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DIEU (SA NATURE D’APRÈS LES PÈRES

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lect. iv-vi, Origène ; S. Thomasius, Origenes. Ein Beytrag zur Dogmengeschiehte des dritten Jahrhunderts, Nuremberg, 183" ; F. B. (iass. De Deiindole et attributie Origenes guid doeærit, Breslau, 1888 ; E. R. Uedepenning, Origenes. Ki » * 1

Darstellung seines Lebens und seiner Lehre, Bonn. 1846, t. i, ]). 103 sq. (doctrine de Clément d’Alexandrie) ; t. ii p. 277 sq. (doctrine d’Origène) ; P. Vischer, Commentatiu de Origenis theologia et cosmologia, Halle, 1848 ; .1. Dartigue, Essai sur la théodicée d' Origène, Genève, 1*73 ; W. Falrweather, Origen and Greek Patristic Theology, c. vi, Edimbourg, 1901 ; N. Bonwetsch, Die Théologie des Methodius von Olympus, dans Abhandlungen der kônigl. Gesellschaft der Wissenschaften : u GiMingen. Philologisch-historische Klasse, nonv. série, Berlin, 1903, t. iiv n. 1. — Les ouvrages qui traitent directement des rapports entre la théodicée des Pères et la philosophie seront cités plus loin.

2. xipologistes latin^— La patristique occidentale est beaucoup mÔTnslTche que l’orientale pour toute cette période. Les noms marquants sont ceux de Minucius Félix et de Tertullien. En supposant l’antériorité du premier, je me conforme à l’opinion dominante des érudits : A. Ehrhard, Die altchristliche Litleratur und ihre Erforschung von 1884-1000, Fribourg-enBrisgau, 1900 ; Bardenbewer, Geschichte deraltchristlichen Litteratur, Fribourg-en-Brisgau, 1902, t. I, p. 312 a) Minv£ixiS.Eâlix. — L'élégant dialogue qui porte le titre $ Octavius, P. L., t. iii, col. 231 sq., et qu’on fait assez communément remonter aux débuts du règne de l’empereur Commode (180-192), nous intéresse doublement ; par l’attaque qu’il rapporte, et par la défense qu’il présente. L’adversaire, le païen Cécilius, commence par professer une sorte d’agnosticisme en ce qui concerne la connaissance de Dieu : absil ab exploratione divina huniana mediocritas, etc., c. VI, col. 245 ; puis il s’en prend, entre autres choses, au Dieu des chrétiens, r ce Dieu qu’ils ne peuvent ni montrer aux autres ni voir eux-mêmes ; Dieu qui scruterait minutieusement les mœurs, les actions, les paroles et les pensées les plus intimes de tous, courant apparemment de ci et de là, pour être présent partout ; Dieu importun, remuant, imprudemment curieux, » c. x, col. 265. Dieu d’ailleurs impuissant ou inique, puisqu’il laisse souffrir, comme on le voit, la majeure et la meilleure partie de ses adeptes, c. XII, col. 271.

Dans sa défense, Octavius reste constamment sur le terrain de son adversaire, celui de la philosophie et de la littérature profane. Il établit d’abord par l’argument, devenu classique, des causes finales, l’existence d’un Dieu, m Seigneur et père de l’univers, plus beau que les astres et tout ce que le monde contient, » c. xvii-xviii, col. 284 sq. L’unité divine, fondée sur des considérations d’ordre politique ou de bon sens, l’amène à compléter sa notion de l’Etre suprême : « Évidemment, Dieu, le père de toutes choses, ne saurait avoir ni commencement ni fin, lui qui donne à tous les autres êtres l’existence, et est de lui-même éternel ; lui qui, avant le monde, se tenait lieu de monde ; lui dont la parole fait naître, la raison gouverne et la vertu soutient tout ce qui est. On ne peut le voir, il est trop brillant ; ni le saisir, il est trop pur ; ni l’apprécier, il est au-dessus de toutes nos conceptions ; infini, immense, seul à connaître toule sa grandeur. Notre cœur à nous est trop étroit pour le comprendre ; aussi c’est en le proclamant inestimable que nous l’estimons dignement… Ne lui cherchez pas de nom ; il s’appelle Dieu. Il faut des noms quand, dans une multitude, on veut distinguer chaque individu par une appellation qui lui soit propre ; Dieu est seul, le nom de Dieu suffit. Si je l’appelais père, on pourrait le croire charnel ; si roi, on pourrait le supposer terrestre ; si seigneur, on pourrait le juger mortel. Supprimez tout cet appareil de noms, et vous verrez sa clarté, » c. xvtn, col. 290 sq. Est-ce à dire que l’apologiste réprouve absolument ces appellations et autres semblables".' Ce

serait, de sa part, une contradiction manifeste, puisqu’il s’en sert couramment. Sous une forme oratoire, il veut donc seulement les déclarer inaptes à dénommer proprement l’Etre Bupréme. S il excepte le nom même de Dieu, ce n’est pas, semble-t-il, pour la signification l’iMnologique du mot, qu’il laisse inexpliquée, mais pour l’usage qui lui a donné la valeur pratique d’un nom propre ou du moins réservé. C’est dans le même esprit que Minucius voit comme un hommage rendu à l’unité divine dans ces exclamations spontanées : « Dieu ! Dieu est grand, Dieu est vrai, si Dieu le veut. » Doctrine qu’il s’efforce ensuite de confirmer par des témoignages de poètes et de philosophes ; au fond de leurs conceptions sur Dieu, on retrouve l’unité, c. xix, col. 292 sq. La réponse aux attaques de Cécilius complète la théodicée de Minucius Félix. La première était tirée de l’invisibilité divine. « Le Dieu que nous honorons, pond Octavius, nous ne pouvons ni le montrer ni le voir ; mais nous le croyons Dieu, parce que nous pouvons le connaître, quoiqu’il soit invisible. Dans ses œuvres, en effet, et dans le mouvement du monde nous découvrons sa vertu toujours présente. » Après avoir proposé diverses analogies, Octavius conclut : « Vous voudriez voir Dieu de vos yeux charnels, alors que votiv âme même qui vous fait vivre et parler, vous ne sauriez la voir ni la toucher ! » c. xxxii, col.310. Le païen avait encore objecté que Dieu, fixé au ciel, ne pouvait se trouver auprès de tous les hommes ni connaître chacun en particulier : « Erreur, réplique l’apologiste. Comment Dieu pourrait-il être loin de nous, puisqu’il remplit le ciel, la terre et tout ce qu’il peut connaître en dehors de ce monde ? Non seulement il est partout auprès de nous, mais il nous est immanent : ubique non tantum nobis proximus, sed infusws est. Si le soleil, fixé au ciel, pénètre cependant en tous lieux et se mêle à tout, sans que jamais sa clarté en soit atteinte, à combien plus forte raison Dieu qui a fait et qui voit toutes choses, pour qui rien n’est secret, sera-t-il présent dans les ténèbres et jusque dans ces autres ténèbres que sont nos pensées ! Non seulement nous agissons sous son regard, mais c’est avec lui. dirai-je presque, que nous vivons. » Jbid., col. 311. Enfin l’objection tir.-e des souffrances des martyrs reçoit cette réponse : On n’a le droit de s’en prendre ni à la puissance de Dieu ni à sa providence. S’il laisse souffrir les siens, c’est à titre d'épreuve et pour les couronner ensuite, ' c. XXXVI, col. 351. « N’est-ce pas un beau spectacle, et digne de Dieu, de voir un chrétien aux prises avec la douleur, braver la mort et les bourreaux, rester maître de lui en face des rois et des princes, et triompher du juge même qui vient de prononcer la sentence ? » c. xxxvii, col. 352.

b) Tertull ien n’est pas seulement apologiste, comme Minucius Félix ; il est encore, comme saint Irénée, controversiste défendant la foi catholique contre les déviations de l’hérésie. Sous les deux rapports, il présente des écrits qui intéressent la théodicée. Tel, en particulier, dans l'œuvre de l’apologiste, VApologelics adversus gentes pro christianis (fin de 197), P. L., t. i, col. 257, l’opuscule De testimonio animm (entre 197 et 200), ibid., col. 607. et les deux livres Ad nationes (197) ; dans la controverse dogmatique, le Liber adversus Praxeam (après 213), P. L., t. H, col. 151 et surtout les deux ouvrages antidualistes, Adversus Hermogenem (entre 200 et 206), ibid., col. 195. et Adversus Marcio>ie>n (vers 207-208), ibid., col. 239.

Les preuves dont l’apologiste africain se sert pour établir l’existence d’un Dieu créateur, sage, bon et juste, sont assez connues pour qu’il suffise de les mentionner ici. Voir A. d’Alès, c. n. $, l, p. 37 sq. Deux apparaissent au premier plan : d’abord, la considération des œuvres de Dieu si nombreuses et si grandes, « qui nous entourent, qui nous soutiennent, qui nous charment, et même qui nous terrifient : e.r operibus