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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.djvu/295

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DESCENTE DE JÉSUS AUX ENFERS

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propres connaissances. J’aicité des exemples, affirme audacieusement M. Loisy, notamment les articles du symbole concernant la descente du Christ aux enfer » et son ascension au ciel. » Autour d’un petit livre, Paris, 1903, p. 202. Voir aussi p. 46, 177 ; L’Évangile et l’Église, Paris, 1902, p. L63-166. Cf. II. Quilliet, Une conséquence de l’évolution vitale appliquée au dogme, dans la Croix de Paris, 8-9 décembre 1907. L’écrivain moderniste fait ici allusion à des études qu’il a publiées, sous le nom de Firmin, dans la Revue du clergé [ruinais, t. xxi, p. 253 sq. Cf. Ed. Le Roy, Dogme et critique, Paris, 1907, p. 248, 263.

Avec M. Sabatier, nombre de protestants contemporains ont abandonné le terrain des négations brutales, pour embrasser les théories évolutionistes. C’est en ce sens qu’ils expliquent aujourd’hui la descente aux enfers. Pour eux, l’affirmation du symbole abrite des conceptions très diverses de l’esprit religieux. Tantôt, c’est le salut même, offert et gagné dans la vie d’outretombe, comme l’avait conçu l’école d’Alexandrie. Tantôt, c’est la descente aux limbes d’où sont délivrés les lidéles de l’Ancien Testament. Puis, c’est un effort plus accentué pour établir la doctrine ecclésiastique du purgatoire. Plus tard, avec la Réforme, la descente aux enfers perd toute relation avec le salut des morts. Finalement, « la théologie critique, retrouvant le sens des conceptions primitives, a permis de découvrir, dans les textes du Nouveau Testament, la pensée même des apôtres : le salut olfert à ceux qui n’avaient pas connu l’Évangile de leur vivant. Et ceci amène à ce que la théologie anglaise contemporaine appelle l’espérance plus large. » Jean Monnier, La descente aux enfers : Etude de pensée religieuse, d’art et de littérature, Paris, 1905, Avant-propos, et p. 88-89. Cet élargissement des espérances chrétiennes présente une singulière ressemblance avec ce que les modernistes appellent la réforme nécessaire des concepts dogmatiques, et notamment de celui de la rédemption. Cf. prop. 61e du décret Lamentabili, Denzinger, Enchiridion, 10e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1908, n. 2064. Ne faut-il pas définitivement rendre le salut à peu près universel, même en élargissant une voie que Nôtre-Seigneur a déclarée très étroite ? Tel est le sentiment plus ou moins avoué de plusieurs modernistes contemporains.

II. Démonstration théologique du fait et du dogme

DE LA DESCENTE DU ClIP.IST AUX ENFERS. — L luicf MENTS AUTHENTIQUES. — 1° Le symbole des apôtres. — 11 fournit tout à la fois un argument d’autorité, un argument historique et de tradition.

1. Le symbole des apôtres, dans la forme universellement reçue aujourd’hui, est une règle ou confession de foi imposée aux néophytes par l’Église, dans l’administration du sacrement de baptême. Il en est ainsi depuis le ix 1’siècle. Depuis des siècles aussi, l’Église a communément adopté ce symbole dans la liturgie et pour l’enseignement catéché tique. Cet usage officiel et séculaire prouve que l’Eglise considère le symbole comme la formule exacte de sa foi. Sans doute, il n’est pas, dans sa teneur présente, une définition conciliaire proprement dite, une déclaration solennelle émanée d’une assemblée œcuménique des évêques. Jlais, en vertu de la discipline liturgique et par le fait de l’enseignement catéchétique, le symbole se présente comme l’expression authentique de la prédication universelle et quotidienne de l’Église. Il est donc un moyen voulu et approprié de son magistère catholique et formel ; et chacune des vérités, chacun des articles qu’il relève expressément s’impose, sous peine d’hérésie, à la foi des chrétiens. Voir Apôtres [Symbole des), t. i, col. 1680. Dans ces conditions, la présence de la formule descendit ad in feras dans notre symbole actuel permet d’affirmer que la descente du Christ aux enfers constitue un article fondamental de la foi catholique.

2. Au point de vue de la tradition et de la théol positive, il importe rcher l’origine de notre

article et les traces de son insertion dans le symbole. Sans entrer dans la question générale de la formation

el de l’histoire du symbole lui-même, voir APÔTRES {Symbole des), t. i. col. 1660-1673 (sur son histoi col. 1673-1679 (sur son origine) ; E. Vacandard, Étude » de critique et d’histoire religieuse, Paris. 1906, p. rappelons cependant quelques données nécessaires. a) Le symbole des apôtres s’est élaboré’pendani siècles, et peu à peu, sous des formes variables. Tantôt, il manque de tel article, tantôt il manque de tel autre ; d’autres fois, il porte une aflirmation à la place d’une autre ; il se modifie de toutes manières jusqu’à ce qu’il arrive enfin à la formule claire, concise, suffisamment complète que l’Église et la conscience i Henné cherchaient comme d’instinct pour l’expression adéquate de la foi. La formule aujourd’hui reçue du symbole, qui contient l’article descendit ad inferos, est un développement d’un texte antérieur, le symbole romain. Celui-ci se forma de bonne heure, primitivement sans doute en langue grecque, sous les indu* générales que nous venons d’indiquer et surtout en raison de la liturgie baptismale. Celle-ci comprenait, dans la préparation au baptême, la traditio symboli, c’est-à-dire la lecture et l’explication données aux catéchumènes des principaux articles de la foi. Elle contenait aussi, dans l’administration du sacrement, la reddilio symboli, c’est-à-dire l’attestation de sa foi donnée par le néophyte, et habituellement sous forme de réponse à une ou plusieurs interrogalions. Il est incontestable que, dans ses parties essentielles, le symbole romain est d’origine apostolique. Or, même dans sa forme définitive, il ne porte pas notre article. b) Avant le iv c siècle, les textes symboliques ou les formulaires de la foi dans lesquels on a résumé les traditions apostoliques, ne contiennent pas l’article de la descente aux enfers. Il ne se rencontre, ni dans saint Irénée qui nous présente deux abrégés de la doctrine chrétienne, Coût, hær., 1. I, c. x. n. 1. P.’>'.. t. iiv col. 549 ; 1. III, c. iv, n. 2. col. 855-856 ; ni dans les trois règles de foi rédigées par Tertullien, De ginibus velandis, c. I, P. L., t. ii, col. 889 ; Adv. l’raxeam, c. ii, ibid., col. 156-157 ; De præscriptionibus, c. iixi ibid., col. 26 ; ni dans celle d’Origène. Ih-.l àpyûv, 1. I, Prologus, n. 4-10, P. G., t. xi, col. 117121. Il n’y en a pas trace davantage dans les esqmou projets de symboles des Constitutions apostoliques, I. VI, c. xi-xiv, P. G., t. i, col. 935-917 ; de No va tien, De Triuilate, c. i. vin. xxx. P. L., t. iii, col. 886, 898, 946 ; de saint Cyprien, Epis t., i.xxvi, P. L., t. ni. col. 1143 ; t. iv, col. ili ; Epist., lxx, t. iv, col. 408 ; ou de Victorin, Schol. in Apoc, xi. 1, P. L., t. v, col. 334. Même au iv siècle, nous ne remarquons la descente aux enfers, ni dans le symbole du concile de Nicée (325), Denzinger, Enchiridion, n. 17 ; I0e édit., n.54 ; ni dans celui du concile de Constantinople (381) ; Denzinger, n. 47 ; 10e édit., n. 86 ; ni dans celui de l’£glisi de Jérusalem, tel qu’il résulte des Catéchèses de saint Cyrille de Jérusalem. Denzinger, n. 13,)(>.’dit., n. 9Voir la fin de la Catéchèse v. P. G., t. xxxin. col. 514sq. : et les titres des Catéchèses xui et xiv : SrauptoOÉvra xa « xxzi-i-y. : « ai àvaTTï’/ra iL vsxptôv. Ibid., col. 771. 826. c) La première mention authentique de la descente aux enfers dans le symbole catholique est île la fin du iv’siècle. Elle vient de Rufin. qui rapporte le symbole baptismal de son Eglise d’Aquilée. Nous y lisons : Crucifixus sub Pontio Pilato et sepultus. DES( i : mr ID INI ERNA. Tertia die resurre.rit. Comment, insymbol., n. 14, Denzinger, Enchiridion, n. 3. Rufin prend soin de remarquer que cet article ne se rencontre pas dans le symbole romain ; Sciendum sane est quod in Ecclesise romanse symbolo non habetur,