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DEVOTI — DÉVOTION

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Le plus renommé et le plus répandu de ses ouvrages

est celui qui a pour titre : lnslilulionum canonicarum libri quatuor, î in-8°, Rome, 1785, très souvent réédita depuis avec de nombreuses additions de l’auteur, non « seulement en Italie, mais en Espagne et en Allemagne : Rome, 1814 ; Rologne, 1818 ; Gand, 1816, 1822, 1830 ; Venise, 1827, 1834, 1836, 1838, 1852 ; Liège, 1860, etc. Ces lnsliluliones se distinguent par la limpidité du style, par la sûreté de la méthode et la clarté de l’exposition, comme aussi par des notes historiques très appréciées. Devoti s’était proposé de combattre surtout les erreurs d’Eyhel, qui, pendant la dernière moitié du xviiie siècle, avait fait tant de mal en Allemagne, par ses écrits en faveur du joséphisme, condamnés par l’Index, le 6 décembre 1781. Cf. Schulte, Die Geschichte der Qucllen und Lileratur des canon. Redits, Stuttgart, 1875-1880, t. iii, p. 528 sq. ; Hurter, Nomenclator, t. iii, col. 680 sq. L’ouvrage de Devoti parut si décisif pour la défense des doctrines orthodoxes, que le roi d’Espagne ordonna, en 1817, qu’on ne se servirait désormais, à l’université royale d’Alcala, que de ses Instilutiones pour l’enseignement du droit canonique, à l’exclusion de celles de Cavallari, dont on avait usé jusqu’alors, et qui venaient d’être mises à l’Index avec toutes les œuvres de cet auteur, par le décret du 27 janvier 1817, parce qu’il y professait, entre autres erreurs, la supériorité du concile sur le pape. Cf. Hurter, Nomenclator, t. iii, col. 443. Vu leur mérite, les Instilutiones de Devoti furent également adoptées par l’université de Louvain et par le séminaire Saint-Sulpice, de Paris.

On a prétendu que les notes historiques si pleines d’érudition, insérées presque à toutes les pages des Institutiones, ne furent pas l’œuvre de Devoti, mais celle de l’un de ses plus illustres élèves, le jeune François-Xavier Castiglione, plus tard cardinal et pape sous le nom de Pie VIII. Cette opinion fut répandue dans le public par divers auteurs. Moroni, Dizionariu di erudizione slorico-ecclesiaslica, 109 in-8°, Venise, 1840-1879, t. lui, p. 172 sq. Michaud s’est fait l’écho de ce bruit. Biographie universelle, v° Pie VIll, t. xxxiii, p. 232. Mais un simple rapprochement de dates montre combien peu cette opinion est fondée. Ces notes, en effet, se trouvent déjà dans la l’e édition des Institutiones, en 1785, et Devoti les revendique comme étant de lui : Reliquum est ut aliqind dicam de notis, quibus Instilutiones lias meas illuslrandas curavi. Præfatio, p. vil. Professeur depuis une vingtaine d’années, en possession des fruits de nombreuses recherches, et dans le plein épanouissement de son talent, Devoti pouvait écrire ces notes remarquables ; mais comment les supposer l’œuvre d’un jeune homme de vingt-quatre ans à peine, car Pie VIII était né en 1761 ? Comment admettre que, pour la partie la plus difficile de son ouvrage, le professeur si apprécié ait dû recourir à la collaboration d’un de ses élèves encore inconnu, se soit approprié son travail, et, sans aucune indication qui pût faire soupçonner le contraire, l’ait présenté au public, comme son œuvre à lui ? Cette opinion est considérée comme une fable par les critiques plus mordernes, tels que Nilles, Acl. theol. Œnip., t. î, p. 282 ; Wernz, Jus Decrelalium, part. III, tit. xvi, Historia lilteraria juris ecclesiaslici a concilio Tridenlino usi/ue ad Leonem Xlll, S 2, n. 319, 5 in-4 », Rome, 1898-1907, t. î, p. 401.

Les autres ouvrages de Devoti sont : 1° De notissimis injure legibus libri duo, dont la 6e édition fut publiée à Rome en 1830. Cette œuvre est aussi estimée pour la pureté du styl< ; que pour l’importance du sujet. 2° Juris canonici universi publia et privati libri quinque. Dans la pensée de son auteur, ce dernier ouvrage devait avoir de vastes proportions ; mais l’Age et les infirmités l’empêchèrent de le terminer, quoiqu’il y

eût travaille pendant longtemps. Les trois premiers volumes seulement ont pain, et ils n embrassent que les deux premiers livres des Décrétales, 3 in-4°, Rome. 1803-1815, 1837.

Micliaud, liiouraphie universelle, t. x, p. 591 sq.. t. xxxiii, p. 232 : Moroni, Dizionario di erudizione storico-ecclesiastica, 109 in-8-, Venise, 1810-1879, t. Lin, p. 172 sq. ; Scbulte, Die Ge8chichte der Quellen und Literatur des canon. Rechls, Stuttgart, 1875-1880, t. iii, p. 528 sq. ; Hurter, Nomenclator, t. ni. col. 077 : Wernz, Jus Dccretulium, part. III, tit. XVI, $ 2, n. 319, 5 in-4°, Rome, 1898-1907, t. î, p. 401 sq. ; h’irchenlexikon, t. iii, col. 1650-1 051.

T. Ortolan.

DÉVOTION. — I— Nature. II. Relalions avec la perfection. III..Moyens principaux d’acquérir, de conserver et de développer la dévotion.

I. Nature.

L Définition. — Au strict sens théologique, c’est l’acte de la volonté se donnant avec ferveur au service divin. — 1° L’objet vers lequel se porte la dévotion est l’objet même de la vertu de religion, ou le culte divin intérieur et extérieur dans lequel est également compris le culte religieux rendu aux saints comme serviteurs et amis de Dieu. Appartiennent encore à cet objet toutes les pratiques extérieures du culte et leurs objets sensibles ; car notre nature ne peut s’accommoder d’un culte purement spirituel et l’Église impose à tous ses fidèles quelque culte extérieur. Voir Culte en général, t. iii, col. 2410-2411.

2° Par la dévotion la volonté se porte avec ferveur vers le culte divin. — 1. Cette ferveur consiste premièrement et principalement dans la ferme détermination de la volonté de rester fidèlement dévoué au service de Dieu, même malgré la douloureuse et fréquente étreinte des désolations et épreuves spirituelles. Cette ferveur de la volonté, appelée aussi dévotion substantielle, est tout à la fois le fondement assuré sur lequel repose toute la pratique de la dévotion et la cause de tout son mérite devant Dieu. Sans elle, la dévotion purement sensible n’a plus ni consistance ni utilité vraie. Avec elle, l’âme reste tranquillement inébranlable au service de Dieu malgré les fluctuations des impressions sensibles. Même dans l’aride désolation des purifications passives et en l’absence de toute consolation, comme cela arrive surtout aux âmes fortes que Dieu purifie d’une manière plus intense et plus rapide, la dévotion substantielle continue à mouvoir et à soutenir l’âme dans ses pratiques habituelles. Ajoutons toutefois que cette dévotion, grâce à l’ardente charité qu’elle suppose, cause toujours à l’âme quelque joie ou délectation spirituelle que ne peuvent empêcher les plus dures épreuves de la partie sensible. Schram, T/ieologia mystica, %> édit., Paris, 1848, t. î, p. 146. — 2. A cette dévotion substantielle de la volonté peut se joindre fréquemment la dévotion accidentelle consistant dans une abondante joie spirituelle causée à l’intelligence et à la volonté par la considération ou contemplation de l’infinie perfection ardemment aimée. S. Thomas. Sum. theol., II » 11"=, q. lxxxii, a. 4 ; q. ci.xxx. a. 7, ou même dans la délectation sensible qui souvent résulte de nos fortes affections ou émotions spirituelles. Ces eifets sensibles de la joie spirituelle peuvent aller jusqu’aux larmes, lbid., q. LXXXII, a. 4, ad 3um. Par le contentement qu’elle répand dans l’âme et l’attrait qu’elle donne pour les choses célestes, la dévotion accidentelle surtout affective est un puissant stimulant d’activité spirituelle et de vertu solide, à condition d’être constamment accompagnée d’une humble défiance de soi-même et de faire tendre efficacement à la vertu solide et à la vraie perfection.

3° Cette ferveur de la dévotion suppose dans la volonté la charité, la religion et la piété, et dans l’intelligence une foi suffisamment éclairée et agissante. — 1. C’est la charité envers Dieu qui est la source première et principale d’où jaillit et où s’alimente sans