Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.djvu/624

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
1233
1234
DIEU (SA NATURE SELON LES SCOL ASTIQUES)


Pères et ne savaient comment faire entrer dans les cadres de Porphyre. Quand on se souvient que saint Anselme avait donné l’argument des degrés, Monologium, c. i-iv, P. L., t. clviii, col. 145, en s’appuyant sur une analyse correcte des diverses distinctions de raison ; que Richard de Saint-Victor l’avait suivi, De Trinitate, 1. II, c. xvi sq., P. L., t. exevi, col. 910, et qu’il avait énoncé le grand principe du moteur métaphysique : omnïs composilio compositorc eget et sine beneficio composiloris esse non valet, ibid., 1. V, c. IV, col. 951 ; qu’Alain de Lille avait adopté le même principe comme une des premières données de la raison, De arliculis, 1. I, 3, 12, P. L., t. ccx, col. 599 sq., et résolu correctement dans le sens du réalisme modéré le problème de l’unité, on est absolument surpris que Gilbert et Alain aient donné une solution nominalisle au problème de l’existence, du quod est et du quo est de Boèce, et n’aient pas vu que d’après les Pères l’existence et la bonté sont des propriétés intrinsèques des choses. De veritate, q. xxi, a. 4, ad 3um.

Alexandre de Halès et saint Bonaventure, indépendamment d’Averroès, semble-t-il, parvinrent à concevoir mieux la doclrine de la participation. Ils se demandèrent : Quelle est la cause de la composition des choses, et en particulier quelle est la plus générale des compositions : celle du quod est et du quo est, de l’essence et de l’existence, qui se trouve même dans les animes’.’Leur réponse est identique : On ne peut concevoir— adéquatement l’existence des choses sans penser à leur dépendance de la cause qui crée et conserve. Sur ce point ils restent fidèles à la tradition du siècle précèdent, qui avait ici retenu la doctrine patristique de la participation. Cf. S. Thomas, In IV Sent., 1. 1, prologus, q. i, a. 2, ad 2°" 1. Quant à la dénomination intrinsèque d’existence, qu’ils rangent au pluriel parmi les principes constitutifs du créé, ils 1’identilient avec l’essence du contingent. Pour faire entrer la composition du quod est et du quo est dans les cadres des définitions ordinaires du compost’, il faut les élargir, dit Alexandre. Propter hoc addendum est ut compositunt etiam dicatur non tantum mio prædictorum tttodorii, a, $ed cujus esse est dependens ab alio. Summa, part. 11. q. XII, m. ii, a. 3, Venise, 1579, t. II, fol. 19. Mais cette existence intrinsèque au créé, in h (’rente et formelle, n’est pas distincte de l’essence : non alia res quæ participai sicut essentia, alia quæ participatur, sed quia una eademque res est realitas modo participato et per vim allerius sicut per vint agentis ; lisec enim realitas de se mm est nisi sub modo possibili : quod autrui sit vel posait rocari actus, hoc habetper vint agentis. Vetaphys., I. VII, text. 22. Texte souvent cité on l’on remarquera que, bien qu’il voie que la solution est à chercher du côté de la nature des possibles et de la potentialité continue des essences hors de leurscauses, Alexandre ne se rend pas nettement compte de la raison pour laquelle l’existence est conçue comme l’acte du possible réalisé. Même conception de la participation, bien que déjà

plus approfondie, chez saint linnavenlure. Bien qu’il

explique ordinairement le quod est et le quo est de’le li matière et de la l’orme, qu’il admet, spirituelles il e-t vr.H. nui tan-, l’ange, il applique cependant cette Formule < i essenci et < l’existence, a l’être actuel distingué de l’être essi atiel qui est composé de matii re el’t* forme, In / V s, —ni-. I. II. dist. III, part. I, a. I. q. i. Cette composition implique une relation de d< c ndance causale in quantum est cotnposilus in quantum habet "./ ipsum principiuni j dt dentiam. Cetli relation de dépendanci n’est pis la substance même du créé, mais autre chose, aliud, l’exi lei t le fait que l< i réi reçoit < ontinui Ile

1 sa réalité di Dieu. Ibid., i. I. dist. VIII, part. il. a. I, q. ii. Cf. s. Thoin eritale, q. ut, a. l,

a. 1, ad 9um. La composition de l’essence et de l’existence s’explique parce fait que la substance produite est un possible en acte dont la réalisation dépend de l’action divine, la conservation n’étant que la création continuée : l’être créé est donc dit per posterius au sens causal par rapport à l’être divin. Ibid., dist. VII, a. 1, q. iv. Seeberg remarquant ces pensées chez Duns Scot lui fait l’honneur de les avoir introduites dans la scolastique, c’est un anachronisme.

De cette conception de la potentialité constante de l’être contingent Alexandre et Bonaventure s’élèvent à la conception de la nature divine. Il faut distinguer dans leur théodicée deux sortes de conclusions, celles qu’ils infèrent de la conception du monde que nous venons d’exposer, et celles qu’ils empruntent directement à l’enseignement traditionnel. Parlons des premières. Assez rapproché d’Alain de Lille qui avait conçu Dieu comme la première monade, Alexandre donne de cette monade la notion suivante obtenue par voie d’opposition à la notion de l’être créé qu’il avait adoptée. Cause de toute composition et en particulier de celle de l’essence et de l’existence, Dieu est essentiellement un, c’est-à-dire simple ; cette unité le distingue de tout ce qui n’est pas lui ; par elle, il est le type et la cause de toute perfection finie ; et comme cause absolue, il est nécessairement pour les soutenir dans l’être aussi substantiellement présent dans tous les objets que la nature commune aux êtres particuliers se trouve dans leur substance concrète. Summa, part. I, q. xiv, m. vi, a. 4. Cf. Scheeben, La dogmatique, t. ii n. 309 ; S. Thomas, Sum. theol., 1% q. xi, a. 4. Saint Bonaventure part du même point de vue et suit un procédé analogue pour former par voie d’opposition la notion de l’être absolu. C’est en ce sens qu’il entend le mot de saint Ililaire cité par Pierre Lombard, 1. I, dist. VIII, c. i, esse non est accidens Deo. Accidens dicit quid natum in alio esse, ab aliû exire et ab Mo recedere. Accidens enim dicitur quod inest subjecto et ab Mo trahit ortum ri propterea potest adosse et abesse. In his tribus proprietalibus communicat esse creatum, licel non eodem motlo omnino. Nam esse nostrum pendcl ab alio sustinente, oritur ab alio efficiente, creatura etiani nata est sinon esse perdere ; ideo esse ejus est quasi accidens ; non tamen vere accidens quia, cuni a Dca pendeat, non pendet sien ! a subjecto, E contrario es ! m Deo ; et itleo Ililarius dicit quod esse non est accidens Dca ; ci hoc propter contrarias proprietates ; quia accidens natum est alii inesse, pr opter hoc dicit : subsistens veritas ; quia natum est ab alio exire, propice /me dicit : manens causa ; quia natum estcliam ab alm recedere, contra hoc dicit : naturalis gencris proprietas qu, v non dimittit esse. In IV Sent., 1. I, dist. VIII, part. I, dub. vin. edit. Quaracchi, t. i, p. 164. Il y a bien là quelque gaucherie dans l’usage des concepts péripaté ticiens ; l’idée reste nette : l’existence dans les créatures n’est qu’un accident logique, qui ne fait avec l’essence qu’une composition métaphysique avec connotation de l’influx causal de Dieu ; en Mien, au contraire, où aucune dépendance causale n’intervient, l’existence est l’essi ne, s.ms composition ni

possibilité de mutation. Cf. Denya le Chartreux, /" IV sent., l. I, dist. Mil. q. iii, Opéra, Tournai, 1902, t. xix. p.’lit-. ! , les notes de l’édition citée de saint Bona venture. t. i, p. 169 ; t. IX, p. 18 ; s. Thomas, Quodliheiu, il. q, n. a. 2 sq. Chex saint Bonaventure, la stabilité de l’être divin et la perpétuelle potentialité de Uni, même hors di iplique la con ilion des créatures par Dieu. Ibid, , l il. dist. XXWII.a. I, q. n sq. Cf. S. Thoma ><rol..

i 1. 1 i lie indigente di

(tailleur (lie/ lui C Chei lev.illdl’e. l’ellille

e pie.le l’attribul d’omnipn itlve, Ibid, , l. l.