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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.djvu/233

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DENYS LE CHARTREUX

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tertius, in-fol., le commentaire de Denys sur les livres de Boèce, l'édition simplifiée des œuvres de Cassien el l’explication de l'Échelle du paradis de saint Jean Climaque. Dom Ceillier dit que l’imprimeur l<àlois, Henri Pétri, en 1559, réimprima in-fol. le travail de Denys sur Cassien.

Dans le catalogue des œuvres de Denys, rédigé en lilil) par lui-même et conservé à la bibliothèque Bodléienne d’Oxford, C. 56't, on trouve la mention impressus est après son Spéculum conversionis peccatorum, dyalogus. Quoi qu’il en soit de la valeur de cette mention, il est certain que cet opuscule de Denys a été en vogue au XVe siècle et depuis. L'édition d’Alosl remonte à li-73. C’est la plus ancienne production typographique belge connue. Cf. Grasse, Trésor de livres rares, t. ii, p. 399. Un autre opuscule, intitulé : Spéculum amalorum mundi, a paru sans mention de date, de lieu ni d’imprimeur, et on l’a souvent réimprimé. Ces deux traités intitulés Miroirs, réunis à plusieurs autres opuscules de Denys concernant la vie intérieure, eurent un grand succès pendant le XVIe siècle et la première moitié du siècle suivant. Plusieurs fois, on les joignit aux quatre livres de Ylmilation et à quelque autre ouvrage spirituel avec la mention ad c/iristiani Itomïnis vitam perfecte absoluteque formandam.

Les opuscules de Denys embrassent les trois voies de la perfection, comme on peut le comprendre par leurs titres : 1° De arcla via salulis et conteniplu mundi ; 2° Spéculum amalorum mundi ; 3° Liber de gravilale et enormitale peccati ; 4° Liber de conversione peccaloris ; 5° Liber de fonte lucis et seniitis vilse ; 6° Liber devotum prsecordiale prsenolatus ; 7° Dialogus patroni ad canonicum ; 8° Ad mundi contemplum exhorlalio elegiaca. Le plus complet et le plus solide de ces traités est le livre Le fonte lucis et semitis vilee. C’est un vrai manuel de vie intérieure, dont chaque article contient la substance d’un traité. La première édition porte ce titre : Dionysii a Rykel Carlhusiani de perfecto mundi contemplu ut pius ila utilissimus heptalogus, in-8°, Cologne, 1530 ; elle a été souvent reproduite. Une édition de Cologne, in-12, 1577, comprend les opuscules marqués ci-dessus par les n. 1, 2, 6 et les deux livres intitulés De doctrina et regulis vilse christianse. Le recueil des sept opuscules a été traduit en français, en flamand et trois fois en italien.

En 1534, les chartreux de Cologne firent paraître un recueil d’opuscules de Denys traitant de la théologie affective et myslique, sous ce titre : Opuscula aliquol quæ ad iheoriam mysticam egregie instiluunt, in8", Cologne, réimprimé à Montreuil-sur-Mer, in-12, 1894. Au nombre de ces opuscules il y a le traité magistral, De contemplalione, divisé en trois livres, dans lesquels l’auteur examine toutes les questions philosophiques et théologiques dont la connaissance est nécessaire pour la théorie et la pratique de la contemplation. Le 1. II de ce traité rapporte, en onze articles, la doctrine des plus grands docteurs mystiques sur la contemplation et ses espèces. Le 1. III s’occupe spécialement de la contemplation per abnegalionem, c’est-àdire la plus élevée et la plus parfaite, qui est, selon Denys, « l’acte » du don de sagesse accordé au plus haut degré. Un bon juge, le R. P. Meynard, des frèresprôcheurs, traitant des « principes formels élicitifs de la contemplation extraordinaire », dit que « Denys le Chartreux affirme cette doctrine dans tous ses écrits avec une lucidité, une précision et une persistance qui éclairent et édilient en même temps. On peut, en effet, considérer ce grand docteur mystique comme l’apôtre du don de sagesse. » Traité de la vie intérieure, Paris, 1885, I. H, p. 76-77. Ce même recueil d’opuscules renferme de savantes et fort pieuses médi tations sur Dieu, Jésus-Christ, la sainte Vierge, les

anges et les saints, qui peuvent aussi servir de thèmes aux prédicateurs.

Denys a composé un autre grand traité Ur oratione, où il expose la doctrine et la pratiqué de l’oraison en tanl que demande, louange, action de grâces et méditation. Cet ouvrage se trouve dans Opéra minora, Cologne, 1532, t. ii conjointement avec les traités : De remediis tentationum ; De gaudio spirituali et <ie puce interna. Les éditeurs de ce grand recueil de livres spirituels de Denys lui attribuèrent le traité De via purgativa liber unus, qu’ils insérèrent comme complément de la doctrine de l’auteur. Ce fut une méprise » Cet opuscule, qui commence par ces mots : Volens purgari de peccatis, etc., est du chartreux dom Henri Eger, de Kalkar († 1408), et Denys le Chartreux le cite dans l’art. 33 de son livre De laude vilse. solitariæ où il l’appelle : Exercitium carthusianum. Ailleurs, cet opuscule porte des titres différents. Voir EGER…Mais Denys a composé un Exercitium de via purge qui fut imprimé à Anvers par Gérard Leen, in-lG, décembre 1492. Cf. Lambinet, Origine de l’imprimerie, t. ii p. 285. Un exemplaire de cette édition est conservé à la bibliothèque de l’université de Cambridge, et le texte en a été publié de nouveau, in-18, Cologne, 1532. En 1020, le chartreux dom Théodore Petreius publia à Aschaftenbourg un traité de Denys intitulé : De discretione spirituum, qui avait échappé aux éditeurs de Cologne. Ainsi, la collection des œuvres ascétiques et mystiques de Denys fut opportunément complétée, et elle forme une véritable bibliothèque spirituelle capable de satisfaire à toutes les exigences de la direction de tous les états de la vie chrétienne. Le R. P. Meynard, op. cit., t. I, p. 11. fait cet éloge de la doctrine de Denys : « Nous citerons aussi, dit-il. le plus souvent possible Denys le Chartreux, considéré à juste titre comme un des meilleurs interprètes de la doctrine de saint Thomas dans presque toutes les questions de la vie intérieure ; à chaque instant, ce grand contemplatif fait des emprunts au docteur angélique, et ne s’avance jamais dans la voie suave de la théologie mystique sans s'être appuyé sur le fondement solide de la scolastique. »

Nous mentionnerons en terminant le traité De quatuor hominis novissimis, avec l’appendice De parliculari judicio, qui s’y trouve annexé dans un assez. grand nombre d'éditions. Ce traité, qualifié d’excellent (optimus), de très utile pour se bien préparer à la mort, par le P. Possevin, S. J., Apparalus sacer, Cologne, 1608, 1. 1, p. 476-479, et ailleurs, v » Mors, est 1 _ lement cité par les rédacteurs du Directoire des exercices de saint Ignace (lequel fut approuvé en 1549, par la congrégation générale de la Compagnie de Jésus), comme pouvant être lu avec fruit au cours de la première semaine. Réimprimé près de 40 fois, traduit plusieurs fois en diverses langues : italien, français, espagnol, allemand, flamand, il n’a pas cessé' d'être eu usage, même après le grand nombre de traités similaires publiés depuis la mort de Dens. Le cardinal Pecci, archevêque de Pérouse, devenu plus tard Léon XIII, en lisait chaque jour quelques pages : il en savait par cœur les sentences les plus pieuses et les plus efficaces, qu’il aimait à citera l’occasion ; il en conseillait la lecture et en a fait l'éloge dans une de ses poésies latines. Son secrétaire d’alors, .M." Foschi, a relevé ces détails dans la prélace d’une réimpression de l’ancienne traduction italienne du P. l’iantedio, S. J., et il ajoute que le Saint-Père encouragea et bénit cette nouvelle édition, assurant que la lecture de ce traité de Denys le Chartreux produirait un grand bien dans les âmes. La Civiltà cattolica, en annonçant cette nouvelle édition. Pérouse, IS86, n’hésita pas à dire que c'était là « un livre d’or ».