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DIEU (CONNAISSANCE NATURELLE DE ;


tenir que le monde intellectuel est exactement semblable au monde réel. Dans cette hypothèse de Cajetan, la nécessité de la révélation ne subsiste que pour la multitude, mais non pas pour tous et chacun des individus ; pour lui, certains individus sont exempts de toute impuissance morale relativement à tout le vrai spéculatif d’ordre naturel.

Un des théologiens du concile proposa une rédaction où le texte de la Sagesse, allégué par Vasquez, se trouvait introduit. Acla, col. 1652, La commission refusa d’entrer dans cette voie. Durant les délibérations du concile, des amendements assez favorables à l’hypothèse de Cajetan furent proposés, Acla, col. 121, emend. 17, 18 ; mais ils furent rejetés. Acta, col. 135, 524, n. 10. Enfin, à la dernière discussion, un amendement mit sur le tapis l’hypothèse même de Cajetan. Acta, col. 225, emend. 56. L’auteur de cet amendement demandait qu’on omit le passage que nous étudions, celui où la révélation est déclarée n’avoir pas été absolument nécessaire pour remédier à l’impuissance morale de l’homme quant aux vérités religieuses d’ordre naturel. Il résulterait du texte proposé par la commis sion, disait-il, que dans l'état de nature pure l’homme pourrait sans aucun secours spécial pleinement se suffire à lui-même : ce qui suit de l’hypothèse de Cajetan ; or, faute de preuves théologiques, vous ne pouvez introduire rien de semblable dans un texte dogmatique ; et le saint-siège n’a jamais eu recours à cet argument (dont s'était servi Zigliara contre Ventura, Œuvres philosophiques, Lyon, 1880, t. r, p. 124, n. 97 ; p. 63, n.55, et passim) dans le cours du siècle pour condamner ceux qui ont le tort de déprimer trop les forces de la raison. La commission du concile examina cet amen nt et le rejeta, quia id a quo in allcra [emendatione] abhorretur, in textu non e.rprimitur. Le texte, en effet, n’entraîne en aucune façon que l’homme eût pu pleinement se suffire à lui-même dans l'état de nature pure : des secours naturels autres que la révélation pourraient, en effet, remédier naturellement à l’impuissance morale de l’homme en matière religieuse. Voir Vacant, t. i, n. 335. p. 350. Bien plus, le rapporteur donna en séance plénière la raison pour laquelle li' texte proposé et accepté ne permet pas de déduire rien qui favorise les thèses du progrès indéfini, de la perfection et indépendance naturelles absolues, qui sont le rempart du rationalisme. Nous ne disons pas. lit-il observer, que toutes les vérités naturelles sont accessibles à la raison. Non dicimus quod mimes verilales /<<" « I humanm rationi pervite. L’hypo thèse de Cajetan ne fut donc pas adoptée. Quant à celle

cot et de Vasquez, elle resta en l'étal : pi hypothesis il ! **, ulrum sint qusadam veritates natu , qupe homim pe / < non sint, hme hypothesis, quse est utic/ue niera hypothesis, per doclriuaui nostram non tangitur. Aria, col. 239. Mais par le fait seul que le concile s’abstenait de prendre parti, il suivait que, des trois sens logiquement possibles de la formule ut ab omnibus, le i iffirmail que le

dernier. Voici donc i sens du concile. Prenant pour

dm et définie qu’il j a dans les choses divin vértl naturel qui par elles-mêmes ne sont

la r.n son humaine, .1 1 ta, col. 238 affirme, quant à ces vérités, la nécessité mo. pour l’ensemble du genre humain impliqui i i tains indi vidu happent à cette néci Balte et que

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de la race humaine. Au sens du concile, cette impuissance morale, qui affecte précisément l’ensemble de notre espèce, signifie que, sans considérer les individus séparément, sans les distribuer en groupes favorisés ou non, l’ensemble des hommes se trouve, par rapport à l’exercice de la faculté que chacun d’eux a de connaître certaines vérités morales et religieuses, dans des conditions telles quV/i fait cet ensemble ne les connaît pas, sans le secours de la révélation extérieure, comme il convient à l’homme et à Dieu, c’est-à-dire expedite, firnia certitudine et nullo admixto errore.

Reste à conclure. Nous voulions montrer pourquoi il serait illégitime de déduire du texte qui traite de l’impuissance morale où l’homme actuel se trouve par rapport aux vérités d’ordre naturel, l’impuissance absolue et a fortiori l’impuissance physique. Le sophisme qui se glisserait dans cette inférence est évident, puisque nécessairement on passerait du sens collectif au sens distribué.

3° Le concile n’a pas défini que le pouvoir physique de connaître naturellement Dieu passe facilement à Vacte, mais cette doctrine est au moins proxima fidei, et le texte du concile est favorable à cette interprétation. — Que le concile n’ait rien défini sur ce sujet, la chose est certaine et suit de la position qu’il prit : « Nous affirmons le pouvoir, les principes, sans rien dire de Yexercice de ce pouvoir. » Il n’est donc point défini que tout individu peut et doit acquérir une connaissance certaine du vrai Dieu par suite du développement normal de sa nature intellectuelle. Mais, qu’il en soit ainsi, la chose n’est pas douteuse, parce que, dans l'Écriture, la connaissance certaine du vrai Dieu est présentée comme facile, plus facile que la science du monde, vider i, Sap., xiii, 5, 9, conspiciuntur, Rom., I, 20, de telle sorte que l’homme est responsable devant Dieu de ne pas la posséder ou de la renier. Les Pères ont souvent affirmé que, même chez les païens, il y a une connaissance élémentaire de Dieu qui est spontanée, congénitale, d’où conclut saint Cyprien après ïertullien : Summa delicti est, nolle agnoscere, quem ignorare non possis. De idol. vanit., n. 9, P. L., t. iv, col. 577. Cf. Tertullien, Apolog., c. xvii, P. L., t. i, col. 376. Que le texte du concile soit favorable à la doctrine traditionnelle, cela suit du principe général que les documents ecclésiastiques doivent se prendre au sens de la doctrine scripturaire et patristique ; dans le cas particulier, le concile fait appel au passage de saint Paul, Rom., i, 20, où sûrement il est question d’un pouvoir physique de connaître Dieu qui passe facilement a farte, Rom., i, 19 ; enfin, le grand soin qu’a pris le concile de bien distinguer, comme nous l’avons explique, l’objel de la connaissance pour lequel il admet une impuissance morale dans l’homme, est un indice certain que s’il Considérai) coin nie difficile la connaissance rapide, sûre et sans erreur de tout ce que nous pouvons connaître de Dieu par la manifestation de ses perfections dans ses o’iivres. il entendait que la simple connaissance de Dieu, qui suffit à commencer la vie morale et religieuse, est i la portée de

tous. Nous n’avons pas à discuter ici la question de la

possibilité de l’athéisme, voir athéisme, el Kilber, De /'.. e. i, dans Theologia Wireeburgetuii. mais ce que venons d’exposeï fera comprendre au lecteur pourquoi lis théologiens : a) refusent de suivi

qu’ils ne considèrent comme valable que la connaissance de Dieu qui explicitement saisit l’Absolu, l’inflniment parfait, etc. ; fr) ni prél ni pas aux systèmes apologétiques qui. sous le prétexte de jouer un vilain tour aux historien eom ti ni ou mettent en question i ment

uni'.. di I al i i

leur. C) i -' jettent aussi bien btle 01 II 'I api ' quelles la raison naturelle ne pourrait aboutir qu’au

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