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DEMON D’APRES LES PERES

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sa chute, il était uni aux vertus les plus divines ; il s’en est séparé par son arrogance et sa rébellion contre Dieu. Il a sous lui une nation innombrable et infinie d’esprits, coupables des mêmes crimes, exclue par son impiété de la société des anges pieux et précipitée dans le Tartare, que les saints Livres nomment abîme et ténèbres. Une petite partie est demeurée autour de la terre, de la lune, et dans l’air inférieur, pour éprouver les athlètes chrétiens. Ils ont fabriqué la multitude des dieux. Ils sont appelés dans l’Kcriture esprits mauvais, démons, principautés, pouvoirs, princes du monde, esprits de malice. Au Ps. xc, 13, on leur donne les noms symboliques d’aspic, de basilic, de serpent et de dragon. Par haine de Dieu, ils affectent d’être dieux et se font rendre les honneurs divins, l. VII, c. XVI, col. 553, 556.

Eusèbe ajoute quelques traits à cette doctrine dans sa Démonstration évangélique. Les démons se font offrir des sacrifices partout. Ils trompent, en rendant des oracles, parce qu’ils sont ignorants ; ils disent des obscénités, l. V, proœm., P. G., t. xxii, col. 337. Ils ont en horreur le nom de Jésus, l. III, n. 4, col. 233-236. Les puissances, ennemies de Dieu, sont les esprits les plus dépravés, qui sont sous les ordres du grand démon, leur prince. Les premiers, ils ont chancelé dans le culte divin, et comme ils enviaient le salut des hommes, ils leur ont tendu des pièges. Ils sont les auteurs du mal. Isaïe, x, 13, 14 ; xiv, 12, 15, a parlé du grand démon. Les mauvais démons sont partout, disposés et armés sous sa conduite. Ils portent les hommes aux voluptés, l. IV, n. 9, col. 272-273. Cf. In Isaiani, xiv, 9, P. G., t. xxiv, col. 192.

Saint Athanase unitaussi les démons au diable. Celuici est l’inventeur du mal ; c’est le grand démon, le serpent, le dragon, le lion qui cherche à dévorer. Il a trompé les hommes et séduit Eve ; il a mis ainsi les hommes sous son pouvoir ; mais le Christ a détruit sa puissance. Epist. ad episc. JEgypli et Libyse, n. 1, 2, P. G., t. xxv, col. 540-541. Cet ennemi du genre humain est tombé du ciel ; il erre dans l’air, où il commande aux autres démons, qui subissent son empire ; il séduit les hommes et s’efforce de s’opposer à ceux qui tendent en haut. Notre-Seigneur est venu le renverser, purger l’air de sa présence et nous ouvrir le chemin du ciel. Oral, de incarnatione Verbi, n. 25, ibid., col. 140. Depuis lors, il n’y a plus d’oracles ni de magie, n. 46, col. 177. Comment le diable a-t-il péché ? Saint Athanase est peu précis à ce sujet ; il dit seulement que le diable était en désaccord avec Dieu, et qu’il a été expulsé du ciel, pour n’avoir pas conservé l’accord avec son créateur. De synodis, n. 48, P. G., t. xxvi, col. 780. Toutefois, il aurait admis la chute par orgueil, si le traité De virginilale était certainement de lui. Selon l’auteur de cet écrit, Satan a été jeté hors du ciel, non pas pour fornication, adultère ou vol ; c’est l’orgueil qui l’a précipité dans le fond de l’abîme, Is., xiv, 14, et le feu éternel est son partage, n. 5, P. G., t. xxviii, col. 257. Dans la Vita S. Antonii, n. 24, P. G., t. xxvi. col. 877s 880, saint Athanase déclare que Job, xli, 9-11, 18-21, a décrit Satan que Notre-Seigneur a pris par l’hameçon comme le dragon marin.

Pour saint Cyrille de Jérusalem, le démon est le premier auteur du péché et le père de tous les maux. I Joa., iii, 8. Il est le premier pécheur, et il a péché librement et pas par nécessité. Créé bon, il est devenu mauvais et a mérité son nom : c’est un archange devenu diable, Satan l’adversaire. Ezech., xxviii, 12-17 ; Luc, x. 18. En tombant, il a entraîné beaucoup d’autres avec lui. Cal., ii, n. 3, 4, P. G., t. xxxiii, col. 385, 388. Dieu le lient sous sa puissance, mais il le supporte avec patience et le fait contenir par les anges. Il lui a permis de vivre pour deux raisons : 1° pour lui inlliger une plus grande honte ; 2° pour couronner les hommes. soumis à ses tentations. Cal., viii, n. 4. col. 628-029. Sachant que Dieu devait naître d’une vierge, le démon, par calomnie, a inventé les fables des idoles et des dieux, engendrant avec des femmes. Cal., xv, n. ii, col. 884. Il est appelé esprit, mais c’est un esprit immonde. La manière dont il agit sur les possédés montre qu’il n’a pas un corps épais. Cal., xvi, n. 13, 15, col. 936, 937-91O. Le prince des mauvais démons est un tyran. Il habite à l’Occident, dans les ténèbres sensibles, où il règne. C’est pourquoi les baptisés se tournent vers l’Occident pour renoncer à Satan. C’est le serpent rusé, qui a inspiré la défection à nos premiers parents. Cal., xix, n. 3, i, col. 1068, 1069. Il est le mauvais, dont nous demandons d’être délivrés, en récitant l’oraison dominicale. Cal., xxiii, n. 18, col. 1124. Saint Basile, dans ses ouvrages authentiques, est nettement partisan de la chute de Satan par orgueil. Le diable est une substance simple, tombée du ciel ; il a perdu la véritable vie, en changeant de volonté ; il est devenu diable par sa manière d’agir ; sa sainteté première a disparu, et sa puissance a été portée au mal. Epist., l. I, epist. viii, n. 10, P. G., t. XXXII, col. 264. Le premier-né des démons est l’auteur de tout mal. In Uexæmeron, homil. VI, n. 1, P. G., t. xxix, col. 117. Si le mal ne vient pas de Dieu, d’où vient le diable ? De même que l’homme, le diable est mauvais par sa propre volonté. Il était libre et pouvait persévérer dans le bien ou s’en éloigner. Satan était ange comme Gabriel. Celui-ci a assisté Dieu constamment ; celui-là est entièrement sorti de son ordre. Il n’est pas l’adversaire du bien par nature, mais par volonté. Pourquoi nous fait-il la guerre ? Il a eu la maladie de l’envie ; il nous a envié l’honneur qui nous était fait. Il n’a pu sans regret voir notre vie au paradis, et il a trompé Adam. Comme il se voyait exclu de l’assemblée des anges, il ne put soutenir que l’homme, formé de terre, soit élevé à la dignité des anges. Il nous a donné son inimitié contre Dieu. Il se nomme Satan, parce qu’il est l’adversaire du bien. Sa nature est incorporelle. Eph., vi, 12. Il habite l’air. Eph., n. 2. Il est dit le prince de ce monde, parce que sa principauté est sur le globe, déchu qu’il est de sa principauté première. Quod Deus non est auctor matorum, 8-10, P. G., t. xxxi, col. 31ô-352. L’orgueil, ô ~jtpo ; , est le premier des vices de l’homme ; c’est le crime du diable. Adversus Eunomium, l. I, n. 13, P. G., t. xxix. col.51l. C’est l’orgueil quil’a fait tomber du ciel. Quand Adam a été créé, il l’a tenté par envie. Peut-être avant la création de l’homme, restait-il au diable lui-même quelque place à la pénitence. Bien que l’orgueil ait été pour lui une maladie très invétérée, elle aurait pu être guérie par la pénitence, et ce remède eut fait réintégrer le diable dans son état primitif. Mais après la création d’Adam, après l’envie portée à l’homme, après la tentation, il n’y a plus eu pour le démon de place à la pénitence. In Isaiani, xiv, 19, P. G., t. xx. col. 609. Cependant, ailleurs, saint Basile semble joindre l’envie à l’orgueil. C’est par esprit de fausse gloire que le diable a trompé l’homme. En voulant nuire à l’homme, il se montra transfuge et fut destiné à la mort éternelle. Il fut ainsi victime de sa propre astuce et pris dans ses pièges. Orgueilleux à l’occasion de l’homme", il a été humilié par l’homme. Homil., xx, De humititate, n. I, 2, 5, P. G., t. xxxi, col. 525, 528, 533. Dans deux ouvrages douteux, saint Basile, s’il les a composés, aurait été résolument partisan de la chute du diable par envie. Ce défaut suit le diable. C est lui qui l’a poussé à faire la guerre aux hommes : il a été puni par lui en luttant avec Dieu lui-même. Mécontent de Dieu à cause de sa munificence envers l’homme et ne pouvant se venger sur Dieu, il se vengea sur l’homme. Il est donc tombé par envie. Homil., xi, De invidia, n. 1. 3, 4, ibid., col. 372-376, 377.