Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.djvu/587

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

1159

DIEU (SA NATURE SELON LES SCOLA STIQUES

1160

tiplie les distinctions, cf. S. Bernard, De consideratione, 1. V, c. iivi /'. L., t. cixxxii, col. 799 ; Hugues de Saint-Victor, Erudilio didascalica, 1. VII, c. xix, P. L., t. clxxvi, col. 826 ; Alain de Lille, Régulée theologicsc, reg. ii, P. L., t. ccx, col. 624 ; Distinctiones theologicæ, v » Unum, ibid., col. 987. Mais la terminologie reste confuse, parce que l’on n’a pas une connaissance précise des sens spéciaux donnés à ce mot par les Pères platonisants. Cf. Scheeben, La dogmatique, § 83, t. ii, p. 193. La confusion ne lit que croître, lorsque l’on reçut comme œuvre de Boèce, P. L., t. i.xiii, col. 1075, le De unilate, que Dominique Gundisalvi avait compilé d’après le néoplatonicien Avicebron. Cf. Correns, Die dem Boethius fàlschlich zugeschriebene Abhandlung des Dominions Gundisalvi de unilate, dans le t. i des Beitràge de Bammker, Munster, 1891 ; voir au t. ni et vde la même collection les études de Witmann sur Avicebron. On peut même dire que cette confusion fut en partie la cause des obscurités dont s’enveloppa alors la question des universaux. Cependant, sous les embarras du langage, on retrouve sur l’unité divine, non pas seulement le dogme de l'Église — ce qui n’est pas ici en question — mais toutes les données traditionnelles. Sur l’unicité de Dieu, voir S. Anselme, Monologium, c. iii, iv, ibid., col. 147 ; Hugues de Saint-Victor, Desacramentis, 1. 1, part. III, c. xii, col. 220 ; Eruditio didascalica, 1. VII, c. xix, col. 826 ; Pierre Lombard, Sent., 1. I, dist. II, et à propos de l’unité du premier principe des choses, 1. II, dist. I.

On sait que l’unité de singularité de Dieu se trouve énoncée dans le concile du Vatican, Denzinger, n. 1631. Pour défendre le texte proposé et accepté, un des rapporteurs cita Pierre de Cluny, Collectio lacensis, t. iiv col. 106 ; il eût pu facilement citer aussi saint Anselme. Le texte de Pierre Lombard, 1. I, dist. II, c. xxm-xxvi, où l’accord de l’unité de singularité de Dieu avec la trinitédes personnes est étudié, donna aux scolastiques des âges postérieurs l’occasion de discuter les problèmes suivants : an detur natura subsistens seu absoluta subslantia communis tribus personis ; an detur personalilas realiter absoluta et communis. Ces problèmes trouveront mieux leur place au mot Trinité. Il suffit ici d’indiquer que le xii c siècle les rattachait à notre sujet par une question de logique, comme on le voit dans Pierre de Poitiers, Sententiarum libri V, 1. I, c.xxxiii : An hsec propositio sit singularis, Deus est ? Sous cette forme la controverse a duré longtemps, les thomistes soutenant que le nom de Dieu, si l’on fait abstraction des personnes, est un nom commun. Cf. Lossada, Institutiones dialecticx, disp. VI, c. v, Barcelone, 1882, p. 127. Nous n’avons pas ici l’espace pour discuter la valeur spéculative de cette opinion ; il suffit de retenir que le concile du Vatican a indiqué la singularité divine parmi les moyens termes à employer rationnellement pour éviter ou réfuter le panthéisme. Denzinger, n. 1631. 1650. Les mêmes passages du Lombard ont donné lieu à une autre question. Il pense, 1. I, dist. XXIV, que les termes numéraux, unus, duo, tria, ne se disent pas de Dieu au sens propre, mais seulement dans un sens négatif. Mais l’opinion commune de l'École s’est prononcée contre lui, grâce à l’argumentation de saint Thomas, In IV Sent., 1. I, dist. XXIV, q. i, a. 3 ; Sum. theol., I a, q. xxx, a. 3 ; De potentia, q. ix, a. 7 ; voir les scholies de l'édition de Quaracchi de saint Bonaventure, t. i, p. 422, 426. L’accord de l’Ecole nous est manifesté par la liste d’articles qui, au moins à partir du xve siècle, se trouve dans tous les manuscrits ou éditions de Pierre Lombard, et qui est intitulée : articuli in quibus Magister non lenetur communiter ab (minibus. La formule est respectueuse, mais en réalité l’université de Paris défendait d’enseigner ces articles, dont trois seulement concernent la nature divine. Le 1 er est ainsi libellé : Quod nomina numeralia dicta de

Deo dicuntm-solum relative, dist. XXIV, c. Kl si diligenter ; vel fixe nomina numeralia trinus et trinitas non dicunt positionem sed privationem tantum. l'.L., t. cxcii, col. 962. l’ne autre proposition connexe celle-ci concerne le semblable et Végal dont le sens. '-irait également privatif. Cf. S. Bonaventure, In IV Sent., 1. I, dist. XXXI, a. 1, q. i. Le 3e article concerne la toute-puissance, et nous le retrouverons plus loin.

3. Simplicité divine.

Sur l’uni té de simplicité ou. comme on parle ordinairement, sur la simplicité divine, les textes principaux se trouvent dans S. Anselme, Monologium, c. xvi sq., col. 161 ; Proslogion, c. XXII, col. 238 ; S. Bernard, De consideratione, 1. V, c. iiv col. 797 ; Sermones in Canlica, serm. i, xxx, P. L., t.CLXXXin, col. 1169 ; Richard de Saint-Victor, De Trinitale, .l, c.xmsq.. P. L., l. exevi, col. 897 sq. ; enfin et surtout dans Pierre Lombard, 1. 1, dist. VIII, c. iii, où la doctrine est prouvée d’abord par l’autorité des saints Augustin et Hilaire, puis par voie d’exclusion : il n’y a en Dieu composition ni de sujet et d’accident, ni dematière et déforme, ni départies intégrales, ni de perfections et de l'être qui les possède ; d’où il suit que les catégories de la dialectique ne conviennent pas à Dieu. Cf. Alain de Lille, Ars fidei, 1. 1, vin ; Theologicm regulse, reg. iivi P. L., t. ccx. col. 600. 627, et la 8 « règle de Boèce exposée par Gilbert de la Porrée, In librum quomodo substanlise bonse sint. P. L., t. lxiv, col. 1321.

4. Immutabilité.

L’immutabilité divine est enseignée par saint Anselme comme corollaire de l'éternité, de l’omniprésence et de la simplicité. Monologium, c. xxv, col. 178 ; voir Cur Deus homo, 1. II. c. xvii, ibid., col. 419. Hugues de Saint-Victor, commesaint Bernard, In Cantica, serm. lxxx, n. 5, P. L., t. clxxxiii, col. 1 169, déduit cet attribut de la simplicité ; et, conformémentà son principe de procéder par induction en partant des choses finies, il se sert de l’immutabilité comme de moyen terme, pour exclure toute mutation temporelle et spatiale en Dieu, c’est-à-dire pour prouver l'éternité et l’immensité divine. De sacramentis, 1. I, part. III, c. xm ; Eruditio didascalica, 1. VII, c. xix, ibid., col. 220, 827. Cet ordre est celui que suit saint Thomas dans la Somme théologique, où l’immensité et l'éternité sont déduites de l’immutabilité, cf. Jean de Saint-Thomas, In / am, disp. III, a. 2, n. 1 ; mais Hugues ne prend point pour base première, comme saint Thomas, l’immobilité du premier moteur. Procédant surtout par voie d’autorité, Pierre Lombard traite de l’immutabilité avant de parler de la simplicité, 1. I. dist. VIII, c. n.

5. Spirittialité de Dieu.

La spiritualité se dit de Dieu en plusieurs sens, tous vrais, mais inégalement compréhensifs. Esprit est pris quelquefois pour le simple équivalent d’incorporel, incorporel s’entendant au sens purement négatif. Cf. S. Thomas, De potentia, q. ix, a. 7, ad 2um. En ce sens, les formules, Dieu est esprit. Dieu n’est pas un corps, excluent l’anthropomorphisme et le grossier monisme matérialiste, mais ne nous renseignent pas sur la nature intrinsèque de Dieu d’une façon positive, parce que, dit saint Thomas. loc. cit., le procédé d'éminence ou de causalité n’intervient pas. Je n’ai pas souvenir d’avoir rencontré cette acception au cours du XIIe siècle. Si l’on oppose esprit à matière, spirituel à corporel, non plus seulement avec l’appréhension que la division est logiquement adéquate, mais avec la vue intellectuelle du contenu positif des deux membres de la division, lesformules, Dieu est esprit, Dieu n’est pas un corps, prennent un sens positif qui implique l’essentielle supériorité de l’esprit sur la matière. C’est dans ce sens que prend le terme esprit, saint Anselme. Monologium, c. XXVII, col. 180 : Quoniam non noscilurdignior essentia quam spiritus aut corpus, et ex his dignior est spiritus quam corpus : utique eadem [essentia seu