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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.djvu/38

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DAMIEN — DAMODOS

et s’engagent par serment à ne pas recommencer ; puis des pénitences leur sont imposées, à l’expiration desquelles tous les clercs eruditi et casti purent reprendre l’exercice de leur ordre. Reste à faire ratifier sa sentence ; là était le point délicat, car il n’ignorait pas qu’elle ne pouvait avoir l’agrément général de la curie, surtout celui du cardinal Humbert qui, d’un avis tout opposé au sien, s’était déjà prononcé, dans son Adversus simoniacos, pour la nullité des ordinations faites par des hérétiques, et les simoniaques étaient des hérétiques à ses yeux, et aussi celui d’Hildebrand ; aussi s’exprime-t-il en ces termes : Ultrum ego in reconciliations illorum erraverim, nescio… Apostolica tamen sedes hæc apud se retractanda discutiat : et utrum puncto an lima digna sint, ex auctoritatis suae censura decernat. Cf. Baronius, Annales, an. 1059, n. 60.

De fait, au concile de Rome tenu cette même année 1059, Nicolas II se montre bien plus sévère que son légal : il décide la déposition des simoniaci simoniace ordinati vel ordinalores, et des simoniaci simoniace a non simoniacis ordinati ; quant à ceux qui avaient été ordonnés gratuitement par des évêques qu’ils savaient simoniaques, le pape les admet, par indulgence, à l’exercice de leurs ordres, mais il entend qu’ils soient déposés ainsi que ceux qui les auront ordonnés. Hardouin, Ad. concil., t. vi a, col. 1063 ; Baronius, Annales, an. 1059, n. 33-34 Cette sentence était loin de l’indulgence préconisée par Pierre Damien dans son Gratissimus ; en conséquence il dut ajouter à son opuscule un post-scriptum pour faire connaître la décision nouvelle ; en se soumettant humblement, il conserve l’espoir qu’on réviserait un jour la sentence pontificale. Du moins, il se trouvait avoir gain de cause sur deux points, puisque les ordres reçus d’un évêque qu’on ne sait pas être simoniaque et les ordres reçus gratuitement d’un simoniaque connu pour tel étaient acceptés.

Quelle idée se faisait-on donc des ordinations non acceptées et des sacrements conférés par des ministres ainsi rejetés ? Pierre Damien nous l’apprend dans sa lettre aux Florentins, qui forme l’opusc, xxx, De sacramentis per improbos administratis, P. L., t. cxlv. col. 523-530, où il rappelle sa doctrine du Gratissimus sur la validité des sacrements confères par des ministres indignes ainsi que les décisions prises par Nicolas II contre les simoniaques. D’après décisions, quiconque désormais reçoit l’ordination d’un simoniaque ne peut en profiter et doit déposer le droit d’administrer tout comme s’il ne tarait pas Il pour ce motif, ajoute-t-il, maintenant non seulement nous réprouvons les simoniaques, mais encore nous méprisons les sacrements conférés par eux. Qu’est-ce à dire ? D’un côté, il reproche aux Florentins de refuser les sacrements de ministres ordonnés par des simoniaques, et, d’autre part, il les méprise lui même. Dans le premier cas, il s’agit des simoniaques ordonnés avant le décret de Nicolas ; dans le second, des simoniaques ordonnés après ce même décret. Ce faisant, il se conforme à la décision récente du pape Nicolas, mais il n’abandonne pas pour autant son principe de la validité des sacrements quelle que Mil la dignité morale de celui qui les confère. Sur ce dernier point, cf. Saltet, Les réordinations, Paris. 1907, p. 173-204.

Œuvres de saint Pierre Damien dans P. L., t. cxliv-cxlv ; avec quatre vies du saint, t. cxliv, col. 113-180 ; Baronius, Annales, an. 1049 sq. ; Henschenius, Act. sanct., t. iii februarii, p. 412-433 ; d’Achery, Spicilegium, 1666, t. vii, præf. ; Ceillier, Hist. génér. des auteurs sacrés, Paris, 1863, t. xiii, p. 296-324 ; Mai, Scriptorum veterum nova collectio, t. vi ; Grandi, De S. Petri Damiani et Avellinatarum instituto camaldulenai, dans ses Dissert. camald., 1707, t. iv, p. 1-138 ; Laderchi, Vita S. Petri Damiani, 3 in-4o Rome, 1702 ; Miserocchi, Vita di S. Pier Damiano, Venise, 1728 ; Mittarelli et Cortadoni, Annales camaldulenses, Venise, 1756, t. ii ; Vogel, Peter Darnianus (ein Vortrag), Iéna, 1856 ; Capecelatro, Storia di S. Pier Damiano e del suo tempo, Florence, 1862 ; Felir, Petrus Damiani, Vienne, 1868 ; Neukirch, Das Leben der P. Damiani, Gœttingue, 1875 ; Wambera, Der ht. Petrus Damiami… sein Leben und Wirken, Breslau, 1875 ; Guerrier, De Petro Damiano, Orléans, 1881 ; Kleinermann, Der hl. Petrus Damiani, Steyl, 1882 ; Rotli, Der M. P. Damiani, dans Studien und Mitlheil. aus dem Benedictiner und dem Cistercienser-Orden, Wurzbourg, 1886 ; Brunn, 1887, t. vii, viii ; Fetzer, Voruntersuchungen zu einer Geschichte des Pontificats Alexanders II, Strasbourg, 1887, p. 37-71 ; Pfülf, Damiani Zwift mit Hildebrand, dans Stimmen aus Maria-Laach, Fribourg-en-Brisgau, 1891, t. xli ; Langen, Geschichte der römischen Kirche von Nikolaus I bis Gregor VII, Bonn, 1892 ; Lauzoni, S. Pier Damiano e Fænza, Fænza, 1898 ; Fioglietti, S. Petro Damiano, Turin, 1899 ; dom Biron, S. Pierre Damien, Paris, 1908. Pour la bibliographie : Brunet, Manuel, t. ii, p. 481 ; U. Chevalier, Répertoire. Bio-bibliographie, 2e édit., t. il, col. 3708-3710 ; Kirchenlexikon, t. ix, col. 1908 ; Realencyclopädie, t. iv, p. 431-432.

G. Bareille.

DAMILAS ou DAMYLAS Nil, polémiste grec qu’il ne faut pas confondre avec Nil, métropolitain de Rhodes, comme l’a fait Oudin, Comment. de scriptor. eccles., t. iii, p. 1137. Notre Nil appartenait à la famille crétoise dont un membre, Démétrius, devait en 1476 publier à Milan le premier livre grec, la Grammaire de Lascaris. Moine et confesseur au monastère des Carcasina ou Carbasia à Hierapetra, il fonda à Baeonaea un couvent de femmes pour lequel il rédigea un typicon (règle), resté inédit dans le Cod. Paris. 1295, fol. 108. Son testament, daté du 22 avril 1417, a été publié par E. Legrand, Revue des études grecques, t. iv, p. 178-181, et par Sp. P. Lambros, Byzantinische Zeitschirift, t. iv, p. 585-587, d’après le Cod. Barocc. 59, fol. 226 vo. Enfin l’évêque Arsène, mort auxiliaire de Novgorod, a édité, avec traduction russe, un traité de Nil Damilas sur la procession du Saint-Esprit, composé en réponse à une lettre au moine Maxime, Grec converti au catholicisme. Nila Damiliotvėt grekolatinjaninu monahu Maksimu, Novgorod, 1895. L’édition a été faite d’après le Cod. Mosq., biblioth. synod. 207, sans tenir compte des Cod. Paris. 1286, fol. 212, et 1295, fol. 60 vo, qui contiennent aussi cet ouvrage. Elle a été reproduite telle quelle dans lang, Constantinople, 1895, t. xv, p. 382 sq. A. C. Demetrakopoulos, Ὀρθόδοξος Ἑλλάς, p. 88, dans sa notice sur Nil Damilas, fait à tort des différentes parties du traité autant d’ouvrages différents.

S. Pétridès.

DAMNATION. Voir Dam, col. 6-25.

DAMODOS Vincent, philosophe et théologien grec du XVIIIe siècle. Né à Khavriata dans l’île de Céphalonie. vers 1679, il fut élevé au Flanginion de Venise et prit son doctorat en droit à Padoue. Il revint dans son pays comme avocat, mais bientôt, dégoûté du métier, il ouvrit dans son village natal une école qui jouit d’une grande réputation ; parmi ses disciples une tradition range le fameux Eugène Boulgaris. Damodos est le premier Grec qui enseigna les théories de la philosophie moderne ; de plus, il se servit du grec moderne comme langue d’enseignement. Il mourut en 1752. De trois ouvrages imprimés après sa mort, un seul nous intéresse Ἐπίτομος λογικὴ κατ’Ἀριστοτέλην, v, Venise, 1759 ; les deux autres sont des traités de rhétorique. On signale en manuscrit une logique plus développée, une métaphysique et une physiologie, surtout un traité de théologie intitulé : Θεία καὶ ἱερὰ διδασκαλία ἤτοι ὀρθόδοξος δογματικὴ θεολογία. Cet ouvrage est conservé dans la bibliothèque de l’école grecque de Vienne ; il comprend cinq volumes d’après le titre, composé en 1730, approuvé par le saint synode de Constantinople, il fut remis à Démétrius Chrysanthopoulos pour être impri-