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DIEU (SA NATURE SELON LES SCOLASTIQUES 1

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natura entis in quantum ens ; et duxit eos investigalio ad ens simplex modo supra dicto. On reconnaît la formule de saint Thomas : ullerius aliqui erexerunt se ad considerandum ens in quantum ens et consideraverunt causant rerum non solum secundum quod sunt hsec, vel talia, sed secundum quod sunt entia, Sum. theol., I a, q. xuv, a. 2 ; ailleurs, il s’appuie sur saint Augustin pour prêter de pareilles vues à Platon et à Aristote. De potentia, q. ni, a. 5. Averroés ajoute que son péripatétisme va plus loin : Sed via demonstrativa apudnos in hoc proposilo est quod entia qusc sunt possibilia in eorum subjectis egrediuntur de potentia ad aclum ; quare illud quod extrahit ea in actum est agens in actu necessario ; oportet ergo necessario quod id quod ilat eis esse continuum sit necessarium in seipso. Destructio, disp. VIII, dub. I. Cf. A. Niplius, In librum destructio destruclionum Averrois commentarii, Lyon, 1542, fol. 241, 244.

Pour saisir la portée entière de ce dernier passage et y voir ce qui s’y trouve, c’est-à-dire autre chose qu’un appel à l’argument du premier moteur physique dont Averroés fait emploi très fréquemment ailleurs, il faut se souvenir que, d’après lui, l’argument des degrés qu’attaque Algazel est absolument indépendanl de toute distinction réelle. Pour prendre ses exemples, quand on y met en fait que tout ce qui se trouve dans Socrate, sans être explicitement mentionné dans la définition de l’homme ; ou que dans une qualité donnée, par exemple la chaleur, tout ce qui est susceptible de plus et de moins a une cause, il est évident qu’il ne s’agit pas d’une distinction réelle entre les degrés de chaleur et l’essence de la chaleur, entre tous les prédicats particuliers de Socrate et l’essence abstraite de l’homme. Le point de départ de l’argument est la constatation d’une composition métaphysique et d’une distinction de raison secundum intentionem, dit Averroés, nous dirions en style moins vieux : cum fundamento in rc. Cette composition qu’Averroès nomme accidentelle, cf. S. Thomas, Quodlibeta, II, q. ii, a. 1 ; VII, q. III, a. 2 ; XII, q. x, a. I, se trouve réalisée entre l’essence et l’existence des choses produites, même dans les substances simples comme sont les intelligences séparées. Omnis intelligentia est composita ex materia prteter primant ; omnes alise sunt ex parlicipanle et participait), id est ex essenlia et esse, et in eis est comparatio potentiæ passivæ ad actum formaient, recipienlis ad réception, materiiv ad formant et e contra. Cf. Xiphus. <]>. cit., fol. 243, 245 ; S. Thomas, Centra gentes, 1. 11, c. liv ; Sum. tlteol., I q. iv, a. 1. ad 3 om. Mais il ne faut pas entendre ces formules au sens purement statique : compotitio est sicut moveri, scilicet attributum possibile additum substantiæ rerum recipientiutn compositionem ; esse vero est denontinatio quæ est ipsamet substantia, Disp. VI, fol. 37. On connait la définition péripatéticienne du mouvement : aclus enlis pottibilis, in quantum possibile. s. Thomas, ht Phyaic, I. III, lect. ii à la fin. L’idée de rapprocher le mouvement, la course, de l’existence date d’Aristote. S. Thomas, In Metaphys., I. IX, lect. ni ; ht IV Suit., I. I, dist. XIX, q. n. a, 2. La comparaison indique, comme celle de la matière et de la forme, une potentialité continue, mais elle ajoute la connotation de l’influx de la cause du mouvement. Quodlibeta, IX, q. iv, a. 1. Ce qui revient a dire que d’après Averroés l’existence du fini n’esl pis Intelligible sans l influx causal’le la cause première. De potentia, n-m, a. >. ad I. L’existence des êtres produit-, c’esl 1 Ire’ii puissance, ce que tainl Thomas appelle avec lui po$$ibilit, /" IV Sent., I. I, dist. VIII, q. v, a. 2 ; De potentia, q. v, a. 3, deven int .ii’- en acli "is l’influence continue de la première . El cette doctrine détermine le sens de l’appel

; ni premii i mot< ur que non-avons rappoi

conception exacte de l’être produit sans la notion d’un moteur métaphysique : intelleclus in eo comprehendit compositionem in causalo et causa.

Partant de cette conception du monde, et il est à remarquer qu’Averroès prend pour base une composition qui se trouve nécessairement dans tout être contingent, le penseur arabe s’élève à Dieu. De la sorte, le Premier est plus simple que tout le reste ; car quand on pense à lui, on ne pense en aucune façon à la cause : non intelligitur de eo causa et causalum ontnino. Le sens, en effet, de l’expression être nécessaire est de nier qu’il ait une cause : necessat iunt in esse non est quid additum ipsi esse extra animant ; sed est quid enti necessario in esse et non addition subslantise ejus ; et quasi rcducitur ad ablationem causse, scilicet quod esse ejus sit causalum ab alio : et quasi id quod tribuit alii auferatur ab eo. Disp. III, fol. 25. Cette conception de Dieu est sûrement très belle. Car, après que l’on a remarqué que la distinction de l’essence et de l’existence en Dieu est une pure distinction de raison, on y invite l’esprit à une première négation non ab alio, unde non habct quiddilatem et esse, sed ejus quidditas est esse, et le dernier membre en suggère une seconde : et le passage continu de la puissance à l’acte sous l’action divine qui est toute l’existence du contingent ne se trouve aucunement en lui. Ce qui exclut de lui toute potentialité. Il est donc l’acte pur et par conséquent toutes les perfections sont en lui, In XIV Metaphys., 1. V, corn. 21, Venise, 1552, t. iivi fol. 02 ; cf. De potentia, q. iiv a. 5, à la fin ; bien plus quelques-unes se disent du lui au sens propre : et ideo vila et scient ta proprie dicuntur de eo, et sans qu’il y ait en lui composition. Ibid., 1. XII, corn. 39, fol. 139 ; cf. S. Thomas, ibid., a. 6. Enfin, quoique les averroïstes postérieurs aient mis ce point en doute, Dieu est l’infini, la plénitude de l’être : c’est du moins ainsi que saint Thomas entend Averroés ; car, après avoir rapporté sa réfutation d’Algazel, il conclut : Hanc autem subliment tentaient Moyses a Domino edoctus est. Contra génies. 1. I, c. xxii.

Si de cette hauteur on redescend vers la créature, même la plus sublime est composée, et est moins simple qui’Dieu essentiellement. Detemiinaverunt antiqui de hac specie entiuni et dixerunt quod sunt simpiieia. Sed dicunt de eis quod causa in eis est magis simplex causato, et ideo tenent quod primum est simpticius eis ; primum enim non intelligitur de eo causa et causalum omnino ; ut vero quint est post primum. intelligit de eu intelleclus compositionem, Disp. III, fol. "i."). Ailleurs, il exprime la même idée : unde habeui quiddilatem et esse, id est recipiunt. Cf. Contra gentes, I. ii, e. LU, avec les notes de (iodefroy de Fontaines qui se trouvent là dans les éditions Mignc et Vives et dont ce que nous venons de citer d’Averroés rendra claire la terminologie et le si Quodlib., VII, q. ni. a. 2. On comprendra mieux maintenant le sens profond du mot déjà cité : compotitio est sicut moveri, La composition de l : de

l’existence, c’esl le p du possible’i l’être -"lis

l’action divine ; ce pa mtinu de la puissance 4

l’acte résulte de la potentialité foncière de notre nature contingente, impuissante a se donner et n s, , conserver l’existence ; la réalité de notre substance, c’eal cette

potentialité’, mais en acte, notre existi ne c’esl I

tte potentialité, acte qui n’est intelligible qu’en

tenant Compte de fiction divine du premier moteur

métaphysique.

2. Rapprochement de cette doctritt doctrine

chrétienne <’e’" participation. — Ou trouverail laci lement des vues sur li rapports de Dieu et du monde analogues à celles de cette partie du iystèm< ! averroés dans les mystiques chrétiens anciens et moden