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DIEU (CONNAISSANCE NATURELLE DE


trine scolastique de la raison avait été inclue dans le texte du Vatican, le P. Gratry comme le procédé « métalogique » des giinthériens seraient hérétiques. Pour d’autres auteurs, il est vrai, les théologiens discutent, par exemple pour Kuhn et aussi pour la Grammar of assent de Newman. Le fait de ces discussions montre à l'évidence que la doctrine scolastique de la raison n’est pas considérée par les théologiens comme nécessairement impliquée par la doctrine du concile. Si elle l'était, ni Kuhn, ni Newman ne feraient l’objet d’un doute, puisqu’il est certain que leurs théories de la connaissance ne sont pas celle de l'École.

c) Que le concile ait employé le mot raison dans le sens philosophique commun au xixe siècle à tous les théologiens et à tous les philosophes, sans en excepter ceux qui, positivistes, kantistes ou traditionalistes, niaient alors la valeur de la raison humaine, les Actes de l’assemblée nous l’apprennent ; l’histoire du concile et le texte volé nous le disent encore plus clairement. Dans un moment de vivacité, dont la sténographie nous a conservé la trace, le rapporteur, comme il arrive, dit, à ce sujet, toute sa pensée. Les amendements favorables au traditionalisme mitigé se multipliaient ; le rapporteur se lassait de répéter qu’on parlait, non de l’exercice, mais des principes de la raison. « Si, dans ce sens, ajouta-t-il, on ne peut pas employer l’expression de « lumière naturelle de l’homme », il faudrait biffer absolument tous les livres tant des théologiens scolastiques que de tous les autres. » Acla, col. 238. Le rejet des amendements fut acquis.

La position même des controverses que le concile avait en vue de terminer, amenait d’ailleurs l’assemblée à prendre le parti qu’elle prit en effet. Par raison, tous ceux que le concile visaient, entendaient précisément ce que les théologiens et les philosophes, qu’ils combattaient, signifiaient par le même mot, à savoir le pouvoir des idées ou concepts, des principes et des conclusions. C’est ce pouvoir dont les traditionalistes, les kantistes et les positivistes contestaient la valeur objective aux cartésiens, aux rationalistes comme Wegscheider et.luhs Simon, enfin aux théologiens catholiques. Or, comme pour niera un adversaire sa position, il est nécessaire de s’entendre avec lui sur cette position, on peut dire que les ennemis de la raison i atendaient ce mot comme ses défenseurs. Le concile, s’il eût pris le mol dans un sens différent, n’eût atteint ni les traditionalistes, ni les kantistes, ni les positivistes ; et dan agi - où il enseigne contre les rationalistes les limites de la raison et ses véritables rapports avec la révélation, il eût parlé une langue Inintelligible <>n objectera que le concile aurait pu définir sa terminologie et par là, sans parler la même langurque ci ux qu’il condamnait, les atteindre. On en convient ; mais il ne l’a pas fait, les Actes de l’assemblée en fonl roi, el si le où le mot raison b’j trouve employé dans le sens admis par les adversaires sont tns nombreux, nous n’avons pu en découvrir aucun où le concile ait produit une définition spéciale de la raison,

n plus, ce qui est dit de la raison dans le texte

oguement discuté de la constitution Dci Filius

confirme ci que l’histoire nous apprend. La raison y

' idéi ou i ipts, puisqu’elle est le

pouvoir de l’idée de Dieu, objel central du débat avec d ingi r M 1634. Elle eal le pouvoir des princi], iii<ini le vrai, propter

tant, objet que 1 n’atteinl pat de la même manière. Denzinger, o. 163 oir d’inférer et de déduit

elle peut, a) indépi adamment di la fol, atteindre certaines vérités ur Dl lare

dépendant au devoir « le la fol, Denzin n. 1618, 1688 ; li ta, col. 503

par le discours, à l’aide du raisonnement par analogie et par téléologie, à une certaine intelligence des mystères sans toutefois les épuiser, Denzinger, n. 1644 ; c) et enfin démontrer les fondements de la foi et cultiver la science des choses divines, ibid., n. 1658, 1646 ; tous actes qui ne vont pas sans le pouvoir de porter des jugements objectivement valables sur la nature intime des choses et de Dieu. Décidément, à défaut d’autre mérite, le Programma des modernistes italiens ne manque pas de clairvoyance, quand il reconnaît que l’idée de la raison, telle qu’elle est exprimée dans le concile, est incompatible avec les théories modernistes sur la connaissance philosophique, scientifique et religieuse. D’autre part, il nous paraît évident que le texte du concile exprime de la raison un concept qui ne se réduit pas au sens commun. C’est que le concile, qui n’avait pas de l’objet de la foi et de la philosophie qu’il implique, la notion exténuée des écrivains français que nous réfutons, ne pouvait pas concevoir comme eux le rôle de la raison.

Si maintenant l’on demande sur quel fondement scripturaire ou patristique le concile s’est appuyé pour parler de la raison dans le sens philosophique, bien que non systématique, que nous venons d’indiquer, la réponse est très simple. L'Écriture, soit dans des matières faciles à tous, soit dans des matières qui dépassent l’intelligence commune et vulgaire, est pleine de quia, enim, ergo, etc. ; or ces particules n’ont pas de sens sans l’idée de la raison que nous avons décrite Au début du xvii c siècle, quelques controversistes français imaginèrent d’acculer les protestants, qui prétendaient s’en tenir à la Bible seule, à l’absurde et au si lence, en leur refusant de raisonner d’aucune façon sur l'Écriture, sous le prétexte que l'Écriture ne donne nulle part les règles de la logique et « les formes de conséquence » ; par conséquent, disaient-ils aux protestants, en raisonnant même exclusivement avec des textes d'Écriture, vous allez contre votre premier principe sur la règle de foi, qui est la Bible seule. Cf. Chossat, Les jésuites et leurs œuvres à Avignon, Avignon, 1896, p. 20Ô. Cette chicane embarrassa peutêtre le premier huguenot auquel on la fit, mais l'Église n’approuva pas cette nouvelle apologétique, qui se plaçait en dehors du bon sens et aussi en dehors de la tradition. Les Pères ont raisonné beaucoup sur Dieu et sur les choses divines ; ils ont employé la raison pour pénétrer et pour exposer les « conséquences » que nous propose l'Écriture, par exemple, la métaphysique des attributs divins de la seconde partie d’Isaïe ; ils ont de plus tenu pour valables les conclusions aussi bien que les principes de ces conséquences. La réflexion philosophique chrétienne n’a pas eu de peine à tirer de ces faits la notion de raison, telle qu’elle est exprimée dans le concile du Vatican. Et, comme le disait le rapporteur, si l’on ne veut pas admettre celle notion, il faut fermer tous les livres anciens et modernes.

2. Bien que le concile, quand il parle de noire j voir de connaître Dieu naturellement, entende le. mot raison au sens philosophique indiqué, cependant il ne définit pas que oe pouvoir toit un pouvoir d’inférence, soit médiate, soit immédiate. — Ce point demande A être étudié afin d éviti rtouti ition dans

Usures, afin aussi de diminuer les équivoques

nombreuses auxquelles la position du eourilr. m. il

comprise, a donné lieu. Quelques uns, en effet, rai nl ainsi : Dans ou il s’agit de la

première connaissance de Dieu, le concile a entendu

le ' in on dani un len très lâche, puisqu’il n’a pas

voulu définir que la raison puisse démontrer, ou d pronvi r, l « de Dieu, n boi né I dire

qu’elle peut connaître Dieu avec certitude Donc le mol m sens le plu- 1 ulgaire ir être d’accor 1

avec le concile. Rappelons les faits, leurs raisons d