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DIEU (CONNAISSANCE NATURELLE DE ;

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Aussi Pascal se proposait-il d'écrire contre ceux qui tiennent que l’existence de Dieu est manifeste, que nous en avons une connaissance spontanée et naturelle. Fragment 242. Il ne s’agit pas ici de Descartes, pour lequel Pascal est d’ailleurs très dur, fragments 76 sq. ; ni précisément de ceux qui comme Grotius commencent leur apologétique par les preuves en forme de l’existence de Dieu, fragments 243, 556 ; mais bien des théologiens, qui prenaient pour base de leur apologétique le lait de la connaissance spontanée et certaine de Dieu, considérant, comme le fait encore un des meilleurs théologiens du XIXe siècle, Scheeben, La dogmatique, trad. Bélet, t. ii, n. 29, que dans l’espèce « les preuves scientifiquement développées, bien loin de donner à l’homme la première certitude de l’existence de Dieu, ne font qu'éclaircir ou consolider celle qui existe déjà. » Le P. Colon, dans un entretien laissé dans ses manuscrits et publié plus tard (en 1683, d’après Sommervogel) par le P. Boutauld, Le théologien dans les conversations, i eilit., Avignon. 1853, avait employé cette méthode. Interrogé' par un athée sur les preuves de l’existence de Dieu, le théologien de f'.oton refuse d’abord de « parler de la nécessité' de l’Etre absolu, de la non-implicance en sa définition, de V impossibilité des causes infinies en nombre, de tous les autres arguments inventés par la logique artificielle des académies, « p. 40. Il y vient plus tard ; mais il débute par une sorte de démonstration ad oculos : Voyez et regardez le soleil et le> astres et vous sentirez naître la science de Dieu, avec un instinct qui vous portera à l’honorer. Cf. Illingworlh. Th mmanence, Londres, 1904 ; au c. n. The religious influence of the material wo ld, p. i : i- - 27, l’auteur a rassemblé de curieuses citations sur ce sujet. C’est à celle méthode des théologiens que s’en prend Pascal au fragment 242. Les rencontres verbales avec le texte de Colon sont d’ailleurs remarquables. Coton et Pascal discutent à peu prés les mêmes difficultés des athées, bien qu’ils les résolvent très différemment. « Leur argi >nl principal, dil Eugène le théologien de Coton, ù propos des anciens docteurs, quand ils ont voulu convaincre les infidèles, a toujours été de leur montrer le firmament et les astres, et les autres parties de l’univers. Je vous les montre, Messieurs, et je vous dis : Regardez. Eugène s'étant arrêté après avoir prononcé' cea il"u paroles, Léonce [l’athée du diali i -lit de continuer et de rapporter les raisons et les preuves que les anciens avaient formées là113. Quand j’ai dit : Regardez, repartit Eugène, j’ai lit tout cique je dois dire ; car la maxime de ces preniiei i l’avis qu’ils m’ont donné', est que, ap porter des raisons à ceux qui, après avoir regardé le monde, ne savent pas encore qu’ils ont un Dieu, c’est apporter le flambeau pour montrer le soleil à ceux qui ne le voient pas en plein midi, p. 18. C’est ruiner toute l’apologétique de Pascal, dont la base est que depuis la corruption de notre nature, Dieu nous a I. lisses dans un aveuglement « dont nous ne pouvons ir que pai la foi i fin tii nne. lussi Pascal écrit-il de ci - l qui n’ont pas la grâce de la foi Dire à i ux-là qu’ils n’ont qu'à voir la moindre

! qui les environnent et qu’ils verront Dieu à

overt, "i leur donner pour toute preuve de ce nd et important sujet le cours de la lune i i, i 'm i' l I leur donm r sujet de it les preuvi ide notre religion sont bien faibles, i l la i omparaisondu joui en plein midi, Pascal alli,

de i i i niui. et ajoute r., - r n’est

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plein midi. On d< dil point que ceui qui i herchent le " plein midi ou de i eau à la mer, en trouveront

et ainsi il faut bien que l'évid de Dieu ne Mil pas

telle dan, ., , , i i ; i. i., i, , _, , , , „i 244

jetle quelque lumière sur ce dernier passage : « Ne dites-vous pas vous-même que le ciel et les oiseaux prouvent Dieu ? demande l’athée à Pascal. — Non. — Et votre religion ne le dit-elle pas ? — Non [au contrairej. Car encore que cela est vrai en un sens pour quelques âmes à qui Dieu donne cette lumière, néanmoins cela est faux à l'égard de la plupart. » Ceux qui ont la foi vive voient, les autres sont aveuglés. Pascal se souvient-il de la phrase de Calvin sur les païens : S’ils ont eu quelques éclairs de la vérité, c'était pour les mieux perdre ? La doctrine catholique est que Dieu, après la chute, nous a laissé la raison, l’usage de la raison, la puissance physique de le connaître, afin de nous sauver, si profitant de ses bienfaits nous ne manquons pas à notre devoir : facienli quod in se est, Veus non denegat gratiam, cela est vrai de tous.

Lnfin, que savons-nous de la nature intrinsèque de Dieu, même lorsque nous croyons en lui ? Nominaliste comme Locke, Pascal est agnostique comme lui. Il s’applique à montrer « qu’on peut bien connaître qu’il y a un Dieu sans savoir ce qu’il est. » Fragment 233, t. ii, p. 143. Des éditeurs modernes rapprochent de ce fragment plusieurs textes de Charron où il conclut à « l’ignorance consciencieuse ». Ces textes sont précisément ceux que le P. Garasse avait relevés et où il avait flairé « l’athéisme couvert » ; ce sont donc bs mêmes que Saint-Cyran, défenseur de Charron, avait jugés orthodoxes. Pascal et Saint-Cyran s’accordaient sur l’agnosticisme croyant : « Voilà ce que c’est que la foi : Dieu sensible au cœur, non à la raison, » parce que dans le système janséniste il n’y avait pas de foi sans amour. Fragment 278, t. il, p. 201, avec la noie très instructive. Cela est exact de la « foi parfaite » ; aussi les éditeurs de 1670 ajoutèrent-ils cette épithèle au texte original ; mais cela est faux de la foi tout court. Et, si on soutient cette erreur, le danger de mettre la foi dans le sentiment et de réduire l’objet de la foi au l’ait brut de l’existence de Dieu est difficile à éviter. Ce pas franchi, si vraiment « c’est le cœur qui sent Dieu, et non la raison o, et si ce sentiment est la foi, il est logique d'écrire : o Par la foi nous connaissons son existence ; par la gloire nous connaîtrons sa nature, > t. II, p. 144. Le sentiment, en effet, ne peut pas, en tant qu’opposé à la raison, nous renseigner sur la nature intrinsèque de Dieu. Mais la raison, d’après Pascal, . ne connaît ni l’existence ni la nature de Dieu, parce qu’il n’a ni étendue ni bornes. » lbid. Il reste donc que ni par la raison, ni par la loi, isolées, ou prises ensemble, nous ne pouvons porter un jugement sur la nature intrinsèque de Dieu : ce qui est l’agnosticisme croyant de Spencer, de Kant, de Mansel et des modernistes.


VIII. Le traditionalisme.

Le traditionalisme est la doctrine d’après laquelle une révélation primitive fut absolument nécessaire au genre humain, non seulement pour acquérir la connaissance des vérités de l’ordre surnaturel, mais bien pour acquérir la connaissance des vérités suprasi nsibles, c’est-a-dire des <. rites fondamentales de l’ordre métaphysique, moral et religieux ; les vérités dont il s’agit sont spécialement tence de Dieu, la spiritualité' et l’immortalité de l'âme et l i aie sii ictement obligie. Cette révélation nonest parvenue par la tradition, l’enseigni i i oral et social, d’une génération

à l’autre ; don le nom de trad.l loua hsiue. Celle doc trine admet donc dans Ile le une véritable Impuissance physique a pai enii soit i la i onnai à la certitude de l’existence de Dieu, indépendamment do la révélation. Celle-ci devient donc absolument lire. N..i i - a'…ndéjà lie onlré cet te Idée de |, , i lue il la révélation chez lei protestants et chez Pô mi |i - catholiqui i, >e lui une qui i i m le