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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.djvu/228

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DENYS L’ARÉOPAGITE (LE PSEUDO-)

tives de l’épiscopat et de la fermeté qu’il déploie, tout épris qu’il est de la sainteté de la vie monastique, pour réprimer les prétentions des moines à rencontre du clergé séculier.

III. Synthèse théologique. — Les écrits du Corpus dionysiacum correspondaient à une tentative très active ei 1res importante, au Ve et au vie siècle, dans l’état de la société ; ils avaient pour objet cette conciliation, cet amalgame des dogmes chrétiens et des idées néo-platoniciennes qui formaient le problème intellectuel du temps. Non pas que la synthèse théologique du pseudo-Denys allât à reproduire les doctrines néo-platoniciennes et à les infuser dans le christianisme ; elle allait à christianiser, à baptiser, autant du moins qu’il se pouvait, l’idéalisme et le mysticisme néo-platoniciens. L’auteur, Epis t., vil, 2, nous explique son dessein, qui est de ruiner les entreprises du néo-platonisme alexandrin con-Ire la foi chrétienne, en les mettant face à face et en nant do faire ressortir, avec leurs points de contact, la supériorité du christianisme.

Le style du pseudo-Denys — style extraordinaire, au ment de Bossuet, Instruction sur les états d’oraison, l. I, a. 2 — n’est ni simple ni clair ; la prolixité’, l’enflure, l’affectation le déparent, et de propos délibère il voile la pensée plus qu’il ne l’illumine. Aux anciens termes usuels d’évéque, de prêtre, de diacre, de moine, I écrivain substitue les dénominations d’hiérarque, de de liturge et de thérapeute ; on dirait qu’il a la fureur des néologismes, la fureur aussi des longues phrases ton imbitieuses. Sans doute, la faute en est pour une part au caractère des questions abstruses que l’auteur étudie, pour une part à sa trempe d’esprit personnelle. Mais la faute en est plus encore à l’influence de l’école néo-platonicienne, et 1res spécialemenl à l’influence de Proclûs, dont le pseudo-Denys se plait à reproduire, non pas toujours aec art ni d’une les expressions et les tours particuliers. II. Loch, Rôm. Quartahchrift, 1898, t. ui, p.367-378 ; Il’Quartahchrift, 1904, t. i xxxvi. p. 379 sq. Bien qu au fond notre auteur n’enseigne pas le panthéis el qu’il ensape au contraire la base pai l’affirmation du dogme de la création, son langage ne pas d’avoir, comme celui de maints mystiques du moyen Age, un relent émanatiste, qui, dans la bouche d’un théologien de nos jouis, ne serait pas suppi II. Koch, Theol. Quartahchrift, 1904, p. 399. Notre ur parle même plus d’une fois la langue des mys, bien est devenue dans le néo-platonisme la langue de la philosophie, il. Koch, Theol. Quarlalft, 1895, t. i.xxvii. p. 118 sq. Arec la tei minol le pseudo-Denys emprunte du néo-platonisme toutes les idées qui mmoder, selon lui, a la foi de II L’allégorisme à outi oi mtaires de Porphyre « lus sur lb.ni. ie et sur Platon revit dans du pseudo Denys C’est but tes traces di Proclus qu’il marche dans l’étude de la que-lion du mal En ce qui est de l’activité, di la providence, de la fait également l’écho du néo-plato’"— sans aucune not< proprement, spécifiquement ienne II. Koch, Theol. Quartahchrift, 1904, i’391. De même, la île orie des trois di’’|" — d, I., p|, |]|., |e du néo-platonisme. L’idée toujours présente de l’unité absolue, principe et fin des choses, du multiple qui en sort et y retourne ; la théorie des trois voies, purgative, illuminative, unitive, déjà en germe dans Platon, et remaniée tour à tour par Philon, Plotin, Jamblique et Proclus ; la doctrine de l’extase qui procure aux âmes parfaites dès ce monde la vision intuitive, mais non compréhensive, de la divinité ; l’élaboration particulière de la théorie de la déification humaine ; tous ces traits attestent un retour complaisant du pseudo-Denys sur son éducation première et répandent sur sa théologie mystique une nuance de néo-platonisme épuré. H. Koch, Theol. Quartahchrift, 1898, t. î.xxx, p. 397420 ; 1904, t. i.x.xxvi, p. 395 sq.

Le pseudo-Denys ne sacrifie pourtant pas aux théories transcendentales du néo-platonisme alexandrin les articles précis de la foi chrétienne ; il ne s’aventure pas hors du terrain de la tradition que sa vaste lecture lui a rendu familier ; et, théodicée ou christologie, son orthodoxie au fond n’a pas subi d’accroc. Les traces de panthéisme qu’on a relevées dans ses œuvres, ne sont que des trompe l’ieil, et les textes mêmes protestent contre les injustes accusations d’apollinarisine, de monophysisme, de monothélisme. Bern. de Rubeis, Diss. de fuie auctorh operum qux vulgo AreopagiHca dicuntur, P. G., t. iv, col. 1025-1079. Mais il faut regretter que le pseudo-Denys, sous l’influence] d’une opinion d’Origène qui n’était pas encore rangée définitivement parmi les hérésies, ait maintenu la notion subjective et donatiste de l’Église et des sacrements ; que, partant, il dépendre la validité et l’eflicacilé, soit de l’absolution, Episl., VIII, P. G., t. iii, col. 1092, soit de l’excommunication, De hier, eccl., vii, P. G., t. iii, col. 564, des dispositions intimes du prêtre ou de l’évêque qui les prononcent. Stiglmayr, S..1., Zeitschrifl fur kath. Theologiei 1898, t. xxii, p. 246-303 ; 11. Koch, Hhlor. Jahrb., 1900, t. xxi, p. 74-77.

L’étroite union de l’homme avec Dieu, la déification de l’homme, est le pivot de la théologie du pseudo Denys. lie cette idée-mère, eu effet, découle naturellement sa conception des deux hiérarchies, qui lui vaudront dans le moyen âge le surnom de doctor hierarchicus, la hiérarchie céleste et la hiérarchie ecclésiastique, celle-ci modelée sur celle-là, el destiné) s toutes les deux à nous acheminer à la Œc’mti ; . à l’Evtuatf. La loi de la gradation règne partout, dans le momie de— esprits Comme dans celui des corps, dans le ciel comme dans l’Église. Le premier, notre auteur a distribue les anges en 9 chœurs, 3 3, subordonnés entn eux et qui —e I ra iiMnrl lent les uns aux autres, par une gradation descendante, les flots de la lumière divine, dont le chœur le plus élevé a été toul d’abord inondé. Classification qui. sm> êlre un objet de foi, ne laisse de faire autorité dans la théologie. Stiglmayr, S S „ Zeitschrifl fur kath. Théologie, 1898, p. 180-187 ; Compte-rendu du Congrès scientifique des cnih. ù Suisse, 1898, sect r, p 103-414. Voir t. i, 1209-1210 ; J. Tunnel. Histoire de Vangélol dans la Revue d’histoire ri <ir littérature religieuses, 1899, i. iv. p. 218-232. Comme les neuf chœui anges sont divisés en trois hiérarchies de trois ordres ne, ainsi il a, dan— la hiérarchie humaine de l’Église, trois degrés successifs, les diacres, les prêtres évêques, ; le pseudo-Denys j rattache même les m.. un--. Episl., mu. i. P.’.’. i m. col. 1993, bien ipie ce suit leur fui d’obéir, non de commandi r i i qu’ils ne tiennent de leur profession qu un cai u purement hiérurgiqu ». De hier, eccl, , VI, P.’ ».. t. Ut, diacres la mission de veillei a ie qui lient pas profanées. aux pi êli droit d’absoudre les p.e lu m —. i le i l’admetli fidèles à la réception des diven lacremenUj la confirmation des chrétiei préln