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158 ! EUTHYMIUS ZIGA]U' : NE

EUTYGHÈS ET EUTYCHI ANISME

1582,

téral et la signification propre des mots. » Histoire critique des principaux conimentaleurs du Nouveau TestamentRotterdam, 1C93, p. 409.

L’exégèse que donne Euthymius des textes relatifs à la primauté de saint Pierre est à remarquer. Bien qu’hostile aux latins, comme on le voit par ses attaques contre le Filioque et l’usage de l’azyme, notre Byzantin reconnaît sans peine la primauté de l’apôtre Pierre, que nient les schismatiques orientaux actuels. Il atténue sans doute la portée de certains passages de saint Jean Chrysostomc, par exemple, dans le commentaire du Tu es Pelrus, P. G., t. cxxix, col. 465468, mais il ne paraît pas qu’il y ait là dessein prémédité. Expliquant le Pasce oves meas, il dit, à la suite de Chrysostome, que Pierre était le coryphée et la bouche des disciples, que s’il n’a pas reçu le siège de Jérusalem comme Jacques, malgré sa prunauté, c’est que Jésus-Christ l’a établi docteur de l’univers et lui a confié le gouvernement de ses frères, -rf, ; oly.o-jijivri ;

à5î), ç(ôv. Comment, in Joa., P. G., ibid., col. 1496, 1500, cf. col. 324 : « Pierre est appelé « le premier » , TifcôToç, non pas seulement parce qu’il était plus âgé qu’André, mais aussi parce qu’il l’emportait sur les autres, à cause de la fermeté de sa foi, » col. 496-497, 848, 1081.

En 1887, le grec N. Kalogheras a publié le Commentaire des quatorze Épîlres de saint Paul sous le titre : li-jb’Jiiio-j ToO Z'.yaê'.'iVjC i(i|j, r|V£'.a £. ; Ta ; lA' ÈTrcaroÀà ; zal EÎç ti ;  :  ; ' y.aOo/.cy.âç, 2 in-S", Athènes, 1887. Le Commentaire sur les sept Épitres catholiques n’appartient pas en réalité à Euthymius, comme l’a reconnu Kalogheras lui-même en tête du n" volume de son édition. Il faut l’attribuer à un certain prêtre André ayant vécu entre la fin du vue siècle et le x*'. On le trouve, en effet, dans le Cod. Coisl. 25, qui est du xe siècle ; par ailleurs, saint Maxime le Confesseur est cité. Cf. Krumbacher, Geschichte dcr byzantinisclicn Litteratur, Munich, 1897, p. 211. Le Commentaire des Épitres pauliniennes ressemble aux autres œuvres exégétiques de Zigabène. Le titre donné par le manuscrit qui le contenait en indique bien le caractère : 'Kp ; j.r|V£'.3t èTTiTToXfov ToO (j.EYà)vO’J à7ToaTÔAo-j llaûXou cptXojtôvwç èpavid8ec(xa |xâXiTTa |j.kv àTcb rrjÇ il : r-^risvi> :, to’j èv iyioi ; Ilarpi) ; -^jxûv 'Iwâvvo’j toO XpuiTOCTTO[j.o-j, ïxt Se v.tn i-KO otaçôpdjv a).).(ov IlaTeptov, auvs'.CTîvEyy.ôvTo ; Tivà v.où TO’j xaÙT/iv èpav'.iraij.i’vou xoO Zcyaorivo-j E’j6uiJ.ioy (xova//j-j. Qu’il nous suffise de faire remarquer que la contribution personnelle d’Euthymius est bien petite.

Il existe une grande ressemblance entre les Commentaires de Théophylacte de Bulgarie sur le Nouveau Testament et ceux d’Euthymius. Pour l’expliquer, pas n’est besoin de recourir à l’hypothèse d’une dépendance de celui-ci à l'égard de celui-là. Le fait que les deux compilateurs ont utilisé les mêmes sources rend suffisamment compte de la parenté de leurs œuvres.

En dehors des écrits dogmatiques et exégétiques que nous venons de mentionner, on attribue à Zigab> ! 'nc quelques lettres encore inédites. Cf. Cod. 249 du Supplément grec de la Bibliothèque nationale de Paris, fol. 156-174 ; Cod. Vindob. Iheolog. græc. 247 et 248, et quelques homélies d’une authenticité fort douteuse, dont une seule, l'É/oflie de saint Hiérothée, le prétendu maître du pseudo-Denys l’Aréppagite, a été publiée par Kalogheras, dans le i'"^ volume de son édition du Commentaire des Épitres pauliniennes, p. lxxviii-xci. C’est un brillant morceau de rhétorique où le pseudoDenys est cité plusieurs fois.

Il faut refuser à notre auteur le Discours sur la vénération de la sainte ceinture de la Vierge et des langes du Seigneur et sur la dédicace de la sainte châsse de Khalcopratia, dont Migne a publié une traduction latine, due à Lipomanus, comme supplément Ta ses

œuvres. P. G., t. cxxxi, col. 1243-1250. Ce discours se trouve, en effet, dans un manuscrit du x<e siècle, le Vatic. greec. 1671, fol. 399-406. Cf. Calalogus codicum hagiographieorum greecorum bibliolh. Vatic. hagiographorum bollandianorum, Bruxelles, 1899, p. 164. Il faut aussi lui dénier la paternité de la Monodie sur la mort d’Euslalhe de Thessalonique, qu’on lui a longtemps attribuée. Eustathe mourut, en effet, en 1194. L’auteur de l’oraison funèbre en question est Euthyme, évêque de NouvellePatras. L. Petit, Les évêques de Thessalonique, dans les Échos d’Orient, 1902, t. v, p. 30. Les œuvres authentiques d’Euthymius n’occupent pas moins de trois volumes, P. G., t. cxxviii-cxxx. Il faut y joindre les deux volumes contenant le Commentaire des Épitres de S. Paul, publiés par Kalogheras, Athènes, 1887. Faliricius, Bibliotlieca grseca, cdit. Harles, t. viii, p. 328345 ; Nie. Foggini, Anecdola litleraria, Rome, 1783, t. iv ; Ullmann, Nicolaus von Methone, Euthymius Zigabenus und Nicetas Clmniates, oder die dogmalisclie Entwict<ielunii der griechischen Kirche im xii Jahrhundert, dans Theologische Studien und Kritiken, 1833, t. vi, p. 663-674 ; N. KalogheraS, 'A/.éÏkk ; 'a, Ô Ko ; /.vr]vo ;, EJ6Jii :  !) ;  ; ZiyaSïivo ; xac oi

aUiTmi ?oi-o(i.0.oi, dans AOij/arov, 1880, t. IX, p. 255-284 ; du

même, Tlpi twv en àvsxSôxwv UTroiivï ; ijiy.Twv Eyôjitîoj Toy Z[- ; aSï]vo’J i :  ; Ta ; èrtTToAà ; rïaJXo-j tou àTro^roXoy y/ï il^ xà ; yaôovtzâ ;, ibid., t. X, p. 331-362 ; voir aussi la longue préface du même auteur dans le i = ' volume du Commentaire des Épîlres pauliniennes ; K. Kadcenko, iïm wenig belcanntes Werk dse Euthumius Zigabenus iiber die Bogomilen, Niéjin, 1902 (il s’agit de V Inuectiue contre les plioundagiagiles) ; G. Ficker, Die Phundagiagiten, Leipzig, 1908, p. 140, 150, 176-191 ; Krumbacher, Geschichte der bijzantinisclien Litteratur, Munich, 1897, p. 82-84 ; Ph. Meycr, Euthymius Zigabenus, dans Realencyclopàdie fiir protestantische Tlieologie, 3édit., t. V, p. 633-635 (contient des inexactitudes) ; M. Jugie, Phoundagiagites et bogomiles, daiK le^ Éclios d’Orient, 1909,. t. XII, p. 257-262.

M. JUGIE.

    1. EUTIQUITES ou EUTYCHITES##


EUTIQUITES ou EUTYCHITES. Voir EntyCHiTES, col. 130-131.

    1. EUTYCHÈS et EUTYCHIANiSME##


EUTYCHÈS et EUTYCHIANiSME. — I. Vie

d’Eutychès. II. Doctrine. III. Eutychianisme et monophysisme. IV. Les diverses sectes eutychiennes.

I. Vie d’Eutychès. — L’hérétique fameux qui s’appelle Eutychès et qui, au dire de certains, aurait mérité plutôt le nom d’Atychès (le medlieureux), naquit en 378, s’il est vrai, comme il le déclare lui-même dans une lettre au pape saint Léon, Sijnodicon Casinense, c. ccxxii, Mansi, Concil., t. v, col. 1015, qu’il était âgé de soixante-dix ans en 448. On ignore le lieu de son origine, mais il est vraisemblable qu’il était de Constantinople ou des environs. Consacré à Dieu aussitôt après sa naissance, il embrassa de bonne heure la vie monastique dans un couvent situé dans la banlieue de Constantinople. Nous apprenons par les actes de la IV « session du concile de Chalcédoine, Mansi, op. cil., t. VII, col. 62, qu’il eut pour maître un certain abbé Maxime. Celui-ci est vraisemblablement le moine Maxime, diacre de l'Église d’Antioche, un fougueux adversaire du nestorianisme, dont Cyrille dut modérer les ardeurs. S. Cyrille, EpisL, lvii, P. G., t. lxxvii, col. 320-321 ; Duchesne, Histoire ancienne de l'Église, . Paris, 1910, t. iii, p. 382, 399, Si l’identification est sûre, il faut dire que ce Maxime fut le maître d’Eutychès, non pour la vie religieuse, mais pour la doctrine hérétique qu’il soutint bientôt.

Eutychès fut un moine édifiant. Il avait à peine atteint l'âge de trente ans qu’il fut ordonné prêtre et nommé archimandrite de son couvent, qui ne comptait pas moins de trois cents moines. Esprit borné, sans pénétration comme sans souplesse, dépourvu de toute culture théologique sérieuse, il aurait dû s’interdire toute immi.xtion dans les controverses doctrinales de son temps. Mais il n’eut pas cette prudence. Quand éclata la querelle nestorienne, il se montra avec les