et pratique, doit être dirigée vers la béatitude éternelle qui consiste dans la connaissance de Dieu accompagnée de son amour. Sum. theol., I", q. i, a. 4-7. C’est à cette science surtout que convient ce que saint Thomas demande pour toute étude, qu’elle soit rapportée à sa fin légitime, c’est-à-dire à la connaissance de Dieu, Sum. theol., 11° 11", q. CLXVII, a. 1 ; et qu’elle soit accompagnée de l’amour divin qui unit étroitement la volonté à cette fin dernière. A renseignement de cette science convient aussi très particulièrement ce que saint Thomas dit de tout enseignement, qu’il.est un acte de la vie contemplative, dans la mesure où il suppose une vérité nettement conçue dans la considération et l’amouide laquelle on se délecte, hien que ce soit un acte de' la vie active quand on manifeste extérieurement cette vérité aux auditeurs. Sum. theol., II » II' —, q.CLXXXI, a. 3. D’ailleurs, saint Thomas observe que cette élude, laite selon les conditions convenables, II » II' 1 ', q. clxvii. a. 1, aide puissamment à la contemplation, soit en fournissant abondamment à l’intelligence les matières sur lesquelles doit s’exercer la conleinplation, q. clxxx, a. 4, soit en écartant les dangers d’erreur dans lesquels on pourrait imprudemment tomber sans une connaissance suffisante des choses divines, q. clxxxviii, a. 5.
h. Quant à l’utilité que la connaissance du dogme peut procurer pour le ministère des âmes, surtout quand elle est approfondie, elle occupait certainement la pensée des théologiens scolastiques. Car saint Thomas exige que ceux auxquels il appartient d’instruire les autres, possèdent une foi plus explicite et une plus ample connaissance des vérités de foi. Sum. theol., IlII', q. ii, a. 6 ; Quæsl. disp., De verit., q. xiv, a. 11. De même l'étude est particulièrement nécessaire aux ordres religieux qui doivent s’adonner à la prédication ou à d’autres œuvres de zèle. II » IL, q. clxxxviii, a. 5.
c. Ces considérations, il est vrai, sont habituellement absentes des ouvrages de théologie, mais uniquement parce que l’on suppose qu'élèves, lecteurs et maîtres n’oublieront point de se conformera l’impérieuse obligation morale de diriger vers la fin surnaturelle toutes les connaissances acquises. S. Thomas, Sum. theol., 11° II', q. clxvii, a. 1. Est-il nécessaire de rappeler que cette obligation a toujours été fidèlement remplie par les grands maîtres de la théologie scolastique, qui ont en même temps excellé dans la connaissance de la théologie mystique'.' C’est un exemple constamment proposé à notre généreuse imitation.
5e objection. — La conception intellectualiste du dogme n’accorde pas à la volonté individuelle dans l’acceptation personnelle du dogme un rôle suffisant. Elle fait de la vérité un système dont on peut s’emparer rien qu’en raisonnant, tandis que la vérité est une vie et qu’elle ne peut entrer en nous sans correspondre en quelque façon à un besoin d’expansion. —Réponse. — 1. Rien n’autorise à affirmer que le rôle légitime de la volonté dans la formation du jugement préalable de crédibilité et dans la production de l’acte de foi a été ignoré ou diminué par les partisans de ce que l’on appelle la conception intellectualiste du dogme. Les théologiens scolastiques ont pu, selon le but qu’ils se proposaient et à cause des préoccupations de leur époque, accorder peu de place aux questions psychologiques qui excitent actuellement un si vif intérêt. Mais quelque restreinte que soit la place assignée à l'étude du rôle de la volonté vis-à-vis de la croyance surnaturelle, ce rôle est nettement indiqué'. Il suffit de rappeler ici l’enseignement de saint Thomas sur ce point, Sum. theol., Il" 11 1, q. ii, a. I ; Qusest. disp., De verit., q. XIV, a. I, en renvoyant Ions les développements aux articles CrÉDIBI] ITÉ il Foi.
i. D’ailleurs, rien ne s’oppose à ce qu'à notre époque, en face de besoins nouveaux et de préoccupations bien
différentes, on accorde plus d’attention au rôle de la volonté' et que l’on en tienne plus de compte dans l’application de la méthode apologétique et dans le maniement des âmes. On peut en retirer des avantages considérables. Mais l’on doit se garder d’amplifier le rôle de la volonté en sacrifiant la vérité objective et le rôle absolument nécessaire de l’intelligence pour la direction de la volonté. Double écueil que l’on ne peut éviter dans la nouvelle conceplion du dogme.
3. En réalité, la conception nouvelle, loin de favoriser le rôle de la volonté, le supprime ou le rend inexplicable. La règle pratique imposée à la volonté n’ayant aucun fondement objectif suffisant ne pourrait reposer que sur un lidéisme subjectiviste qui ne rendrait jamais raison de l’attitude spéciale commandée à la volonté. Webrlé, Revue biblique, juillet 1905, p. 347.
IV. Sources théologiques des dogmes chrétiens. —
1° Les sources théologiques des dogmes chrétiens sont les organes par lesquels la révélation se manifeste à nous avec son autorité divine toujours obligatoirement digne de foi. Ces organes de transmission sont les divines Écritures contenant l’enseignement divin puisqu’elles sont inspirées par Dieu lui-même, et les traditions divines que l’Eglise nous garantit commeayant été communiquées par Jésus-Christ à ses apôtres et fidèlement transmises jusqu'à nous. Ces deux sources fondamentales des dogmes chrétiens dépendent pratiquement du magistère infaillible de l'Église qui nous garantit leur indéfectible vérité et interprète leur véritable sens.
2° En théologie dogmatique, ces deux sources peuvent être étudiées à un double point de vue : 1. dans le but de reconnaître, par la méthode régressive, les fondements théologiques d’une vérité que le magistère ecclésiastique enseigne manifestement comme révélée ; c’est le travail le plus habituel des investigations théologiques ; 2. pour rechercher dans ces sources, à la lumière des enseignements de l'Église et sous sa direction, les indications scripturaires et traditionnelles en faveur de la révélation d’une vérité non encore définie par l'Église, avec l’intention d'établir, s’il y a lieu, le fait de la révélation et d’en préparer la définition.
A ce double point de vue, nous devons esquisser ici, clans une courte synthèse, l’enseignement théologique sur les deux sources théologiques du dogme révélé, en nous bornant strictement à ce qui relevé du présent article.
1. L'ÉCRITURE SAINTE SOURCE DU DOGME RÉVÉLÉ.
1° Pour que l’enseignement divin contenu dans l'Écriture inspirée soit vraiment un dogme révélé, deux conditions sont nécessaires. — 1. Le sens doit en être suffisamment manifeste. Car l’obligation stricte à la ferme croyance de ce dogme doit supposer son absolue certitude, et l’infaillibilité divine s’oppose formellement à ce que le moindre doute ou la plus légère incertitude puisse jamais exister sur la vérité proposée à notre croyance. Condition assez rarement réalisée en dehors d’unedéfinition dogmatique de l'Église déclarant, avec la plénitude de son autorité, le sens d’un passage de l'Écriture, pour lequel elle demande noire adhésion. Car, sans ce moyen, il est le plus souvent très difficile de posséder la certitude strictement nécessaire sur ces trois points : authenticité' indiscutable du texte de l’auteur sacré, détermination très claire du sens grammatical des mots, el précision indubitable de l’enseignement que Dieu a voulu nous communiquer par ce moyen. Christian l’esch. De inspiratione sacra Scripturæ, p. 119.
2. L’enseignement certainement manifesté par l'Écriture doit être proposé par l'Église comme révélé et
c ie tel impose à notre croyance, ainsi que l’exige
la définition du dogme catholique. Condition réel le me ni absente dans beaucoup d’affirmations scripturaires qui