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ENCRATITES ;


Nec se, dit-il, sub simulationc fallaciæ conim xcilicel nominum, quibus pkriquc, ul loyiwinnms, probalæ fidci et proposai cuslioris dici uc signari voliint, maligna fraude defendanl ; curn pnrserlim nonnullos ex liis eneralilas, apoluclilas, hijdroparaslulus vcl saccophoras nominari se velint, el pariétale nominum diversorum vchit rcligiosæ prufessionis officia menliantur : eos enim omnes convenit, non professione defendi nominum, sed nolabiles atque execrandos huberi scelerc seUarum. C’est la scconcle constitution de Théodose contre les manichéens. Codex Iheodosianus, XVI, tit. v, I. 7 et 11. A partir du Ve siècle, grâce à la législation canonique et civile, les encratites cessent de jouer un rôle capable de troubler la paix de l'Église et de l'État. 3° Réfutation spéciale dont ils sont l’objet de la part de Clément d' Alexandrie. — Laissons de côté la question du salut d’Adam, à laquelle le pseudo-Tertullien ne fait qu’une simple allusion ainsi que saint Irénée, et que saint Épipliane a cherché à réfuter par des arguments assez subtils, Ileer., hser. xlvi, 3, P. G., t. XLi, col. 840 ; laissons également de côté celle de l’abstinence du viii, que Tatien regardait comme obligatoire pour tous, parce que Jéhovah, dans le prophète Amos, II, 12, reprochait aux enfants d’Israël d’avoir fait boire du vin aux nazaréens, cf. S.Jérôme, Invm.,

I. I, c. I, 12, P. L., t. XXV, col. 1010 ; et tenons-nousen aux arguments scripturaires, mis en avant par les encratites pour justifier l’interdiction des rapports conjugaux dans le mariage et du mariage lui-même. C’est surtout Clément d’Alexandrie cjui permet d’avoir une idée de leur méthode exégétique ; sa réfutation de l’encratisme, bien qu’un peu désordonnée, est instructive.

Clément d’Alexandrie consent d’abord à discuter un passage de VÉvangile selon les Égyptiens, allégué par Jules Cassien et interprété par lui dans un sens réaliste inacceptable, celui où le Sauveur, interrogé par Salomé sur la question de savoir quand arriverait la fin du monde, répond : otav k’sTai to. ù-jo î-i, xai xh £?( !) (i ; TÔ ïiiù, xal lô apTcV p.tzk xrz 6'/i).st’a :, oÙ'ts apcév o-jTS er, ), 'j. Ce passage, "déjà interprété par le pseudoClément dans un sens spirituel très acceptable, Epist.,

II, 12, Funk, Opéra Pair, apost., Tubingue, 1881, t. i, p. 158, prend, sous la plume de Cassien, la forme suivante : otav TÔ T ?|{ a ! <7xûvï) ; Evou, aa Tza^r^ariTi, y.al OTav Ylv-/jTat Ta 8-JO â'v, xa tÔ oîppsv [xstà ty| ; 6r, ), E ! 0( ;, O’jte appev o’jTc 6f, >, u. Cassien y voyait, conformément à cette parole : « Je suis venu détruire les œuvres de la femme, » que le même Évangile prête au Sauveur, la condamnation du mariage. Clément d’Alexandrie, au contraire, l’acceptant tel que, n’y voit que la condamnation des œuvres de la cupidité ou de la concupiscence, â ; nûj ; j.17. Salomé insistant dit : « J’ai donc bien fait, moi qui n’ai pas engendré ; » et le Seigneur de répondre : » Nourris-toi de toutes les herbes, sauf de celles qui sont amères. » Cela prouve, dit Clément d’Alexandrie, Strom., III, 9, P. G., t. viii, col. llC’11169, que la continence et le mariage sont deux états ((ui dépendent de notre liberté. Celui qui se marie selon le Logos ne commet pas de faute, à moins qu’il ne regarde l'éducation des enfants comme une chose amère ; il en est tant à qui la privation d’enfants semble plus triste I Du reste, la procréation des enfants n’a pas à paraître chose amère ; et celui qui ne pouvant supporter l’isolement contracte mariage, fait une chose licite s’il en use avec tempérance. « Qu’on n’allègue pas, disait encore Cassien, que Dieu a conformé pliysiologiquement l’homme et la femme pour qu’ils puissent s’unir, car Dieu ne proclamerait pas heureux les eunuques et le projjhète n’aurait pas dit que l’eunuque n’est pas un arbre stérile, » Is., lvi, 3 ; et il cite le passage de VÉvangile selon les Égyptiens. Clément d’Alexandrie s’appuie cette fuis sur la division pla tonicienne et montre que cette citation est mal comprise. La partie irascible désigne l’homme, la partie concupiscible la femme ; quiconque ne cède ni à l’un ni à l’autre, réalise le mot de saint Paul : « Il n’y a plus ni homme, ni femme, » Gal., iii, 28, et l’homme alors soumet son esprit et son âme au joug du Logos ou de la raison ; c’est le triomphe de la partie rationnelle. Strom., iii, 13, col. 1193.

Clément d’Alexandrie commence sa réfutation de l’encratisme par cette observation générale : Ceux qui, par haine, s’abstiennent du mariage, aussi bien que ceux qui, par concupiscence, abusent des plaisirs charnels, ne comptent pas au nombre des sauvés avec lesquels est le Seigneur. Strom., III, 10, col. 1172. Il cite en suite les passages scripturaires qui légitiment l’union de l’homme et de la femme, en faisant remarquer, par l’enseignement de saint Paul, que c’est un seul et même Dieu qui a parlé dans la Loi et les Prophètes, le Père qui a envoyé son Fils « pour condamner le péché dans la chair et faire que la justice de la Loi soit accomplie en nous. » Rom., viii, 2-4. C'était réfuter, en passant, la distinction marcionite de l’encratisme entre Dieu et le démiurge.

Il rappelle, S//om., III, 12, col. 1177, le conseil donné par saint Paul aux époux chrétiens : « Ne vous soustrayez pas l’un à l’autre, si ce n’est d’un commun accord, pour un temps, afin de vaquer à la prière ; puis remettez-vous ensemble de peur que Satan ne vous tente par suite de votre incontinence. » I Cor., vii, 5. L’apôtre approuve donc le mariage, tout en recommandant la virginité et la continence passagère et consentie dans le mariage. Or, c’est justement ce passage que Tatien, qui voit dans le mariage une invention du diable, interprétait sophistiquement pour en conclure que, lorsque les époux reviennent ensemble, ils retombent sous l’empire de l’intempérance, de la fornication et du diable. Nous aussi, réplique Clément, ibid., col. 1181, nous repoussons l’intempérance, la fornication et toutes les œuvres sataniques ; mais avec l’apôtre nous prétendons que l’usage modéré du mariage, soit pour vaquer à la prière, soit pour procréer des enfants, est parfaitement honnête ; et quand l’apôtre dit au.x époux de se remettre ensemble, de peur que Satan ne les tente, c’est pour supprimer toute occasion étrangère de péché et précisément pour soustraire les époux à l’intempérance, à ! a fornication et au diable.

Tatien abusait encore d’un autre passage de saint Paul, que Clément d’Alexandrie a omis, mais que saint Jérôme a signalé. In Gcd., 1. III, c. vi, 8, P. L., t. XXVI, col. 431. Où l’apôtre avait écrit : Qui semincd in carne sua, de carne et mctet corruplioncm, Tatien, supprimant sua, raisonnait ainsi : Si guis seminat in carne, de carne metet corruplioncm ; in carne autem semincd qui jungitur mulicri. Ergo et qui uxore ulitur et semincd in carne ejus, de carne metet corruplioncm. D’un mot saint Jérôme perce à jour l’erreur de cette argumentation sophistique.

Tatien distinguait entre le « vieil homme » et le « nouveau » , mais dans un autre sens que nous, riposte Clément d’Alexandrie, col. 1184. Nous lui accordons que le vieil homme peut s’entendre de la Loi et le nouveau de l'Évangile, mais non comme lui qui supprime la Loi en l’attribuant à un autre Dieu. Le Fils, en effet, ne parle pas autrement que le Père, et c’est le même qui est l’auteur de la Loi et de l'Évangile. La Loi vit en tant que spirituelle et sph-ituellement comprise ; elle est sainte. Et quand l’apôtre dit que nous sommes morts à la loi, cela veut dire au péché, et nullement au mariage, comme le prétend Tatien. Car soutenir que le mariage, contracté comme le veut la Loi, est un péché, ce serait faire de Dieu l’auteur du péché. La loi est sainte, le mariage aussi ; le mariage