»
VI, 7, sur le but de la mission : « Il appela près de lui les Douze et il commença à les envoyer deux à deux en leur donnant pouvoir sur les esprits impurs. » Il n’est dit nulle part que Jésus a accorde le droit de remettre les péchés. C’est plus tard que l'Évangile le lui fait concéder. Aussi rendant compte de la mission, saint Luc, IX, 6, parle comme saint Marc : « Les disciples étant partis allèrent de village en village, prêchant l'Évangile et opérant partout des guérisons. » Les faveurs spirituelles, le pardon des péchés ne sont pas mentionnés. Les théologiens ont observé que les onctions étaient faites sur des Juifs, et que les apôtres ont été institués prêtres à la cène seulement : il ne pourrait donc pas être question d’un sacrement au sens strict. ISIaldonat, pour éluder l’objection, est obligé de répondre : Les règles sur le ministre et le sujet de l’extrême onction subiraient une exception. Celui qui a établi la règle pouvait en dispenser. A coup sûr, mais n’est-il pas plus naturel d’admettre qu’il ne posait pas encore la loi, cju’il n’instituait pas d’une manière rigoureuse et formelle le sacrement proprement dit. Dépourvue d’appui dans le texte évangélique, l’opinion de Maldonat ne peut invoquer qu’un petit nombre de témoignages vraiment explicites et favorables, elle n’a pas pour la soutenir l’appui d’une véritable tradition. Cf. Kern, op. cit., p. 71-80. « C’est à bon droit, écrit donc Knabenbauer, Evangeliiim sccundnm Marciim, Paris, 1894, p. 163, que ce sentiment a été abandonné et avec Bellarmin, Estius, Corneille de La Pierre, Jansénius, Cahnet et tous les modernes, il faut dire que l’onction fut seulement une figure et une ombre du sacrement. » Très prudemment, le concile de Trente, sess. XIV, De e.xtrema unctione, c. i, enseigne que Jésus-Christ a institué l’onction comme un véritable sacrement insinue par Marc, promulgué par Jacques. Ainsi pensent les plus récents commentateurs. « Le rite est bien le même qui demeure en usage dans l'Église. » Lagrange, Évangile selon saint Marc, Paris, 1911, p. 148. Il « a beaucoup d’analogie avec le rite chrétien de l’extrême onction qui en est plus ou moins dérivé, » reconnaît M. Loisy, Les Évangiles synoptiques, Cvfïonds, 1907, 1. 1, p. 901. Mais l’essai passager est devenu une institution permanente ; aux apôtres ont succédé les prêtres ; la guérison des corps s’efface devant la cure des âmes ; l’effet miraculeux semble avoir survécu un instant sans onction dans le charisme des guérisons ; l’huile est devenue d’un emploi normal, universel, mais pour le salut des âmes. Le miracle a facilité l’acceptation du sacrement. La mission des Douze a préparé l’intervention de l'Église.
I. Sources.
Jac, v, 14-18 ; Jlaïc, vi, 13.
II. ÏRAVAU.x CATHOLIQUES. — Les commentaires de ces passages, surtout de l'Épître de saint Jacques (Estius, Corneille de La Pierre, Frcmond, Bisping, Drach, Liagre, Messmcr, Scherg, Trenklc, Fillicn, Calmes, Belser, VanStcenkisto) ; les traités des théologiens sur les sacrements (surtout Bellarmin, de Augiistinis, Schanz.Gihr, Schell, S£SS3, Pesch) ; les monogTaphics déjà citées (de Sainte-Beuve, Schmitz, Boudinhon et surtout Kern).
III. Travaux non catholiques.
Les commentaires, S'.ntout ceux de l'Épître de Jacques (Spitla, .Mayor, Bey>chlag. Von Soden, B. Weiss, Hort, Carr. Hollmann, Winthsch, Maycr et Busch, etc.) ; 1 monographie très importante de Pullcr, Anoinling o/ tlie.tick. Londres, 1904, c. i, p. 7-42 ; les manuels de théolrgie biblique traitent sommairement ou omettent la queslion.
C. RucH. II. EXTRÊME ONCTION DU I AU tX" SIÈCLE. — L’n grand nombre de protestants soutiennent que l’extrême onction n’a été d’un usage commun en Occident ciu’au xiie siècle ; qu'à cette époque seulement elle est devenue ce qu’elle est aujourd’hui pour les catholiques, un rite productif de la grâce, un com plément de la pénitence, un secours des mourants ;, c’est alors et même au siècle suivant que les docteurs chrétiens se seraient habitués à voir en elle un sacrement et à en attribuer à Jésus-Christ l’institution. Cf. Daillé, Disputatio de duobus lalinonim ex unctione sneramentis, confirmatione et c.rtrema unctione, Genève, 10.59 ; Augusti, Dentciviirdigkeiten aus der christlichen Archâologic, Leipzig, 1817-1831, t. ix, p. 473. D& nos jours, ces hypothèses sont encore proposées, parfois pourtant avec de légères atténuations. Steitz avoue que, si le sacrement n’apparaît sous sa forme déhnitive qu’au xiie siècle, c’est à la suite d’une évolution dont il place le début à la fin du viii. Rcaleneyctopàdie fiir protestantisehe Théologie und Kirche, Leipzig, 1904, t. xiv, p. 306. Même afflrmation ^ dans Puller, The anointing of the siek in Scripture and tradition with some considérations on the numbering of the særaments, Londres, 1904. Primitivement, l’extrême onction n’est qu’un rite administré aux malades et destiné à leur rendre la santé ; au ixe siècle, on commence à voir en elle un moyen d’obtenir la rémission des péchés et partant la grâce, et c’est ce qui permit aux tliéologiens du xii'e siècle de tenir ce rite pour un des sept sacrements.
Il sera facile de démontrer qu’aux ix" et viiie siècles, l’extrême onction passe déjà pour produire des effets spirituels et qu’elle est administrée aux mourants, en vertu d’un précepte divin. Des témoignages nombreux et convaincants obligent à admettre « que nous nous trouvons en face d’un fait établi, devant une théorie acquise qui suppose une naissance et une existence antérieures et que nous n’assistons point aux semailles d’idées neuves qui mettront trois ou cjuatre siècles à miàrir pour enrichir l'Église d’un sacrement supplémentaire. » Netzer, L’extrême oncJ tion aux viii" et ix'e siècles, dans la Revue du clergé ^ français, 1911, p. 182.
En fait, nous découvrons avant cette époque un nombre respectable de témoignages. Par son importanc, par l’usage qui en fut fait dans la suite, l’un d’eux, celui d’Innocent I" (416), marque une date. Il convient donc d'étudier séparément les textes antérieurs et les textes postérieurs au ve siècle. j
Quelejuc abondante que soit la moisson, elle peut paraître insufllsante. Et on a parlé du silence relatif ^ de l’antiquité sur l’extrême onction ; ie baptême et l’eucharistie sont beaucoup plus souve t nommés. Théologiens, apologistes et historiens ont fait connaître les causes de cette différence. — I. Explication du silence relatif de l’antiquité. IL Les quatre premiers siècles. Avant Innocent I « . III. Du v^ au VIIe siècle. IV. Aux viii » et ixe siècles.
I. Le silence relatif de l'.antiquité sir l’extrême onction ne prouve pas la non-existe.xce du sacrement. — II est naturel que le rite recommandé par saint Jacques n’ait pas été aussi souvent mentionné par les écrivains anciens que d’autres sacrements. Aujourd’hui encore, il en est de même. L’extrême onction n'étant pas, en règle générale, indispensable pour le salut, est moins nécess.iire que le baptême, l’eucharistie, la pénitence ; elle est moins souvent conférée. Il en étai ainsi dans les premiers siècles surtout. Comme l’observe Chardon, Histoire des sacrements, Extrême onction, c. i, dans Theologiæ cursus completus, Paris, 1840, t. xx, col. 7.5.5 : « Il était presque impossible, dais le temps que les < hrJtiens étaient mêlés avec les païens, d’administrer ce sacrement sans l’exposer à la vue des inOdèles… ; car d’ordinaire, il s’en trouvait toujours dans la même famille qui étaient encore païens, ou au moins qui n'étaient pas enc re initiés aux mystères… Les ministres de l'Église se seraient beaucoup exposés >n cette occasion, en allant ainsi de maisons