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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.djvu/522

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DIEU (SA NATURE D’APRÈS LES PÈRES

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blêmes apparaissent : Comment concevoir Dieu, ou comme un pur esprit, ou d’une façon plus ou moins anthropomorphique ? Comment concilier le dogme fondamental de l’unité divine avec la pluralité des personnes, affirmée parla foi chrétienne ? Avec les païens, le point capital est l’unité de Dieu, dans son opposition formelle à tout polythéisme, mais la spiritualité divine, entendue dans un sens large ou dans un sens rigoureux, par exclusion d’un corps charnel ou d’un corps quelconque, intervient nécessairement encore dans la discussion. Avec les gnostiques, la question principale est aussi l’unité divine, contredite par l’ingérence de dieux subalternes ou par la distinction dualiste d’un Dieu suprême et d’un démiurge. La grande énigme de l’origine du mal est à l’ordre du jour ; à côté ou par connexion, d’autres questions se posent, sur la connaissance de Dieu, sur la providence et sa conciliation avec le libre arbitre de la créature. La théodicée des Pères apologistes tourne autour de ces problèmes, mais en les dépassant ; car les défenseurs de la doctrine catholique ne se contentent pas de réfuter les notions fausses sur Dieu, ils opposent une notion positive. Ce faisant, s’ils n’oublient pas les Livres saints, surtout dans la controverse juive et gnostique, la plupart cependant se tiennent sur le terrain de la raison, de la philosophie. C’est là un caractère, non pas exclusif, mais dominant de la théodicée des Pères apologistes, prise dans son ensemble.

1. Apologistes grecs.

a) Aristide. — Dans l’Apologie qu’il présenta, vers l’an 140, à l’empereur Antonin, apologie publiée par.T. Rendel Marris, dans Texls and Studies, 2 « édit., Cambridge, 1893, 1. 1, n. 1 et 4, et par E. Hennecke, dans Texte und Untersucliungen zur Gescliic/ite der allchristliclten Litcratur, Leipzig, 1893, t. iv, fasc. 3, le philosophe athénien débute par une véritable déclaration de principes sur Dieu. La considération de l’ordre et de la beauté du monde lui a fait conclure à l’existence d’un être supérieur, qui meut les créa tares et qui, demeurant invisible, habite en elles. Personne ne peut comprendre parfaitement ce qu’il est, -v.o ; è’ttiv. Souverain Seigneur, il a tout créé pour l’homme. Il est incréé, sans commencement ni lin, immuable, parfait, tout-puissant, tout sage. Il n’a pas de nom ; il n’a ni figure, ni membres, ni sexe. Les cieux ne le contiennent pas, mais lui-même contient le ciel et tout ce qui est visible ou invisible. Far lui

Subsiste tOUt Ce qui suivis ! , ., M. |. Aristide passe eusuite en revue et crilique ce qu’ont pensé de Dieu les barbares, les Grecs, les Egyptiens, n. 212. Les juifs ont éjé bien mieux inspirés dans leur notion d’un Dieu unique, créateur de toutes choses, tout-puissant ei seul digne d’adoration, n. 14. Mais la croyance chrétienne est supérieure, n. 15.

6 Saint Tuttin marque mie étape importante ; il aborde la question en philosophe, platonicien d’éducation et d’attrait, mais chrétien’le ci oyance et, comme tel, dépassanl sciemment et volontairement la doctrine, ou ce qu’il prenait pour la doctrine, de Platon. Dans

le milieu du n siècle,

il oppose au reproche d’athéisme, formulé contre les

leur croxance i au Dieu lies r.u. père de

la justia. de la et autres vertus, sans mélange

de quoi que ce soil de mauvais, i a. 6, P. Cf., I ii

95. Dieu, dont la gloire et la forme sont inénar . n. 9, col 340 II n’a pas besoin d offrandes ma

les, lui qui, dans.< boni… lit à l’origine sut

i « "i ! lire’matière inforn hommes

ii. 10, |„j

i. 18, voir l’art, Cri iveraln naître de i ii muni ratent et engi ai.

dont I air i., , , , .,

n. 12, col. 345. Seul vrai Dieu, ô ovtu ; Œô ; , immuable, sempiternel, n. 13, col. 348 ; seul incréé, n. 14 ; cf. Dial. cum Tryph., 5, col. 348, 487 ; tout-puissant, impassible, n. 18, 25, col. 356, 366. Le problème du mal, sans être pleinement traité, est cependant abordé. Le mal moral est l’œuvre des hommes, qui ne viennent pas au monde les uns bons et les autres mauvais, mais doués du libre arbitre, don de Dieu leur permettant de mériter ou de démériter ; les maux physiques sont dus en grande partie aux démons, ennemis des hommes, surtout des bons, n. 28, 43. Cf. Il Apol., n. 7, col. 371, 394, 455.

Dans la IIe Apologie, Justin accentue l’affirmation de l’ineflabilité divine. Le Père de toutes choses n’a pas de nom, parce qu’il est sans origine ; l’imposition d’un nom suppose, en effet, un plus ancien qui le donne, n. 6, col. 454. Aussi l’apologiste associe-t-il en Dieu les deux idées, bsbv tov àyévvr|Tov xa £ppr, Tov, n. 12, col. 464. Les termes de Père, Dieu, créateur, Seigneur et maître, ne sont pas de vrais noms, mais des appellations tirées des bienfaits et des œuvres de celui qu’on désigne ainsi. En particulier, le terme Dieu ne répond qu’à la conception, implantée dans l’esprit humain, d’une chose inénarrable, 7tpây|i*T0î Sutre^y^Tou èV ?’J-o ; ri] z-jiz’. -iïri àv8piû7rwv ôôË3c, col. 453. D’ailleurs, Dieu s’est rendu témoignage par son Verbe ; car le Verbe divin s’est toujours communiqué aux hommes de quelque façon, n. 8 ; il est toujours présent dans le monde, 6 èv jt « vt ù’v, n. 10 ; mais la pleine communication n’a eu lieu qu’aux temps évangéliques, quand il s’est incarné, n. 13, col. 458 sq., 466.

Le Dialogue avec le juif Tryphon présente cette particularité que, dans le prologue, n. 1-8, saint Justin raconte un entretien qu’il eut avec un vieillard providentiellement rencontré, entretien qui décida de sa conversion au christianisme. Invité à dire ce qu’il pensait de Dieu, Justin le donna pour l’être qui reste toujours ce qu’il est, sans changer jamais, et qui en même temps confère anx autres l’existence, n.3. Il cita Platon concevant Dieu connue l’être même, cause suprême de tout ce qui tombe sous la perception intellectuelle, n’ayant ni couleur, ni figure, ni grandeur, ni rien de ce que l’œil atteint ; en un mot, l’être qui est au-dessus de toute essence, iïtsxeiva itiar.î ovafaCi inénarrable, inexplicable, seul beau et bon, qui se manifeste clairement à l’âme bien préparée et désireuse de le voir, n. 4, col. ISS sq. Le vieillard, sans entrer dans de longues discussions, rabattit aisément ces hautes prétentions : l’âme peut connaître l’existence de Dieu, 6ti ïoti 0 : o : , m. lis elle ne peut le voir, n. i. col. 188 ;

la philosophie ne donna pas elle-mê la science de

Dieu et des choses divines, il faut la demander : i ceUS

qui ont parlé sous l’influence >U Saint-Esprit, aux prophètes. <t surtout à Jésus-Christ, Fils de Dieu, n. 5-7. Le reste du dialogue porte principalement sur JésusChrist, considéré’comme distinct de Hou le l’ère et Dieu lui ml m< I apoli gl te reconnaît formellement le même Dieu que iii, h adversaire juif, n. ii, col. 197, mais il rejette la conception anthropomorphique qui, l’assimilant à un animal composé de parties, lui attribuait des pieds, des mains, des doigts et une.une. n. Mi. col. 7W ration du Verbe, qu’il admet,

est d’un tout autre ordre : Dieu le Péri engendre de lui même ion V r be, : rationm II riva

èc tauroQ XoyixV, v, non par une sorte de scission affectant i tance, mais par h vertu et sa volonté, diminution aucune de -.i part ; tel le Heu donnanl u feu, n. 61. 128, col. oi i, 775. Parmi les autres ouvrages souvent attribués a salai mais d’authenticité douteuse, la Cohortatio ", t (rentes, col —il sq., mérite d’être signalée pour la inéine qui’] trou v< di loppée et qui r.ut.m->-i le fond do i, col. 311 sq. I