Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.2.djvu/603

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
2505
2506
FIN DU MONDE


psalmisle dit dans le même sens que Dieu a établi la terre sur son fondement et qu’elle est inébranlable de siècle en siècle. Ps. ciii, 5. Il ne parle que de la stabilité de la terre, comme Jérémie, xxxi, 35, 36, de la permanence des lois de la nature. Cf. J. Knabenbauer, Comment, in Jcrrmiam prophelam, Paris, 1889, p. 395. Quand l’auteur de l’Ecclésiastc, i, 4, dit ((ue la terre demeure perpétuellement, il ne veut pas plus parler de son éternité que de son immobilité apparente ; il signale — les versets 5-8 le montrent clairement — l’immutabilité permanente de la loi qui préside à la marche du monde et sur laquelle l’homme ne peut rien : les générations passent, tandis que la terre demeure, que le soleil, le vent et les eaux continuent leur course perpétuelle et constante. A. Motais, L’Eccksiaste, Paris, 1883, p. 136 ; G. Gietmann, Comment, in Ecclesiasten, Paris, 1890, p. 70-71 ; E. Podechard, L’Ecclésiaste, Paris, 1912, p. 236-237. Plus loin, III, 11, 14, il parle de l’immutabilité des lois que Dieu a tracées aux choses de ce monde et de l’impuissance de l’homme à les comprendre et à les changer. A. Motais, op. cit., p. 146 ; G. Gietmann, op. cit., p. 164-165 ; E. Podechard, op. cit., p. 78, 236, 295, 298-'299. L’auteur de l’Ecclésiastique, xvi, 27 (Vulg.), parle encore de la perpétuité et de la constance de l’ordre que Dieu a établi dans le monde au moment de la création, et il décrit l’obéissance que les astres donnent inflexiblement aux lois que le créateur leur a imposées. H. Lesètre, L’Ecclésiastique, Paris, 1884, p. 102 ; J. Knabenbauer, Ecclesiasticus, Paris, 1902) p. 193-194. Aucun de ces textes n’enseigne donc l'éternité du monde actuel.

Du reste, un psalmiste de l'époque de la captivité d’Israël à Babylone affirme explicitement que la terre et les cieux, qui sont l'œuvre des mains du Seigneur, périront, tandis que leur créateur est éternel. « Ils s’useront comme un vêtement ; vous les changerez comme un habit, et ils changeront de forme. Mais vous, vous êtes toujours le même, et vos années n’auront point de fin. » Ps. ci, 26, 27. C’est l’enseignement formel de la non-éternité du monde actuel et de sa transformation par la volonté de Dieu. Le psalmiste fait de l'éternité l’attribut exclusif de Dieu, et il affirme la caducité de la terre et des cieux en même temps que leur transformation future.

On peut se demander si cette transformation future du monde matériel est prédite et décrite par les prophètes d’Israël qui annoncent par de grandes images soit la restauration future de Jérusalem, la capitale de leur peuple, soit les bienfaits futurs du règne messianique, soit même la consommation céleste de ce règne. Les Pères et les théologiens, nous le verrons, ont souvent entendu de la transformation finale les textes d’Isaïe, li, 16 ; lxv, 17 ; lxvi, 22, qui parlent de la création de nouveaux cieux et d’une nouvelle terre, et le P. Knabenbauer leur donne ce sens. Comment, in Isaiam prophetam, Paris, 1887, t. II, p. 490-492, 520. Mais cette interprétation n’est pas certaine. Elle l’est moins encore celle qui reconnaît des traits descriptifs de ce nouveau monde dans les passages métaphoriques d’Isaïe, xxx, 26 ; Lx, 19, 20, et de Zacharie, xiv, 6, 7, 20, 21. Isaïe y parle d'événements particuliers, qu’il envisageait dans la perspective d’un jugement exercé sur le monde entier. Cf. L. Atzberger, Die christliche Eschatologie in den Stadien ilirer Offenbaninq im Allen und Neuen Tcst(mxente, Fribourg-eii-Brisgau, 1890, p. 11-19,. Les passages de Zacharie en particulier n’ont aucun rapport avec le monde renouvelé.

Enfin, les livres de l’Ancien Testament parlent souvent de la fin des jours et des derniers jours, Gen., XLix, 1 ; Num., xxiv, 14 ; Deut., iv, 30 ; xxxii, 29 ;

Ose., III, 5 ; Mich., iv, 1 ; Is., ii, 2 ; Jer., xxx, 24 ; Ezech., xxxviii, 16, sans préciser toutefois les limites de cette dernière période de temps, qui embrasse parfois l'époque messianique entière, sinon sa terminaison. Ces formules indiquaient, du moins, qu’Israël ne subsisterait pas éternellement et que, pour lui, le temps prendrait fin.

2. Nouveau Testament.

a) Noire-Seigneur. —

Dans le discours sur la montagne, il affirme incidemment la fin du monde. Parlant de l’immutabilité de la loi, il déclare solennellement que « jusqu'à ce que le ciel et la terre passent, pas un iota ni un trait, de la loi ne passeront. » Matth., v, 18. Cf. Luc. XVI, 17. Le ciel et la terre passeront donc un jour, mais, tant qu’ils dureront, la loi sera accomplie. Dans les paraboles de l’ivraie et du filet, il est question de la consommation des choses. La moisson de la première de ces paraboles symbolise la consommation du monde. Alors, l’ivraie, qui représente les fils du malin, sera ramassée et jetée dans la fournaise de feu, tandis que les justes, la bonne semence, brilleront comme le soleil dans le royaume de leur Père. Matth., XIII, 39-43. Dans la seconde, il est dit qu'à la consommation du monde les anges feront le triage des bons et des mauvais poissons, recueillis dans le filet du pêcheur. Matth., xiii, 47-50. Il y aura donc une iTuvT£)Eia a’cMvo.-, à laquelle auront lieu la récompense des bons et la punition des méchants. Aussi les disciples, instruits par Jésus, étaient-ils en droit de lui demander quel serait le signe de cette consommation du siècle. Matth., xxiv, 3. Il est très difficile de discerner dans la réponse du Sauveur, telle qu’elle est rapportée par les trois Synoptiques, quels seront les signes de la consommation du monde, parce qu’ils sont placés dans la même perspective que ceux de la ruine de Jérusalem, Voir plus loin. Dans la suite du même discours eschatologique, Jésus déclara solennellement que le ciel et la terre passeront, mais que ses paroles sur son second avènement ne passeront pas et s’accompliront certainement. Matth., xxiv, 35 ; Marc, XIII, 31 ; Luc, xxi, 33. Après sa résurrection, il promit aux Onze d'être avec eux tous les jours jusqu'à la consommation du siècle. Matth., xxviii, 20. Le ciel et la terre passeront donc et le siècle présent aura une fin. Cette fin viendra quand l'Évangile aura été prêché dans la terre entière à toutes les nations. Matth., xxiv, 14. Notre-Seigneur dit aussi qu’il ressuscitera au dernier jour ceux qui font sa volonté et qui croient en lui, Joa., vi, 39, 40 (et c'était la foi de Marthe que Lazare ressusciterait au dernier jour, Joa., xi, 24) et qu’il jugera le monde au dernier jour. Joa., xii, 48. — b) Les apôtres. — Saint Paul enseigne aussi aux Corinthiens que la fin viendra quand Jésus ressuscité aura assuré à son Père la domination sur toutes choses et qu’il aura détruit tous ses ennemis. I Cor., xv, 24, 25. Cf. F. Prat, La théologie de saint Paul, Paris, 1912, t. II, p. 523-525. Il constate que la figure de ce monde passe, I Cor., vii, 31 : ce qui signifie non pas que les choses de ce monde sont passagères de leur nature, mais que leur état extérieur est en train de changer et de subir des transformations, qui sont le signe et le prélude de sa transformation finale. L’auteur de l'Épître aux Hébreux, i, 11, 12, cite la parole du ps. CI, 27, et redit avec le psalmiste que la terre et les cieux, qui sont l'œuvre des mains de Dieu, passeront tandis que le Seigneur demeurera, qu’ils vieilliront comme un vêtement et que Dieu les changera comme un manteau usé et hors de service. Saint Pierre dit que la fin de toutes choses approche et il en tire une leçon de prudence et de vigilance. I Pet., iv, 7. Saint Jean dit aussi que le monde passe avec ses convoitises. I Joa., ii, 17. Après avoir assisté en