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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.djvu/563

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DIEU (SA NATURE D’APRÈS LES PÈRES ;

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lius nesciendo ; … cujua milla scienlia est in anima, niai scire quomodo eum nesciat. De ordine, c. xvi, n. 44 ; c. iixvi n. 47, I. xxxii, col. 1015, 1017. De mémo : Dcus ineffabilis est ; facilius dicimus quid non sit, quam quid sit… Hoc solum potui dicere, quid non sit, In ps. tA.ï.vi, n. 12, t. xxxvii, col. 1090, ou encore : Cui honorificum potins silentium, quant ulla vox humana competeret. Contra Adimantum, c. xi, t. xlii, col. 142. Entendrons-nous ces expressions dans un sens exclusif de toute connaissance positive de Dieu, en dehors du simple fait de son existence ? Ce serait contredire la doctrine expresse de saint Augustin en ce qui précède et en ce qui va suivre. Ce serait souvent contredire le contexte même, où la distinction apparaît entre une simple connaissance et la connaissance compréhensive : Allingere ali quantum mente Deum, magna bealitudo est ; comprehendere autem, omnino impossibile. Serai., cxvii, c. v, n. 7, t. xxxviii, col. 665.

La véritable interprétation se tire du sens que les Pérès attribuaient à la question : Quid sit Deus, quand ils l’opposaient à cette autre : An sit, ou : Quid non sit. Nous avons vu trop souvent déjà pour qu’il soit nécessaire d’insister, que le Quid sit s’entendait de l’essence ou de la nature divine considérée dans son fond intime ou dans sa pleine compréhension. En plusieurs endroits, saint Augustin parle manifestement d’une connaissance semblable à celle dont nous jouirons plus tard au ciel : Nondum potes pervenire ad quid sit, perveni ad quid non sit. In Joa., tr. XXIII, n. 9, t. xxxv, col. 1588. Sa doctrine, comme celle des autres Pères, revient à cette simple affirmation : Quand il s’agit de Dieu, en fait de connaissance parfaite, en fait de science proprement dite, nous n’en avons qu’une : celle qui consiste à savoir ce qu’il n’est pas, ou qu’il est incompréhensible. En ce sens, le plus haut point de notre connaissance de Dieu ici-bas est la négation, mais la négation présupposant l’affirmation et contenant elle-même virtuellement une certaine affirmation. Quelle que soit, en effet, la conception où nous soyons parvenus, nous devons dire : Dieu n’est pas cela, parce qu’il est infiniment mieux que cela ; ou, dans les termes mêmes de saint Augustin : Nec ita pulchra sunt, nec ita bona sunt, nec ita sunt, sicut tu conditor eorum, cui eomparala, nec pulchra sunt, nec bona sunt, nec sunt. Confess., 1. XI, c. iv, t. xxxii, col. 811. La voie négative rejoint ici la voie d’éminence.

C’est la remarque faite justement par un écrivain protestant, G. Lœsche, dans une étude qui porte directement sur le néoplatonisme de saint Augustin, De Auguslino plotinizanle in doctrina de Deo disserenda, léna, 1880, p. 35 : At ut jieri solet, quotiescumque via negationis de divino numine tractatur, simul jam cerla quædam poni et nesciu quo paclo viam negationis ad viam eminenlise ducere, etiam Augustinum videmus Deo simplici, ineffabili, immutabili, summas noliones attribuere. Quanquani enim quulitates et altributanon staluenda sint, Ionien non deneganda esse ; Deum habere fundamentum vel lanquam robora omnium altribulorum in se et rêvera lenere, quæ illis res/ondeant.

Il ne faut pas entendre autrement le silence dont parle l’évêque d’Ilippone, silence non pas absolu, mais relatif, et qui se place, non pas au début, mais au terme de notre connaissance. Quand nous avons fait tous nos cll’orls pour concevoir Dieu et pour exprimer ce que nous en concevons, force nous est de reconnaître que nous sommes myopes en face de l’Invisible et que nous balbutions en face de l’Ineffable. Le silence est l’aveu éloquent de notre impuissance, et c’est un hommage rendu à la divinité : Qui autem… de Deo, quantum homini conceditur, digne cogitare cœperit, inveniet silentium incj]abili cordis voce laudandum. Serm., cccxli, c. iiv t. xxxix, col. 1 198.

Et ce n’est pas peu de chose, ajoute saint Augustin après saint Jean Chrysoslome et saint Jérôme, de comprendre ce que Dieu n’est pas : Velhoc comprehenJite quid non sit ; multum profecerilis, si non aliud quam est, de Deo senseritis. In Joa., tr. XXIII, n. 9, t. xxxv, col. 1588. Allusion à toutes les fausses idées sur Dieu, dans le genre de celles qui sont ensuite énumérées : Non est Dcus corpus, non cœlum, non luna, non sol, etc. ; fausses idées que le chrétien sait rejeter, mais en vertu delà notion positive que la foi et la raison lui ont d’abord donnée. Qu’on lise, par exemple, De Trinitale, 1. V, c. i, n. 2, t. xlii, col. 912, et l’on verra clairement que l’aptitude à juger ce que Dieu n’est)>as, suppose, chez le saint docteur, une notion déjà très relevée de la divinité : Quisquis Deum ita cogitai, etsi nondum potest omni modo invenire quid sit, pie tamen cavet, quantum potest, aliquid de eo senlire quod non sit.

Ce n’était pas seulement l’hérésie anornéenne qui faisait ainsi parler saint Augustin, mais tout autant, sinon plus encore, l’erreur vulgaire et plus vivante des païens et des anthropomorphites, du dehors ou du dedans, qui tous, sous une forme ou sous une autre, se façonnaient un Dieu à mesure humaine. C’était sa propre erreur d’autrefois, alors qu’il se figurait Dieu avec un corps, non comme le nôtre, mais plus subtil, qnoique matériel encore, corporeum tamen aliquid. Confess., 1. VII, c. i, t. xxxii, col. 733. Et, jusqu’au moment où il entendit la prédication de saint Ambroise, n’avait-il pas été persuadé que les catholiques prenaient à la lettre les expressions anthropomorphiques des saints Livres ? lbid., 1. V, c. xiv, ii 24 ; 1. VI, c. iii, n. 4, col. 718, 721. d. Dieu connaissable ; les noms divins. — Les fortes affirmations de l’évêque d’Ilippone sur l’incompréhensibilité ne doivent pas faire oublier ce qu’il trouvait au terme des preuves qui établissaient à ses yeux l’existence de Dieu, ni ce qu’il lisait dans les Écritures de celui qu’il invoque dans ses Confessions, 1. I, c. iv. t. xxx ii, col. 662, en multipliant les superlatifs : Summe, optime, potentissime, omnipotentissime, misericordissime et justissime, secretissime et præsenlissime, pulcherrime et forlissime. La doctrine du saint docteur sur les noms divins confirme à la fois et complète cette observation. Sans doute il n’eut pas à traiter la question des noms divins aussi directement, ni au mêmepoint de vue que les Pères cappadociens. Ceux-ci. en face de la thèse anornéenne, devaient mettre en relief la valeur objective et le bien-fondé des noms multiples dont nous nous servons en parlant de Dieu. Visant particulièrement les manichéens ou les anthropomorphites de nuances diverses, le docteur africain est surtout préoccupé de sauvegarder la spiritualité et la simplicité divines. Aussi, le plus souvent, ramène-t-il à l’unité les perfections qui, dans notre conception et notre langage, apparaissent multiples. Il n’en a pas moins perfectionné sur deux points l’œuvre de ses devanciers.

Quand Eunomius objectait qu’en vertu de la simplicité divine, tout nom s’appliquant à Dieu devait signifier sa substance, saint liasile et saint Grégoire de Xysse répondaient habituellement que, la nature divine étant incompréhensible et ineffable, les noms dont nous faisons usage ne signifient pas précisément la substance même, mais plutôt ce qui, dans notre manière de concevoir, s’attache à elle, -x rcepi i-j-ôv. Cette réponse laissait place à une explication ultérieure ; car. enfin, si Dieu est absolument simple, tout nom désignant quelqu’une de ses propriétés doit se dire de lui substantiellement : Omnia ergo ibi substantialiter simplicia, comme l’accordait Marius Victorin à l’arien Candide. Adversité Arium, 1. III, n. I, P. L., t. iivi col. 1098. Saint Augustin reprend ce thème. Les notions nue nous avons de Dieu se rapportent ou à la divinité