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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.2.djvu/167

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DOGME


col. 532 ; Origène, Deprincip., l.I, præf., n.l sq., P. G., t. xi, col. 115 sq.

D’ailleurs, pendant toute cette période, la pratique constante et universelle de l'Église de rejeter de son sein tous les hérétiques qui refusent de croire à la doctrine intégrale de Jésus-Christ telle qu’elle est enseignée par l’Eglise, témoigne évidemment de la croyance de l'Église à l’immutabilité permanente de cette même doctrine. Cette croyance s’affirme plus particulièrement à cette époque par la réprobation de l’illuminisme de Montan et de ses sectateurs, qui se donnaient comme les prophètes du Paraclet, annonçant en son nom une nouvelle et plus complète révélation obligatoire pour toute l’humanité.

2. Du IVe au VIe siècle, pendant que se conserve la même pratique universelle et constante de l'Église, l’autorité ecclésiastique porte de nouvelles définitions dogmatiques dans le but d’affirmer, de défendre ou d’expliquer, en face d’erreurs multiples, la doctrine révélée. En prenant toujours le soin de rattacher ces définitions aux vérités crues jusqu’alors et à la doctrine enseignée par Jésus-Christ et confiée par lui à ses apôtres, l’Eglise témoigne hautement sa ferme croyance à l’immutabilité susbtantielle de la doctrine enseignée par les apôtres au nom de Jésus-Christ.

Le concepl de cette vérité dogmatique chez les Pères de cette époque, particulièrement chez saint Augustin et chez saint Vincent de Lérins. résultera manifestement de ce que nous dirons bientôt de leur doctrine sur un progrès simplement accidentel dans la connaissance et la proposition des dogmes chrétiens.

3. Du VIe siècle jusqu'à l'époque actuelle, la croyance de l'Église à l’immutabilité substantielle des dogmes chrétiens continue à être manifestée par la même universelle et constante pratique de l'Église de rattacher m dépôt intégral de la révélation chrétienne toutes les définitions dogmatiques subséquentes, et d’exclure rigoureusement de la communion chrétienne quiconque n’adhère point à celle immuable vérité chrétienne.

Double pratique que l’Eglise continue à garder non moins fidèlement en face du protestantisme du xvi’siècle et de toutes les erreurs auxquelles il a donné naissance. C’est ce que témoigne la définition du concile de Trente, déclarant que la doctrine de Jésus-Christ, prèchée par les apôtres qui sont pour l’humanité tout entière la source de toute vérité, est contenue dans les livres inspirés et dans les traditions non écrites que Jésus a lui-même enseignées aux apôtres ou que le Siiint-Esprit leur a dictées, et qui ont été transmises jusqu'à nous. Concile de Trente, sess. IV, Decretum de canonicis Scripturis. C’est ce que témoigne aussi la condamnation récemment portée par l’Eglise contre les systèmes modernistes issus du protestantisme, systèmes qui rejettent nécessairement toute véritable révélation divine et qui, donnant aux dogmes une origine purement humaine, les soumettent conséquemment à un progrès substantiel ininterrompu. C’est ce que montrent particulièrement les propositions suivantes condamnées par le SaintOffice le 3 juillet 1907. Proposition 21 : Rerelatio, objectum (idcicatliolicæ constituens, non fuit cum apostolis compléta. —54. Dogmala, sacramentel, liierarc/tia tum quod ad notionem tant qnod ad realita t en} attinet, non sunt nisi intelligentiae christianse interprelaliones evolutionesque ijuse exiguum germon in evangelio lalens externis incrementis auxerunt perfeceruntque. — 59. Chris tus determinaluni doctrinse corpus omnibus lemporibus cunctisque hominibus applicabile non docuit, sedpotius inchoavit motuni quemdam religiosum diversis temporibusac locis adaptalum vel adaptundum. — 64. l’rogressus scientiarum postulat ut reformentur conceptus doctrinse christianse de Deo, de creatione, de rcvelatione, de persona Verbi incarnait, de redemptione. Condamnation solennellement renouvelée par Pie X dans le passage de l’encyclique Pascendi du 8 septembre 1907, où le pape, après avoir décrit d’une manière très complète la théorie moderniste sur l'évolution substantielle des dogmes, montre qu’elle contredit formellement les enseignements très explicites de Pie IX dans l’encyclique Qui pturibus du 9 novembre 184(5 et dans la condamnation de la proposition 5e du Syllabus, ainsi que les solennelles déclarations du concile du Vatican. Sess. III, c. IV. Cf. Denzinger, Baumwart, op. cil., p. 2095.

3° Ce caractère définitif et immuable de la révélation chrétienne ne subit aucune atteinte par le fait que l'Église donne son approbation à quelques révélations privées. — 1. Nous avons montré précédemment que ces révélations privées, même quand elles ont été approuvées par l'Église, ne contiennent jamais de dogme nouvellement propose à notre foi, et que l’Eglise, loin de garantir infailliblement leur authenticité et de les imposer à notre acceptation, se contente de déclarer qu’elles n’offrent rien de contraire à la foi ou à la morale chrétiennes et que l’on peut en retirer profit et édification spirituelle. — 2. Ces révélations, principalement destinées à diriger pratiquement les fidèles dans leur vie individuelle ou même publique, n’ont jamais occasionne dans l'Église aucun développement dogmatique. C’est ce que l’on doit particulièrement affirmer des révélations privées qui ont procure'- IVxtension du culte du saint sacrement ou du Sacre Cœur ele Jésus, voir CŒUR DE JÉSl s, t. iii, col. 293 sq., ou des nombreuses révélations individuelles qui fournissent aux théologiens mystiques un vaste et très utile champ d’observation psychologique. — 3. D’ailleurs, toutes ces révélations privées, loin de diriger le magistère ecclésiastique ou l’enseignement théologique, relèvent absolument de l’un et de l’autre, au jugement ele tous les théologiens. II. IMMUTABILITÉ SUBSTANTIELLE DV SENS QUE L’OIS DOIT ATTRIBUER l DOGMES PROPOSÉS PAR L'ÉGLISE COMME RÉVÉLÉS PAR JÉSUS-CBRIST. — ("est uneconséquence rigoureuse de l’infaillibilité conférée' à l'Église dans l’exercice perpétuel de sa divine mission de conserver, d’expliquer et de défendre le dépôt intégral de la foi placé sous sa garde vigilante. Concile élu Vatican, sess. III, c. iv ; sess. IV, c. iv. - 1° C’est l’enseignement immédiatement déduit de Multh., x.wm, l9sq.Les apôtres et leurs successeurs juseju'à la fin des siècles, étant divinement assistés pour enseigner perpétuellement toute la doctrine de Jésus-Christ, cette doctrine intégrale devra toujours demeurer intacte dans la proposition officielle faite par l'Église. En même temps, d’ailleurs, cet enseignement, parle fait qu’il doit incessamment s’adapter aux besoins des fidèles de tous les temps, doit se présenter, au cours des siècles, avec i|iielque progrès accidentel dont nous analyserons bientôt la nature.

2° C’est aussi l’enseignement traditionnel, comme le démontre, ainsi que nous l’avons observe précédemment, la pratique constante de l'Église d’appuyer toutes ses définitions dogmatiques sur la doctrine enseignée' par Jésus-Christ et par ses apôtres et toujours fidèlement conservée en vertu de la divine assistance à jamais garantie par la promesse de Jésus-Christ.

Au xix'- siècle, cet enseignement de l’Eglise est particulièrement affirmé contre la thèse semi-rationaliste de Hermès et de Cunther, soutenant un progrès substantiel opéré sur les dogmes par le travail de la raison, progrès en vertu duquel la raison comprendrait de mieux en mieux les dogmes chrétiens et les transformerait à mesure qu’elle en acquerrait une intelligence plus complète avec le développement des sciences humaines et surtout de la philosophie. Cette erreur fut condamnée par Pie IX dans l’encyclique Qui pluribus du 9 novembre 1846, Denzinger-Bannwarl, Enchiridion, n. 1636, et dans la proposition 5° du Syllabus : Divina reve IV - 51