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DENIFLE — IlKMSOV


I’. Denifle s’adonna d’une façon spéciale à l’élude de ces institutions. On a de lui : 1. Die Universilâten des Mittelalters bis 1400, t. i. Die Enlstehung der Universitâten, in-8°, Berlin, 1885. Dans la pensée de l’auteur, f’ouvrage devait comprendre 4 volumes. Seul, le premier parut ; dans les 3 autres, il devait traiter en particulier de l’université de Paris. — 2. Le plus important pour l’élude de la vie théologique est l’ouvrage publié en collaboration avec Emile Châtelain : Chartularium tinii ersitatis Fart. i^nsis sub auspi : u : tonsihi generalis facultatiim Parisiensium, 4 in-8°, Paris, 1889, t. i (de 1200 à 1286) ; 1891, t. n (de 1286 à 1350) ; 1894, t. m (de 1350 à 1384) ; 1897, t. iv (de 1384 à 1452). Comme complément au cartulaire, les deux collaborateurs publièrent VAuctarium charlularii universitatis l’arisiensis, Paris, 1894, t. i ; 1897, t. n. Ces deux volumes contiennent le Liber procuratorum nationis Anglicavse (Aleinauise), de 1333 à 1466. Le cartulaire présente aux érudits de la Ibéologie médiévale deux classes de renseignements précieux : l’une regarde l’histoire de l’institution elle-même et de son développement ; l’autre, surtout constituée par les notes très abondantes des éditeurs, renferme à peu près sur ebaque personnage de cette période des données érudites très complètes.

— 3. Intéresse aussi l’élude des sources de l’histoire de la théologie médiévale Y Archiv fur Litteratur und Kirchengescliichle des Miltelalters, revue fondée en

1885, en collaboration avec le P. Eluie, S., 1. Elle comprend 7 vol. Dans les 6 premiers, le P. Denille a publié : Die Sentenzen Abûlards und die Bearbeitungen seiner : < t/teologia » von Mille des 1°2 Jahrhunderls, 1885, t. i, p. 402-469, 584-624 ; Die Sentenzen Rugos von St. Victor, 1887, t. iii, p. 634-640 ; Ursprung der Hisloriades Nenw, 1888, t. iv, p. 330-348. — 4. Concernant les théologiens du moyen âge, le P. Denille avait réuni une quantité de documents précieux : Quellenzur Gelehrtengeschiclile des Predigerordens im 13 und 14Jahrhundert, 1886, t. ii p. 365-248 ; Quellen zur Gelelirtengeschic/tle des Karmelitenordens im 13 und 14 Jahrhundert, 1880, t. v, p. 365-386 ; Quellen zur Dispulation Pablo’s Christiani mit Mosc Nachmani zu Barcelona, 1263, dans llislorisclies Jahrbuclt, 1887, p. 225-214.

2° Etudes sur la théologie mystique au moyen âge.

— Le P. Denifle ne cessa jamais de s’occuper de ces études par lesquelles il avait débuté. 1. Der Gottesfreund im Oberland und Nikolaus von Basel, dans Historisch-politische Blàlter, 1875, t. lxxv, p. 17 sq., 93 sq., 245 sq., 340 sq. ; sur ie même sujet, Die Dic/ttungen des Gottesfreundes im Oberland, dans Zeitschrift fur deutscher Allerthum und deutsche Litteratur, 1880, t. xxiv ; 1881, t. xxv. — 2. Une autre série très importante sur les mystiques dominicains : a) Henri Suso, Die Schriften des sel. Heinrich Seuse, t. i, Deutsche Schriften, 3 parties, in-8°, Munich, 1880 ; h) Jean Tauler, Das Buch von geistlicher Arrnulh, bekannl als Johann Tauler s Nachfolgung des armai Lebens Christi, Munich, 1877 ; c) Maître Eckhart, Aktenslucke zu Meister Eckltarls Prozess, dans Zeilschrift fur deutscher Alterlhum, 1885, t. xxix, p. 259 sq. ; Meister Eckharts lateinische Schriften und die Grundanschauung seinev Lehre, dans Archiv,

1886, t. ii, p. 417-652 ; Dos Cusanische Exemplar lateinischer Schriften Eckharts in Cues, dans Archiv, t. ii p. 673 sq. ; Die Heimalh Meister Eckharts, dans Archiv, 1889, t. v, p. 349 sq.

Le 1’. Denille fit aussi dans VArchiv, 1888, t. iv, p. 263-311, 471-601, une étude importante : Die Handschriften der Bibelcorrektorien des 13 Jahrhunderts.

Controverse theologique.

Nous plaçons sous cette dénomination le dernier grand ouvrage du P. Denitle : Luther und Luthertum in dei erster Entwicklung queUenmâssig dargestelll. L’ouvrage com prend 3 parties formant le t. i : [ « partie, in Mayence, 1904 ; 2e édit., 1904 : Il partie, —t édit.,

1905 ; Ilb partie, ± «’dit.. Weiss, 1906. Une traduction italienne de la i— édition allemande a été entreprise par M m Mercati, Rome, 1905. Ce n’est pas une biographie de Luther, mais plutôt une étude sur la déformation systématique de certaines idées théologiques dans la psychologie de Luther. La I" partie est consacrée à la critique du célèbre ouvrage de Luther, De votis monaslicis judicium. Le 1’. Denifle s’applique à bien caractériser la position de Luther par rapport à la théorie des vœux de religion, spécialement de la chasteté. A la doctrine de Luther, il oppose celle de saint Thomas d’Aquin sur la vie parfaite et les conseils évangéliques. Cette étude est des plus importantes pour bien comprendre les idées qui ont dominé toute la théologie protestante depuis Luther. Le P. Denifle lui-même a intitulé la IIe partie : Beilrag zur schic/ite der Exégèse, der Lileratur und des Dogmas im Mitlelaller. L’auteur y donne l’interprétation jusqu’à Luther du passage de saint Paul : Justilia enim Dei in eo revelatur ex fi de in fidem, Rom., I, 17. et de la justification, en 66 grands extraits de l’Ambrosiaster et des autres commentateurs occidentaux de l’Épître aux Romains jusqu’à Luther. C’est un des plus beaux spi cimens d’étude de théologie positive. La IIIe partie est constituée par l’étude des conséquences de ses doctrines dans la psychologie de Luther. Ce dernier ouvrage souleva contre son au leur une polémique très vive de la part des protestants, surtout de Harnack et de Seeberg. Le P. Denille leur répondit dans une brochure importante : Luther in rationalisticher und christlic/œr Beleuchtung, Prinzipielle Auseinandersetzung mit A. Harnack und B. Seeberg, Mayence, 1904 ; cf. aussi Bévue d’histoire ecclésiastique, 11 1 " ! , p. In5sq. Enfin le P. Weiss, O. P., a publié sur les notes du P. Denifle et comme complément de son ouvrage : Lutherpsychologie als Schlùssel zur Lullœrlegende, in-8°, Mayence, 1906.

M «’J. P. Kirsch, Le R. P. Henri Suso Denifle, notice biographique et bibliographique (extrait de la Revue d’hisl ecclésiastique, Louvain, 1905, t. VI, p. 3sq.) ; Herman Grauert, P. Heinrich Denifie, O. l’r. Ein Wort ziun Gedaclttnis unit ztun Frieden. Ein Beilrag auch zum Luther-Streit, in-8 —, FrU)ourg-en-Brisgau, 1906 ; Dr. Martin Grabniann, Heinrich Denifie O. P. Eine W’àrdigung seiner Forschungsarbeit, in-8", Mayence, 1905. Voir aussi les diverses études faites en de nombreux périodiques à l’époque de sa mort.

R. COLLON.

DÉNISOV André et Siméon, frères, les plus féconds écrivains du raskol russe et les initiateurs de sa théologie scientifique. André, l’aîné des deux frères, naquit en 1061 à Povienetz, gouvernement d’OlonetL. et Siméon en 1082. Leur père, Denis Evstaphiev, descendait de la noble famille des princes Mychelsky. Dans son enfance. André assista aux épisodes de la terrible persécution que le gouvernement russe avait inaugurée contre les partisans du raskol. Ceux-ci, traqués comme des 1 fauves, étaient obligés de se cacher dans des forêts impénétrables, toujours exposés au danger, si on les découvrait, de périr sur le bûcher, ou d’être ea en Sibérie. Dans leur farouche mysticisme ot dan » l’attente prochaine de l’Antéchrist, beaucoup de ces fanatiques se donnaient la mort. Ces circonstances influèrent sur l’âme du jeune André Dénisov, naturellement portée au mysticisme. Le diacre Ignace du monastère de Soloveu lui inspira sa haine contre la réforme liturgique du patriarche Nikon, et son enthousiasme ardent pour le raskol. En 1691, à l’insu de ses parents. il quitta la maison paternelle et se retira au monastère de Saroo/ero, fondé par Ignace. Le monastère se trouvait alors sous la direction de Daniel Vikouline, qui frappé par l’érudition et le zèle d’André Dénisov, l’engagea à fonder avec lui l’ermitage de Vyg sur le