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EXTRÊME ONCTION AU CONCILE DE TRENTE


de ce sacrcMiient. Désormais, tant que rcnfaiit n’a pas quatorze ans accomplis, il est absolument interdit de lui donner l’extrême onction, réunît-il par ailleurs toutes les dispositions morales nécessaires. Tous les rituels édités tant au xve siècle que pendant la première moitié du xvie siècle contiennent à ce sujet des dispositions très précises. » Andrieux, Le viatique el l’cxlrême onction des enfants, dans la Revue pratique d’apologétique, 15 avril 1912, p. 95 sq. Voir, dans cet article, de nombreux témoignages de cette époque, p. 93 sq. Il fallut attendre le revirement qui se produisit au moment du concile de Trente, pour voir la pratique se mettre d’accord avec l’enseignement unanime des théologiens.

3. Peut-on réitérer l’extrême onction '.' — Les incertitudes disparaissent peu à peu. Nous avons vu que, dans l’ordre de Cluny, au témoignage de Pierre le Vénérable, on avait la coutume de renouveler l’administration de ce sacrement. Hugues de SaintVictor, De sacramentis, 1. II, part. XV, P. L., t. clxxvi, col. 578, se déclare également en faveur de la réitération : Oleum membra dolent ia sancd. Ita oleum ad ulrumque eurandum prodest ; si morbus non rcvertitur, medicina non iteretur ; si autem morbus non potest coldberi, ijuare deberet medicina prolnberi ? Les Synodicæ conslituliones d’Eudes de Sull.y, c. viii, a. 1, Labbe et Cossart, lac. cit., prescrivent de donner l’extrême onction et de la renouveler quand il en est besoin.

Mais, si le principe est admis, il reste des doutes sur son application, surtout lorsqu’il s’agit d’une malatlie longue et présentant des alternatives d’amélioration et d’aggravation. Albert le Grand, In IV Sent., 1. IV, dist. XXIII, a. '21, n’admet pas que, dans ce cas, on donne l’extrême onction plus d’une fois l’an ; la raison qu’il en donne est curieuse : il se base sur les relations qu’il voit entre le cours des astres et les maladies pour aflirmer qu’après un an la maladie n’est plus la même. Quoi qu’il en soit de la raison, la conséquence fut mise en pratique dans bien des églises. Durand de Mende, toc. cit., nous apprend que, de son temps, plusieurs disaient qu’on ne doit donner l’extrême onction qu’une fois l’an ; et, jusqu’au début du XVI'-e siècle, un certain nombre de rituels prescrivaient : Potest reiterari, sed non pro eadem infirmitate, nisi ultra annum prolrahatur. Cf. Launoy, De sacramento unetionis infirmurum, cxplieata Ecclesiæ Iraditio circa iteralioncm…, t. la, p. 553.

Cependant les grands théologiens avaient énoncé sur ce point la vraie doctrine qui finalement devait prévaloir. Saint Thomas, In IV Sent., 1. IV, dist. XXIII, q. II, a. 4, sol. 2' ; III' Suppl., q. xxxiii, a. 2, distingue deux sortes de maladies : les unes sont courtes ; on en guérit ou on en meurt ; une récidive est alors une nouvelle maladie où l’on peut recevoir de nouveau l’extrême onction. D’autres sont longues, ut heclica, Injdropisis et hujusmodi ; on ne peut recevoir l’extrême onction que si elles paraissent mettre en danger de mort ; et, si Iwmo illum articuluni évadât, eadem infirmitate durante, et itcrum ad similem sialum per ilkmi œyritudincm redueatur, itcrum potest inungi, quia jam quasi est alius infirmitcUis status, quamvis non sit alla infirmitas simpliciter. La même doctrine est enseignée par saint Bonaventure. In IV Sent., I. IV, dist. XXIII, a. 2, q. iv.

L. GODEFROY. IV. EXTRÊME ONCTION D’APRÈS LE CONCILE DE TRENTE ET LES THÉOLOGIENS POSTÉRIEURS. —

I. Le concile de Trente. II. Les théologiens postérieurs.

I. Le concile de Trente.

1° Histoire du texte. — Le concile de Trente s’occupa de l’extrême onction à la place qu’elle reçoit d’ordinaire dans la liste des sacrements, c’est-à-dire après la pénitence.

1. Discussions préliminaires à Trente et à Bologne' 1547. — Dès le 8 mars 1547, quelques jours avant la translation du concile à Bologne, pendant que les Pères achevaient de donner leur avis sur les canons relatifs à l’eucharistie, on songea, nous dit Massarelli, à rédiger les articles à condamner sur les quatre sacrements qui restaient. Diarium III, dans S. Merkle, Concilium tridentinuni, Fribourg-en-Brisgau, 1901, t. I, p. 623.

A Bologne, malgré le petit nombre des prélats présents qui ne permit pas d’aboutir à une définition, les travaux ne chômèrent pas. Le 26 avril, les théologiens étant près d’achever l’examen des articles relatifs à la pénitence, on leur remit copie de deux articles sur l’extrême onction, de quatre sur l’ordre et de six sur le mariage, Merkle, op. cit., p. 645, et ils les discutèrent en sept séances, du 29 avril au 7 mai. Ibid., p. 646-G49.

Ce ne fut qu’en juillet que ce travail préparatoire fut remis entre les mains des Pères. Du 14 au 20 juillet, Massarelli nous raconte ses démarches auprès des évêques de Bitonto et de Mirepoix, et des théologiens comme Storch et Salmeron, pour aboutir à une rédaction convenable des canons que l’on proposerait au sujet de l’extrême onction et de l’ordre. Ibid., p. 67.3-674. Ces canons furent discutés par les Pères en trois congrégations générales les 27, 28 et 29 juillet. Ibid., p. 676-677. Après avoir subi les retouches demandées, les canons sur l’extrême onction furent soumis à un nouvel examen qui dura du 6 au 13 août, et la relation très brève du Diarium de Massarelli nous laisse entendre que des discussions vives et intéressantes s’engagèrent sur divers points. Le 6 et le 8, on se demanda s’il valait mieux dire que ce sacrement avait été promulgatum ou commendalurn a Jacobo in sua canonica, et il fut impossible de s’entendre. Ibid., p. 679-680. Le 9, il y eut une maxima disputatio à propos du sujet de l’extrême onction : d’où vient-ll que l'Église ne donne ce sacrement qu’en danger de mort alors que les textes de saint Marc et de saint Jacques parlent en général de malades ? La discussion fut longue et la séance se prolongea sans que l’on aboutît à une conclusion bien nette. Ibid., p. 680.

A partir de ce moment, les Pères s’occupèrent d’autre chose, de l’ordre et du mariage, des abus qui se glissaient dans l’administration des sacrements ; le concile de Bologne ne faisait d’ailleurs que végéter, jusqu'à ce qu’il fût dissous par Paul III, le 17 septembre 1549.

2. Di.'icussion et délinilion à Trente, 1551. — a) Les articles et leur discussion par les théologiens. — Lorsque le concile fut de nouveau réuni à Trente par le pape Jules III et qu’il compta des membres en nombre suffisant pour faire du travail utile, il se replaça au point où il était resté à Trente en 1547. La Xlllosession sur l’eucharistie eut lieu lell octobre 1551. Dès le 15, le cardinal légat Crescenzi fit distribuer aux théologiens douze articles sur la pénitence et quatre sur l’extrême onction. Ces derniers étaient ainsi formulés : 1. L’extrême onction n’est pas un sacrement de la nouvelle loi institué par le Christ, mais seulement un rite reçu des Pères ou une invention humaine. 2. L’extrême onction ne confère pas la grâce ni la rémission des péchés ; elle ne soulage pas les malades qui étaient autrefois guéris par l’effet du don de guérison ; elle a donc cessé avec la primitive Église, en même temps que le don de guérison. 3. Le rite et l’usage de l’extrême onction ne sont plus observés dans l'Église romaine comme le voulait le bienheureux apôtre Jacques ; il faut donc les modifier et les chrétiens peuvent sans péché les mépriser. 4. Le ministre de l’extrême