pergratiam ejas per redemptionem guse est in Cluisto Jean. Sess. VI, c. vi. Ainsi le dogme auquel on adhère par la foi est l’enseignement révélé par Dieu lui-même, selon la doctrine de saint Paul, Hcb., XI, 6, rappelée ici par le concile.
Ce concept catholique du dogme, intégralement maintenu par les théologiens catholiques aux XVIIe et xviiie siècles en face des nouveaux systèmes de philosophie et des premiers développement s du rationalisme critique, fui plusieurs fois défini par Grégoire XVI et Pie IX contre les erreurs d’Hermès et de Giinther, DenzingerBannwart, Knchiridion, n. 1618 sq., 1634 sq., 1655 sq., llilifj sq., et plus solennellement encore par le concile du Vatican. Sess. III, c. iii, IV. La définition conciliaire exprime évidemment la valeur objective et positive des dogmes chrétiens, en les donnant comme l’enseignement positif de Dieu auquel nous devons absolument et pleinement adhérer propter auctorilalem i].sius Dei revelu h lis qui nec falli nec fallere potest, c. ta. Cette valeur objective s’applique même aux mystères cachés en Dieu et que Dieu nous manifeste par la révélation, c. iv. Cette même valeur objective ressort aussi de la manière dont le concile explique l’impossibilité de tout conllil entre la science et la foi. Les deux ordres de vérités naturelles et surnaturelles relevant respectivement de la science et de la foi existent objectivement, et Dieu est, dans l’un et l’autre ordre, la source première et la mesure essentielle de toute vérité. Dès lors il ne peut y avoir contradiction entre l’une et l’autre vérité, cum idem Deus qui mysleria révélai cl ftdem inftmdit, animo humano rationis lumen indidenl, Deus autem negare seipsum non potest, nec verum vem unquam contradicere, c. iv. Il ne peut y avoir qu’une contradiction apparente, provenant d’une mésintelligence ou d’une mésinterprétation des dogmes ou d’une fausse appréciation des données de la raison. Loc. cit. Tout cet enseignement conciliaire suppose évidemment la valeur objective des dogmes.
En même temps le concile indique nettement que la connaissance des dogmes reste toujours imparfaite en cette vie ; car les mystères divins surpassent tellement l’intelligence créée que, même après la révélation déjà faite et la foi reçue, ils restent toujours en cette vie mortelle recouverts du voile de la foi et enveloppés de quelque obscurité. La raison éclairée par la foi et s’exerçant avec soin, avec piété et sobriété, ne peut jamais obtenir de ces myslères qu’une connaissance restreinte, soit qu’elle recoure aux analogies créées, soit qu’elle compare les mystères entre eux et avec notre fin dernière. Sess. III, c. iv.
IV. RÉPONSE AUX OBJECTIONS PRINCIPALES.
1™ objection. — Si la conception intellectualiste du dogme était admise conjointement avec la nécessité de la foi au dogme ainsi compris, il en résulterait, pour certaines intelligences moins favorisées, une incapacité réelle de parvenir au salut. Ce qui ne s’harmoniserait pas avec la divine volonté de sauver tous les hommes. — Réponse. — 1. La connaissance intellectuelle, strictetement nécessaire, est peu considérable et peut facilement être atteinte même par les intelligences les moins favorisées ou les moins cultivées. Car les vérités dont la foi est indispensablernent nécessaire sont peu nombreuses, et quant au contenu de ces vérités il suffit, selon tous les théologiens catholiques, de saisir le sens des termes qui les expriment et d’adhérer à ce sens à cause de l’autorité de Dieu révélant, quand même on serait incapable de satisfaire aux interrogations qui seraient posées sur cette croyance. Lehmkuhl, Theologia mordis, t. i, n. 279 ; Génicot, Theologim moralis instilutiones, t. I, n. 191 ; Herardi, Praxis confessariorum, 3e édit., l’aenLa, 1898, t. I, n. 66.
D’ailleurs, en dehors des quelques vérités dont la foi explicite est nécessaire de nécessité de salut ou de
nécessité de précepte, la foi implicite aux autres vérités révélées est suffisante, S. Thomas, Sum. Iheol., II a lI », q. ii, a. 5 ; Quxst. disp., De verit., q. XLV, a. 11, du moins pour ceux qui ne sont point, en vertu de leur charge ou par charité, tenus à posséder une connaissance plus complète de l’enseignement révélé. S. Thomas, Sum. iheol., IL 1 II', q. ii, a. 6. — 2. Le minimum de connaissance intellectuelle strictement requis est bien facilité dans l’Eglise catholique par la constante vigilance et direction de la hiérarchie catholique toujours attentive au bien spirituel des fidèles, particulièrement des plus humbles et des plus nécessiteux. — 3. D’ailleurs, toute àme chrétienne, surtout quand elle est humble et reste habituellement unie à Dieu, est puissamment aidée par les dons d’intelligence, de sagesse et de conseil, qui donnent des lumières spéciales sur les vérités surnaturelles, ou tracent la voie pratique à suivre. S.Thomas, Sum. Iheol., IIa-IIæ, q. viii, IX, LUI. Secours qui sont plus particulièrement abondants quand les moyens extérieurs font défaut, car la providence divine ne manque jamais de pourvoir à ce qui est indispensablernent nécessaire au salut. S. Thomas, Qusest. disp., De verit., q. xiv, a. 11, ad l llm.
2e objection. — La conception intellectualiste du dogme, placée à la base de tout ce qui est nécessaire pour le salut, détruit l’ordre divinement établi, suivant lequel la charité, du moins en cette vie, surpasse en dignité toute connaissance que nous pouvons avoir de Dieu en cette vie. — Réponse. — Il est vrai, qu’en cette vie du inoins où nous connaissons Dieu seulement par les créatures ou par le témoignage de la foi, la charité qui nous unit à Dieu l’emporte en dignité sur la connaissance que nous en avons. Car noire connaissance en cette vie ne perçoit que des manifestations naturelles ou surnaturelles des attributs divins, tandis que notre charité a pour terme immédiat Dieu considéré, non dans quelque manifestation de luimême, mais dans sa vie intime comme bien souverainement parfait. S. Thomas, Sum. theol., Ia-IIæ, q. LXVI, a. 6 ; II a II', q. xxui, a. 6 ; q. xxviii, a. 4, ad 2 ur ". Or il est incontestable que le premier rang de dignité appartient à ce qui unit plus immédiatement à Dieu considéré dans sa nature intime. I a IIe, q. LXVI, a. 3. Mais cette dignité suprême de la charité en cette vie n’est nullement compromise par la conception intellectualiste du dogme, placée à la base de tout ce qui est nécessaire au salut. Car l’amour ne pouvant exister sans quelque connaissance, voir CHARITÉ, t. ii, col. 2235, il est évident que cette charité prééminente doit être précédée de la connaissance du bien infini et des moyens que nous devons employer pour arriver à son éternelle possession. S. Thomas, Sum. theol., II » II, q. II, a. 3. Cette charité suppose donc nécessairement une connaissance surnaturelle antécédente qui est la connaissance intellectuelle du dogme.
3e objection. — En fait, la conception intellectualiste du dogme a conduit à beaucoup d’exagérations parmi lesquelles on doit surtout menlionner la prépondérance attribuée à la philosophie scolastique dans l'étude théologique des dogmes ; prépondérance particulièrement funeste, car c’est d’elle qu’est provenue l’extrême difficulté d’harmoniser avec fout autre système philosophique le dogme ainsi compris. — Réponse. — 1. Quand même plusieurs théologiens scolastiques auraient outré la conception intellectualiste du dogme, ce qui n’est aucunement démontré, il n’y aurait point lieu de condamner la notion catholique du dogme telle que nous l’avons exposée. Car c’est un principe partout indiscutable que des abus individuels et accidentels ne peuvent jamais compromettre [une doctrine en ellemême vraie et juste. —2. Les théologiens scolastiques, considérant toujours la science théologique comme exclusivement appuyée sur l’autorité de la révélation,