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DOGME


Augustin montre que l’effet produit n’est autre que le caractère du baptême qui, sans doute, ne produit point par lui-même la rémission des péchés, mais qui peut suffire pour la produire, dès lors que l’obstacle à la rémission des péchés est écarté par un vrai repentir. Contra epistolam Parmeniani, l. II, c. xiii, n. 29, P. L., t. xi.iii, col. 71 ; De baptismo contra donatistas, l. V, c. xxiii, n. 33 ; l. I, c.xii, n. 18, col. 193, 119. Cette notion du caractère sacramentel, ainsi mise en évidence par le grand docteur africain du ve siècle, et plus tard complétée par les travaux théologiques des scolastiques du moyen âge, conduisit aux xve et XVIe siècles aux déclarations positives du concile de Florence dans le décret Ad Armenos, Denzinger-Bannwart, Enchiridion, n.695, et à la définition du concile de Trente, sess. VII, can. 9. — e. De même les premières tentatives du schisme grec et sa consommation définitive amenèrent au i.v siècle et aux siècles suivants des définitions plus explicites sur la primauté effective du pontife romain. Nous citerons particuliôrementlesdéclarationsdu pape saint Nicolas I" dans un synode romain en 863, Enchiridion, n. 326, et dans sa lettre à l’empereur Michel en 865, n. 332 ; la lettre du pape saint Léon IX à Michel Cérulaire, n. 351 ; et la définition du concile de Florence, n. 691. Ces définitions furent d’ailleurs complétées par le concile du Vatican, sess. IV, qui détruisit les derniers restes du gallicanisme. — f. Comme dernier exemple, signalons sommairement les nombreuses définitions dogmatiques portées par le concile de Trente, à l’occasion des erreurs protestantes du XVIe siècle, notamment sur l’inspiration des Livres saints, sur le péché originel, sur la grâce sanctifiante, sur les sacrements, particulièrement sur les sacrements de pénitence et de mariage, et sur le sacrifice de la messe : définitions qui, sur beaucoup de points, marquèrent un progrès considérable non seulement dans la formule mais encore dans le concept du dogme catholique, comme on le démontrera aux articles spéciaux.

Notons toutefois que, pour tous les exemples précités, les définitions solennelles portées par l’autorité ecclésiastique ont été le plus souvent précédées, du moins pendant quelque temps, d’un enseignement ordinaire de l'Église proposant ces vérités comme devant être pratiquement crues par tous les fidèles, et qu’ainsi la définition ultérieure n’a bien souvent fait que déclarer d’une manière plus formelle ce que l’on croyait déjà auparavant.

II. Tout en constatant, selon Jes documents historiques, cette inlluence occasionnelle des hérésies, l’on doit remarquer qu’en fait elle ne fut régie par aucune loi uniforme relativement au développement dogmatique qui put en résulter. Ce développement dogmatique dépendit le plus souvent de la nature de l’erreur ou de l’hérésie, des circonstances particulières de son éclosion ou de sa propagation, de la manière dont la controverse fut conduite par les défenseurs de la vérité révélée et du mode d’intervention de l’autorité ecclésiastique ; ce qu’il nous suffira de signaler brièvement d’après les exemples déjà indiqués. — a. Ainsi des hérésies attaquant des dogmes souverainement importants avec lesquels tous les autres ont une intime connexion, comme la trinité, l’incarnation, le péché originel et la grâce, conduisirent à des résultats dogmatiques plus considérables qu’une controverse avec les iconoclastes ou avec les adversaires de l’immédiate possession de la vision béatifique pour l'âme suffisamment justifiée au moment de la séparation du corps. En même temps il est facile de constater que les définitions portées par l'Église sur des vérités très importantes furent, d’une manière très particulière, le point de départ de nouvelles déductions théologiques qui habituellement préparèrent des définitions ultérieures. — b. Le développement dogmatique résultant des con troverses avec les hérétiques dépendit aussi en très grande partie de la manière dont la question fut originairement posée des deux cotés, des arguments employés au cours de la controverse et des réponses ou distinctions présentées par les défenseurs de la foi catholique. Ainsi, au nie siècle, la controverse avec les rebaptisants, restreinte presque uniquement à la question de pratique universelle et constante dans l’Eglise, ne conduisit à aucun développement dogmatique. Au IVe siècle, la défense de la vérité catholique contre les rebaptisants amena saint Optât à affirmer, avec plus de netteté qu’on ne l’avait fait jusque-là, l’action simplement instrumentale du ministre du sacrement ; l’elfet du sacrement provenant non de la sainteté du ministre mais de l’action divine par l’invocation de la sainte Trinité. Deschismate donalistarum, l. V, n. 4, P. L., i. vi, col. 1051 sq. Ce ne fut qu’un peu plus tard que saint Augustin montra dans la doctrine du caractère sacramentel la vraie solution du problème. Il indiqua nettement la différence entre la production du caractère baptismal résultant de toute administration valide du sacrement, même quand il est reçu par les hérétiques, et la production ou réception de la grâce supposant le repentir des péchés et la détestation de l’hérésie. Contra epistolam Parmeniani, l. II, n. 28 sq., P. L., t. xi.iii, ce ! . 70 sq. Cette doctrine du caractère sacramentel ainsi mise en lumière, du moins pour le sacrement de baptême, et complétée plus tard par les théologiens scolastiques du moyen âge, conduisit un peu plus tard aux définitions explicites du concile de Florence, Denzinger, Enchiridion, n. 590, et du concile de Trente. Sess. VII, De sacramentis in génère, can. 9.

Dans d’autres controverses, la question fut dés le début plus nettement po- ; ée, ce qui assura un résultat dogmatique plus prompt et plus complet. Qu’il nous suffise de rappeler les éminents services ainsi rendus à la cause de la foi catholique par saint Athanase et par saint Cyrille d’Alexandrie des le début des hérésies ariennes ou nestoriennes, ou par le pape saint Léon le Grand, condamnant très promptement l’erreur d’Eutychès et formulant d’une manière précise l’enseignement catholique.

c) Enfin l’influence occasionnelle des hérésies sur le développement du dogme dépendit toujours très notablement de la manière dont le magistère ecclésiastique y intervint. Cette intervention, toutes les fois qu’elle se manifesta par une définition positive et finale, détermina exactement la formule et le sens précis du dogme attaqué par l’hérésie. Ce qui fut laissé en dehors de cet enseignement doctrinal imposé à tous les fidèles, put être considéré comme très recommandable à divers titres, mais sans pouvoir jamais être rangé au moins à cette époque parmi les dogmes catholiques. Ainsi dans les expositions dogmatiques faites par saint Athanase sur la personne du Verbe, par saint Cyrille d’Alexandrie sur l’unité de personne et la dualité des natures dans le Verbe incarné, ou par saint Augustin sur la question de la grâce, toutes les assertions doctrinales ne furentpoint approuvées par l’Eglise de manière à être incorporées à ses dogmes. Observons toutefois que des points non définis à l'époque où se clôtura officiellement la controverse avec les hérétiques, furent parfois définis à une époque postérieure, après de nouveaux travaux, théologiques sur les définitions déjà faites, comme nous l’indiquerons bientôt.

En résumé, puisque l’histoire du développement des dogmes provenant occasionnellement des hérésies, n’est soumise à aucune loi précise et uniforme, elle doit être étudiée attentivement pour chaque cas particulier selon les diverses circonstances que nous venons de signaler.

2. Influence occasionnelle de controverses entre théologiens catholiques.

A. Parmi les controverses de ce genre qui de fait conduisirent d’une manière plus ou