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CONSTANTINOPLE (I er CONCILE DE)


suite la présidence fut confiée au titulaire du siège de Constantinople, à Grégoire d’abord, puis, après la démission de celui-ci, à Nectaire, ce fut apparemment pour donner immédiatement la sanction du fait au droit nouveau inauguré par ce concile et formulé dès ce moment par son 3e canon en faveur du siège de Constantinople Ce 3e canon ne serait donc que la mise en formule d’une théorie dont la procédure suivie au IIe concile dans la question de la dévolution de la présidence avait été la première application pratique.

II. Le tomos et le symbole.

Pour ce qui est des affaires disciplinaires réglées au cours de ce concile, voir Ariakisme, t. i, col. 1844-1845. Quant à la question dogmatique relative au Saint-Esprit, de quelle manière y fut-elle traitée et résolue ? Nous n’avons sur ce point que de maigres renseignements. Socrate, 1. V, c. VIII, col. 576-577, laisse entendre que, dès avant l’élection de Nectaire, les négociations avec les macédoniens pour l’union avaient commencé. L’empereur lui-même s’y employa de son mieux. Il rappela à ceux-ci les essais de rapprochement autrefois tentés par eux auprès de Rome, auprès du pape Libère en particulier (366). Mais en vain. « Plutôt être ariens qu’accepter l’àpooieioi ;, » ce fut le dernier mot des macédoniens ; et ils s’éloignèrent, en ayant soin de prévenir par lettres leurs partisans contre l’acceptation de la foi deNicée. Socrate, qui nous donne ces détails, loc. cit., oublie de mentionner qu’il ne s’agit plus de l’homoousie du Fils avec le Père, mais de celle du Saint-Esprit. Il ajoute qu’après le départ des macédoniens les 150 évoques orthodoxes restants confirmèrent la foi de Nicée. Cf. Sozomène, 1. Vil, c. viii, ix, col. 1436 ; Théodoret, 1. V, c. viii, col. 1214. En quoi consiste cette confirmation ? Dans leur lettre, les évêques du synode de 382 parlent d’un tomos rédigé par notre concile sur la question trinitaire. Théodoret, ibid., col. 1216. Et Tillemont, Mémoires, t. ix, p. 888, conclut d’une phrase du discours à Marcien, au IVe concile, Mansi, t. vii, col. 464, que ce tomos avait trait aussi à la question apollinariste et qu’il était rédigé sous forme de lettre adressée aux Occidentaux. Dans cette hypothèse, le 1 er canon, dogmatique par son contenu, et le symbole attribué à ce concile seraient des fragments ou des extraits de ce tomos. En tous cas, les historiens déjà cités, Sozomène en particulier, semblent bien n’avoir eu sous les yeux, au moment où ils écrivaient, que notre 1 er canon dogmatique et les canons disciplinaires qui suivent. Le contenu du tomos en question et le rapport supposé entre ce tomos et le symbole dit de Constantinople restent donc en suspens.

Sur ce symbole même et son origine trois hypothèses différentes ont cours. L’hypothèse traditionnelle en fait un remaniement du symbole de Nicée opéré par les Pères du IIe concile, en vue d’une affirmation plus expresse de la divinité du Saint-Esprit. Lebedef, Vselenskie sobury, Sergiev Posad, 1896, part. I, p. 111, note 1, cite en sa faveur le texte suivant de la lettre du concile à Théodose : sTieira 6k y.a’t (jjvtojxou ; cipou ; èÇeçwv /.t : ’;  ;. : ’. » , tirjv Te tûv icsi’épuv jrfoTtv rùv iv Niyata xupa>cav-r :

. Cf. Mansi, t. III, col. 557. Tillemont, Mémoires,

t. ix, p. 888, identifie au contraire noire symbole avec celui que transcrit saint Épiphane, dans son Ancoratus, exix, P. G., t. xliii, col. -232. Ils soûl, en effet, textuellement les mêmes, sauf deux variantes sans importance. llefele, Cuitciliftiricscliichtc, I. ii, p. K), note 2, qui île cette opinion et l’admet, commet a ce propos une méprise, en confondant ce symbole de V Ancoratus en question avec un autre, inséré également dans Y Ancoratus un peu plus loin, cxx, et qui diffère sensiblement de celui de Constantinople. Si II ncoratus n’est pas postérieur, ce qui est démontré, à l’année 374, et si le symbole en question n’est pas, simple supposition, une interpolation tardive, il devient difficile de laisser au concile de Constantinople la paternité du symbole qui

porte son nom. Mais on peut parfaitement supposer, en ce cas, qu’en approuvant ce symbole, le concile l’aurait fait en quelque sorte sien et lui aurait conféré par le fait une autorité particulière, soit comme symbole baptismal, soit comme simple formule de foi spécialement dirigée contre les négateurs de la divinité du Saint-Esprit. Cette hypothèse n’est pas en contradiction trop directe avec l’opinion traditionnelle, qui a sa valeur. Au point de vue de ses sources, le symbole de Constantinople serait alors, non pas une recension amplifiée du symbole nicéen, mais un symbole hiérosolimitain complété par des formules nicéennes. Nous trouvons en effet dans les Catéchises de saint Cyrille, rédigées avant 3Ô0, un symbole qui offre les plus grandes affinités avec celui de YAncoratus, sauf sur la question de Yhomoousios, qu’il ignore. Or nous savons par Socrate qu’à partir de 360, Cyrille, qui avait appartenu jusque là au parti des eusébiens modérés, avait évolué dans le sens nicéen. Il est probable qu’il dut se préoccuper dès lors d’adapter le symbole de son Église à ses nouvelles croyances. On est donc autorisé à croire que le symbole de Y Ancoratus est celui de Jérusalem, adapté entre 369 et 373 à la foi de Nicée. Harnack, qui établit ce point par une minutieuse confrontation des textes, va plus loin encore et veut, c’est la troisième hypothèse, que le symbole en question n’ait rien de commun, sauf le nom, avec le IIe concile œcuménique. Realrncyklopàdie, 3e édit., t. xi, art. Constantinopel (Symbol), p. 12-28. Ce ne serait que tardivement et à partir du concile de Chalcédoine qu’aurait eu cours la théorie, dès lors universellement adoptée, d’un rapport d’origine entre ce symbole et l’activité doctrinale du IIe concile. Sur ce point, voir Nicée [Symbole de).

III. ŒCUMÉNICITÉ. — Le concile se sépara en juillet après avoir réglé dans ses canons plusieurs questions disciplinaires importantes. Des sept canons qui lui ont été attribués dans les collections canoniques, quatre seulement lui appartiennent en réalité. llefele, Conciliengeschichte, t. ii, p. 12-14. En se séparant, il adressa à Théodose une lettre pour le prier de confirmer ses décisions. Mansi, t. iii, col. 557. Celui-ci répondit par un décret ordonnant de livrer les églises, en Orient, aux évêques qui se trouveraient en communion de croyance sur l’égale divinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit, avec les évêques dont il énumère les noms pour chaque province, Nectaire à Constantinople, Timothée à Alexandrie, etc. Codex Theodos., I, 3, De fide cathol. Cf. Sozomène, 1. VII, c. VIII, col. 581. Les Latins s’étant permis de blâmer plusieurs desdécisions prises à Constantinople, entre autres, la solution donnée à la question du schisme d’Antioche et l’élévation de Nectaire sur le siège de Constantinople, Episl. synod. ital. ad Theodos., Mansi, t. iii, col. 631, un nouveau concile réuni l’année suivante, 3cS2, à Constantinople et composé en partie des mêmes éléments, y répondit par une justification accompagnée d’un exemplaire du tomos dressé 1 au précédent concile. Dans sa lettre, le concile de 382 qualifie celui de 381 d’oecuménique, appellation qui ne peut être prise que dan-, un sens restreint, et relativement à l’Orient. Théodoret, I. V, c. ix, col. 1212-1215. Cf. llefele. Conciliengeschichte, t. II, p. 29, noie 2. Et ce qui prouve que même elle/ les Grecs ce concile ne fui pas considéré des le début comme pleinement œcuménique, c’est qu’à Éphèse où l’on se réfère au symbole de Nicée, on ne fait pas mention de celui de Constantinople. Harnack, loc. cit., conclut « le là qu’il n’existait pas encore, au moins comme symbole officiellement approuve’1. On peut aussi supposer que, même existant et approuvé, il ne pouvait être mis sur le même pied que celui de Nicée, précisément parce que le concile de Constantinople, comme synode partiel, n’avait pas l’autorité de celui de Nicée. Mansi, t. iv, col. 1138. En 449, au pseudo-concile d’Éph