étaient à la tête du parti des macédoniens, avec Eleusius de Cyzique, se trouvant en liberté, tinrent avec ceux de leur parti quelques conciles où ils condamnèrent les partisans d’Acace et la doctrine confirmée dans le concile de Rimini et approuvèrent celle d’Antioclie, qu’ils avaient déjà confirmée à Séleucie. Eustathe s' étant encore assemblé avec eux àLampsaque, Socrate, H. E., 1. IV, c. iv ; Sozomônc, 1. VI, c. vii, en 365, y ordonna de nouveau que l’on suivrait la confessiçn de foi d’Antioclie, approuvée à Séleucie, et annula tout ce qui s'était passé tant contre lui que contre les autres évêques de son parti, à Constantinople, en 360. On ne sait s’il fut du nombre des députés qui, aussitôt après le concile de Lampsaque, vinrent trouver Valens pour l’informer de ce qui s’y était passé, mais la même année, les semi-ariens ou macédoniens, car c’est ainsi qu’on les nonnnait depuis le règne de Julien, avaient tenu deux divers conciles, à Smyrne en Pisidie et à Isaurie en Pampliilie et en Lycie. Comme ils se trouvaient opprimés par les purs ariens, qui avaient trouvé de l’appui auprès deValens, ils jugèrent à propos de recourir à Valentinien et au pape Libère, en disant qu’il valait mieux embrasser la foi des Occidentaux, que de communiquer avec Eudoxe et ses adhérents. Eustathe de Scbaste fut député, Socrate, H. E., 1. IV, c. xii ; Sozoniône, 1. VI, c. X, avec ordre de ne point disputer sur la foi, mais de communiquer avec l'Église romaine et d’approuver la doctrine de la consubslanlialilé. Il ne put parler à Valentinien, qui était parti pour aller en Gaule faire la guerre aux Barbares. Mais il présenta à Libère les lettres dont il était chargé, et signa la consubslaniialilé, le pape n’ayant voulu l’admettre à sa communion qu’après cette précaution. Socrate, loc. cil. Nous avons encore la formule de foi qu’Eustathe et les autres qu’on avait députés avec lui présentèrent en cette occasion. Au retour de Rome, ils allèrent en Sicile, Socrate, loc. cil., et y firent assembler un concile des évêques du pays, en présence desquels ils approuvèrent la foi de Nicée et le consubslantiel, comme ils avaient fait à Rome. Eustathe passa en lllyrie, Théodoret, H. E., 1. IV, c. ix, et on croit que ce fut lui qui engagea Germinius de Sirmium à quitter le parti des ariens. Depuis, voyant que Valens était ennemi déclaré des catholiques, S. Épiphane, Hær., Lxxv, n. 2, il signa à Cyzique une nouvelle profession de loi, S. Basile, Episl., ccxliv, 9, col. 9'24, où, sans parler de la consubslanlialilé, on se contentait de dire que le Fils est semblable au Père en substance. On y renouvelait aussi les blasphèmes d’Eunome contre le Saint-Esprit. Toutes ces variations le rendirent suspect aux catholiques, en particulier à Théodote, évêque de Nicopolis, capitale de la petite Arménie, où Sébaste était située. » Ceillier, Hisloire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques, 2<^édit., Paris, 1865, t. iii, p. 516.
C’est à ce moment que se place la rupture entre saint Basile et Eustathe. Saint Basile, ne pouvant s’imaginer, écrit dom Ceillier, « qu’Eustathe eût signé de mauvaise foi à Rome, ne pouvait aussi se résoudre à l’abandonner. » Il vint avec son évêque Eusèbe au concile de Tyane, où furent présentées les lettres du pape Libère. L'évêque Eusèbe étant mort en 370, Basile lui succéda, et c’est peu après que se consomma la rupture. » Eustatlie, en dehors de Basile, avait peu d’amis. Les uns l’abhorraient à cause de ses moines, les autres à cause de sa doctrine. Il n’y avait pas moyen de l’amener à prendre parti sur l’affaire du Saint-Esprit ; malgré ses réserves, on voyait qu’il penciiait pour l’opinion contraire à sa divinité absolue. Basile, à qui cette amitié dangereuse valait tous les jours de nouveaux soucis, prit le parti d’en finir et d’amener Eustathe à s’expliquer neltement. » Du DICT. IlE THKOL. CATHOL.
chesne, loc. cit., p. 403-404. Invité en 372 par Théodole de Nicopolis à venir célébrer une fête dans sa ville épiscopale, Basile s’arrêta à Sébaste, pour y conférer avec Eustathe. Après une discussion de deux jours, ils tombèrent d’accord sur tous les points. Basile écrivit à Théodote pour le prier de rédiger une formule que souscrirait Eustathe. Théodote, toujours défiant, refusa et fit même entendre à Basile qu’après cela il ne désirait plus sa visite. Au lieu de continuer sa route ver ? Nicopolis, l'évêque de Césarée s’en revint, tout triste, chez lui. L’année suivante, il eut occasion de rencontrer Théodote. Celui-ci lui reprocha vivement son entrevue avec Eustathe, lequel, ajouta-t-il, niait avoir fait aucun accord avec Basile. L'évêque de Césarée fut stupéfait. « Comment, s'écria-t-il, Eustathe, que j’ai connu ennemi de tout mensonge, au point d’en avoir horreur jusque dans les choses les plus légères, oserait-il trahir la vérité dans une affaire d’une telle importance ?J’irai le voir, je lui proposerai une formule de la vraie foi, et, s’il la souscrit, je demeurerai dans sa communion ; s’il refuse, je me séparerai de lui îi mon tour. » Basile, Episl., xcix, 3, col. 501. Rassuré par cette alternative, Théodote invita Basile à Nicopolis. Mais celui-ci était à peine arrivé que son hôte, revenu à ses défiances, l’accueillit fort mal et refusa d’accomplir la promesse qu’il avait faite de l’aider dans sa mission d’Arménie. Ibid.
Basile parvint cependant, l’année suivante, à faire signer à Eustathe une profession de foi entièrement catholique, et s’empressa de communiquer cette pièce à Théodote. S. Basile, Episl., cxxv, cxxx, col. 545 sq., 561 sq. « On pouvait croire que tout était fini et qu’il ne restait plus qu'à se tendre la main. Un rendez-vous fut pris : Eustathe devait s’y trouver avec Basile et ses amis. On l’attendit en vain. Son entourage l’avait retourné ; il est bien possible, du reste, que l’amitié de Basile pour Mélèce, son ancien compétiteur, lui ait paru excessive ; le fait est que, désormais, il voulut mal de mort à son ancien disciple. Au retour d’un voyage qu’il fit alors en Cilicle, il écrivit à Basile pour lui déclarer qu’il renonçait à sa communion. Le prétexte était une lettre de Basile à Apollinaire, une lettre vieille de vingt ans où il n'était nullement question de dogme. Apollinaire et Basile étaient encore laïques au temps de cette correspondance. N’importe, Basile avait écrit à Apollinaire ; c'était un apollinariste, un hérétique. Une autre lettre, bientôt répandue dans toute l' Asie-Mineure, dénonça Basile comme un intrigant ; elle présentait sous les plus sombres couleurs le rôle qu’il avait eu dans l’affaire de la signature. » Duchesne, loc. cit., p. 405. Cf. Loofs, Eustathies von Sébaste, p. 72, qui reproduit VEpislola ad Apollinarem Laodicenum celeberrima, publiée à Rome, en 1796, par L. Sébastian !.
L’indigne conduite d’Eustathe dissipa les dernières illusions de Basile. Il demeura, dit-il lui-même, « muet, frappé de stupeur, pensant à la profondeur de dissimulation d’Eustathe. » Il se rappela alors que l'évêque de Sébaste avait eu pour maître Arius : « L'Éthiopien, écrit-il un peu amèrement, ne peut changer la couleur de sa peau, ni la panthère effacer les taches de son poil. » Episl., cxxx. Basile avait le cœur serré. « J’ai été, écrit-il encore, sur le point de haïr le genre humain, de le juger incapable d’affection, à la pensée de cet homme qui s'était gardé pur de l’enfance à la vieillesse et qui, pour des motifs insignifiants, s’emportait jusqu'à oublier ce qu’il savait de moi pour prêter l’oreille aux plus viles calomnies. » Ibid. Pendant trois années, Basile supporta en silence « la flagellation de la calomnie. » S’il se décida ensuite à écrire une lettre justificative à tous les moines de son diocèse, ce fut par crainte que son silence ne fût occasion de scandale. Episl., ccxxvi. Puis vinrent
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