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EUDES — EUDOCIE


J’enfance admirable de la sainte Vierge et des moyens de l’honorer. Il s'étend longuement sur rimmaculée conception et sur le saint nom de Marie. A l’occasion des excellences de l’enfance de la très sainte Vierge, il trouve moyen de donner une foule d’enseignements sur la vie chrétienne, qui font de l’Enfance admirable un livre très pratique. A la fin, on trouve de belles méditations sur les vertus de Marie. — 14° Le Cœur admirable de la Mère de Dieu, in-4<>, Cæn, 1681 ; 2e édit.on, 2 in-S", Paris, 1844. C’est le principal ouvrage du P. Eudes, celui auquel il travailla le plus longtemps et avec le plus de compl lisance. Nous avons vu que le Bienheureux ne l’acheva que quelques semaines avant sa mort, et qu’il regarda comme une grande grâce d’avoir pu y mettre la dernière main. C’est un ouvrage considérable, divisé en douze livres. La théorie, l’histoire et la pratique de la dévotion au Cœur de Marie sont longuement exposées dans les onze premiers livres. Le XIIi^ roule sur la dévotion au Cœur de Jésus. Le P. Eudes n’en parle pas d’une façon complète, comme de la dévotion au Cœur de Marie qui est le sujet du Cœur admirable. Toutefois, il en traite d’une manière assez ample pour mériter d'être regarde comme le premier théologien de la dévotion au Sacré Cœur de Jésus aussi bien que de la dévotion au saint Cœur de Marie. La théorie de la dévotion aux Sacrés Cœurs, telle qu’elle est exposée dans le Cœur admirable, ne diffère pas de celle que les théologiens ont élaborée depuis. Elle est basée sur les enseignements de l'Écriture et de la théologie, et jusqu’ici, loin d’y trouver quoi que ce soit à reprendre, ceux qui l’ont étudiée en ont admiré l’exactitude et la grandeur. Il est vraiment surprenant que, du premier coup, le Bienheureux ait pu traiter avec tant de sûreté de main une question qui, jusqu’alors, n’avait pas été étudiée. La seule chose qui, au point de vue doctrinal, distingue le P. Eudes des théologiens qui l’ont suivi, c’est que, dans la contemplation des Sacrés Cœurs, il s’est élevé à des points de vue dont on ne saurait nier la grandeur et la beauté, mais qui ne semblent pas avoir frappé au même degré les écrivains venus après lui. Dans le Cœur admirable, leBienheureux fait preuve d’une érudition immense, et par ailleurs son livre, qui est un livre de piété autant que de doctrine, est tout empreint de l’amour le plus vif à l'égard des Sacrés Cœurs et du zèle le plus ardent pour le salut des âmes. Le plan en est grandiose, le style clair, parfois véhément, souvent imagé. On trouve toutefois, dans le corps de l’ouvrage, quelques longueurs et certaines redites qui en rendent la lecture un peu fatigante. A la fin du 1. XI", l’auteur a placé deux séries de méditations pour la fête et l’octave du saint Cœur de Marie ; il en a mis deux autres à la fin du 1. XIP pour la fête et l’octave du Sacré Cœur de Jésus. Elles sont d’une élévation, d’une précision et d’une netteté admirables. Nous ne croyons pas que la dévotion aux Sacrés Cœurs en ait jamais inspiré de plus belles. — 15 » Le mémorial de la vie ecclésiastique, in-12, Lisieux, 1681. Cet ouvrage, qui rappelle par son titre le Mémorial de la vie chrétienne du P. de Grenade, contient, outre un abrégé des devoirs des prêtres, des considérations sur la dignité du sacerdoce, des pratiques pour bien faire les actions ordinaires et pour bien remplir les fonctions sacerdotales, et enfin des méditations sur les saints ordres et sur les devoirs des prêtres. C’est évidemment un précis des instructions que le Bienheureux donnait aux ordinands dans ses séminaires, et aux prêtres durant ses missions. — 16" Le prédicaleur apostolique, in-16, Cæn, 1685. Dans ce livre, le P. Eudes traite de la nature de la prédication, des dispositions requises pour prêcher utilement, de la manière de traiter les divers sujets et les diverses parties d’un même sujet, de la

tenue en chaire, du débit, du geste, en un mot de tout ce qui concerne la prédication. L’ouvrage est très pratique. On y retrouve les vues familières à saint François de Sales, au cardinal de Bérulle, à saint Vincent de Paul et à tous les prêtres éminents qui, avant Bossuet, travaillèrent à rendre à la prédication, gâtée par l'érudition et le mauvais goût, le caractère apostolique qui fait sa force. Le Prédicateur apostolique est le premier traité de la prédication qui ait été écrit en français, et maintenant encore, après tant d’ouvrages qui ont paru sur cette matière, il y a profit à y recourir. — 17° Règles et constitutions de la congrégation de Jésus et Marie. Composées peu à peu par le Bienheureux, les Règles et constitutions n’ont été imprimées que dans le cours du xix'e siècle. Les Règles se composent de textes de la sainte Écriture, groupés logiquement, et arrangés de manière à former une théorie sommaire de la vie chrétienne et sacerdotale. Les Constitutions, qui en sont comme le commentaire pratique, contiennent, dans tous ses détails, la législation qui régit la congrégation de Jésus et Marie. Nous en avons indiqué plus haut le caractère : il n’y a pas lieu d’y revenir. — 18° Lettres et opuscules. Les religieuses de Notre-Dame de Charité de Cæn, et les biographes du Bienheureux, nous ont conservé 241 de ses lettres. Les unes traitent d’alTaires, les autres de piété et de direction. Celles-ci sont très intéressantes. On y retrouve, sous une forme simple et familière, à peu près toutes les idées du P. Eudes sur la vie spirituelle. Aux lettres du Bienheureux, on joint d’ordinaire quelques opuscules qui nous ont été conservés par ses historiens : son Mémorial des bienfaits de Dieu, son Vœu d’endurer le martyre, son Contrcd d’alliance avec la très sainte Vierge, son Mémoire à la reine Anne d' Autriche sur les besoins du peuple, son Testament, etc. Ces opuscules sont d’une piété admirable et à moins de les avoir lus, on ne connaît pas tout ce qu’il y avait de délicatesse et de générosité dans le cœur du P. Eudes.

Œuvres complètes du V. Jean Eudes, 12 in-8°, Paris, 1905 ; de Montigny, Vie du P. Jean Eudes, in-12, Paris, 1827 ; Héiambourg, /.e R. P. Jean Eudes, ses rerlas, in-8°, Paris, 180'J ; dcMontzey, Le P. Eudes, 111-12, Paris, 1869 ; Martine, Vie du P. Eudes, 2 in-8°, Cæn, 1880 ; Boulay, Vie du uén. Jean Eudes, 4 in-8°, Paris, 1905 ; H. Joly, Le vén. P. Eudes in-12, Paris, 1907 ; Le Doré, Le P. Eudes, premier apôtre des SS. Coeurs de Jésus et de Marie, Paris, 1870 ; Les Sacrés Cœurs et le V. Jean Eudes, 2 in-S", Paris, 1891 ; La dévotion au Sacré Cœur et le vén. Jean Eudes, réponse aux Études religieuses des Pères de la G" de Jésus, Paris, 1892 ; Ory, Les origines de Notre-Dame de la Cliarité, in-12, Abbeville, 1891 ; Adam, Marie des Vallées, in-8°, Paris, 1894 ; Baruteil, La genèse du culte du Sacré Cœur de Jésus, in-12, Paris 1904 ; Granger, Les archives de la dévotion au Sacré Cœur de Jésus et au saint Cœur de Marie, Ligugé, 1893, t. ii.

C. Lebrun.

    1. EUDOCIE##


EUDOCIE, en son nom originaire Athénaïs, était née vers 400 ou 401 très probablement, au sein d’une riche famille païenne d’Athènes, du professeur public d'éloquence grecque Léontius, et avait reçu, parmi les souvenirs toujours vivants des grandeurs de sa patrie, une éducation très soignée. Ni son exquise culture littéraire, ni sa rare beauté n’empêchèrent que, pour des raisons d’ailleurs inconnues, elle ne fût partiellement déshéritée dans le testament de Léontius, et ne se vît obligée, on ne sait trop quand, d’aller à Constantinople demander justice contre la rapacité de ses deux frères. Là, Pulchérie, la sœur aînée de Théodose II, qui, depuis le 1° mai 408, régnait nominalement, fut à même d’apprécier les charmes et l’esprit d' Athénaïs, et crut, tout compte fait, ne pouvoir pas proposer à l’empereur une alliance qui lui convînt davantage. Le docte et pieux patriarche de Constantinople, Atticus, instruisit la fille de