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DODWELL — DŒLLINGER (DE)


martyrs de la primitive Église furent, beaucoup inoins nombreux que ne le prétendent les martyrologistes romains. » hum liuinarl répondit par sa belle dissertation sur le grand nombre des martyrs imprimée en tête des Acta martyrum. Brokesby, Life, p. 103 sq. En 1080, Dodwell publie en appendice aux œuvres deson ami défunt Pearson, le fameux évéque de Cbester, sa Disserlalio de pontificwm romanorum primxvasuccessione. En 168 ! ), de nouveau à la demande de Fell, évéque d’Oxford, il donne des Dissertaliones in Irenxum. A partir de 1691, il multiplie ses écrits pour la défense des évéques « non jureurs », et proteste contre l’ingérence du pouvoir civil dans les causes purement ecclésiastiques. Brokesby, Life, p. 224 sq.

Ses derniers ouvrages sont consacrés à l’antiquité chrétienne. En 1698, traité sur la légitimité de la musique instrumentale dans les églises. En 1702, discours contre le mariage entre personnes de différentes communions. En 1709, que l’usage de l’encens n’est pas une tradition apostolique (publié en 1711).

De la marne époque sont ses lettres sur l’immortalité de l’âme, An epistolary discourse concerning ihe Soûls immorlality. Pour résoudre le problème du sort éternel des non-baptisés, Dodwell admet cette erreur fondamentale que l’âme bumaine n’est pas naturellement immortelle, mais acquiert au baptême cette immortalité. Naturellement de vives protestations s v devèrent contre cette doctrine ; Clarke, entre autres, la réfuta avec science et logique, lîrokesby, Life, p. 563 sq. Voir Clarke, t. iii, col. 3. Dodwell a laisse plusieurs ouvrages inachevés concernant l’antiquité profane et cbrélienne, et la philosophie naturelle. Brokesby, Life, p. 199 sq.

Il n’existe pas d° édition complète des œuvres de Dodwell. Brokesby, Life nf Mr. II. Dodwell, with an account oj his Works, Londres, 1715 ; Overton, art. Dodwell, dans le Dictionary of national biography, t. xv, p. 180 sq.

.1. de la Servi ère.


2. DODWELL Henry (le jeune), déiste anglais, mort en 1784, était le quatrième enfant du tbéologien Henry Dodwell. Il naquit â Shollesbrooke, dans le Berkshire, probablement après le début du xviiie siècle. Il lit ses études littéraires à Magdalen Hall, Oxford, puis se donna à la carrière juridique. En 1742, il devint tout d’un coup célèbre par un livre intitulé : Christianitynot founded on argument ; le livre était anonyme, mais l’auteur connu de tous. Dodwell y développe les trois propositions suivantes : « La raison, ou toute autre faculté intellectuelle, ne peut pas, soit à cause de sa nature, soit â cause de celle de la religion, être le moyen voulu de Dieu pour nous conduire à la vraie foi. En fait, il n’en est pas ainsi, si nous en jugeons par les données claires de h sainte Écriture. On peut décrire nettement, en s’appuyant sur la même indiscutable autorité, ce qu’est positivement la foi, et établir les moyens propres et voulus de Dieu pour parvenir â la connaissance des vérités âivines. » Christianity, p. 7 sq. Il prouve les deux premières par la critique de la démonstration classique du christianisme, et des réllexions sur l’impuissance de la raison bumaine. Et il développe ainsi la troisième : « Le motif qui amène l’bomme à recevoir les mystérieuses vérités de l’Evangile est un don particulier, une munificence spéciale du ciel, en dehors et au-dessus des communs privilèges de notre nature, » p. 57. Telle est la foi que décrit l’Évangile, celle que montre l’observation des âmes chrétiennes, celle qui a l’ait les martyrs. L’examen rationnel de cette foi ne peut qu’être fort dangereux, et conduit presque infailliblement au scepticisme, p. 81 sq. Et il conclut : « Mon lils, confiez-vous au Seigneur de tout votre cœur, et non à votre propre raison, » p. 118. Naturellement une vive polémique s’ena â propos de cette profession du fidéisme le plus outré. Doddridge, Leland, Benson, Randolph réfutèrent Dodwell. et son propre frère, William Dodwell, chanoine de Salisbury et archidiacre de Berks, prononça, le Il mars et le 21 juin 174’i, deux sermons contre ses doctrines, devant l’université d’Oxford ; ils furent publiés à Oxford en 1745. Dodwell se défendit toujours d’avoir voulu détruire la foi chrétienne dans l’âme de ses lecteurs, et prétendit leur avoir donné seulement une notion plus exacte de cette foi. Les méthodistes crurent d’abord pouvoir tirer parti de sa thèse, et s’employèrent â répandre son livre. Mais Weste Lui-même comprit mieux la portée de l’œuvre de Dodwell ; il écrivait justement : « Le dessein poursuivi dans cet ouvrage est de rendre odieuse et ridicule l’institution du christianisme… Il s’efforce de démontrer que le christianisme est contraire â la raison, que l’homme agissant conformément aux principes de la raison ne saurait être un chrétien. » Earnest appeal to men of reason and religion, Dublin, 1750, p. 16.

Ahhey et Overton, The english Chureh in the 18’* century, Londres, 1878 ; Ilnnt, Tieligious thought in Èngland, Londres, 1870 sq. ; Leland, A view of the principal deistical writers, Londres, 1807 ; Overton, art. H. Dodwell, dans le Dictionary of national biography, t. xv, p. 181 sq. ; Steplien (Lestiej, History of the english thought in the 18"’century, Londres. 1881, t. il.

J. DE LA SERVIÈRE.


DŒLLINGER (DE). - I. Vie. II. Ouvrages.

I. Vie.

Cn y peut distinguer trois périodes : la première, qui s’étend de 1799 à 1861 et se clôt avec les Conférences de l’Odéon ; la deuxième, qui va de 1861 au 17 avril 1871 ; la troisième, qui comprend les dernières années de Dœllinger, à dater de son excommunication jusqu’à sa mort.

I. Première période, 1799-5 et 9 avril 1861. — Jean-Joseph-Ignace de Dœllinger, le prince des savants catholiques de l’Allemagne au XIXe siècle, et le chef, avec Mœhler, de l’école historique allemande, naquit â Bamberg, le 28 février 1799, dans une vieille et honorable famille de médecins, où le zèle de la science était, ce semble, héréditaire. Ignace de Dœllinger, son père, mourra en 1841, membre de l’Académie des sciences de Bavière et professeur â l’université de Munich ; physiologiste éminent, son nom et son souvenir n’ont pas péri. L’enfant, au foyer paternel, sentira s’éveiller en lui de bonne heure une curiosité universelle et insatiable ; il y sera déjà possédé de la passion des livres, qui se confondait avec le désir de savoir et d’apprendre, comme aussi de la religion, autant dire, de la superstition de la science ; il y déploiera une rare variété d’aptitudes, et restera jusqu’au terme de sa longue carrière, animé des mêmes goûts, empressé aux mêmes travaux. La littérature, la philosophie, l’histoire, la théologie, les mathématiques, les sciences naturelles et, en particulier, l’entomologie, le préoccuperont â la fois ou tour â tour. Mais c’est l’un des traits de cette curieuse physionomie, que Dœllinger, satisfait de son champ primitif d’études, gardera toujours le souci de le creuser et de s’y fortifier, non de l’étendre et d’y annexer de nouvelles provinces. Les progrès de l’archéologie sacrée, de l’épigraphie, de l’histoire de l’art depuis plus d’un demi-siècle, seront presque pour lui chose non avenue ; il n’y prendra point de part et point d’intérêt. En somme, Dœllinger sera l’homme du passé bien plus que l’homme du présent. Dans l’ordre politique, les remaniements contemporains de la carte de l’Europe n’entameront pas ses idées conservatrices, voire particularisles. de 1848 ; et, dans l’ordre religieux, les impressions de la légende d’un portrait de saint Bernard, qui lui tombera sous les eux â l’âge de dix ans : l’linam mihi licerel videra Ecelesiam sicut in diebus antiquis, ne s’ellaceront jamais,