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DEISME
« faire le bien » , c’est-à-dire le fond commun de toutes

les religions, l’assentiment purement rationaliste à « l’existence d’un être suprême, puissant et juste. » Aussi de même que, pour lui, « le déisme est la religion d’Adam, de Sem et de Noé, » parce « qu’en tout genre on commence par le simple, ensuite vient le composé » , de même il dit du théiste (Dictionnaire philosophique, à ce mot), que « sa religion est la plus ancienne et la plus étendue, car l’adoration simple d’un Dieu a précédé tous les systèmes du monde. »

Mais, dès longtemps, l’usage, quem pênes arbitrium est, et jus et norma loquendi, a introduit entre ces deux mots une distinction capitale : il a sanctionné et développé le côté affirmatif de l’un et le côté exclusif de l’autre ; dans le théisme, il a accentué l’idée qu’implique la racine, et il a amené le déisme à signifier surtout la négation de quelque chose qui la dépasse ; ici, l’attention se porte moins sur ce que le vocable énonce que sur ce qu’il ne dit pas et suppose absent. Aujourd’hui, le théisme est une théorie qui comporte l’existence d’un Dieu personnel, créateur et providence ; il s’oppose non seulement à l’athéisme, négation de Dieu, et au panthéisme, négation de la personnalité divine, mais aussi au déisme. Celui-ci désigne tout svstème qui, un Dieu personnel supposé, rejette l’un ou l’autre de ses attributs positifs et tout au moins son action révélatrice. C’est bien assurément cet aspect négatif que Bossuet avait en vue et dont il signalait, avec son coup d’reil génial et sa logique impitoyable. Variations, V, les conséquences extrêmes, quand il lait le déisme « un athéisme déguisé. » II. Essais de CLASSIFICATION.

Selon qu’il pousse l’exclusion plus ou moins loin, le déisme se présente à nous avec des différences très notables. Au cominencement du xviir siècle, le théologien anglais Clarke, .1 démonstration »f the being and attributes of God, Londres, 1704-170(3, traduit par Ricotier, Amsterdam, 17-21. t. ii, c. ii, distinguait quatre classes de déistes. Li — un-, disait-il. reconnaissent un Dieu sans providence aucune, complètement étranger et indifférent aux actions des hommes et aux phénomènes du monde, moteur intelligent, qui, après avoir tiré l’univers du chaos, « a tout laissé à l’aventure, sans vue ni direction particulière, au hasard de ce qui pourrait arriver. » D’autres s’élèvent jusqu’à l’idée d’une providence, mais (I une provider’erne simplement les phéno iea de l’univers matériel. Au demeurant, ils ren-Dl toutes les bases de la morale et, a fortiori, de la croyance à une ie future ; < ils ne voient nulle diffi rence entre le bien et le mal ; » c’est là chose dont Dieu, d’après eux, ne se mel p î en peine, de sorte que tablies par les hommes, source unique et arbitraire de nos concepts d’honnêteté, d’obligation, de faute, de mérite et de démérite, ^ont aussi par consente rit la seule norme n gulatrice de nos actes. Il est des déistes d’une troisième nuance, qui, tout en admettant certains attributs moraux de Dieu et en particulier M providence et ses volontés intimées à toutes les fusent de croire à l’immorta lité de l’âme, ainsi qu’aux peines et récompenses d’une le. Enfin, à la quatrième classe appartiennent ceux qui ont à ton— égards des idées saines et justes de attributs » , qui donc acceptent toutes rites de la religion naturelle, y compris le do

rie future, el ne rejettent que leprincipe de l’auetde la révélation. Ceux-ci sont, au jugement de Clai ki I ibli — di istes et les tils qui

ddi i iti ni qu "n entre en discussion avec eux pout iim n di la i érité de la relij ion chrétîenm Malheureusement, ajoute-t-il, tout porte à croire que parmi les déistei modernes, il n en > que peu ou

point de cette p e > ar la moindre attei n aux

quences de ces principes conduirait infaillible ment des gens comme ceux que je viens de dépeindre à embrasser le christianisme. »

La classification de Clarke n’a guère été admise telle quelle. Kant, fort arbitrairement du reste, simplifie la question en opposant sans plus le déisme au théisme de la manière suivante : le théiste est, selon lui, le partisan de la religion naturelle ; il conçoit Dieu, par analogie avec l’homme et d’après les données de l’expérience, comme un être libre et intelligent, auteur et providence du monde. Le déiste s’en tient à la théologie rationnelle transcendantale, < pensant Dieu d’après des concepts purs et vides d’intuition, comme être premier et cause du monde, » il ne va pas au delà d’une force infinie, inhérente à la matière et cause aveugle de tous les phénomènes de la nature. Le déisme, dans ce sens, ne serait plus qu’une forme du matérialisme et se confondrait avec la doctrine de certains physiciens de l’antiquité, par exemple celle de Straton de Lampsaque. Rien ne justifie pareille restriction. Aussi bien, à nous en rapporter à l’usage le plus général, à considérer les penseurs qu’on s’accorde communément à ranger sous l’étiquette de déistes, il semble à la fois plus logique et plus commode d’y distinguer trois catégories ou trois degrés, suivant qu’admettant Dieu comme créateur ou au moins ordonnateur du monde, ils nient d’ailleurs soit seulement la révélation et l’Église, soit en outre la vie future, soit même la providence. En étudiant les origines et la marche du déisme, surtout du déisme anglais, il est facile d’y relever ces différentes formes. On les y rencontre se développant dans l’ordre que nous venons d’indiquer, c’est-à-dire se rapprochant de plus en plus de la négation totale, de l’athéisme.

III. Apparition du mot.

Historiquement, le déisme s’offre d’abord à nous avec une acception purement théologique. Ce mot, inconnu de l’antiquité et du moyen âge, a servi primitivement à désigner les sociniens ou nouveaux ariens, qui niaient la divinité de Jésus-Christ. Dans la suite, on l’a étendu à tous ceux qui se déclarent partisans de la religion naturelle, mais hostiles à tout surnaturel et à tout mystère. Des adversaires du christianisme nous apparaissent pour la première fois sous le nom de déistes vers le milieu du vie siècle, en Italie et en France. C’est du moins ce qui résulte du témoignage d’un théologien calviniste, assez estimé parmi les siens, Virel. dans un livre publié en 1063 et portant le titre A* Instruction cvre*tienne. Cetauteurcaractériseainsi les nouveaux sectaires : « Ils reconnaissent Dieu, mais n’admettent pas Jésus-Christ. L’enseignement des apôtres e1 des évangélistes est pour eux pure fable et rêverie. »

IV. Lk déisme en Angleterre.

Mais si le nom est

né sur le continent, c’est en Angleterre que nous voyons, dans la seconde moitié du même siècle, la doctrine prendre consistance et commencer à se répandre. Plusieurs circonstances locales lui furent favorables : elle bénéficia d’un fort courant d’opposition à II glise établie, qui régnait parmi les sectes dissidentes, et surtout de la réaction très compréhensible provoquée par la prétention de l’épiscopat anglican d’imposer l’adhésion absolue aux trente-neuf articles, contrairement au principe fondamental du protestantisme, qui permet à chacun la libre Interprétation de la Bible. A ces causes il faut ajouter l’action parallèle de ta philosophie in par Bacon de Vérulam i 1626), et conduisant de l’empirisme au sensualisme d’abord, an scepticisme et I i athéisme ensuite.

On trouvera à l’article Christianisai rationne]. t. ti, col, 3415-3417, une substantielle esquisse du déi anglai numération des principaux noms et des

principaux ouvrages par lesquels n est représenté. De la comparaison attentive de ces éléments une conclusion a te i.i force ds

i ni’il—.i que, là déjà, le dél

iégénèn i apidement