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FIN DU MONDE


de la rotation de ces planètes sur elles-mêmes au point de la rendre égale à celle de leur révolution, puis en raison de la résistance du milieu dans lequel elles se meuvent à les précipiter finalement dans le soleil, dont elles ne sont que des portions détachées de la nébuleuse primitive. Si le soleil est lui-même le satellite d’une étoile plus puissante que lui, il subira le même sort que les planètes qui dépendent de lui. Tous les astres de l’univers passant par les mêmes phases se confondront finalement en un seul et même corps. H. Poincaré, Sur la stabilité du système solaire, dans V Annuaire pour l’an 1898, publié par le Bureau des longitudes, B, p. 1-16. Il est donc scientifiquement démontré que l’univers aura une fin. Voir X. Stainier, La fin du monde, dans la Revue des questions scientifiques, 2 « série, Bruxelles, 1898, t. xiv, p. 379-413.

II. Mode. — La fin du monde ne sera pas l’anéantissement du ciel et de la terre ; elle consistera seulement dans la cessation des conditions actuelles de leur existence et de leur ordonnance. Le cours présent des choses disparaîtra et le monde ancien sera remplacé par un monde nouveau, qui ne sera que la restauration du précédent.

I. EKSEIGNE.VENT DE LA nÉVÉLATIO DIVINE. —

Les deux éléments qui caractérisent la fin du monde ont été annoncés dans la Bible. — 1° La dissolution du monde actuel. — 1. Dans l’Ancien Testament. — Beaucoup de Pères et de commentateurs ont vu sa prédiction dans l’oracle d’Isaïe, xxiv, 1-4, 18-20. Après avoir prédit les jugements particuliers de Dieu, d’abord contre Juda et Israël coupables, i-xii, puis contre les nations païennes, xiii-xxiii, le prophète aurait décrit prophétiquement le jugement dernier et universel, le sort final des bons et des méchants et même la fin du monde. La terre entière ne sera pas seulement dépeuplée et dévastée, elle périra et le ciel avec elle, xxiv, 1-4. Ses fondements s’ébranleront ; elle tombera en éclats ; elle sera secouée et elle chancellera comme un homme ivre ; elle tombera pour ne plus se relever, 18-20. Cf. J. Knabenbauer, Commentarius in Isuiam p/op/ie/am, Paris, 1887, 1. 1, p. 449-454, 460. Mais le contexte montre clairement qu’il ne s’agit que de la terre de Juda, qui sera dépeuplée et dévastée en punition de ses crimes. On a vu aussi une annonce de la dissolution finale dans l’oracle contre toutes les nations païennes, dans lequel Jahvé, indigné contre elles toutes, les voue au carnage et déclare que toute l’armée des cieux se désagrégera, que les cieux seront roulés comme un livre et que toute leur armée tombera comme tombent les feuilles de la vigne et celles du figuier. Is., xxiv, 4. Cf. J. Knabenbauer, toc. cit., p. 582. Mais le massacre universel <les païens sur terre n’a jamais été regardé par la tradition chrétienne comme un événement des derniers temps. Aussi les images de la chute des étoiles et de l’enroulement des cieux ne pourraient, si elles concernent la fin du monde, avoir qu’une signification métaphorique ; on ne devrait guère les prendre à la lettre. L’auteur de la Sagesse termine sa description du jugement dernier par un trait qui dépeint le dépeuplement de la terre entière, réduite en désert par la destruction des impies, v, 24. Cf. R. Cornely, Commentarius in librum Sapientiæ, Paris, 1910, p. 208. Il paraît exagéré d’en conclure, avec M. Lesêtre, Le livre de la Sagesse, Paris, 1884, p. 55-56, que la terre ne sera pas anéantie, mais seulement transformée, après le jugement dernier. L’auteur de la Sagesse ne parle que du sort final des hommes, bons ou mauvais ; il ne dit rien du sort de la terre elle-même. Ainsi donc aucun texte de l’Ancien Testament ne nous renseigne -directement sur la catastrophe finale.

2. Dans le Nouveau Testament.

a) Notre-Seigneur. — Dans son discours apocalyptique, Jésus

a décrit, par des images empruntées aux prophètes d’Israël, Is., xiii, 10 ; xxiv, 21, 23 ; Ezech., xxxii, 7, 8 ; Joël, II, 10, 30, 31 ; III, 15, plutôt les signes précurseurs de la fin du monde, que cette fin elle-même : le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel et les puissances qui sont dans les cieux seront ébranlées. Matth., xxiv, 29 ; Marc, XIII, 24, 25 ; Luc, xxi, 25, 26. M. Loisy, Les Évangiles synoptiques, Cctîonds, 1908, t. ii, p. 430-431, y reconnaît l’annonce du bouleversement de l’univers et de la chute des étoiles qui sera la conséquence de tout l’ébranlement du ciel. Mais, selon la juste remarque du P. Lagrange, L’avènement du Fils de l’homme, dans la Revue biblique, 1906, p. 388 ; Évangile selon S. Mare, Paris, 1911, p. 322, « on se place moins au point de vue des phénomènes cosmiques naturels qu’à celui du salut. Au moment où tout paraissait perdu, c’est l’intervention divine, c’est le ciel qui s’ébranle, c’est le Fils de l’homme qui vient. Les élus sont sauvés. Il ne s’agit donc point de prodromes marqués par les transformations des astres, mais de fortes images pour marquer que Dieu entre en scène. » Ces images étaient courantes chez les anciens prophètes et dans les apocalypses juives. Voir Apocalypse de Moïse, X, 5, dans Kautzsch, Die Apokryphen und Pseudepigraphen des Alten Testaments, i’ubinguc, 1900, t. ii, p. 327. Elles sont demeurées en usage chez les Juifs. Voir J. Lagrange, Le messianisme chez les Juifs, Paris, 1909, p. 49-50 ; C. Clemen, Religionsgeschichtlichc Erklàrung des Ncuen Testaments, Giessen, 1909, p. 106-108. Ce n’étaient que des métaphores appliquées par Isaïe à la chute de Babylone et d’Édom et par Ézéchiel à celle de l’Egypte. Elles ne décrivent donc pas la catastrophe finale, et il n’est nullement nécessaire de les expliquer par la chute des météores, dont le grand nombre obscurcirait le soleil et la lune. Cf. J. Knabenbauer, Evangelium secundum Malthœum, Paris, 1893, t. ii, p. 338339 ; Evangelium secundum Marcum, Paris, 1894, p. 350.

Jésus décrit ensuite sa venue. Marc, xiii, 26, 27 ; Matth., xxiv, 30, 31 ; Luc, xxi, 27. Saint Matthieu ajoute la description du jugement dernier, xxv, 31-46. Le discours apocalyptique du Sauveur ne contient donc rien sur la consommation finale et la dissolution du monde.

b) Les apôtres. — Saint Pierre est le seul écrivain du Nouveau Testament qui, dans sa II « Épître, m, 3-13, parle expressément de la manière dont se fera la dissolution finale du monde et du moyen par lequel elle se fera, le feu. Son témoignage est difficile à interpréter et on discute sur sa signification aussi bien que sur son origine.

La section qui contient ce témoignage n’a pas un lien étroit avec celle qui précède. Dès le début, l’auteur se réfère à une lettre précédente, dans laquelle il a rappelé à ses lecteurs, comme il va le faire encore, les prédications des saints prophètes et l’enseignement des préceptes du Seigneur donné par les apôtres. Cf. I Pet., I, 10-12. Or, la première vérité prédite par les prophètes et prêchée par les apôtres, dont il veut raviver le souvenir, est qu’aux derniers jours surgiront des railleurs, qui demanderont ce qu’est devenue l’annonce de l’avènement du Seigneur. On attendait une catastrophe ; or, les pères des chrétiens actuellement vivants, les hommes de la première génération chrétienne sont morts et tout reste comme au début de la création. Telle est l’objection. Voici la réponse. Ces moqueurs qui opposent à la consommation finale l’immutabilité de l’univers, font semblant d’ignorer qu’il y a eu autrefois des cieux et une terre tirée de l’eau et formée de l’eau par la parole de Dieu, cf. Gen., i, 6-10, et que le monde d’alors