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DOGME
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les cinq sacrements do pénitence, de confirmation, d’extrême-onction, d’ordre et de mariage, de telle sorte que Jésus aurait simplement posé les principes essentiels desquels, après un développement plus ou moins Ion ?, seraient sortis les sacrements pleinement constitués.
Il n’y a, croyons-nous, aucun lieu d’affirmer que cette opinion coïncide substantiellement avec celle des théologiens qui admettent que Jésus a laissé à son Eglise le pouvoir de déterminer in specie la matière et la forme de quelques sacrements ; car il est bien avéré que, suivant la plupart des théologiens qui soutiennent cette opinion, la détermination in specie faite par l’Eglise, selon la commission donnée par son divin fondateur, n’affecte aucunement la validité des sacrements, toujours entièrement sauvegardée dès lors que l’on emploie une matière et une forme répondant à l’institution divine, si générique qu’elle fût. Billot, De Ecclesiæ sacramentis, 2e édit., Rome, 1896, p. 157.
d) La primauté effective du pape, explicitement formulée dans la révélation néo-testamentaire et dans la tradition primitive, estcependantexprimée d’une manière beaucoup plus complète dans les définitions subséquentes, surtout celles du concile du Vatican.
Ces quelques exemples feront aisément comprendre que la plupart des développements dogmatiques qui se sont réalisés avec l’approbation finale de l’Eglise, appartiennent de fait au second genre de vérités révélées. Il est en même temps évident que leur perfectionnement se concilie sans peine avec l’immutabilité substantielle de la révélation chrétienne primitive, qui apparaît dès le début avec quelque caractère explicite.
Quant à la connexion intime des développements dogmatiques avec la révélation chrétienne primitive dans le cas de vérités révélées d’une manière simplement implicite, si cette connexion est moins évidente au premier abord, elle devient cependant bien manifeste par le travail successif des Pères et des théologiens mettant graduellement en pleine lumière le concept intégral de la vérité révélée, finalement sanctionné par l’approbation définitive de l’Eglise.
2. Relativement aux preuves servant à établir qu’une vérité a été primitivement révélée d’une manière explicite au moins à quelque degré minimum, nous proposons les observations suivantes : A. La démonstration scripturaire, en dehors des cas très peu nombreux où l'Église a défini que telle vérité révélée est certainement contenue dans l'Écriture, est difficilement assez certaine pour produire par elle-même cette ferme adhésion de l’intelligence qui constitue l’acte de foi. Mais, même en dehors d’une telle définition strictement obligatoire, on agira prudemment en suivant les simples préférences doctrinales de l’autorité ecclésiastique quand elles sont suffisamment marquées, ou l’autorité des Pères et des théologiens quand elle est solidement appuyée et qu’il n’y a point de raison évidente de rejeter leur témoignage. Toutefois il est bien entendu que la démonstration scripturaire proprement dite, dans la mesure où elle peut être faite, doit être appuyée uniquement sur des preuves exégétiques.
B. Pour le témoignage de la tradition chrétienne : et. On doit admettre que la simple absence de documents positifs, à une époque où ces documents sont très rares et sur un point où il n’y avait alors aucune nécessité particulière d’affirmer expressément une doctrine, ne peut être par elle-même un argument démonstratif en faveur de l’absence de toute révélation explicite, surtout quand, à une époque très rapprochée, se rencontre une tradition désormais universelle et constante, qu’il est difficile d’expliquer si l’on n’admet dès le début quelque révélation explicite. C’est ce qu’affirme particulièrement iWuman dans son Essai/ mi ilic development of clirislian doctrine. Après avoir
cité de nombreux faits d’absence de preuves positives dans des documents profanes ou ecclésiastiques en faveur de faits contemporains, aux diverses époques de l’histoire, il conclut ainsi : « Par ces remarques je puis paraître préparer la voie pour une large admission dans le christianisme primitif de l’absence de toute preuve en faveur de sa forme médiévale, mais je ne le fais point avec cette intention. Ce n’est point à cause de mécomptes de ce genre, mais au nom des droits d’une saine logique que je crois juste d’affirmer avee insistance, que, quels que soient les témoignages anciens que je puisse apporter en faveur de développements doctrinaux subséquents, ils sont dans une large mesure cités ex abundanle, par choix et non par nécessité. L’onus probandi incombe à ceux qui attaquent un enseignement qui est et qui a été depuis longtemps en possession. Quant aux preuves positives en notre faveur, ils doivent accepter ce qu’ils peuvent obtenir, s’ils ne peuvent obtenir tout ce qu’ils pourraient désirer, d’autant plus que des probabilités antécédentes, comme je l’ai dit, vont si loin dans le sens d’une dispense de la preuve positive, » p. 119 sq. Assurément on ne peut demander à la critique historique de fournir, en faveur d’une vérité révélée, des preuves positives quand celles-ci font réellement défaut. Mais on a le droit de réprouver la prétention, certainement opposée à toute vraie et saine critique, de rejeter, à cause de l’absence de documents scientifiques vraiment démonstratifs, toute existence d’une révélation oralement transmise et manifestant sa vitalité à la première occasion. En même temps que l’on doit réprouver cet excès du documentarisme, on doit être non moins sévère contre l’injuste prétention des dogmatistes, si tant est qu’elle ait jamais existé, de vouloir imposer à la critique des conclusions positives sur le caractère explicite d’un dogme même dans les deux ou trois premiers siècles, quand les documents nécessaires pour de telles conclusions font réellement défaut.
b. Il n’est pas douteux qu’une pratique constante de l’Eglise, même si elle n’est pas, dès le début, accompagnée de quelque déclaration doctrinale formelle, puisse autoriser à considérer comme explicitement révélée, au moins à quelque degré minimum, la doctrine qu’elle implique nécessairement. Cette conclusion est particulièrement vraie quand, pendant la suite des siècles, cette même pratique se maintient substantiellement identique et que la doctrine à laquelle elle est associée apparaît explicitement attestée, dès que l’exige une occasion impérieuse, telle qu’une attaque faite par quelque hérésie ou un besoin urgent d’expliquer plus complètement ce que l’on avait cru jusque-là.
Ainsi l’exclusion constante de l’Eglise, prononcée, même dès les premiers siècles, contre quiconque n’accepte point la doctrine intégrale prêchée par l’autorité ecclésiastique au nom de Jésus-Christ, impliquait manifestement, dès cette époque, quelque croyance explicite à la nécessité d’appartenir à l’Eglise et de se soumettre entièrement à son autorité pour obtenir le salut, même indépendamment de toute affirmation doctrinale de l’une ou l’autre nécessité. De même l’habitude fréquente du recours à l'évêque de Rome, même dans les premiers siècles, et de se soumettre pleinement à ses décisions, comporte évidemment quelque croyance à la primauté effective et même au magistère infaillible du successeur de Pierre, bien que l’un et l’autre concept ne soient pas encore proposés bien explicitement. lie la pratique de chacun des sacrements, suffisamment constatée même dans les premiers siècles où les affirmations doctrinales sont rares et peu explicites, on peut déduire des conclusions semblables, ne laissant aucun doute sur l’institution divine de chacun des sacrements, bien que leur nature