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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.2.djvu/427

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EGLISE


é-/ <7tà(j.aTi tyjç iy.v.'i.r^lac, aùtou. Ad Smym., 1, 2, p. 276. Cette même unité est encore affirmée, au moins implicitement, dans le concept de l'Église universelle, expressément appelée, pour la première fois chez les auteurs ecclésiastiques, r y -LaOoÀcxï] èL-/).r, o-fa. Ad Smyrn., viii, 2, p. 282.

Enfin on est suffisamment autorisé à reconnaître dans l’appellation toute particulière donnée à l’Eglise de Rome, tjtiç y.a’t 7rpoxc<6f, Tai êv iouio yo>p ; o’j 'Piaptaftov, Ad Rom., init., p. 232, une indication assez explicite en faveur de la primauté de cette Église, parconséquent en faveur de l’unité de l’Eglise, nécessairement liée à cette primauté. Mgr L. Ducliesne, Églises séparées, Paris, 1896, p. 127 sq. ; J. Tixeront, La théologie anténicéenne, Paris, 1906, p. 142 sq. ; P. Batiffol, op. cit., p. 168 sq. Voir Pape.

3. Parmi les ouvrages qui nous restent de saint Justin, le seul où il parle explicitement de l'Église est le Dialogue avec Tryphon, destiné à des lecteurs chrétiens ou juifs. Appliquant au Verhe incarné le psaume xliv, saint Justin montre dans l'Église la reine prédite par le prophète. Cette Eglise est composée de tous ceux qui croient en Jésus-Christ et qui forment une seule âme, une seule synagogue, une seule Église. Dial. cuni Tryph., n. 63, P. G., t. VI, col. 621. La même pensée est exprimée dans plusieurs autres passages, n. 110, 116, 117, 119, col. 729, 745 sq., 752 sq.

Dans son Dialogue comme dans ses Apologies, saint Justin n’a aucune occasion de parler directement de l’autorité divinement établie pour instruire et régir les fidèles. Mais cette divine autorité ressort suffisamment de la manière dont Justin parle de l’enseignement reçu de Jésus-Christ, fidèlement transmis par les apôtres et par leurs successeurs et actuellement donné comme étant le seul vrai et comme s’imposant intégralement à l’acceptation des fidèles. Apol., i, 23, 61, 65, 66, 67, P. G., t. vi, col. 364, 420, 428, 432 ; Diai. cuni Tryph., n. 119, col. 153.

D’ailleurs, en reprochant aux hérétiques d’enseigner, sous l’inspiration du démon, l’impiété et le blasphème et de suivre la doctrine de l’homme dont ils portent le nom, au lieu de se soumettre à celle de Jésus-Christ, Justin laisse assez clairement entendre qu’il y a une autorité divinement instituée contre laquelle les hérétiques s’insurgent. Apol., I, 26, col. 368 sq. ; Dial. cuni Tryph., n. 35, col. 552. On est autorisé à croire que c’est aussi la pensée dominante d’un ouvrage perdu, que l’apologiste chrétien dit lui-même avoir composé contre toutes les hérésies : Êern Se ry.iv -Lai <j-jv7ay|J.a Laxa TTiO’wv T(iv yey£vr||Jiévcôv aipÉo-swv <7VTETayîJ.Évrjv w et (30ûXs<76e Èv-u/etv, 5w(70u.ev, Apol., I, n. 26, col. 369, et auquel saint Irénée, Cont. lieer., l. IV, c. VI, n. 2, P. G., t. vii, col. 987, et Tertullien, Adv. valentinianos, c. v, P. L., t. ii, col. 547, paraissent faire allusion, quand ils citent saint Justin contre les hérésies de leur temps.

4. De saint Justin à saint Irénée, l’on rencontre encore quelques témoignages assez explicites. Saint Polycarpe de Smyrne, dans l’unique lettre qui nous reste de lui, parle comme Ignace d’Antioche. Il exige que les Philippiens se soumettent aux Ttpsoê-jrÉpot et aux diacres comme à Dieu et au Christ, jTtoTairaoïj.Évo’jç rot ; irpsaë-jTÉpo'.ç -Lai 8tax(5voiç cl> ; 0eâ> -Lai Xptenrù. Ad Phil., V, 2, Patres apostolici de Eunk', 2e édit., Tubingue, 1901, t. I, p. 302. On doit servir Jésus-Christ avec crainte et respect, comme il nous a lui-même commandé et comme nous ont commandé les apôtres qui ont annoncé l'évangile. AdPhil., v, 3, p. 304, Aussi l’on doit laisser les fausses doctrines et revenir à l’enseignement qui nous a été donné dès le commencement : £ib a710Xt716vte ; tï|v [ia-aioTYiia tcôv 7to).X(ôv -Lai Taç ^euSoSiôa’jxaÀiaç eut tôv i àpyffi r, [J-tv 7tapaSo6évT « Xdvov l7Tt<jTpé<J/ù[ « v,

vu, 2, p. 304. Ceux qui enseignent différemment sont appelés faux frères qui portent hypocritement le nom du Seigneur, VI, 3, p. 304. Celui qui détourne les paroles du Seigneur au gré de ses désirs et nie la résurrection et le jugement, est le premier-né de Satan, vii, 1, p. 304.

Papias (— 150), dans son Exégise des logia du Seigneur, dont Eusèbe nous a conservé quelques fragments, atteste que la règle qu’il suit pour juger l’enseignement donné, c’est l’enseignement des anciens qui rapportent les préceptes donnés par le Seigneur lui-même, Eusèbe, H. E., l. III, c. xxix, P. G., t. xx, col. 296 sq. ; en d’autres termes, il donne la tradition provenant des apôtres comme règle de la foi. Papise fragmenta, il, 7, 14, Patres apostolici de Eunk, 2e édit., Tubingue, 1901, t. i, p. 354, 358.

C’est aussi la méthode d’Hégésippe († 180) selon ce qu’Eusèbe nous a gardé de ses écrits, l. IV, c. viii, 22, col. 321, 377 sq.

Vers la même époque, un fragment d’une lettre de saint Denys de Corinlhe (fl80), conservé par Eusèbe et attestant l’inépuisable charité de l'Église romaine envers toutes les Églises qui sont dans le besoin, Eusèbe, H. E., l. IV, c. xxiii, P. G., t. xx, col. 386, montre assez clairement la prééminence toute spéciale de cette Eglise.

Une preuve non moins manifeste en faveur de cette même prééminence est fournie par l’inscription d’Abercius au commencement du iiie siècle, selon beaucoup de critiques. Voir t. i, col. 61 sq., et l’article Abercius, dans le Dictionnaire d’archéologie chrétienne de dom Cabrol, t. i, col. 83 ; Batiffol, L'Église naissante et le catholicisme, Paris, 1889, p. 221.

5. Saint Irénée (y 202), dans son Contra hæreses, dirigé surtout contre les gnostiques de son temps, insiste principalement sur deux caractéristiques de la véritable Église de Jésus-Christ : o) L'Église seule possède la vérité intégrale et la possède d’une manière constante ; elle la prêche incessamment, et c’est à elle seule qu’il faut la demander. Contra h ; cr., . 111, c. iii, n. 3 ; c. iv, n. 1 ; c. xxiv, n. 1 ; l. IV, c. xxvi, n. 5, l. V, c. xx, n. 1, P. G., t. vii, col. 851, 855, 966, 1056, 1177. — b) L'Église seule possède aussi la double apostolicité de mission et de doctrine, marque certaine de son institution divine et de la vérité de sa doctrine. Contra hwr., l. III, c. ni, n. 1 sq. ; l. IV, c. xxvi, n. 5. ; c. XXXIII, n. 8, col. 848 sq., 1056, 1077.

C’est d’ailleurs sur ce solide fondement de l’apostolicité que l'évêque de Lyon appuie l’argument de tradition ou de prescription, inauguré par lui, Contra Itser., l. III, pr ; ef. et c. i-v, col. 813 sq., et si efficacement utilisé ensuite par Tertullien dans tout son livre De pra-scriptionibits et par l’ensemble des Pères et des théologiens subséquents.

Ces deux caractères de la véritable Église impliquent nécessairement une autorité doctrinale divinement établie, pour enseigner infailliblement et maintenir dans toute son intégrité la doctrine révélée par Jésus-Christ, et en même temps une autorité remontant jusqu’aux apôtres envoyés eux-mêmes par Jésus-Christ.

C’est encore ce que confirme la doctrine de l'évêque de Lyon sur l’hérésie. Puisque le crime d’hérésie consiste à rejeter l’autorité de l'Église en l’accusant d’erreur ou d’incompétence, et qu en agissant ainsi l’on se rend coupable de blasphème en s’attaquant à Dieu luimême, Cont. hær., l. III, c. xxiv, n. 2 ; l. V, c. xx, n. 2, col. 967, 1177 sq., il est manifeste qu’il y a réellement une autorité divinement établie et constamment existante, à laquelle on doit se soumettre effectivement. Cette autorité, saint Irénée la montre principalement dans l'Église romaine, dans laquelle la tradition apostolique s’est toujours intégralement conservée et avec laquelle toutes les autres Églises doivent posi-