sur le terrain des Écritures, et cela « parfois non sans bonheur », d’après G. Schmidt, Realencyklopàdie, 3e édit., Leipzig, 1898, t. v, p. 12-2. Il critique leurs interprétations arbitrairement littérales ou allégoriques : < nui aliquid inveniunt qnoil eis place l, ad allegorias noncurrunl, imo plane legunt ; cum autetn molestum quid inveniunt, ail tropologias confugiunt, c. iii, p. 1533. Mais lui-même allégorise d’une façon outrancière, et non point par hasard, mais par principe ; cf. le c. xxiv, p. 1570-1572, Quod Scriplurx spiritaliter ilebi’ani intelligi nonadlitteram.Oà il exagère encore, c’est en exallant la foi au détriment des œuvres, c. xvi ; Gretser a éprouvé le besoin de montrer que l’enseignement d’Ëbrard se distingue de celui des protestants, p. 1558, mais finalement il conclut, p. 1500, que, xi dicta qnsedant ejns duriora suni quam ut benigna interpretatione leniri posse videantur, cogitemus hominetn fuisse oui hallucinari proclive, nec, ob nxviim hune, cætera /pieu reele tradit reputari debere. A mentionner deux passages intéressants sur la descente du Christ aux enfers, c. n.xiii, p. 1531, 1554 ; un autre suite purgatoire, c. v, p. 1539 ; un troisième sur la puissance nutritive des espèces eucharistiques (Ebrard expose l’objection stercoraniste, telle qu’elle a été développée en sa présence), c. viii, p. 1548.
Dans le c. xxv, Ebrard traite des vaudois, qui rallettxexse appellant, dit-il, p. 1572, eo quod invalle lacrymaruni maneant…, et etiam xabalalenses a xabatata potiusquam christiani aCIiristu. Cf. Bossuet, op. cit., n. 53, p. 155, et n. 72, p. 495-496 ; sur ce nom d’insabbatdx, Du Cange, Glossarium a<l scriptores médise et infimæ latinitatis, Paris, 1681, t. iii, col. 648 ; C.-U. Halm, Geschichte der Ketzer im Mittelalter, Stuttgart, 1847, t.i, p. 263-264. Le c. xxvi contient une liste des hérésies empruntée à saint Isidore de Séville, Etym., l. VIII, c. v, P. L., t. lxxxii, col. 298-305, lui-même tributaire de saint Augustin, Liber île hæresibtis, P. L., t. xlii, col. 15-50, et restée classique au moyen âge. Vient ensuite le c. XXVII, Dispulatio rouira Judseos, et enfin le c. XXVIII, qui est un recueil de textes de l’Écriture difticiles à comprendre ou d’apparence contradictoires : on les proposera aux hérétiques, car il est bon d’interroger et de ne pas se borner toujours à répondre, et, s’ils ne savent les expliquer, ils rougiront de leur ignorance et apprendront à se taire. La solution de ces difficultés, telle que la présente ebrard, est, en général, assez médiocre ; il use et abuse du sens « spirituel ». La réponse à la XXXVIIIe question mérite pourtant d’être relevée. Saint Matthieu, dit-il, p. 1582, place à Nazareth, et saint Marc àCapharnaum la guérison du paralytique. Solnlio : Nazareth et Cajj/iarnaum oppida sunt Galilese, et ideo, quia in Galilea sunt, el prope, pro indifferenti habent.
En somme, l’œuvre d’Ëbrard n’est remarquable ni littérairement malgré quelques prétentions au beau style (il cile volontiers les poètes, Virgile, Horace, Ovide, l’erse, Claudien, les livres pseudo-sibyllins), ni théologiquement par manque d’originalité (la principale autorité qu’il allègue est Raban-Maur, qu’il appelle venerabilem presbyterum, c. x, p. 1552, et sanctissimus Rabattus, c. i, p. 1529). Mais elle est très précieuse pour connaître les doctrines des cathares.
I. ÉDITIONS.
UAntihseresis a été publié sous le titre (faux) de Liber contra Waldenses par le jésuite Jacques Gretser, dans Trias scriptorum adversus W’aldettsium sectam, Ingolstadt, 1614, cf. Jac. Gretseri Opéra omnia, Ratisbonne, 1734, t. xii, et réédité dans Marg. de la Bigne, Bibliotheca Patrutn, 4’édit., Paris, 1624, t. iv a, p. 1073-1192, et dans Maxima bibliotheca veterum Patrutn. Lyon, 1677, t. xxiv, p. 1525-1584. Sur les éditions du Græcismus, cf. Main, Repcrtorium bibliographicum, Stuttgart, 1826 et 1827, t. I, n. 3012-3015 ; t. ii, n. 6526 ; Copinger, Supplément to Hain, Londres, 1895, t. i, n. 3012, 6526 ; une édition a été publiée encore par J. Wrobel, Brestau, 1887. Sur le Laborintus (= labyrinthe), œuvre d’un
magister Everardus Alemannus, identifié avec Ebrard de Béthune par Leyser. qui a publié ce traité de belles-lettres, dans Historia poetarum medii sévi, Halle, 1721, p. 795-855, cf. Ch. Thurot, dans Comptes rendus de l’Académie des inscriptions et des belles-lettres, 2 série, Paris, 1870, t. VI, p. 259 269 (démontre que le Laborinthus n’est pas d’Ëbrard de Béthune).
II. Travaux.
Daunou, Histoire littéraire de la France. Paris, 1832, t. xvii, p. 129-139 ; A. Wauters, dans Biographie nationale de Belgique, Bruxelles, 1878, t. vi, p. 747-751 ; . C. Schmidt, Histoire et doctrine de la secte des cathares ou albigeois, Paris, 1849, t. ii, p. 311, et Realencyklopàdie, 3 édit., Leipzig, 1898, t. v, p. 121-122. Voir, en outre, les travaux cités par Ul. Chevalier, Répertoire. Bio-bibliographie. 2’édit., Paris, 1903, col. 1261.
ECCLÉSIASTE (LIVRE DE L’).
Bible hébraïque : Qôhélet. Le sens du mot paraît llolter entre « orateur » ou « prédicateur » (par excellence) et « collecteur a (de sentences). Pour l’histoire des acceptions diverses de Qôhéléf et sa forme féminine, voir les auteurs critiques cités plus loin. Le 7e des Ketoùbim, « écrits » ou « hagiographies » (le 5e, selon Raba Rat/ira, 14 6-15 a) et rangé habituellement parmi les Kefoûbîm qetannîm, « petits », Reracltotli, 57 b ; te 4e des cinq Megillôt, « rouleaux » (liturgiques).
Bible grecque : EKKAH-SIA 2THS, concionator, S. Jérôme, Commentarius in Ecclesiasten, c. i, P. L., t. xxiii, col. 1063. Tous les manuscrits et listes des livres bibliques, cf. II. I ! . Su ete, Introduction to the Old Testament in Greek, Cambridge, 1902, p. 201 si|. Saint Cyrille de Jérusalem, saint Épiphane, saint Grégoire de Nazianze, saint Amphiloque, saint Jean Damascène, voir Swete, "/<. cit., p. 204, 205, 208, te rangent parmi les cinq imjcipo ! (3tëXoi, « livres poétiques ». l’seudo-Chrysostome, Synopsis, Swete, iqi. cit., p. 205, le catégorise to avi.po-jXeuTixôv, « exbortatoire », avec Prov., Eccli., et Canl. Il forme aussi avec Prov. et Cant. le groupe des zçtît Sovou.wvTi’at : Grégoire de Nazianze, Amphiloque, Jean Damascène, 85" canon des apôtres. Swete, p. 205, 209.
Bible latine : Ecclesiastes (Codex claromontanus :
JEclesiastes). Désigné, dans la liturgie, sous le titre de
Liber sapientise concurremment avec Prov., Cant., Sa p..
Eccli., et formant groupe avec eux dans un grand
nombre de bibles manuscrites de tous les types. Une
fois, ms. Bibl. Nat. 11929, curieusement rejeté seul, le
groupe habituel étant disjoint et ses éléments dispersés,
tout à la fin d’une série (Par., Prophètes, Job) reportée
elle-même à la suite des écrits du Nouveau Testament.
s. Berger, Histoire de la Vulgate, Paris, 1893, p. 334,
n. 71. Les listes des livres bibliques le rangent aussi
parmi les écrits salomonicns, soit sous la formule Salnmonis
(libri) ZZI (Prov., Eccl., Cant.) : Bufin, S. Augustin,
Décret de Gélase, S. Isidore, cf. Suite, op. cit.,
p. 210, 211, 212 ; soit sous la formule Saloniottis libri V
(avec Sap. et Eccli.) : concile de Carlhage, Innocent I er,
Cassiodore, cf. Swete, p. 211, 214.
I. Texte et versions.
II. Canonicité.
III. Composition. Unité d’auteur.
IV. Auteur et date.
V. Interprétation.
VI. Enseignements doctrinaux et moraux.
VII. Commentateurs.
I. Texte et versions.
I. TEXTE.
Il est finalement admis par les auteurs critiques que l’hébreu de l’Ecclésiaste est de basse époque, classique encore pour la majeure partie du vocabulaire, mais lâche et embarrassé quant à la syntaxe, avec un mélange très accusé de mots aramaisants ou d’usage courant dans l’hébreu mischnique et talmudique. La question est encore agitée entre les hébraïsants de savoir s’il faut ou non reconnaître dans le langage de Qôltelet la présence de quelques grécismes.
Voir G. Zirkel, Untersuchungen ïtber den Prediger, Wurzbourg, 1792, résumé par Eichhorn dans Allgetneine Bibliothek, 1792, t. iv, etparT. K. Cheyne, dans Job and Solomon, Londres, 1887, p. 260 sq. ; E. Bohl, Dissertationes de aramaismis libri Kohelet, Erlangen, 1860 ; E. Renan, L’Ecclésiaste, Paris, 1882,