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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.2.djvu/339

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1977
1978
EXTRÊME ONCTION DU I" AU 1X « SIÈCLE


Jacobiis, imo per aposlohim suum Dominus. Ipsa videlicet olei sacrali delibulio intelligitur Spiritus Saiicli lypicalis unclio. P. L., t. xl, col. 1154.

Le biographe de saint Rambert (f vers 888), un contemporain, nous apprend que ce pieux personnage, une semaine avant sa mort, donna des ordres pour que l’onction sainte fût faite sur lui, ce qui eut lieu chaque jour : Seplimo anle obitum die mysterium sanctae unctionis citm oleo sancto ei fieri priecepit et una ciim coinmunione corporis et sangiiinis Domiiii iisque in diem uniniæ exeuntis de corpore hoc salutare remedium omni die pereepit. Acla sanrtorum, t. i februarii, p. 56(i.

Réginon, abbé de Prum, dans son traité De ecclesiasticis disciplinis, 1. I, c. 117, 118, P. L., t. cxxxii, col. 214-215, insère la réponse d’Innocent et le commentaire de Bède sur saint Jacques. Il nous a conservé aussi un canon d’un concile de Tours qui nous renseigne sur le rite même de l’onction : Poslquam infirmus, ab onere peccalorum per confessionem relevatus fuerit et a sacerdote reconciliatus, oleo sanciificalo in Dei nomine inungendiis est, primiini in peciore, deinde inter scapulas, cum precibus ad hanc sanctam unclionem pertinentibiis ut jiixta apostolum. Cf. c. 116. Op. cit., col. 214. Le canon 119 fait encore allusion à l’extrême onction que suit le viatique : Postquam infirmus sacra unctione fuerit delibutus, statim corpore et sanguine Domini recreandus est. Op. cit., col. 215. Réginon propose aussi, parmi les questions que l’évêque et ses représentants doivent poser au clergé, les questions suivantes, q. xviir, lxxxviii : Si visitet infirmas, si eos reconciliet, si eos ungat oleo sancto juxta apostolum. — Ordinem…ungendi infirmas, arationes quoqiie eidem necessilati compétentes si bene scit légère aut memoriter enunliare. P. L., t. cxxxii, col. 188, 191.

Il faut enfin mentionner les documents liturgiques. On peut leur assimiler la description de la collation du rite que nous a laissée Théodulfe (789), lac. cit. Un sacramentaire de Saint-Remi de Reims légèrement postérieur contient un Ordo ad unguendum infirmum, P. L., t.Lxxviii, col. 529 ; Ménard, cqui l’a édité, place la composition de l’ouvrage, vers 800. Op. cit., col. 17-18. L. Delisle, Mémoire sur d’anciens sacramentaires, Paris, 1886, et Nelzer.op. C ! /., p. 190, sont du même avis. C’est au ixe siècle que remontent aussi d’après Martène plusieurs Ordines édités par lui, op. cit., p. 116 sq., VOrdo I (pontifical de Jumièges, viii-ix<’siècle) ; VOrdo //(pontifical de Prudence de Troyes, ix « ^siècle), VOrdo m (sacramentaire de Saint-Gatien de Tours, IXe siècle), les Ordines IV et V (deux manuscrits de Tours, du IXe siècle). D’autres documents reproduits par Martène sont présentés par lui comme étant du IX* ou du Xe siècle, VOrdo VIll (de Reims), VOrda IX (de Moissac), VOrda X (de Noyon). A la même date (ix*-xe siècle) pourrait se placer l’exemplaire du sacramentaire grégorien, publié par Ménard, P. L., l. lxxxviii, et qui contient, lui aussi, un rituel de l’onction, col. 231 sq. Cf. L. Delisle, op. cit. Netzer croit même pouvoir consulter comme témoin de l’extrême onction’au IXe siècle, le sacramentaire dit de du Tillet ; Ménard a publié VOrdo de l’extrême onction qui s’y trouve, P. L., t. lxxviii, col. 526 sq., mais cet ancien éditeur ne datait le manuscrit que du XIe siècle. Op. cit., præf., col. 19-22. Les rituels celtiques de Dimna (ixe siècle), de Mulling (ixe siècle), de Stowe (ix*-xe siècle ?) nous renseignent sur la manière d’oindre les malades. Cf. Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie, art. Liturgies celtiques, t. ii col. 3023.

l^’Ordo grec édité par Goar, Euchologium sive Rituale Grœcorum, Venise, 1730, p. 332-346, remonte plus haut que le x « ^siècle, d’après les érudits. Or, comme on l’a observé justement, "Villien, op. cit., p. 651, les rites sont semblables dans toutes les Églises

d’Orient. Voir Denzinger, Ritus Orienlalium, Wurzbourg, 1864, t. ii, p. 483 sq. Aussi admet-on que le lype byzantin de l’onction a servi de modèle pour les liturgies copte, syrienne, arménienne. La prière principale, celle qu’on tient pour la forme : llziEp âYi£, etc., se retrouve légèrement modifiée dans les divers rituels orientaux. Perpétuité de la foi sur les sacrements, 1. I, c. II, 1841, t. iii, col. 922 ; Brightmann, The journal of theological sludics, 1900, t. i, p. 261 ; Puller, op. cit., p. 137.

Citer les textes est impossible ici. En extraire des descriptions liturgiques (le travail a été fait par Villien, op. cit., p. 651-666) serait sortir des cadres de cette étude. Ne pas dégager de la théologie des formules, les renseignements très précieux que ces antiques documents contiennent sur le rite et le ministre serait négliger la principale source d’information sur ces deux points.

2o Conclusions théologiques.

1. L’usage d’oindre les malades est universel, recommandé, sinon prescrit, rattaché à saint Jacques et à Jésus. — En Occident et en Orient (grecs, arméniens), les malades reçoivent l’onction. Les fidèles connaissent l’usage ; les écrivains chrétiens le justifient ; les prêtres le respectent ; les évêques, les conciles, un empereur le recommandent. Les livres liturgiques décrivent le rite. Il y a donc bien, comme le dit Bède et comme le répéteront de nombreux auteurs, une coutume d’Église (Raban Maur, Amalaire, Naucrace, Jonas, etc.).

Cet usage est traditionnel : tous ceux qui attestent son existence croient qu’il est ancien, remonte aux saints Pères (pseudo-Egbert, concile de Chalon, etc.), dont on imite les exemples (Hincmar) et dont on observe les décisions (concile de Chalon). Les hommes du VIII* et du IXe siècle sont convaincus qu’ils n’innovent pas, mais conservent, qu’ils ne sont pas témoins d’une évolution, mais d’une persistance doctrinale. Ils indiquent leurs sourcesiBède, Innocent I*sont maintes fois invoqués, leurs afïirmations sont reproduites. A peu près tous les documents nomment saint Jacques ou font allusion à lui. Le rite est donc apostolique. Bien plus, il remonte à Jésus. Plusieurs fois, les applications miraculeuses d’huile faites par les disciples sur l’ordre du Seigneur sont présentées comme le type d’où dérive l’extrême onction. Personne ne dit que saint Jacques a institué le rite, il le recommande (concile de l’avie, etc.). L’huile des catéchumènes a une origine moins sacrée que l’huile des malades. Les prières liturgiques rappellent à Jésus-Glirist que c’est lui qui a prescrit l’onction et promis par elle la santé, il a parlé par l’apôtre (Ordines I, iii, sacramentaire de Saint-Remi, etc.).

Aussi les devoirs des pasteurs et des fidèles sont-ils mis souvent en évidence. Les ministres auxquels il appartient de consacrer l’huile sont tenus de le faire (concile d’Aix-la-Chapelle, Otznetzi). Et puisqu’on Occident, ce sont les évêques seuls, les prêtres sont obligés de venir leur demander la matière consacrée (saint Boniface, capitulaires, Rodulphe). Il est nécessaire que des instructions soient données aux collateurs du rite, et elles le sont, en effet (Théodulfe, capitulaires, divers statuts). Les prêtres devront éclairer les fidèles sur l’onction, les engager à la recevoir, la leur offrir, conserver l’huile près d’eux avec soin, l’emporter en voyage, être toujours prêts à oindre les malades. C’est une fonction de leur ministère. Ils encourraient une grave responsabilité si, par leur faute, les fidèles mouraient sans ce secours (saint Boniface, divers capitulaires et statuts), auquel ils ont droit : il leur est dû (saint Boniface).

L’onction est donc une faveur insigne, elle ne doit pas être trop peu estimée (concile de Chalon), négligée (Jonas) ; il faut au contraire que les fidèles la dési-