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DENYS LE GHA.RTREUX

DENYS LE PETIT

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qui est sans conteste son docteur préféré, Toutefois, sur un certain nombre de points, il n’hésite pas à s’en séparer avec une liberté qui étonnera plus d’un Lecteur. A l’Aréopagite il emprunte ses idées mystiques et son langage hyperbolique. On ne peut nier qu’il ne soit, par sa tendance d’espril native, un intuitif plutôt qu’un dialecticien, bien que son éducation intellectuelle ail été presque exclusivement scolastique. En morale, son enseignement participe plus de la tendance ascétique qui vise à la perfection, que de la tendance casuistique qui cherche à déterminer les limites en deçà desquelles le salut n’est plus possible. De là une propension générale à la sévérité : sévérité de principes, lnl VSent., .ïll, dist. XXXVI, q. iii, sévérité aussi dans maintes applications, notamment dans les Sermons. Enfin, pour porter sur son œuvre un jugement équitable, il ne faut pas oublier que certaines théories lui furent en linéique sorte imposées, et par les idées courantes de son temps (autorité exagérée attribuée aux conciles), et par l’imperfection de ses connaissances historiques. -Il acceptait de bonne foi, et sans les vérifier, les assertions d’auteurs qui sont loin de mériter toute créance, Pierre Comestor, Jacques de Voragine et les légendaires du moyen âge ; et ces erreurs historiques ne sont pas sans avoir exercé quelque inlluence sur son enseignement théologique.

IV. Nouvelle édition de ses œuvres. — Depuis deux siècles, les hommes d'étude désiraient voir une nouvelle édition des œuvres complètes de Denys le Chartreux qui fût uniforme dans son exécution et répondît au goût moderne. Il y eut un moment où les chartreux des Pays-Bas furent sur le point de satisfaire à ce vœu, en confiant au fameux Foppens, imprimeur à Bruxelles, l’entreprise, qui devait surpasser toutes les publications faites précédemment. Alors, la chartreuse de Buremonde possédait encore quelques-unes des œuvres de Denys qui étaient restées inconnues aux chartreux de Cologne et aux éditeurs suivants. Des circonstances particulières ne permirent pas de réaliser le projet ; et les événements politiques de la fin du xviue siècle obligèrent l’ordre des chartreux à y renoncer complètement. Le retour à la théologie scolastique qui, de nos jours, a heureusement remis en honneur les doctrines de saint Thomas et de son école, fit renaître le désir d’une réimpression des œuvres deDenys, qui est le dernier, mais non pas le moins célèbre des représentants de l’enseignement scolastique. Le B. P. dom Michel Baglin, général des chartreux, se rendit parfaitement compte des grands services qu’une nouvelle édition pouvait rendre à ce mouvement intellectuel, et, sans se préoccuper de la difficulté des temps, soumit le projet au saint-siège afin d’attirer la bénédiction du pape sur l’entreprise. Léon XIII, par un bref du 1 er avril 1896, approuva l’idée et accepta la dédicace de la nouvelle édition. Le monde studieux applaudit chaleureusement, el les revues les plus autorisées firent l'éloge de Denys et de son ordre qui, en quelque sorte, le remettait en la place d’honneur et de gloire, à laquelle il avait tant de droits. Aujourd’hui (1908) 33 vol. in-i°, à 2 colonnes, ont déjà paru par les soins de l’imprimerie de la Chartreuse de Notre-Damedes-Prés, à Montreuil-sur-Mer, maintenant transférée à Tournai, en Belgique. Les I. i-xiv contiennent les commentaires sur toute l'Écriture. Les t. xv et xvi comprennent l’explication des œuvres attribuées à saint Denys l’Aréopagite. La Swmma fidei orthodoxie, c’est-àdire l’abrégé de la Somme de saint Thomas, et le Dialogion de fi.de remplissent les t. xvii et xviii. Les t. xix-xxv renferment le commentaire sur les Sentences ; les t. xxvi-xxvin, les travaux de Denys sur Boèce, Cassien elsaint Jean Climaque ; les t. xxix-xxxtt, ses Serinons ; les t. xxxm-xxxv, les Opéra minora. La publication entière formera environ 15 volumes et sera,

selon fi' vœu de Léon XIII, une œuvre digne de l’auteur el des matières dont il traite : qutB auctorit rerumque dignitati respondeat ' Bref au général des chartreux du I" avril 1896.

D. Dionysii Carthusiani, doetori » eestatici, vita simul et operum ejus fldissimus catalogua, in-8. Cologne, 1532. Cette vie composée par le chartreux dorn Thierry Loher, vicaire de la maison de Cologne et principal promoteur de la pu] oeuvres de Denys, avait déjà paru, Cologne, 1530 ; Paris. jointe aux commentaires de Denyï sur les Épltres de saint Paul. Elle a été plusieurs fois réimprimée avec quelques-unes des œuvres de Denys. On la trouve aussi dan-les bollandistes, au 12 niais, et dans les Ephemerides ordinis cartusiensis de dom Léon Le Vasseur, au même jour. Les nouveaux éditeurs l’ont publiée en tête du t. i ; une édition, in-18, a paru en 19 Tournai (imprimerie de Notre-Dame-di -en. Flores

Ecclesim Leodiensis ; H Dultor estatico, ovvero la Vita del veneràbile Dionigio Richel, monaco carlusiano (œuvre posthume du chartreux dom Daniel Campanini, —, ' 1727), in-1ti, Venise, 1736 : Admirable Vida, singulares virludes, y prodigiosa sabiduria del extatico varon Padre B. Dionysio Rickel, llamado vulgartnente et cartusiano… por et Padre Joseph Cassani, in-8', Madrid, 1738. Le chartreux italien, dom Pierre Bandini (y 1797), sous le pseudonyme de P. Dinbani.fit pal une Vita del Beato Dionisio da Richel, monaco carlusiano, in-4", Sienne, 1782 ; H. Welters, Denys le Chartreux, sa vie et ses œuvres, in-8°, Ruremonde, 1882 ; Kirchenlexikon, Fribourgen-Brisgau, 1884, v Dionj/Stus ; dom A. Mougel, Denys le ( treux, 1403-1471. Sa vie, son rôle. Une nouvelle édition de ses ouvrages, in-8°, Montreuil-sur-Mer, 1896 ; il en a paru une édition allemande augmentée, Mùlheim-sur-la-Ruhr, 1898 ; Albers. S. J., Dionysius de Kartuizer en : ijne werken, Utrecht, 1897 ; Un eminente scolastico troppo dimenticato. XelV oceasione d’un a ristampa délie opère complète di Do sino,

riflessioni di D. Roberto Montagnani, deli Une,

in-8", Montreuil-sur-Mer, 1898 ; D' Krogh Tonning, Der letzli Scholastiker, Fribourg-en-Brisgau, 1904.

On peut aussi consulter : dom Pierre Dorland, Chronicon cartusiense, in-8-, Cologne, 1608, 1. VII. c. vi-xxiv. p. 3'.'_ ainsi que les notes de l'éditeur, dom Théodore Petreius. in-v Cologne, 1608, p. 150-160 ; Btbliotheca cartusiana, du même dom Théodore Petreius, in-8°, Cologne, 1609. p. 49-85 ; Tiithème, De scriptoribus ecclesiasticis ; Thomas Bzovius, De signis Ecclesiæ, 1. XXII, c. xxiv, signo 51 ; Aubert Le Mire, André Sweert, Foppens et tous les grands bibliographes des écrivains belges ; le P. Théophile Raynaud, Stylita mysticus ; Morozzi. Theatrum chronologicum S. ord. carlusien., Turin, 1681 ; Dupin, Lelong, le P. de Tracy dans la Vie de saint Bruno ; Hurter, Nomenclator, 1899, t. iv, col. 755, 1356 ; M. de Wulf, Histoire de la philosophie médiévale, Louvain, 1900, p. 37n : Keiser, Dionys des Kartàuscrs Leben und pddagugische Schriftefi, dans la Bibliotek der katholischen." Fribourg-en-Brisgau, 1904, t. xv : les chartreux Nicolas Molin, Charles le Couteulx et Benoit Tromby dans leurs travaux sur l’histoire générale de l’ordre ; les grands recueils de Vies des saints de Baillet, Petits Bollandistes, etc., ainsi que les ouvi spéciaux sur les saints du diocèse de Liège, par Daris, M d Ram, le P. Nimal, etc.

S. ALTORK. 9. DENYS LE PETIT. Denys, à qui son humilité fit prendre le surnom de Petit, naquit en Scythie la Petite-Scythie ou la Dobrodja moderne), mais vint jeune à Borne, vers l’an 500, et y vécut dans le cloître jusque vers 540. Le document capital sur Denys trouve dans les lignes émues consacrées à sa mémoire par son ami Cassiodore. Institut.. I. 1. 23, P. L., t. i.x. col. 1137. Il servit les lettres chrétiennes par ses traductions, par ses collections canoniques et par l’introduction de 1ère diony sienne. Denys marque parmi les savants qui, à la suite d’un Jérôme et d’un Bufin. ouvrirent aux lecteurs latins les trésors de la science grecque. La plupart de ses traductions se trouvent /'. L., t. i xvii. Mais ses travaux canoniques ont davantage illustré son nom. Dès les premières années du VIe siècle, il publia en latin une collection de canons synodaux île l’Orient comme de l’Occident. De la première rédaction de ce travail il ne reste que la préface, niais nous possédons une seconde édition datant probablement aussi de la première décade du v siècle.