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DESCENTE DE JESUS AUX ENFERS

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<x> Theodosium, n. 22, P. G., t. r.xxvi, col. 1163; In Joannis Evangelium, 1. XI, c. n, P. G., t. i.xxiv, col. 456 : TpnQjJLepoç fàp àveëta, v.r,p-JEa; xat to?; êv

'jr/., 7TV£-J;j.a'7t... Kal toi; r ( ÔT| xaTOt^ofilvot;, xal iv

roi; Tr,; àoÛT'70'J p.'J/oï; y.aOr p.Evot; âv uzotoi... Sia/.^p-jïat T7)v ayinn ; saint Ililaire, 7w ps. cxviil, sur le verset Defecerunt oculi met, P. L., t. ix, col. 572-573; l'Am- brosiasler, In Epist. ad Rontanos, c. x, P. L., t. xvn, col. 143; Hufin, Cnnimentarius in sijmbol, apostol., n. 18 sq., P. L., t. xxi. col. 356 sq.

2. Au v° siècle, saint Augustin change la situation. Son ami Evode lui demande un jour : « .Tuels sont les esprits dont Pierre dit que le Christ est venu dans l'enfer les évangéliser tous et les délivrer, si hien quei •de la résurrection du Seigneur à l'heure du jugement, l'enfer est et demeurera vide. » Epist., CLXIII, P. L., t. xxxni, col. 708. Le grand docteur fut hien embar- rassé et ne trouva pas moyen d'éluder les difficultés entrevues par Évode et par lui, en continuant d'appli- quer notre texte à la descente aux enfers. Ce n'est pas que saint Augustin ne professât fermement la vérité de ce fait et de ce dogme, loin de là; mais il avança, hien qu'avec une certaine hésitation, que saint Pierre n'en parle aucunement en son Épitre. Pour lui, ce n'est pis après sa mort,» mais avant son incarnation, au temps du déluge; ce n'est pas en son âme humaine, mais avec sa seule divinité' el par des inspirations inté- rieures, que le Christ a porté l'Evangile aux esprits emprisonnés; ou bien même ce n'est pas personnelle- ment et directement, mais d'une manière indirecte, n la personne et par le ministère de Noé, qu'il a

rempli cette mission. Quant à la prison, il faut la prendre au li^uré, pour les ténèbres de l'incrédulité qui enveloppaient les contemporains de Noé. Nous le verrons, cette explication s'écarte de l'interprétation autrefois el aujourd'hui universellement reçue dans l'Eglise, lie plus, elle s'écarte du texte lui-même. Sans parler du reste, rappelons que saint Pierre, très expressément, relie d'intime façon la prédication aux esprits et la mort de Jésus. Or l'explication augusli- nienne, au contraire, interpose une longue série de siècles, tout le temps de N'oé ;'i Jésus-Christ, entre [a même prédication el la mort du ur. Epist.,

clxiv, mi Evodium, n. 12, 13, 16, 21. /'. /.., t. .m. col. 71 i. 715. 7is.

Par une conséquence logique qui ne saurait éton- ner, saint Augustin veut aussi prendre, dans un sens figuré '-i .m moral, le mot et mortuù du second pat de l'Épltre de saint Pierre. Il s'agit la, dans sa pi n d'- homm >iit morts spirituellement, de cheui iculièremenl des païens. .Mais il y n encore une réelle violi au teste. Car, a la fin du . 5, gui paratus est judicare vivos et mor- te mut e^t pris dans son sens propre; et rien n'autorise,-, penser qu'il > ail dans h - liions

d une même ligne, dont la premi< re explique I onde, deux ai ci ptions ditTén ntes du i te i

3. L'Orient ne suivit pas sainl luguslin. Ni Jobius, dan Photius, BU lit < n . 38, /'. G., t. cm, col. 80i, i.

'• HI, e. xxix, /'. G ,t. xci . col. 1101, ni CEcumi nias, '" I Pelri, m. l'.t. /•. c,.. t. , ux , col. 567, m l phylacte, In l Pétri, m, 19, /•. G., i. cxxv.col. 1232,

n'uni •-■ ssé de r irir .m c. m d.' la I" Épitre de

ni la qui lieu il. la desi .nie .m ! - m. nu l'influence de -.uni . lin .i

mentaire bientôt unanimement Sccepté el propa i

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m nu dans l.i chair e,, ni , -,u

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ni nu rédu liarm llement. /e / ■,,, |Q ( /

t. xcm, col. 58 sq. Walafrid Strahon recueillit dans sa Glose, au IX e siècle, cette interprétation. P. L., t. exiv, col. 686. Le mot se trouvait ainsi donné par ceux qui furent le plus écoutés dans le monde latin du moyen âge.

Aussi les théologiens scolastiques, quand il s'agit de démontrer ou d'expliqner la descente aux enfers, pas- sent complètement sous silence le célèbre texte de l'apôtre. Saint Thomas indique la raison de cette atti- tude : Ad terlium dicendum quod illud, quod ibi dicit Petrus, a quibusdam refertur ad descensum Ckristi ad inferos, sic exponentes verbum illud : Ilis qui in carcere inclusi eranl, id est inferno, spiritu, id est secundum animant, Chris tus reniais prsedica- vit, qui increduli fuerant aliquando. Un de et Da- mascenus dicit in III libro, c. xix, qnnd sicut his </ui in terra surit evangelizavit, ila et his qui in inferno. Non quidem ut incrédules ad (idem conver- lerel, sed ut eorum infidelitatem confutarel. Quia ipsa prsedicalio nihil aliud intelliqi potesl quant ma- uifeslatio divinilalis ejus, quse 'manifestant est in infernalibus per virtuosum descensum Christi ad inferos. Auguslinus lamen melius exponit in Epist. ad Evodium ut referatur non ad descensum Christi ail inferos, sed ad operationem divinitatis ejus, quant exercuit a principio mundi. Cl *it sensus, quod lus qui in carcere conclusi erant viventes, scilicet in cor- pore morlali [quod est quasi quidam carcer anima'), spiritu suœ divinitatis veniens prsedicavit per inter- nas inspirationes, et eliam exteriores admonitiones pérora juslorunt; liis, inquam, prsedicavit , qui in- creduli fuerant aliquando, Noe scilicet prœdicanti, quando expectabanl Uei palientiam, per quant diffe- rebalur ptena diluvii; unde subdit : In diebus Sue, dum fabricarelur arca, etc. Sum. theol., lll a , q. LU, a. 2, ad 3"'". Cette leçon de l'angélique docteur fut retenue, comme un mot d'ordre, par les sententiaires ou les sommistes, jusqu'au XVI e siècle.

L'on s'est demandé s'il n'y eut pas une raison spé- ciale pour imposer ou conseiller celte prétermission du texte de saint Pierre. Nous verrons que les Pères se sont représenté l'œuvre de Jésus aux enfers, les uns comme une évangélisation, les autres comme une délivrance ou une victoire. Puisque l'apôtre parle de prédication aux morts, les partisans de l'évangélisation s'appuyaient volontiers sur lui, tandis qu'au contraire liants de la délivrance l'auraient, à Cause de leur théorie, laissé' dans un ouhli voulu, .le ne sais si un pareil calcul a été fait par les théologiens en cuise : les documents semblent faire défaut pour l'établir. Peut 'lie est il plus simple el plus vrai tout ensemble d'attribuer l'attitude des scolastiques Bur ce point à un courant d'interprétation déterminé par l'autorité si particulière de saint Augustin.

i. Quand les protestants rejetèrent en bloc et bruyamment toutes les démonstrations bibliques de la visite aux enfers, les thé' catholiques durent

fortifier leurs positii " [dus ap]

fondi et une critique plus serrée des textes. Ainsi furenl ils amenés ■< constater que -.uni Augustin abandonné un argument présenté, pendant quatre sied. 's. par l'ensemble des écrivains ecclésiastiques. Ausm les théologiens de ],i réforme ne manquaient pas In belle occasion de s'. il. nier, .i ce propos, sous le pa- ',.1 doeti ur africain. Bellarmin rétablit la pn uvi tirée du e. m. lequel, dit-il. a toujour 'i' i ' puté poui qui

(locus) tenipei imtu hal Diap. 'le

controv. chrUlianœ fidei, De Christo, I- 1. c. xm,

tdt, 1599, r 379 il démontra, dan- une dl ■ mou précise el très détaillée, que l'interprétation •"• tinienne s'oppo imme

mie logique di