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1299 DIEU (SA NAT. D’APR. LES DÉCISIONS DE L’ÉGLISE — DIFFAMATION 1300

rait que Dieu n’était ni bon, ni meilleur, ni très bon, et qu’en l’appelant bon, il s’exprimerait aussi mal que s’il disait que le blanc est noir, n. 528. Voir t. iii, col. 2092. Cf. II. Denifle, Archiv fur Literatur und Kirchengeschiclite des Mittelalters, Fribourg-en-Brisgau, 1886, t. ii, p. 638 sq.

9° Le pantbéisme, enseigné par Spinoza, voir t. III, col. 2093, par Ficlite, Scbelling et Hegel, col. 2095, avait été adopté en France par Cousin, Vacherot et Renan, col. 2097. Il fut condamné par Pie IX dans le Syllabus de 1861. Denzinger, n. 1701.

Gùnther avait prétendu que la création n’avait pas été libre, mais nécessaire, puisque Dieu connaissant les êtres Unis par la négation de l’infini, qui est en lui’sa bonté exige que sa toute-puissance leur donne l’existence. Dans son bref du 15 juin 1857 à l’archevêque de Cologne, Pie IX avait blâmé et réprouvé cette erreur-Denzinger, n. 1655.

Le concile du Vatican, réuni en 1869 pour condamner les erreurs modernes, ne se borna pas à définir la possibilité de la connaissance naturelle de Dieu et d’affirmer solennellement l’existence de Dieu, il énonça aussi les attributs divins et la distinction de Dieu etdu monde. Denzinger, n. 1782. Voir t. iii, col. 2182. Mais, au témoignage de M’Jf Gasser, rapporteur de la députation de la foi, il voulait seulement définir comme dogme de foi catholique l’existence de Dieu. En énonçant d’abord les noms par lesquels l’Ecriture sainte désigne ordinairement le vrai Dieu, par opposition aux fausses divinités des païens, puis les attributs que les théologiensaffirment de Dieu, enfin la distinction essentielle et infinie entre Dieu et le monde, voir t. iii, col. 2185, il n’a donc pas défini comme dogme catholique les attributs divins énumérés dans le c. I de sa constitution, pas plus que la distinction essentielle et infinie de Dieu et du monde, au moins en vertu de cette profession de foi. Voir t. iii, col. 2186. Cf. A. Vacant, Études théologiqucs sur les.constitutions du concile du Vatican, Paris, 1895, t. i, p. 159, 166-168. Mais quatre canons répondent à cette profession de foi : le 1 er condamne l’athéisme, le 2e le matérialisme, le 3e et le 4e le panthéisme. Denzinger, n. J801-1804. Voir t. i, col. 2209-2210 ; t. iii, col. 2183, 2185, 2186.Cf. Vacant, op. cit., t. i, p. 207-208, 210-211. Le 3e canon rejette le principe du panthéisme, en frappant d’anathème quiconque affirme l’unité et l’identité de substance ou d’essence entre Dieu et les choses du monde. Voir t. iii, col. 2186-2187. Le 4e réprouve expressément trois formes particulières du panthéisme : le panthéisme substantiel, émanatiste, notamment celui de Fichte, voir col. 1265 sq. ; le panthéisme essentiel de Scbelling, voir col. 1266 sq. ; le panthéisme de l’être universel, professé par Hegel. Voir col. 1269 sq. Cf. t. iii, col. 2187-2188 ; Vacant, op. cit., t. i, p. 207-214. Voir Panthéisme.

10° Au cours du xix 8 siècle, l’ontologisme avait reparu. Ses partisans n’avaient pas seulement une conception spéciale touchant notre connaissance de Dieu, qu’ils disaient immédiate, ils identifiaient encore nos idées générales avec Dieu, puisque ces idées étaient, pour eux, des réalités éternelles, indépendantes et nécessaires en Dieu ; ils atténuaient ainsi la différence entre Dieu et le fini, et ils assimilaient l’être universel, une abstraction de l’esprit, à l’être absolu, se rapprochant par là des panthéistes qui tenaient le monde pour une spécification de l’être universel. Aussi, le 18 septembre 1861, le Saint-Office a-t-il censuré sept propositions, extraites de leurs œuvres. Denzinger, n. 1659-1665. Le concile du Vatican avait eu l’intention de condamner l’ontologisme, mais il ne put exécuter ce dessein. L’ontologisme n’a pas été directement visé par la constitution DeiFiliu8. Cependant, suivant la remarque de Mo’Simor, il est indirectement atteint dans ses principes et ses conséquences par la condamnation du panthéisme, et

la 2° et la 3e propositions ne sont pas conformes aux enseignements du concile du Vatican. Voir t. iii, col. 2188. Cf. Vacant, op. cit., p. 134-138, 214-215. Voir

    1. ONTOLOGISME##


ONTOLOGISME.

La publication des Opéra posthuma de Rosmini, en 1879, a ravivé en Italie l’ontologisme abandonné en France et en Belgique par ses tenants. Léon XIII fit examiner les écrits de l’illustre prêtre, et le 14 décembre 1887, le Saint-Office condamna 40 propositions, dont les dix-sept premières concernent la vision directe de Dieu et la confusion de l’être divin avec l’être en général. Denzinger, n. 1891-1907. Voir Rosmini. Cf. Schwane, Histoire des dogmes, trad. Degert, Paris, 1901, t. vi, p. 132-137.

11° Enfin, le 7 septembre 1907, dans l’encyclique Pascendi, Pie X a signalé deux points de la doctrine des modernistes, qui conduisent au panthéisme : leur symbolisme, en vertu duquel les idées sont des symboles de Dieu, et leur doctrine de l’immanence divine, dérivant de tous les phénomènes de la conscience humaine. Si la réalité divine, saisie dans l’acte immanent de la vie, n’est pas distincte de nous et ne fait qu’un avec nous, cette doctrine conduit au panthéisme. Denzinger, n. 2108.

E. Mangenot.

1. D1EUDONNÉ I er, élu pape après la mort de Boniface IV, siégea du 19 octobre 615 au 8 novembre 618, en tout 3 ans et 20 jours. Il était romain et fils du sous-diacre Etienne. On ne sait presque rien de certain touchant son court pontificat. On lui a prêté deux décrétâtes qui sont fausses et une constitution liturgique (constitua secunda missa in clero) qui n’est pas claire. Selon M. Duchesne, il s’agirait peut-être d’un second office imposé aux clercs, d’un office du soir, appelé improprement missa. Il aurait reçu favorablement le patrice Eleuthère, qui, profitant des malheurs de l’empire sous Héraclius, prit le pouvoir à Ravenne et à Naples. Il rendit au clergé de Rome son ancienne inlluence et fut enseveli près de l’apotre Pierre. Son second successeur Honorius lui composa une très louangeuse épitaphe.

Liber pontiftealis, édit. Duchesne, t. i, p. 319-320 ; Jafle, Herjesta, t. i, p. 222 ; P. L., t. lxxx, col. 361.

A. Clerval.

    1. DBEUDONNÉ II (Saint)##


2. DBEUDONNÉ II (Saint). Voir AdÉODAT, t. I, col. 324-395.

    1. DIFFAMATION##


DIFFAMATION. — I. Définition et distinction. II. Historique. III. Culpabilité théologique.

I. Définition et distinction.

La diffamation, comme l’indique l’étymologie, di signifiant retranchement, fama réputation, est une atteinte ou flétrissure portée à la réputation du prochain.

Elle se distingue de la calomnie et de la délraction, comme le genre se distingue des espèces contenues en lui. La calomnie, en effet, est une diffamation par des imputations fausses et mensongères, voir Calomnie, t. ii, col. 1369 sq. ; la détraction, ou médisance, est une diffamation par l’imputation de faits répréhensibles qui sont vraiment l’œuvre de la personne diffamée, ou de défauts et vices qui sont certainement siens, mais qu’on n’a pas le droit de révéler et de jeter en pâture à la curiosité ou à la malveillance du public. Voir MÉ-DISANCE. La diffamation se distingue aussi de la calomnie et de la détraction, en ce qu’elle comporte une publicité plus étendue, et, par suite, un plus grand dommage pour celui qui en est l’objet, et une plus grande culpabilité pour celui qui en est l’auteur.

II. HISTORIQUE.

Droit romain.

1. La diffamation, dans le droit romain, ne constituait pas un délit spécial, comme elle le devint plus tard. Le mot diffamatio, de dis-famare, désignait simplement l’acte de propager des propos, quels qu’ils fussent. Ce mot s’employait donc indifféremment en bonne ou mauvaise