »

IV. Ministre et sujet.

Le ministre de la confirmation est l’évêque. Le 60e canon exige que ce rite soit administré tous les trois ans, lors de la visite épiscopale ; mais il est peu de diocèses où les évêques ne voient point la nécessité de l’administrer plus fréquemment.

Pour être confirmé, il faut avoir été baptisé et être parvenu à l’âge de discrétion. L’Église d’Angleterre n’a pas explicitement déterminé l’âge auquel les enfants pourraient être admis à recevoir ce sacrement. D’après le 61e canon, l’évêque doit imposer les mains aux enfants, qui ont atteint l’âge où ils peuvent rendre compte de leur foi selon le catéchisme contenu dans le Book of common prayer. D’autre part, le canon 112e exige que toute personne ait communié avant l’âge de 16 ans ; et dans l’Église anglicane, pour s’approcher de la sainte table, il faut auparavant avoir été confirmé. Cela porte donc l’âge requis pour la confirmation entre 13 et 16 ans.

La question de l’âge requis pour être admis à la confirmation est encore un des points où se fait vivement sentir le retour à la pratique primitive de l’Église. C’est ce que réclame le Rév. Hoiloway, The confirmation and communion of infants, Londres, 1901. Et dans la préface qu’il écrivit pour cet ouvrage, lord Halifax attire l’attention sur ce point : « L’auteur, dit-il, demande que jusqu’à ce que l’ancienne discipline de l’Église puisse être rétablie, ce qui est très désirable, on fasse un retour franc et honnête, à l’instruction évidente des réformateurs, tels que l’évêque Thomas Bentham (en 1565) et l’évêque Jeremy Taylor (en 1664) : ils désiraient que les enfants fussent confirmés, tandis qu’ils étaient encore en état d’innocence, c’est-à-dire entre 5 et 7 ans. » P. xx-xxi, cf. p. 45, 114.

V. Office de la confirmation.

L’office de la confirmation dans le Book of common prayer comprend deux parties : un catéchisme, ou « instruction devant être apprise par toute personne, avant d’être présentée à la confirmation » ; et l’ordre de la confirmation, ou c. imposition des mains sur ceux qui sont baptisés et parvenus à l’âge de discrétion » .

Le catéchisme est une préparation, et doit, naturellement, être appris pendant la période qui précède l’administration de ce rite. Mais avant d’imposer les mains, le ministre doit s’assurer que tous les candidats peuvent donner une réponse suffisante à toutes les questions qui y sont contenues. C’est une sorte de renouvellement des promesses faites au baptême par les parrain et marraine du confirmand, et qu’il doit lui-même confesser et ratifier solennellement. L’explication du Credo, du Notre Père et des 10 commandements constitue le fond de ce catéchisme ; on y a ajouté une première partie sur la nature et l’alliance chrétiennes, et une cinquième sur les sacrements. D’où ces cinq parties : relations entre Dieu et le chrétien, foi, prière, devoirs et grâce.

Ce catéchisme se trouvait déjà dans le Book of common prayer de 1549 ; il a été attribué à différenls auteurs : Alexandre Nowel, second maître de Westminster School, quand le Bouk of common prayer était en préparation ; Povnet, évéque de Rochester en 1550 ; Goodrich, évéque d’Ély. Ce dernier est l’auteur des « devoirs envers Dieu et devoirs envers le prochain » , gravés sur le mur d’une galerie qu’il fit construire. Il est probable qu’on lui doit le reste de l’ouvrage. La dernière partie, ajoutée par l’ordre du roi Jacques 1 er après la « llamplon court Conférence » , fut écrite par

l’évêque Overall (alors doyen de Saint-Paul), et approuvée par les évêques vers 1620. Cosin, Notes, p. 491.

L’administration de la confirmation commence par une préface, dans laquelle un clergyman rappelle l’obligation imposée par l’Église au confirmand de savoir le Credo, l’oraison dominicale et les 10 commandements. Celte préface est suivie de la rénovation des promesses et engagements du baptême. Dans une première oraison, l’évêque prie Dieu de répandre son Esprit consolateur sur les candidats : l’esprit de sagesse et d’intelligence, de science et de piété, de conseil et de force, de crainte de Dieu. C’est une prière très ancienne : on la trouve dans les Sacramentaires grégorien et gélasien, dans le traité de saint Ambroise sur les sacrements. Egbert, archevêque d’York, l’avait insérée dans son Pontifical, et elle est employée dans le rite romain. Après cette prière a lieu l’imposition des mains sur la tète de chacun des candidats agenouillés devant l’évêque. Le ministre récite ensuite la prière : « Défends, ô Lord…, » suivie du Notre Père et de deux courtes oraisons. La cérémonie se termine par la bénédiction épiscopale.

J. H. Blunt, The annotnted Book of common prayer, Londres, 1890 ; A. J. Mason.TVîe relations of confirmation to baptism, 2’édit., Londres, 1893, p. 420-432 ; H. Hoiloway, The confirmation at.d communion of infants, Londres, 1901 ; T. Field, .4 manual for confirmation, Londres, 1901 ; A. G. A, Hall, Confirmation, Londres, 1902.

L. Marchal.

IX. LA CONFIRMATION CHEZ LES PROTESTANTS.

— I. Les précurseurs. II. Églises luthériennes. III. Églises réformées.

I. Les précurseurs.

Le calviniste Jean Daillé ; De dnobus lalinorum ex unelione sacramentis, c. xvii, Genève, 1659, p. 415, fait remonter aux vaudois la première opposition doctrinale soulevée au sujet du sacrement de confirmation contre les « dogmes nouveaux » de l’Église catholique. Le protestantisme essaye en outre de rattacher ses doctrines à celles de Wiclef et de Jean Hus, dans le but de nouer ainsi une tradition qui puisse s’affirmer victorieusement contre la tradition romaine. Mais rien ne légitime ces efforts et il faut bien reconnaître, si l’on excepte toutefois quelques déclarations hétérodoxes, isolément formulées par les albigeois, que les protestants ont été les premiers à rejeter systématiquement l’antique enseignement de l’Eglise. Si les vaudois rejetaient l’usage du saint chrême, ils ne réprouvaient pas pour autant le sacrement lui-même, cf. Pierre de Pilichdorf, Contra hseresim Waldensium, dans Max. bibliolheca Patrum vet., Lyon, t. xxv, p. 277, et les albigeois ou cathares conservaient jalousement le rite de l’imposition des mains qui conférait à leurs adeptes l’esprit de consolation et de vérité. Manus impositio vucatur ab eis consolamentum et spirituale baplisma, sire baplisma Spiritus Saneti, sine quo secundum eos nec peccalnm mortale dimittitur nec Spiritus Sanclus alicui datur ; sed per eam solnmmodo ab eis fartam utrumque confertur. Reynier, Contra Waldenses, ibid., p. 268. Voir Alain de Lille, Contra liœret., 1. I, c. i.xvi, /’. /.., t. CCX, col. 369.

Quant à Wicleff et aux hussites, le concile de Constance, qui a condamné leurs doctrines, ne signale sur ce point, comme formulée par eux ou tout au moins par les wicleflites, qu’une erreur concernant l’administration du sacrement dans l’Eglise romaine. Confirmatio juvenum, clericorum ordinatio, locorum consecratio reservantur papee et episcopis propter cupiditatem lucri temporatis et honoris. Décréta Martini V eteoncilii Constantiensis ; Articuli 45 Joannis Wicleff damnali, a. 28, Denzinger, n. 504. On a voulu également faire remonter jusqu’aux novatiens la doctrine protestante. Mais Novalien n’a rien innové sur ce point : avant reçu le baptême au cours d’une grave maladie, il avait né-