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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.djvu/65

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DANSE

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DANSE. [.Considérée en elle-même, II, I tes circonstances. III. Dana son ensemble. IV. Régies pratiques pour le pasteur d’âmes, en dehors du confessionnal. V. Pour le confesseur, an for intei VI. Conseils spéciaux pour les personnes adonnéi la dévotion. VII. Coopération aux dan

l. La DANSE CONSIDÉRÉ ! en elle-même, — On ne pourrail pas affirmer Bans i rreur que la danse, considérée en elle même, soit une chose intrinsèquement mauvaise. Elle n’est pas plus répréhensible, en soi, que la musique, la peinture, ou la poésie. Le langage articulé, soumis à des régies particulières de rythme, de

sure et de cadence, a donné naissance à la poésie ;

la succession des sons suivant des lois analogues est devenue la musique ; et, par une évolution semblable, le geste humain s’est transformé en mimique, puis en danse. Celle-ci est un assemblage varié de pas réglementés, de gestes, d’attitudes, d’allures, comme la mélodie et l’harmonie sont une combinaison variée de sons pris aux divers degrés de l’échelle musicale. Les arrêts, ou suspensions de mouvements, sont à la danse, ce que les silences, les soupirs et les pauses sont à la musique. Aussi les anciens. Plutarque entre autres, appelaient-ils la danse une musique ou poésie muette, et la musique, une danse parlante.

Avant tout, la danse est un art, tendant à exprimer le beau à sa manière, et avec les moyens dont il dispose. Or, un art, quel qu’il soit, par cela qu’il tend à l’expression du beau, n’est pas mauvais intrinsèquement. Il ne devient mauvais que si on le fait servir au mal moral.

Ces trois arts : poésie, musique et danse, ayant entre eux des analogies si profondes, se trouvent tout naturellement réunis dans la manifestation des sentiments de l’âme, arrivés à un certain degré d’intensité. Alors, tout le corps entre, pour ainsi dire, en vibration, pour se mettre à l’unisson de l’àme. Le langage ordinaire ne suffit plus : il en faut un autre plus imagé, plus coloré, plus vif, plus idéal. La poésie elle-même ne répond pas au but, si elle est récitée avec les intonations ordinaires, et l’homme, alors, ne se contente plus de parler : il chante. Et si le sentiment intérieur atteint un haut degré d’intensité, la musique elle-même, si elle reste seule, est impuissante à le traduire. Des mouvements instinctifs du corps s’y joignent et l’accompagnent. L’homme ne tient plus en place : il marche, il saute, il va, il vient, gesticule, s’arrête, repart, tourne et retourne. Le corps entier coopère à l’expression du sentiment qui remplit l’âme, et la met dans un état de surexcitation particulière. H en est ainsi chez les enfants qui, si facilement, chantent, sautent et gambadent. C’est pour ce motif probablement que’le mot grec Ttou’Çeiv, faire l’enfant, signifie aussi danser, Cf. Odyssée, VIII, n. 261 ; XXIII. 147 ; Hésiode, Bouclier d’Hercule, 277 ; Aristophane, Thesmophories, 1 "227. Ce phénomène se retrouve chez les peuples jeunes. On le constate aussi chez les peuples policés. La civilisation a réglementé cet instinct naturel : elle ne l’a point détruit. Elle l’a perfectionné en le disciplinant, et en le conformant aux règles du bon goût. La danse est devenue un art très compliqué. Cette complication ne lui a pas fait perdre son caractère. Quoique exécutées d’après tous les préceptes de l’art chorégraphique, certaines danses restent pudiques et innocentes. D’autres, au contraire, dans lesquelles l’art a 1res peu de place, peuvent devenir extrêmement dangereuses, étant mises au service des passions. Elles sont loin de

ne viser, alors, qu’à la pure expression esthétique du

beau. Cf. Lucien, De saltatione, vii, xix ; Herder, Histoire de la poésie des Hébreux, trad, de M la baronne

de Carlowitz, in-8°, Paris. 1851, p, 145 sq,

H emble que, chez les peuples primitifs, comme chez leenfants, la dan-, - a été le premier de tous les arts.

Chez les Grecs, elle précéda certainement les i tationa scéniques. Ce furent, d’abord, des danses railitaires, animées et bruyantes, figurant di os de

guerre et les diverses péripéties des combats. Elles’liaient, avant tout, un exercice corporel, pour développer la force et l’agilité des muscles, une sorte de gymnastique en vue des luttes futures. Mais i étaient au-si un divertissement, une faut ce rapport, se rapprochaient plus de l’art. Telle fut la danse pyrrhique, inventée, dit-on, par Pyrrhus, lils d’Achille. Homère en fait souvent mention dans l’Iliade, par exemple, XVIII. 194, 604, et l’Odyssée, VIII. -Platon prit aussi la peine de la décrire. Xénophon rapporte que bs femmes elles-mêmes dansèrent parfois la pyrrhique pour amuser la galerie. Anabase, VI. Ouand le théâtre se fonda, en Grèce, la danse y entra comme accessoire, pour ajouter aux charmes du spectacle. Puis, elle en arriva souvent à s’emparer complètement de la scène, comme si elle pouvait, à elle seule, -enter une action dramatique ou comique. Cf. Athénée, Diptiosopltistes, xix. in-fol.. Paris. 1606, p. 629-631. Ce que les syllabes longues et brèves étaient pour le poète ; ce que, pour le peintre, étaient les couleursde la palette ; l’expression du visage, les gestes, les attitudes, les allures rapides ou lentes, passionnées ou calmes, le devinrent pour le danseur. Cf. Magnin, Origines du théâtre modi Sor bonne, in-8°, Paris, 1838, p. 87.

Au temps même de leur civilisation la plus avancée, il n’y avait, chez les Grecs, aucune fête, ni aucune cérémonie religieuse, où la danse ne fût de mise. Les hommes et les femmes y prenaient part. C’étaient des évolutions multiples exécutées autour d’un autel et réglées par le chant et le son des instruments de musique. Cf. Athénée. Dipnosophistes, p. 181 ; Pollux. OnomasHcon, iv, li. Quelquefois, ces danses saci cherchaient à représenter, en quelque fa, on. les aventures, ou les faits et gestes du dieu qu’on pensait honorer ainsi. Dans sa République, Platon voulait que la danse fut introduite, non seulement à titre de’divertissement, mais comme moyen d’adoucir les mœurs, supposant que la grâce et l’élégance données par elle aux mouvements du corps, communiqueraient à I esprit de la rectitude et de la souplesse ; aux actions, de l’urbanité. Platon. Lois, vil. Cf. lîoccardo, Nuova enciclopedia ilaliana, 26 in-fol., Turin. 1888, t. vil. p. 190. Pour les anciens, tel corps, telle âme. Suivant eux, le corps étant bien conformé, l’âme devait l’être aussi : perfectionner le corps dans ses mouvements, c’était perfectionner l’âme dans ses facultés. Cf. Gronovius, Thésaurus antiquitalum grsBcarum, 13 in-fol.. Leyde, 1697-4702, t. vii. p. 173-220 ; Patin. Études sur les’tragiques grecs, I in-42, Pans. I sr>$1-$2>7 : >. t. m. p. LSOsq. Les Grecs avaient été en cela précédés par Us Egyptiens qui possédaient de nombreux collèges de musiciennes et de danseuses, pour le Culte de leurs dieux Cf. Maspero, Histoire ancienne des peuples de TOrient classique, 3 in s -. Pan-, 1895-1899, t. i, p. 126 ; t. n. p W’iner, Biblisches Realtvôrlerbuch, in-4°, Leipzig, 1833, p. 655. Il en était de même chez leChananéens, pour leur dieu suprême Baal, el sa compagne Astarté. III Reg., wmi. 26-28 ; IV Reg., xxiii. 5 ; Soph., î. t. Cf. G. J. Voss, ! >< theologia gentili, 2 in-fol.. Amsterdam, 1642, t. n. p. 3 sq. ; Movers, Die Pkônitier, 3 m-s. Berlin, 1841-1856, t. i. p. 385-498.

La Bible fait, plusieurs fois, allusion aux danses des Hébreux, et, loin de les condamner indistinctement, file les approuve, tantôt indirectement, tantôt d’une manière formelle. Les danses étaient chez eux non seulement un divertissement et l’expression d’une joie vive, mais BOUvent aussi une manifestation de la piété. piele passage miraculeux de la mer Rouge, Moïse compose un cantique en l’honneur de Jéhovah, el la