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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.djvu/16

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DAM

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ad 3 l, m ; III* Suppl., q. lxxxviii, a. 1 ; Compendium iheolog., c. CLXXVi ; Suarez, De angelis, l. VIII, c. vi, n. 9-10, t. il, p. 979-982.

III. Gravité.

La peine du dam est incomparablement la plus terrible de toutes les peines de l’enfer. Auprès d’elle, le tourment même du feu éternel, si atroce soit-il, n’est presque rien. Cf. S..1. Chrysostome, Ad populum Antioch., bomil. xvii, super Matth., P. G., t. LVH, col. 263 ; S. Pierre Chrysologue, Serm., cxxii, P. L., t. r.n, col. 531 sq. ; Suarez, De angelis, l. VIII, c. iv, n. 8, Opéra, t. ii, p. 971 ; S. Alphonse de Liguori, Corso di nwditazioni, 2 in-8o, Turin, 1891, t. ii, p. 580. Cette peine dépasse infiniment tout ce que l’intelligence est capable de concevoir ici-bas, et tout ce que le angage humain sait exprimer. Elle ne peut se mesurer, dit saint Bernard, que par l’infinité même de Dieu dont elle est la privation, hœc enim tanla pœna, quanlun ille, « et, par conséquent, elle est grande à proportion que Dieu est grand. » Cf. Bourdaloue, Carême, Sermon sur l’enfer, Œuvres complètes, 16 in-8o, Paris, 1822, t. iii, p. 68. Depuis longtemps les anciens Pères avaient parlé de même : hsec est tanla puma quanlus ipsemel Deus. S. Augustin, De civilate Dei, l. XXI, c. IV, P. L., I. xii, col. 7Il sq. Le supplice du dam est d’autant plus insupportable que les maudits connaissent mieux combien est grand et captivant le bien qu’ils ont perdu. A cette pensée, dont ils ne peuvent se détourner, et qui les obsède, s’allume en eux un désir immense et à jamais inassouvi de l’éternelle béatitude. Mais cette infinie beauté de Dieu qui les attire par ses charmes, fait, par sa pureté sans tache, ressortir davantage leur honteuse laideur morale. Conscients de ce contraste qui les accable, ils sont à eux-mêmes un spectacle si repoussant, qu’ils préféreraient subir tous les tourments de l’enfer, plutôt que de paraître en ce hideux état, en présence du Dieu infiniment saint, et dans la société des (’-lus, qu’ils haïssent pourtant d’une haine inextinguible. Cf. Pesch, Prselectiones dogmaticæ, De novissimis, sect. iv, a. 3, n. 670, t. ix, p. 328. Ils se voient donc ; obligés, malgré fis tendances les plus irrésistibles de leur être, à fuir hieu, souverain bien, qui seul pourrait satisfaire leur soif insatiable de bonheur. Et ce Dieu, pour lequel ils se sentent fails, cette beauté suprême qui les attire et les repousse à la fois, cet objet de leur amour à jamais perdu, ils sont contraints, dans des transports d’une rage infernale, a le détester, le blasphémer el le maudire. C’est le tourment d’un cœur passionné d’amour et ron_’par la haine de l’être qu’il adore, car. dit saint Thomas, les damnés ne souffriraient pas autant de la peine du dam. s’ils n’aimaient Dieu en quelque façon. In IV Sent., I. IV. dist. X XI. q. i, a. I, q. n ; Compend. theolog., c. clxxiv. Cette peine est donc la souffrance atroce de l’amour contrarié, méprisé, transformé en furie, el constamment au paroxysme’le la rage et du désespoir. Cf. S. Augustin, In Ps. cil, n. s. h. vitale Dei, l. XXI, c. iii, P. /, ., t. x.wvn, col. 1322 ; t. xi.i, col. 710 ; s. Thomas, lu IV Sent, , I. IV. dist. L. q. ii, a. I. q. v, Sum. theol., Il » II*, q. xxxiv. a. I ; Bellarmin, De purgatorio, I. II. c. ix. t. ii, p. S03.

Les damnés souffrent donc comme une espèce de déchirement de l’ai diemême, tirée en divers Bens

à la fois, par des forces opposées et l’^alemelil |>uis sanfe omme un écartellement spirituel, torture

Lien pluaffreuse que celle qu’il tiraient, si

leur corp~ était écorché vif, ou coupé en morceaux ;

autant les lacnltés de l sont supérieui

celles du corps, autant est plus douloureux le déchirement profond pai lequel i Ile es) séparée d elle m u i inl sépan < de Dieu, qui devait être l’âme di ame, et la vie de sa vie, Voir iv.ii. Origi ne, Paris, I’.h17, p. 06-97. Tanlo aliquid magii dolet de aliquo la /"""’" magi m. Vnde lœtiones que

fiunt in locis maxime sensibilibus, sunt maximum dolorem causantes. Et quia totus sensus corporis est ab anima, ideo si in ipsam animam aliquid Iscsivum agat, de necessitate oporlet quod maxime af/ligalur… Et ideo oporlet quod pâma damni, etiam minima, excédai omnem pœnam, etiam maximam, liujus vitas. S.Thomas, In IV Sent., l.IV, dist. XXI, q. i, a. 1. Cf. Pesch, Prselectiones dogmaticæ., tr. III, De novissimis, part. I, sect. iv, a. 3, n. 613, t. ix, p. 317. De ce déchirement intérieur de l’âme entière, naît une douleur intense dont aucun supplice de la terre ne peut donner la moindre idée. Cf. S. Thomas, In IV Sent., l. I, dist. XLVIII, a. 3. q. m ; Cont. gentes, l. III, c. c.xli ; Compendium theolog., c. clxxiv-clxxviii.

Pour infliger au pécheur le tourment le plus formidable qui puisse être, Dieu n’a qu’à se retirer complètement de lui. Cf. Suarez, De angelis, l. VIII, c. iv, n. 8, t. ii, p. 975. De même qu’il dit au juste : C’est moi qui serai ta récompense, et elle sera immense, car rien n’est plus grand, ni meilleur que moi, Gen., xv, 1 ; de même il dit au réprouvé : C’est moi qui serai ton supplice, et je le serai en m’éloignant de toi, car il n’y a rien de plus terrible, dans les trésors de ma colère, que cette complète séparation de moi-même. Alors suivant l’énergique expression de saint Augustin, Confess., l. XIII, c. viii, P. L., t. xxxii, col. 848, se creuse dans l’âme réprouvée un abîme sans fond de ténèbres et de lamentables misères ; vide affreux qui la torture bien plus que la faim dévorante, Ps. lviii, 7 ; vide angoissant qui éternellement la tue, sans la faire mourir ; car Dieu a fait l’âme humaine tellement grande que, pour remplir sa capacité infinie, et pour satisfaire son désir illimité de jouissances, il ne faut rien moins que Lui. Sans Lui, il ne reste en elle que la capacité infinie de souffrir. De/luxit angélus, de/luxit anima hontinis, el indicaverunt abussum universse spirilualis creatunr in profundo tenebroso… In ipsa miseria inqiiieludinis defluentium spirituum, et indicantinm tenebras suas nudalas veste luminis lui, salis ostendis quant magnam creaturam ralionalem feceris, cui nullo modo sufficit ad bealam requiem quidquid te minus est, ac per Itoc, nec ipsa sibi. S. Augustin, loc. cit. ("est le dénuement total, l’isolement infini. Tenebrosa ab>/ssus ipsi sibi est universa mens creata, propter tn/iiiitalem quant liabet, non actus seu capacitatis, seu potentiw. V ; r auteni ci, iterumque vse, si in hanc abyssalem vacuitatem defluat et in eo profundatur. Billot, Traclalus de novissimis, q. ni, thes. IV, § 1, in-8 «, Rome, 1902, p. 77.

Le langage humain est aussi impuissant pour dire ce qu’est l’enfer, que pour dépeindre le bonheur du ciel. L’œil de l’homme n’a point vii, son oreille n’a point entendu, son cœur n’a point compris ce que Dieu a préparé de supplices à ceux qui l’offensent, comme de félicités à ceux qui l’aiment. Is., iaiv, i ; I Cor., II, 9. L’enfer nous est aussi inconnu que le ciel.

Objection. — La peine du dam ne paraît pas devoir être aussi grande, car. tant que nous vivons sur la terre, nous ne jouissons pas de la vision béatiflque, et cependant nous n’en sommes pas a ee | il aille Réponse. — Pour l’homme vivant sur la ferre, ne

pas voir Dieu est une simple négation d’un bien qui ne lui est pas encore actuellement diï, el dont la pos n esi seulement possible ; mais, pour le damne.

C’est’me raie privation d’un bien dont il a faim el

soir, ei dont il ne saurai ! ie passer Bans souffrir in n

sèment.

Nous connaissons sur la ferre, infiniment moins que les damni s, le nouvel ain bien qui eal Dieu, » autn part, nous avons, dans la vue ei la possession des créa ii noua entourent, bien des moyen de i

, , de la pensée du bien suprême, el de calmer